Un épisode de tout premier ordre. Il marque une nouvelle évolution de la série. Les Envahisseurs ne présentent plus le combat d'un homme seul contre le monde entier mais devient la mise en scène d'une mutation de la Guerre Froide ; historiquement, l'anticommunisme fervent des débuts (1955-1965) cède alors la place à la négociation et à la Détente (1966-1976).
The Peacemakers illustre ce tournant diplomatique crucial pour les relations est-ouest.
Prologue :
David Vincent et le Colonel Harmon (déjà vu dans Contre-attaque) mènent en prison militaire un envahisseur qu'ils ont capturé. Un gradé complice du prisonnier lui fait passer une capsule qui lui permet de se détruire dans sa cellule. Mais le complice est appréhendé pendant sa fuite et se fait tuer sous les yeux du Général Concannon, le supérieur d'Archie Harmon.
Acte Un :
Les envahisseurs enlèvent Harmon pour l'échanger contre leur congénère prisonnier dont ils ignorent la mort. Conduit à son appartement, le Colonel fait du bruit dans le couloir pour avertir Vincent et Scoville (qu'il avait invités dans la journée pour discuter de la situation). Les deux amis parviennent ainsi à tuer l'un des ravisseurs et à mettre en fuite le second. Vincent relève même le numéro de sa voiture (JK 8004).
Lors d'une réunion avec le Général Concannon, qui affirme parler au nom du Président des États-Unis, Vincent reçoit mandat officiel pour négocier un traité de paix avec les envahisseurs. Pour les forcer à s'asseoir à la table, Concannon préconise de leur faire croire que les américains disposent d'une arme de destruction absolue (Armaggedon). Ce discours ambigu laisse le spectateur sur une drôle d'impression de malaise. On se demande jusqu'au début de l'acte IV quel jeu le Général est en train de jouer. Est-il un envahisseur infiltré au plus haut niveau (Concannon est le général en chef de la défense des E-U) ? Est-il un belliciste assoiffé de violence ? Ou est-il un extraordinaire bluffeur ? Un négociateur hors pair qui manie l'art de la dissuasion avec maestria ?
Vincent retrouve la trace de l'envahisseur qui voulait échanger Harmon et celui-ci accepte de le présenter à son supérieur. Il fait assommer l'architecte pour le conduire en un lieu secret.
Acte Deux :
Pendant ce temps, Concannon et Scoville - qui ne s'apprécient guère - discutent de la faisabilité de la bombe Armaggedon. Scoville est contre, quand bien même il aurait les moyens techniques de la réaliser.
Dans une ferme isolée, Vincent rencontre une "vieille" connaissance ; il s'agit de Ryder, le chef suprême qu'il avait capturé dans The Ransom. On se souviendra que ce même Ryder avait accepté de ramener Vincent à la vie à la fin de ce même épisode. La relation qui les unit est donc elle aussi ambiguë. Le chef suprême approuve le principe de pourparlers.
Vincent se rend chez Concannon pour l'informer de l'évolution des tractations. Celui-ci, qui déguste un homard, est subitement victime d'un malaise.
Acte Trois :
L'empoisonnement échoue mais le général annule toutes négociations engagées avec les envahisseurs. Il comprend dans la nuit que c'est sa femme, Sarah, qui a voulu l'empoisonner. Elle veut l'empêcher d'employer l'Armaggedon, cette bombe dont il a parlé la nuit précédente dans son sommeil. Concannon empoigne alors brutalement son épouse par les cheveux et la menace cruellement avant de s'interrompre devant l'irruption de son fils que les cris de sa mère ont alerté. Le spectateur devine que le général est un homme qui vit sous l'empire de la violence. La plupart du temps il parvient à la contenir, mais il lui arrive de perdre le contrôle. En comparaison, les envahisseurs (et surtout Ryder) paraissent bien plus posés.
Concannon réunit Scoville et ses officiers dans la nuit pour leur remettre une enveloppe d'instructions - qu'il dit tenir du Président - à n'ouvrir qu'à midi, heure des négociations. Après leur départ, il dicte - en présence de Harmon - les mesures qu'il compte adopter pendant les conversations ; il fait mettre un bombardier à sa disposition et projette de détruire la ferme où aura lieu la réunion pour, dit-il, sauvegarder la paix. Il est donc prêt à sacrifier son état-major, Scoville (trop pacifiste), et la population alentour pour un but plus "noble".
Acte Quatre :
Le lendemain matin, Vincent passe prendre le général qui est déjà parti ! Son épouse lui apprend que Harmon a laissé un message : il faut empêcher Concannon de bombarder la ferme en amenant Sarah et Bill (son fils) sur les lieux.
Arrivés sur place, Vincent met Scoville, Ryder et les officiers au courant de la menace imminente. Ils utilisent l'émetteur des envahisseurs pour contacter l'avion et tenter de fléchire Concannon, mais celui-ci, fanatisé par sa "mission", refuse d'écouter ses arguments.
Vincent demande alors à Ryder de faire abattre le bombardier (bien que le Colonel Harmon soit aussi à bord) pour sauver la population. Une soucoupe volante intercepte et désintègre le bombardier dans la minute qui suit.
Épilogue :
Cette première tentative de négociation a échoué et ni Ryder ni Vincent ne peuvent s'engager sur l'avenir. Il leur faudra convaincre leurs supérieurs respectifs de la nécessité de se parler... Nous sommes donc bien à un tournant décisif de la série.
© 2001 éric alglave