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Robes de cinq heures à minuit

Toutes sortes de raisons, plus valables les unes que les autres, ont poussé les femmes, depuis plusieurs saisons déjà, à choisir des robes à plusieurs fins et particulièrement les robes d'après-midi et de petit soir ; nous désignons par là les robes qui peuvent se porter de cinq heures à minuit, pour toutes circonstances qui ne sont pas de gala : visites officielles, cérémonies de mariage, dîners, théâtre ... Tout d'abord, le tailleur dit du soir, qui avait été assez délaissé durant ces dernières années, retrouve une vogue nouvelle ; il est noir, en soierie mate : gros-grain, poult, ottoman, moire, ou en lainage : grain de poudre ou de lime, drap de satin ou amazone ; sous la jaquette qui se fait extrêmement stricte puisque, dès cinq heures, on peut la porter à la rue, est rarement dissimulée une blouse, comme autrefois, mais au contraire un corsage décolleté, tenant après la jupe, fait du même tissu ou d'un tissu différent, d'un même ton ou d'un ton contrastant, brodé ou non ; quand il y a broderie, elle est somptueuse, rehaussée de paillettes, de cabochons, de pierreries ; parfois aussi ce corsage est en dentelle, en guipure, en grosse guipure d'acétate ou de laine, très en relief, qui peut également être reperlée ; bien entendu, ce corsage est entièrement dissimulé par la jaquette, d'autant plus facilement que celle-ci est, cet automne, fermée haut.

Les femmes qui n'aiment pas le tailleur, ou auxquelles il ne sied pas, adopteront la robe. L'effet deux-pièces en trompe-l'œil, la ligne sweater, qui affine et allonge le buste, avec ceinture plongeante ou drapée bas sur les hanches, est jolie et nouvelle ; la jupe peut être droite ou d'une ampleur modérée, ou au contraire très ample ; cette ampleur est alors donnée par des volants montés bas, en forme, froncés ou plissés. Les tissus les plus divers sont employés et selon la forme adoptée : tous les crêpes, si souples et si maniables, le djersamat, la soie sauvage, le taffetas à grain de tussor, les organdis dont ce fameux « organdi mouvant » de Pétillault, dont le double tissage en deux tons est d'un si séduisant effet de moiré et dont le succès est grand en couture, le velours aussi, ce dernier étant plus souvent employé marié à un autre tissu que seul. D'autre part, les tissus brochés, lamés, de beaux tons sombres au fond desquels scintille un reflet métallique, font de fort belles robes, que l'on peut, comme les autres, porter dans l'après-midi ; la richesse et la beauté de ces tissus exigent une façon impeccable, mais très simple. Ces robes peuvent être montantes et sans surprise, mais, comme le tailleur dont nous parlions, elles peuvent comporter un corsage décolleté caché sous un blouson, un spencer, un boléro ajusté ou simplement des manches-écharpes qu'on retire le soir. Elles sont courtes, objecterez-vous ; sont-elles assez habillées pour le soir ? Incontestablement oui, puisque toutes les robes du soir sont courtes, cette année en couture, sauf les robes de gala. Entendons-nous ! Les robes d'après-midi et toutes les jupes en général sont allongées, certaines jusqu'à 29 centimètres du sol, à plus forte raison celles-ci.

Les grosses guipures, dont nous parlions d'autre part, sont également employées pour ces robes ou les dentelle plus fines ; un des modèles très séduisant de Jacques Fath se compose d'un corsage-sweater en jersey, sans ceinture, épousant les hanches d'où s'évade la jupe de dentelle copieusement plissée.

G.-P. DE ROUVILLE.

Le Chasseur Français N°669 Novembre 1952 Page 688