Cette seconde partie transporte le spectateur en différents points de la planète. 4X09 Tunguska était consacré aux hommes de pouvoir (ceux qui décident) ; 4X10 Terma est centré sur les hommes d'action (ceux qui appliquent - parfois à leur insu - les décisions, mais aussi ceux qui cherchent à comprendre). De la réflexion nous passons donc à l'action, aux questions soulevées nous obtenons quelques réponses, mais nous basculons pour cela de l'intrigue feutrée à la violence extrême, qui est concentrée en cinq lieux principaux :
- le goulag de Tunguska (Sibérie), où les premiers tests de vaccin sont expérimentés sur des prisonniers ;
- la maison de retraite de Boca Raton (Floride), où les mêmes expériences sont menées aux USA sur des vieillards ;
- le ranch de Charlottesville (Virginie), où habite le Dr. Chung-Sayer, spécialiste de la variole ;
- le labo de Greenbelt (Maryland), où Scully analyse l'échantillon rocheux trouvé dans la sacoche diplomatique ;
- et enfin, la raffinerie de Terma (Dakota du Nord), où l'exécuteur russe Peskov détruit les preuves du complot international...
Mais autant la première partie était confuse à cause de l'absence d'informations dont Mulder, Scully, Skinner et le spectateur disposaient, autant cette seconde partie nous abreuve d'informations capitales. Les scénaristes (Carter et Spotnitz) montrant ainsi que la réflexion seule mène à l'immobilisme tandis que l'action permet de déclencher les révélations. C'est donc le va-et-vient entre les deux qui conduit à la découverte de la vérité.
1°) Le goulag sibérien pour Mulder :
Un prégénérique TRES fort, dans lequel l'euthanasie d'une vieille dame (sujet hautement polémique) tourne au drame, nous a appris que le "cancer noir" de Tunguska est également présent aux Etats-Unis, puisque la vieille femme souffrante expire en expulsant les mêmes "vermisseaux noirs" que ceux de Tunguska.
Le générique proprement dit est pour une fois judicieusement modifié. Au lieu de l'habituel "The truth is out there" on peut lire : "E pur se muove".
La première scène post-générique nous apprend que, non content de parler le russe, Krycek s'appelle aussi Arntzen et qu'il est un agent - assez haut placé - de l'ex-KGB. Coincé au camp expérimental de Tunguska, il a été contraint de casser sa couverture pour "activer" l'agent retraité - un tueur - Vassily Peskov de Saint-Petersbourg. Ce dernier part en mission sur le territoire des Etats-Unis. Sa première étape sera une ferme aux alentours de Charlottesville, Virginie, où il tuera une virologiste réputée : Bonita Chung-Sayer, qui fait autorité sur le virus de la variole.
Une conversation entre Skinner et Scully nous apprend, en outre, que le Dr. Chung-Sayer a mené campagne pour que soient détruits les derniers échantillons de variole conservés en Amérique et en Russie. Une autre conversation moins amicale entre CSM et l'Homme Manucuré nous apprend que Chung-Sayer était le médecin personnel de ce dernier. De son côté, Mulder apprend de son voisin de cellule - un ex-géologue devenu cobaye lui aussi - que le "cancer noir" est en fait un virus extrait de la roche locale et utilisé comme arme bactériologique dans les guerres récentes. Les "tests" sont censés conduire à la découverte d'une antidote... Désireux de se venger, Mulder cherche à s'évader du goulag de Tunguska en enlevant Arntzen/Krycek dans un camion. Dans leur fuite, les freins lâchent et les deux hommes s'échappent chacun de leur côté. Alex finira amputé du bras gauche (celui des "vaccins-tests" antivarioliques) par un groupe de vagabonds cachés dans la forêt. Mulder - recueilli par la femme du chauffeur de camion - aura plus de chance... |
2°) La prison fédérale pour Scully :
Le long flash-back rejoint le temps présent (celui du début de 4X09 Tunguska) et Scully est placée en détention. Skinner lui rend visite pour essayer de comprendre pourquoi elle agit ainsi :
SKINNER: I can understand you protecting Agent Mulder but...
SCULLY: It's not just Agent Mulder that I am protecting, sir. SKINNER: Then what are you doing? SCULLY: We were called before this committee to answer questions about a murder - about an intercepted diplomatic pouch - a pouch that was to be delivered to a prominent doctor - a woman who is now dead, as is the man who was delivering said pouch - the contents of which have infected an exobiologist with a paralyzing toxin. Yet, what are we stuck on here? The whereabouts of Agent Mulder. SKINNER: You mean it's the wrong question. SCULLY: Several of the men on this committee are lawyers. It is my experience that lawyers ask the wrong question only when they don't want the right answer. SKINNER: Unless Agent Mulder has already found the answers they're looking for. SCULLY: Or someone wants to make sure that he doesn't find out. SKINNER: These are congressmen we're talking about, Agent Scully. SCULLY: I know that, sir. And it is my natural inclination to believe that they are acting in the best interest of the truth...but I am not inclined to follow my own judgement in this case. |
Je peux comprendre que vous protégiez l'Agent Mulder mais...
Je ne protège pas que l'Agent Mulder, Monsieur. Alors que faites-vous? Nous avons été convoqués devant cette commission pour répondre sur un meurtre - suite à l'interception d'une sacoche diplomatique - une sacoche qui devait être amenée à un docteur renommée - une femme morte elle aussi, comme le porteur de la sacoche, dont le contenu a infecté un exobiologiste d'une toxine paralysante. Et pourtant pourquoi sommes-nous bloqués ici? Savoir où est l'Agent Mulder ! Vous voulez dire que ce n'est pas la bonne question. Plusieurs des hommes de cette commission sont des avocats. Je sais par expérience que les avocats ne posent la mauvaise question que quand ils ne veulent pas la bonne réponse. A moins que l'Agent Mulder n'ait déjà trouvé la réponse qu'ils veulent. Ou bien quelqu'un veut être sûr qu'il ne trouve jamais. Vous parlez de membres du Congrès, Agent Scully. Je sais, Monsieur. Et j'ai spontanément tendance à croire qu'ils agissent dans l'intérêt de la vérité... mais dans le cas présent, je ne fais pas trop confiance à mon propre jugement. |
Discussion capitale, où s'exprime toute la paranoïa de Chris Carter quant aux intentions impures des représentants américains démocratiquement élus. Scully, qui se fait ici la porte-parole des scénaristes, oppose deux catégories d'acteurs de la démocratie dont le but officiel est le même - garantir et faciliter l'accès à la vérité : les avocats, défenseurs des victimes, et les enquêteurs qui recherchent les criminels. Or, il s'avère que dans cette affaire les intérêts sont divergents. Le scénario conduit donc habilement les deux seules qui agissent et réfléchissent (Mulder et Scully) à l'immobilisme (prison) en leur faisant côtoyer un virus... paralysant.
Pendant ce temps - "ralenti" par ceux-là mêmes qui devrait accélérer la recherche de la vérité - Vassily Peskov poursuit sa mission destructrice au labo de la NASA à Greenbelt, où il tue l'exobiologiste infecté par le "cancer noir". Car une fois que le scientifique est mort, le virus quitte son "hôte". Après la mort de la seule spécialiste américaine de la variole, il ne reste donc plus de trace du virus. |
3°) L'enfouissement des preuves matérielles :
Poursuivant sa tâche, Peskov exécute les vieillards de Boca Raton qui servaient tous à leur insu (cf. le prégénérique) de cobaye américains. Il part ensuite en toute hâte détruire les échantillons (saisis au labo) dans une raffinerie à Terma, Dakota du Nord.
En cette fin d'épisode, l'action reprend le dessus. Mulder a donc réussi à regagner les Etats-Unis et son arrivée devant la commission sénatoriale a fauché l'herbe sous le pied du Sénateur Sorenson ; du coup, il est obligé de libérer Scully et les deux agents vont interroger le prisonnier terroriste arrêté en même temps que Krycek (voir 4X09 Tunguska). Celui-ci confirme l'identité clandestine de Krycek (Arntzen) et son intention de fabriquer une arme bactériologique ("conçue par les russes et utilisée par Saddam Hussein pendant la Guerre du Golf").
Le labo se trouve à Terma, à la frontière canadienne. Mulder et Scully s'y rendent en hélicoptère, mais ils arrivent trop tard pour empêcher Vassily Peskov de détruire - dans une grande explosion - les dernières preuves matérielles en sa possession.
Il reste cependant suffisamment de résultats d'analyses en laboratoire pour témoigner devant la commission sénatoriale et le président Romine suspend la séance pour faire examiner lesdites preuves versées au dossier de l'instruction.
La scène finale, emblématique de toute la série (car déjà vue sous diverses autres variantes) nous montre CSM et le Sénateur Sorenson étudiant les documents remis à la justice par Scully. La caméra se déplace et fixe les nombreux dossiers (déjà) entassés dans une poubelle...
planète : nous savions déjà depuis 2X25 Anasazi que les ramifications du complot dépassaient les limites des seuls Etats-Unis, en voici une preuve supplémentaire. Le crash de Roswell remonte à 1947, nous sommes à peine, alors, au début de la guerre froide ; les "savants" nazis ou japonais (voir 3X09 Nisei et 3X10 731) se réfugient dans les deux camps pour le plus grand profit des deux superpuissances...
E pur se muove : citation italienne attribuée à Galilée qui signifie "et pourtant elle tourne" (la Terre). La comparution de Scully, Skinner et Mulder devant une commission sénatoriale dont l'un des membres (Sorenson) est chargé d'étouffer l'affaire est ainsi comparée au fameux procès de Galileo Galilei où l'on fit taire l'homme qui disait la vérité (en anglais, The Truth)
temps : du titre de l'épisode - Terma signifie "terme", c'est-à-dire "échéance" - aux changements de lieux qui signifient la simultanéité des actions, en passant par les flashbacks ou les tentatives d'obstruction (stases temporelles) du Sénateur Sorenson, TOUT l'épisode tourne autour du concept de temps.
raffinerie : goûtez l'humour de Carter et Spotnitz qui poussent le "raffinement" jusqu'à faire d'une installation pétrolière le lieu de "blanchiment" de ce "cancer noir"...