Cette affection, souvent confondue avec la dilatation de
l'organe et sur laquelle on me demande quelques explications, peut revêtir deux
formes : la ptôse réelle, par abaissement du diaphragme gauche ou par
abandon de la coupole diaphragmatique par la grosse tubérosité de l'estomac ;
elle est exceptionnelle et s'accompagne alors presque toujours d'une ptôse
abdominale générale affectant tous les autres organes : le foie, la rate,
le rein et l'intestin, sur la masse duquel le fond de l'estomac repose normalement.
Plus fréquemment, on parle de ptôse stomacale lorsque la partie supérieure (la
grosse tubérosité), solidement fixée par sa continuité avec l'œsophage, par les
artères qui l'abordent et par les replis péritonéaux qui l'unissent aux organes
voisins, reste moulée sur la coupole diaphragmatique et que seul le bas-fond se
trouve abaissé fort au-dessous de la crête iliaque qui, pas plus que l'ombilic,
ne forme un point de repère bien précis, étant variable dans sa position selon
la taille de la personne, selon la forme du ventre.
On peut chercher à déterminer la position de ce bas-fond par
la palpation, accompagnée de l'auscultation et la recherche du bruit de
clapotage ; la radioscopie donne des renseignements plus précis sur la
forme et les dimensions de l'estomac, surtout de la hauteur totale.
La ptôse résulte surtout de l'amaigrissement et de la perte
de tonicité de la paroi de l'abdomen (et même du périnée), conditions
favorisées chez la femme par la distension de cette paroi lors des grossesses.
La ptôse s'accompagne de signes de dyspepsie, avec ou sans
aérophagie, et de phénomènes douloureux. La plus longue stagnation des aliments
dans l'estomac finit par irriter la muqueuse, qui réagit par une forte
sécrétion hyper chlorhydrique pouvant, à la longue, causer un ulcère.
L'abaissement du pylore occasionne des troubles mécaniques en diminuant la coudure
du canal pyloro-duodénal, ce qui gêne l'évacuation de l'estomac, nouvelle cause
de distension ; cet abaissement agit encore sur les canaux biliaires dont
la coudure empêche l'écoulement de la bile, qui, retenue dans la vésicule
biliaire peut donner des signes de cholécystite.
Une autre cause de douleurs est due au tiraillement des
filets nerveux venus du nerf pneumogastrique ou du plexus cœliaque du grand sympathique
abdominal, douleurs affectant la forme de brûlure, de tenaillement,
d'arrachement, de pesanteur douloureuse. Ces dernières douleurs se manifestent
surtout dans la station debout et disparaissent souvent par la position couchée
ou seulement après l'évacuation de l'estomac. Il arrive que, pour atténuer ces
douleurs, les malades en viennent à réduire leur alimentation, ce qui risque de
les conduire à la dénutrition, à l'amaigrissement qu'il faut éviter autant que
possible.
Dans le traitement, quelques précautions qu'on peut qualifier
d'hygiéniques, sont toujours indiquées. Il est des cas où le malade devra
garder le lit plus ou moins longtemps ; il a toujours intérêt à garder le
repos, allongé, sans dormir, pendant une ou deux heures après chaque repas,
avec ou sans compresse chaude sur l'épigastre.
Les médicaments ne seront prescrits qu'après un examen
minutieux du sujet ; le plus souvent, il s'agira de poudres destinées à
calmer l'irritation de la muqueuse, poudres principalement à base de carbonate
de bismuth ou de kaolin, additionnées ou non de belladone.
Le régime sera celui du dyspeptique ; on en exclura les
aliments notoirement indigestes, ceux qui demandent un trop long séjour dans
l'estomac, comme les aliments trop gras ; on évitera aussi les plats trop
épicés, mais, condition trop souvent négligée, il faut tenir compte des goûts,
des habitudes du malade. Souvent, on a intérêt à réduire le pain et toujours à
réduire, le plus fortement possible, toute boisson pendant le repas solide,
sans pour cela soumettre le malade à un régime sec ; on lui conseillera de
boire (une eau alcaline ou une des solutions comme celle de Bourget) une bonne
demi-heure avant le repas.
En effet, les liquides absorbés quand l'estomac est vide
quittent très rapidement cet organe, tandis que, prises pendant le repas, les
boissons augmentent le volume du bol alimentaire et en retardent l'évacuation.
On s'efforcera de tonifier la paroi abdominale par des
exercices de gymnastique appropriés et, en attendant qu'il l'ait récupérée, le
malade fera bien de porter une sangle bien adaptée, munie si possible d'une
pelote élastique, insufflable, que le malade s'habituera à gonfler jusqu'à
relèvement du bas-fond de l'estomac.
Dr A. GOTTSCHALK.
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