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Extrait de la Revue de Zoologie Agricole et Appliquée (deuxième Semestre 1947, No 7-12.)
LA PATHOLOGIE DES INSECTES
d'après l'Oeuvre d'André PAILLOT
ANDRÉ PAILLOT Nécrologie
Né le 8 août 1885, à Bois-de-Gand, dans le Jura, André PAILLOT passa
son enfance dans un village proche de la forêt de la Joux. Dans cette nature
sauvage et fière, il développa ses qualités maîtresses : le don de
l'observation et l'amour de la science.
Devenu instituteur, comme son père, puis chargé de cours à l'Ecole Supérieure de Mouchard, dans le Jura, PAILLOT vint, en 1907, à la Faculté des Sciences de Besançon. Il y acheva sa licence ès sciences en 1910, avec, en plus, le certificat de chimie générale. Puis il commença un diplôme d'études supérieures.
A ce moment, un événement décide de son avenir, le Ministère de l'Agriculture, organisant une mission de recherches sur l'Eudemis et la Cochylis, Bouvier, Professeur d'Entomologie au Muséum, demande sa participation à PAILLOT, qui accepte avec d'autant plus de plaisir que la recherche l'attire plus que l'enseignement. Après un stage chez Paul MARCHAL, l'illustre Directeur de la Station Entomologique de Paris, il organise un laboratoire de recherches à Beaune, en 1911. Les résultats de ses observations sur la Cochylis et l'Eudemis, en Bourgogne, parus dans les Annales des Epiphyties, en 1913, sont sa première publication.
Contre les Vers de la grappe, il utilisa des Champignons entomophytes du genre Spicaria farinosa. Ce moyen de lutte se montra inefficace, mais, encouragé par MARCHAL, PAILLOT y vit un champ de recherches extraordinaire. On n'obtiendrait, pensa t-il, aucun résultat, ni avec les entomophytes, ni avec les microbes, si l'on ne connaissait à fond les phénomènes pathologiques qu'ils entraînent; c'est de là que partent ses recherches sur l'infection des Insectes.
Chaque hiver, il revient travailler à Paris. Avec les Professeurs MESNIL et BOREL, il commence à l'Institut Pasteur, en 1912, ses études sur les maladies des Insectes, les affections bactériennes et les maladies à Protozoaires. Dès 1913, il donne à l'Académie des Sciences sa première note sur des Coccobacilles, parasites d'Insectes. Il se passionne pour ces recherches, auxquelles son nom reste lié de façon impérissable.
Enfin, avec MARCHAL qui l'aide et le guide, il apprend l'Entomologie appliquée et les disciplines voisines. Il acquiert sa formation scientifique et développe son esprit critique. Il travaille en compagnie de M. VAYSSIÈRE, aujourd'hui Professeur à l'Institut Colonial, et de VUILLET, qui devait tomber au Champ d'Honneur dès le début de la guerre de 1914. A cette époque, PAILLOT publie une note sur la Mouche du Chou et la Mouche de l'Oignon, dans la Revue de Zoologie Agricole de Bordeaux.
La guerre survient. Il part au front comme sergent. Soldat courageux, il y gagne la Croix de Guerre, mais le 27 novembre 1914, il est grièvement blessé dans la forêt d'Apremont.
Son
destin scientifique était pourtant écrit. Hospitalisé à Lyon, au début de
1915, il est admis au Laboratoire militaire du Professeur COURMONT, où il
travaille comme bactériologiste. Réformé, il est nommé, en 1915, Directeur
de la
, près de Lyon. Dès lors,
chaque année, ce travailleur infatigable publie, principalement dans les
comptes rendus de l'Académie des Sciences ou de la Société de Biologie, les
résultats de ses recherches, presque toutes inédites et nouvelles. On doit
ainsi près de deux cents publications à son extraordinaire fécondité.
Docteur ès sciences en 1923, il partage son temps entre l'Entomologie
appliquée et la Pathologie des Insectes. Dans la nouvelle Faculté de Médecine
de Lyon, une salle lui sera spécialement réservée dans le Service
d'Histologie du Professeur POLICARD. Là, en compagnie du Docteur NOËL, il met
au point la plus grande partie de ses dernières études histophysiologiques.
Puis il fait des synthèses de ses immenses connaissances.
En 1928, il publie un traité des maladies du Ver à soie, qu'il complète en
1930 par un deuxième volume.
Commentaire du Docteur ROUX ancien collaborateur de PASTEUR
En 1931, il donne le premier ouvrage moderne sur les Insectes nuisibles des Vergers et de la Vigne : il y met au point des traitements et des méthodes qui ont été, depuis, largement vulgarisés.
En 1933, paraît son livre sur l'infection chez les Insectes, qui révise les connaissances acquises jusque là et qu'il a enrichies considérablement.
Sa renommée grandit et son oeuvre reçoit des récompenses. Il est Lauréat de
l'Institut (prix FOURAT de l'Académie des Sciences, 1923), de la Société
Entomologique de France (prix CONSTANT, 1927) de la Société de Zoologie
Agricole (prix PORTER, 1929), tandis que là Société d'Encouragement à l'Industrie nationale lui attribue une médaille d'or. En 1930, il est chevalier
de la Légion d'honneur. En 1933, il est nommé membre correspondant de
l'Académie d'Agriculture. En 1935, il reçoit le prix FRÉMONT de l'Académie
des Sciences. En 1936, il est nomme Directeur du laboratoire de Pathologie des
Invertébrés, créé à la, Faculté de Médecine de Lyon, par l'Ecole des
Hautes Etudes.
La guerre de 1939 n'arrête pas son infatigable labeur, ni l'invasion et l'occupation. Dans cette ville de Lyon, où pendant toute la guerre la flamme de la Résistance brûla avec intensité, PAILLOT resta un ardent patriote. Il devait être durement atteint lorsque sa fille fut déportée. Elle eut la chance d'en revenir. Lui, PAILLOT, devait mourir à la Noël 1944, peu après la Libération.
Ainsi s'est achevée l'existence de ce savant, qui était sans doute l'homme du monde qui connaissait le mieux les maladies des Insectes.