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Causerie médicale

Les glossites

Parmi les diverses affections qui peuvent atteindre la langue, le terme de « glossite » est habituellement réservé aux inflammations superficielles de l'organe.

En ne tenant compte que des inflammations limitées à la langue, la forme la plus commune est désignée sous le nom de glossite exfoliatrice marginée, que l'on trouve chez le très jeune enfant, mais qu'on observe également chez l'adulte, avec desquamation de la muqueuse par plaques aberrantes, nettement limitées du côté où elles s'étendent par une sorte de bourrelet blanchâtre, plus rarement jaune, formé de petits éléments arrondis assez semblables à des papilles dont le revêtement épithélial est hypertrophié, rangées linéairement d'une façon curviligne, plus ou moins festonnée, alors que le centre est déprimé où il semble que les papilles sont en état de desquamation.

L'affection débute à la pointe ou sur les bords de la langue, tantôt par une tache blanche, arrondie, tantôt par un arc de cercle constitué par un bourrelet ; la lésion s'agrandit, le plus souvent d'un seul côté, mais pouvant aussi dépasser la ligne médiane, sous forme de plaques arrondies ou ovalaires à grand axe longitudinal ; la muqueuse est d'un rose assez vif, recouverte d'un épiderme lisse, brillant, dont la rougeur diminue à mesure qu'on s'éloigne du bourrelet périphérique et reprend l'état sain par transition insensible.

Ces plaques sont qualifiées d'aberrantes, parce qu'elles se déplacent souvent du jour au lendemain ; elles peuvent disparaître spontanément, mais récidivent souvent.

Il s'agit, en somme, d'une affection superficielle, bénigne, mais capricieuse et tenace. Elle ne s'accompagne généralement d'aucune gêne spéciale, sans douleur ni trouble fonctionnel ; tout au plus arrive-t-il que la muqueuse devienne un peu plus sensible aux contacts irritants aux points les plus atteints, présente un peu de prurit, de picotements ; la salivation reste normale.

L'étiologie de cette forme de glossite est discutée ; on incrimine l'hérédité, un état de débilité (chez l'enfant), l'abus d'alcool, de tabac, un régime trop exclusif (régime lacté, par exemple). Presque toujours cette affection coïncide avec un état dyspeptique.

En matière de diagnostic, il ne peut être question pour le moment d'envisager toutes les affections pouvant survenir, à la langue, diagnostic parfois fort délicat, nécessitant un examen général très complet et un examen local pouvant aller jusqu'à une biopsie, mais il faut toujours songer à une glossite traumatique : à une brûlure (par boissons ou aliments trop chauds ou par un caustique) et surtout à une cause dentaire : ulcération sur le bord de la langue due à une dent cassée ou cariée ou à un appareil prothétique.

On voit alors, au point lésé, une excoriation pouvant aller jusqu'à l'ulcération, entourée ou non d'une légère induration.

Le traitement d'une glossite (de quelque origine qu'elle soit) peut se résumer en quelques soins hygiéniques : nettoyage soigneux de la bouche et des dents (extirpation ou soins des dents malades), bains de bouche émollients (décoctions de guimauve ou analogues, avec une tête de pavot ou quelques feuilles de coca, en cas de douleurs) ; attouchements avec un collutoire le cas échéant (le plus simple, qu'on peut toujours avoir sous la main, et non le moins efficace, est le jus de citron).

Quant au régime, il se bornera à exclure l'alcool, le tabac et les plats trop épicés.

Dr A. GOTTSCHALK.

Le Chasseur Français N°667 Septembre 1952 Page 559