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Villas jumelées

Situation.

— Marquée par sa simplicité et le souci d'économie, cette habitation familiale, utilisable par un petit fonctionnaire ou un agent d'une administration privée ayant une famille nombreuse, est isolée dans un jardin l'entourant même du côté route, pour être bien « chez soi », chaque parcelle de terrain ayant environ 700 à 800 mètres carrés.

Cette villa jumelle tient le milieu entre la maison isolée et celle en ordre continu, en gardant les avantages des unes et des autres. Tout d'abord, elle économise un mur mitoyen, sur un côté, et on peut même grouper les canalisations d'évacuation à l'égout et tous les branchements, d'où abaissement du prix de revient pour chaque logement. Les servitudes de voisinage sont réduites par ce mur mitoyen qui s'étend derrière la maison, même pour les dépendances. Là, il y a encore une réduction de prix de revient, le mitoyen devenant et clôture et mur pour les poulaillers, clapiers, etc. Autre avantage : celui d'aspect ; l'ensemble de ces deux maisons jumelées est agréable et fait un groupe, alors que chacune d'elles n'offrirait à la vue que peu d'intérêt. L'orientation est-ouest des deux entrées permet de mettre les pièces principales au midi. Le jardin est entouré de clôture basse, faite d'une haie vive à l'intérieur. Devant l'entrée un terre-plein dallé rustique ; en face, un banc de pierre entouré de larges touffes de santonine agrémente l'arrivée. Quelques rosiers et un petit jardin d'agrément précèdent le potager, où le chef de famille occupe ses moments perdus.

Esthétique.

— L'aspect extérieur est très sobre. Le soubassement en moellons, pierres du pays, avec joints creux au fer et un enduit éparvéré teinté au silicate, au-dessus des appuis des fenêtres du rez-de-chaussée, est sans luxe dans son ensemble.

Le cachet de cette demeure est surtout donné par ses volets bois (la plus économique et la plus isolante des fermetures) peints en deux tons. De la toiture, en tuiles flamandes brunies dans la masse, émergent les cheminées munies d'un aspirateur statique en ciment moulé ; le mur coupe-feu dépasse de 0m,50 le toit, séparant absolument les deux habitations. Enfin, les portes d'entrée sont particulièrement soignées, en chêne avec moulures grand cadre et fer forgé moderne.

Distribution.

— Celle-ci est identique pour les deux villas. Au rez-de-chaussée : hall d'entrée, salon-salle commune avec la partie cuisine qui peut être isolée par des portes coulissantes. À gauche, un petit bureau pouvant recevoir un divan-lit, un w.-c. à la suite et, enfin, le cellier ; puis communiquant avec celui-ci, les clapiers et le poulailler. Au 1er étage, une grande chambre et deux petites chambres, une penderie et encore un w.-c., une salle d'eau, entre les deux chambres, côté jardin. Pas d'escalier pour aller au grenier, mais, un simple trappon de visite.

Construction.

— Par mesure d'économie, il n'y a pas de cave ; le rez-de-chaussée est surélevé, avec un vide sanitaire aéré de 0m,50, pour les pièces parquetées. Les parties carrelées ou cimentées reposent sur une aire en pierre pour assainir le sol ; les murs en fondation, de 0m,50, en béton de cailloux et mortier de chaux lourde et, au-dessus, des murs en moellons de 0m,40 d'épaisseur. Le soubassement est en pierre dégrossie apparente, et, au-dessus de l'appui en ciment moulé du rez-de-chaussée, en mortier de chaux lourde teinté. Les menuiseries extérieures et l'escalier intérieur sont en chêne. Les menuiseries intérieures en sapin sont imprimées, rebouchées et peintes à l'huile deux couches. Le solivage et la charpente sont en sapin (sciage du commerce). Sur les murs, à l'intérieur : soit du papier peint, soit un revêtement à l'eau ; le plafond est à la colle deux couches. Gaine de fumée dans les pièces principales. La cuisine, particulièrement soignée, a ses soubassements sur 1m,50 de hauteur, avec des peintures laquées blanches sur enduit Murite résistant aux chocs, inaltérable et isolant. Cette cuisine moderne doit être claire, propre et aérée, avec hotte au-dessus des appareils de cuisson; le mobilier conseillé est en bois laqué blanc. Ces meubles peuvent s'acheter petit à petit, les éléments s'adaptant les uns aux autres. Les revêtements de faïence sont à conseiller au-dessus de ces appareils, sur une hauteur de 0m,45 à 0m,60 et, pour faciliter le travail de la ménagère, le jour doit venir, autant que possible, sur la gauche des principaux appareils. Le sol de cette cuisine sera en carreaux de 0m,10 x 0m,10 grès cérame fin vitrifié, porphyre gris. Le plafond de la cuisine ne sera jamais peint, mais badigeonné en blanc, ceci pour éviter les condensations, qui sont inévitables avec un plafond peint à l'huile, les jours de cuissons importantes. Dans l'épaisseur du mur d'allège de la fenêtre, il peut-être également prévu un garde-manger. L'éclairage de nuit est prévu par un tube fluorescent, basse tension, compensé, de 1m,20 environ, consommant approximativement 80 watts/heure. Ces tubes ont un éclairement plus important que la lampe ordinaire, à consommation égale. Le bain-toilette et les w.-c. ont un enduit comme la cuisine. Sont en béton armé les linteaux chaînages sur fenêtre et perron, et la paillasse de l'égouttoir. Alimentation de l'eau en tube cuivre à l'intérieur. Zinc n°14 pour gouttières et descentes d'eau. Chauffage par poêle ou fourneau bouilleur.

Cette villa jumelle, résidence principale, bénéficie par logements, des primes et prêts de la loi du 21 juillet 1950.

A. COHENDET,

Architecte D. P. L. G.

Le Chasseur Français N°666 Août 1952 Page 492