Charpente et solivage.
— Toutes les fois que l'on emploie le bois dans le
bâtiment, on calcule les pièces en supposant celui-ci de bonne qualité
technologique, c'est-à-dire en tenant compte de la présence possible de
quelques défauts, dont nous citerons les principaux, mais qu'une longue
expérience rend possible, pour certains, de révéler avec sûreté : les « nœuds »,
que tout le monde connaît, mais qui sont dangereux s'ils renferment du bois
mort ; les « roulures », partie dans le bois qui, par suite du
froid, n'est pas passée à l'état de bois ; les « gélivures »,
fentes rayonnantes que l'on voit sur la section du tronc ; enfin, les « gerçures »,
qui sont des fentes transversales.
Il y a, en outre, les maladies du bois. La plus connue est
la « vermoulure », piquage des vers et échauffement ou fermentation
de la sève : un tel bois se pourrit vite.
Lorsque le bois est mis en place, il y a également les
champignons, qui se traitent par des badigeons de produits spéciaux. On évite
aussi l'humidité, quand le bois est mis en œuvre, en passant les pièces
encastrées dans la maçonnerie au carbonyl.
Un bon bois se reconnaît à son « élasticité » et à
son « homogénéité ». Cela se voit lorsque les copeaux sortant du
rabot s'enroulent sur eux-mêmes. Le bois sain a d'ailleurs une odeur agréable.
Le bois mort sur pied ne doit jamais être débité pour la
construction, car il n'a aucune cohésion ni aucune solidité.
Procédés de conservation.
Étuvage.
— Les bois sont soumis pendant vingt-quatre heures à la
vapeur humide 100°. Inconvénient : diminution de la résistance du bois. Il
est préférable de laisser opérer la dessiccation du bois à l'air libre et à
l'abri de l'humidité.
Injections.
— On injecte du sulfate de cuivre, de la créosote. Ce
produit est utilisé surtout pour les pilots enfouis.
Flottage.
— Autrefois, ce procédé était très employé. C'est, en
résumé, un lessivage prolongé et à froid pendant que les bois en grume
descendaient les cours d'eau.
Carbonisation.
— Le feu durcit le bois. Procédé employé pour la pointe
de pieux, des piquets de palissade.
Section des bois.
— Après l'abattage, exécuté en hiver, au moment où la
sève est la moins active, le bois est coupé à la scie. Ce « bois de sciage »
est dit « équarri à vives arêtes ». Les équarrissages se font suivant
la commande du charpentier, mais, la plupart du temps, on se sert par économie
des équarrissages commerciaux, dont on a un grand choix et qui varient un peu
suivant que l'on emploie du sapin ou du chêne et suivant que ce bois est du
Nord ou de Lorraine. En sapin (le plus employé pour la charpente), les
épaisseurs de bois accroissent de 7 millimètres et s'indiquent en centimètres,
le premier chiffre étant la largeur et le deuxième, la hauteur. Pièces
courantes : solives 8/22 en sapin du Nord ; chevrons 8/8-5/7.
Pour les planches ou feuillets, les épaisseurs s'expriment
en millimètres : planches de 21 millimètres, 27 millimètres, 34
millimètres.
Assemblage des pièces de bois.
Assemblages traditionnels.
— Les plus connus sont les assemblages à tenon et mortaise
et avec embrèvement. Ce genre d'assemblage n'est utilisé que pour les
pièces de bois soumises à un « effort de compression ». L'épaisseur
du tenon est le tiers de celle de la pièce dans laquelle il est taillé.
L'assemblage par tenon et mortaise avec embrèvement se
pratique surtout lorsque la pièce oblique et comprimée rencontre l'autre pièce
sous un angle très petit. Cet assemblage conduit, en général, à des
équarrissages assez forts, puisque la « section nette » est diminuée
par les entailles des bois.
Assemblage par boulons.
— Avec boulons montés sur rondelles ou plaquettes. Le
trou dans le bois doit avoir un diamètre légèrement inférieur à celui du boulon
qui doit s'enfoncer à force, surtout si le bois n'est pas très sec. Il faut
faire attention au danger de rupture par cisaillement. Il faut donc que les
boulons soient assez espacés les uns des autres (six fois le diamètre). Bien
souvent, on remplace les rondelles par des plaques d'appui qui sont situées
entre le boulon et la pièce de bois, ce qui permet d'augmenter considérablement
la charge pratique du boulon. Il faut resserrer périodiquement les boulons, car
la résistance de l'assemblage est conditionnée par le serrage de ceux-ci.
Assemblage par clous.
— Bon assemblage qui répartit bien les efforts, mais il
faut faire attention de ne pas fendre le bois au clouage. Cet assemblage n'est
pratiquement pas démontable, comme le précédent. Les clous doivent être mis
régulièrement et en files alternées. Les pointes dépassant les assemblages
doivent être retournées.
Assemblage au moyen d'organes d'assemblage.
— Ce sont des assemblages au moyen de colliers,
anneaux, équerres, crampons, goujons, etc. ... Dans le cas des crampons à
dents, les crampons pénètrent dans le bois au moment du serrage des boulons.
Dans tous les cas, ces assemblages doivent être parfaitement
étudiés pour qu'il n'y ait pas de surprise à l'exécution.
Albert COHENDET,
Architecte D. P. L. G.
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