La culture de la chicorée « witloof » (nom donné
en Belgique aux têtes que l'on consomme) a été commencée aux environs de
Bruxelles, vers 1850. Les produits obtenus étaient alors de qualité bien
inférieure à ceux que l'on consomme actuellement.
La witloof, peu exigeante en ce qui concerne la nature du
sol, se développe cependant mieux dans les terres sablo-argileuses. Les terres
riches ne sont pas à préférer ; on y obtient de grosses racines,
produisant des pommes souvent trop peu serrées. La terre devra avoir reçu
autant que possible une fumure au fumier deux ans avant que la culture y soit
faite. Le semis s'effectue dans la deuxième quinzaine de mai ; en semant
avant cette époque, on risque de voir monter en graines une grande partie des
plantes. On sème en rayons distants de 20 à 25 centimètres et dont la
profondeur ne doit pas dépasser 1 centimètre. On utilise environ 30 grammes de
graines pour ensemencer 1 are. La germination a lieu au bout de quelques jours,
et, dès qu'on aperçoit les lignes, on bine le terrain ; lorsque les
premières feuilles se sont développées, on éclaircit les plantes à 10 ou 12
centimètres et on bine une seconde fois. Vers le mois d'octobre a lieu
l'arrachage des racines, qui se fait au moyen d'une fourche, d'une bêche ou à
la charrue. Les plantes sont mises en tas sur le terrain pendant deux ou trois
jours pour laisser évaporer l'eau qu'elles renferment en excès. Dès que les
feuilles sont fanées, on les coupe à hauteur du collet, et les plantes sont
alors prêtes à être mises en tranchée. On compte qu'il faut de 10 à 15 mètres
de tranchée pour mettre les racines provenant d'un are de terrain.
On donne à cette dernière 0m,40 à 0m,50
de largeur et 20 centimètres de profondeur. Les racines sont placées
verticalement, en laissant 2 ou 3 centimètres d'intervalle entre elles, en
veillant en outre à ce que leur collet soit au même niveau. Si les racines sont
par trop longues, il n'y a aucun inconvénient à en supprimer une partie. Il est
recommandable d'arroser les racines avant de les recouvrir de la couche de
terre qui a une épaisseur de 20 centimètres.
On prend celle-ci au fur et à mesure que l'on avance avec la
mise en place des racines. Il y a lieu de bien la pulvériser avant de la
déposer sur ces dernières. Après quoi, on établit sur le tout une couche faite
de fumier de cheval chaud, à laquelle on donne une épaisseur de 40 à 50
centimètres. La chaleur produite par la couche se communique au sol dans lequel
se développent les bourgeons qui s'allongent alors assez vite. Après trente à
trente-cinq jours, la récolte peut être commencée. Après le prélèvement des
pommes, les racines peuvent être utilisées de différentes façons. C'est ainsi
qu'on peut les faire sécher et en faire de la chicorée à café.
Le mieux c'est de les replacer en terre, mais sans les
forcer. On obtient alors, en mars-avril et jusqu'à la mi-mai, une abondante
récolte de jets de la grosseur du petit doigt, qui émergent en couronne du
collet.
On s'explique cette possibilité lorsque, au moment de la
récolte, au lieu de couper les chicons, on prend soin de les séparer des
racines par un simple mouvement de torsion. Ces jets, excessivement tendres,
peuvent être accommodés comme la witloof ou être utilisés en salade au même
titre que la chicorée barbe-de-capucin.
Enjaugées en cave, puis simplement recouvertes de terre
meuble (sans couche dessus), les endives se développent également bien, mais
plus lentement ; il faut compter environ deux mois après la mise en place
pour pouvoir récolter les premières pommes.
Maladies.
— La rouille apparaît sur les feuilles en août-septembre,
mais n'occasionne que de faibles dégâts. Par contre, la maladie des sclérates
peut anéantir des tranchées entières ; les racines sont souvent attaquées
avant l'arrachage. On reconnaît la maladie aux taches brunâtres que l'on
aperçoit au collet. Ces racines sont à éliminer, car elles pourrissent et
amènent la destruction rapide des autres.
Il y a lieu d'alterner la culture et l'emplacement des
tranchées autant que possible, brûler les racines attaquées et procéder à la
désinfection du sol avec le formol ou tout autre produit à effets similaires.
A. GOUMY,
Ingénieur horticole.
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