Parmi les nombreuses demandes de renseignements que j'ai
reçues de fidèles lecteurs du Chasseur Français, plusieurs concernaient
la question du couchage. Et cela ne me surprend pas, car il est bien évident
que c'est là un problème extrêmement important, aussi important — ou
presque — que celui du choix de la tente ... J'ai donc pensé qu'il
était utile d'y consacrer une chronique.
Lorsqu’il y a une cinquantaine d'années naquit le camping
(dans le sens où nous l’entendons aujourd'hui), le matériel, de couchage était
inexistant ... Certes, il existait alors des lits de camp, dans le genre
de ceux employés par les explorateurs, mais aucun matériel adapté au camping
léger n'avait vu le jour. À cette époque héroïque, le campeur montait sa, tente
— qui n'avait pas toujours de tapis de sol — et couchait enroulé dans
une ou deux couvertures, à même le sol ou sur un matelas de paille, ou de
fougères sèches.
Les anciens combattants ont bien connu cela, hélas ! Et
c'est d'ailleurs la raison pour laquelle nombre d'entre eux ont bien juré — à
tort, à mon sens — de ne plus jamais « faire de camping ». Mais,
en Angleterre, patrie du camping léger moderne, les matelas pneumatiques firent
leur apparition dès le début du siècle. Et le premier manuel de camping, de
Holding, paru en 1907, en décrivait déjà un modèle.
Notons, en passant, que les matelas pneumatiques furent
soi-disant « réinventés » en France vers 1923 !
Les modèles de cette époque étaient légers. Ils ne
possédaient pas d'oreiller et ils étaient courts. Ils étaient uniquement
destinés à supporter le dos et les reins du campeur. L'oreiller était constitué
par un oreiller indépendant, ou tout simplement par les vêtements de rechange.
Peu à peu, l'oreiller attenant au matelas fut de plus en plus répandu et, à
l'heure actuelle; tous les matelas pneumatiques sont de ce modèle. Peu à peu,
également, les matelas s'allongèrent de façon que tout le corps, jusqu'à
l'extrémité des pieds, repose sur le matelas. Ceci naturellement au détriment
du poids, qui est considérablement plus élevé, mais en faveur du confort, qui
s'est accru très sensiblement. Regrettons, toutefois, que les fabricants
actuels n'aient pas cru devoir conserver pour les « randonneurs » le
matelas court, ultraléger.
Pour en revenir à la question qui m'a souvent été posée,
quel est, à l'heure actuelle, le meilleur mode de couchage ?
Il faut envisager, pour répondre, le mode de camping choisi :
randonnée ou camp fixe, et le moyen de transport, un pédestre ou un motorisé
disposant de moyens par trop différents.
Pour le camping itinérant, pédestre ou auto, le matelas
pneumatique s'impose. Pour le randonneur, pédestre ou cycliste, le matelas
court est bien suffisant et est beaucoup moins lourd. Pour le canoéiste ou
l'automobiliste, le matelas grand modèle est excellent.
Une correspondante m'a signalé que son mari ne pouvait
dormir sur un pneumatique sans avoir mal aux reins ... Cela provient, la plupart
du temps, du fait que le matelas est trop gonflé. Il faut gonfler son matelas de
façon que l'on soit bien dessus, lorsqu'on est allongé, et non lorsqu'on
s'assied dessus. Assis sur un matelas, on doit sentir le sol. Allongé, la
pression étant répartie, le matelas doit être moelleux et souple. Si le dormeur
est sensible au froid, recouvrir le tapis de sol d'un lainage léger, ou bien
faire une housse au matelas.
L'automobiliste pourra, s'il le désire, compléter son
couchage par un lit de camp. À l'heure actuelle, il en existe de nombreux
modèles extrêmement légers, toile et dural, démontables et faciles à caser dans
une auto. Mais l'ensemble, matelas pneumatique-lit de camp, s'il est très
confortable, n'est pas à recommander pour le camping hivernal. L'air qui passe
sous le lit refroidit l'air du matelas. Mais c'est un système excellent pour
l'été.
On peut aussi prendre le lit de camp sans matelas. Pour la
même raison que ci-dessus, ce mode de couchage est encore plus froid et ne
convient que pour les grosses chaleurs.
Donc, il vaut mieux acheter un matelas pneumatique en
premier lieu. Si l'on veut compléter son confort pour l'été, y adjoindre un lit
de camp, mais ne pas faire le contraire.
Le couchage sera complété par le sac de duvet et
facultativement par un sac en toile servant de drap.
Le duvet devra contenir au moins 500 grammes de duvet d'oie
vif. Pour les frileux, on peut aller jusqu'à 700 grammes. Ainsi outillé, le
campeur pourra profiter des belles nuits d'hiver ou d'été sous son cher abri de
toile ...
J.-J. BOUSQUET,
Président du Camping Club de France.
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