NOTRE

PRAXINOSCOPE  PROJECTEUR

Le praxinoscope, inventé par Émile Reynaud en 1876, est un dispositif de précinéma donnant des résultats extraordinaire en qualité d’animation et en luminosité.

Nous comparons ce dispositif aux phénakistiscopes et zootropes à ce lien  sur notre site Go Mars Image : 

Cependant, les praxinoscopes que l’on trouve sont, en général, des appareils à vision directe (les animations qu’ils procurent n’étant pas projetées sur écran).

 

Nous avons donc décidé de transformer en praxinoscope-projecteur un praxinoscope à vision directe acheté jadis une quinzaine d’Euros chez Nature et Découvertes :

Boîte du praxinoscope du commerce

 
Ce jouet scientifique n’est plus au catalogue de cette chaîne de magasins, mais on le trouve encore ici, ou encore :

 

Il s'agit d'un appareil que l’on pourrait appeler un praxinoscope à disques, par opposition aux praxinoscopes à bandes qui sont les plus courants (lesdits disques ou bandes étant porteurs des dessins à animer).

Finalement ce praxinoscope à disques est la version à dix miroirs de la Toupie Fantoche inventée vers 1881 (voir notre évocation de cet appareil ici ):

Ce produit commercial est curieusement constitué, dans la mesure où l’angle de ses miroirs par rapport au plan du disque porteur des dessins à animer n’est pas de 45° comme la logique le voudrait. Mais l’appareil fonctionne convenablement, à de légers problèmes de planéité de miroir près (ce doit demeurer insensible au commun des mortel).

D’autre part, sur les quelques disques fourni avec l’appareil, seul le disque portant les fameuses images de la jument au galop de Muybridge donne une bonne animation. Les autres animations, soyons franc, frisent le ridicule.

Pour transformer ce praxinoscope en projecteur, nous avons utilisé deux lampes de chevet à pince Jansjö de chez IKEA : Ces lampes à diode électroluminescente, qui produisent une lumière presque parfaitement froide, sont les plus puissantes que nous connaissions ; de plus elles sont peu onéreuses.

Dès lors que ces deux lampes éclairent au mieux (sans risque dy mettre le feu) le disque porteur d’images, il est facile d’installer une simple loupe (loupe Maped, quelques Euros) pour réaliser la projection des images.

On a alors réalisé un épiscope, c.-à-d. un dispositif permettant la projection de vues opaques (ces vues opaques étant les images présentes sur le disque) :

Notre praxinoscope projecteur

 
Sur cette image, seule une lampe Jansjö est installée, mais on voit le petit massif de bois où la deuxième lampe peut être pincée.

 

Les épiscopes n’ont jamais brillé par leur luminosité, c’est pourquoi nous avons décidé de projeter les images sur un calque (la projection sur écran restant possible dans le noir complet).

 

Le jeu de deux miroirs que l’on aperçoit sur la photo à gauche de la loupe n’est là que pour redresser l’image (qui, en leur absence, serait projetée le haut en bas). Une inversion préalable des dix images à animer sur le disque, dans un logiciel de traitement d’images, dispenserait de l’installation de ces miroirs.

 

Comme on le devine sur l'image, la rotation du disque est automatisée par l’entremise d’une motorisation LEGO (on voit les piles et les fils au centre de l’image).

En l’absence d’une telle motorisation, le disque peut être bien sûr être tourné à la main. On gagnera cependant en régularité en installant au moins un système de rotation à manivelle (réalisé par exemple avec des engrenages LEGO).

 

La boîte visible à la gauche de l’image n’a comme seule fonction que le stockage de la pyramide de miroirs pendant le transport ou le stockage du praxinoscope projecteur, ces miroirs étant des objets très fragiles (à ne jamais toucher avec les doigts).

 

Voici la captation vidéo de l’animation produite par notre praxinoscope projecteur :

 

Si l’on observe attentivement le rendu de cette animation, on peut dire ceci :

--> Chaque image est projetée d’une façon légèrement mouvante, du fait du manque de planéité des miroirs de la pyramide.

--> L'effet "cosinus epsilon", propre aux praxinoscopes, est bien visible : il donne aux éléments les plus à droite et à gauche de l'image un frétillement latéral qui nuit à la stabilité latérale de ces éléments extrêmes.

-->bien que la fluidité de l'animation soit assez bonne, elle est diminuée par l'existence des fondus enchaînés présidant au passage entre deux images successives : ce fondu enchaîné, qualité congénitale du praxinoscope, devient ici sans doute un défaut.

Ainsi, si l'on extrait de la captation vidéo toutes ses images et qu'on sélectionne la dizaine significative constituant le cycle d'origine (images du galop de Daisy, dues à Muybridge), on obtient ceci :

Captation des images significative de la projection du praxinoscope

Chacune des 10 images utilisées ici a été recalée en hauteur et largeur pour stabiliser l'animation (cette animation est donc peut-être plus stable que la vidéo).
  
En gros, dans la vidéo publiée sur YouTube, il y a 3 fois plus d'images que dans cette animation .gif.  Certaines des images supplémentaires sont parfois de simples redites des précédentes, mais, et cela vaut d'être précisé, d'autres sont les captations des fondus-enchaînés liant deux images successives du disque. Comme celle-là, par exemple :

captation d'une image vidéo du praxinoscope
...où le nombre de pattes est supérieur à quatre.
 
Cette animation, à mon sens, est donc plutôt meilleure que celle montrée par la captation vidéo publiée sur You Tube : On a donc bien une dégradation du rendu de l'animation causée par le fondu-enchaîné (difficulté de lecture d'images doublées). Ceci, même si le fondu enchaîné reste un moyen très puissant de réaliser des animations à partir de très peu d'images, comme on le voit avec la Toupie Fantoche du même Émile Reynaud...

-->  Mais surtout, de toutes les constatations que l'on peut faire au vu du fonctionnement de notre praxinoscope-projecteur, la plus importante est que la projection ne scintille pas : C’est important parce que beaucoup de gens (et même d’historiens du cinéma) pensent que les projections qu’Émile Reynaud lui-même proposait au musée Grévin (de 1888 à 1893) et qui lui valurent un succès phénoménal (il faut comprendre que le public découvrait sur grand écran les premiers dessins animés de l’histoire, et ceci avant même que le cinématographe ne soit inventé !) :

 

Les Pantomimes Lumineuses d'Émile Reynaud

 

Les simulations informatiques du fonctionnement de l’appareil, par exemple celle, magnifique, du Museu del Cinema de Girona, donnent en effet ceci :

À la décharge des créateurs de la simulation ci-dessus, il faut dire que lorsqu’on cherche à recréer un praxinoscope projecteur sur le modèle de l’image ci-dessus (c.-à-d. en cherchant à animer des images transparentes (des diapositives), on obtient très vite, pour des raisons géométriques sur lesquelles nous ne pouvons nous attarder dans ce texte, un réel scintillement.

Ce scintillement peut être supprimé en travaillant sur la façon dont la source lumineuse éclaire les diapositives ce qui est beaucoup plus aisé de nos jours qu’à la fin du 19ème siècle où officiait Émile Reynaud.

Cependant, nous sommes persuadé que le grand inventeur qu’était le même Émile Reynaud a compris très vite les raisons de ce scintillement et qu’il y a mis un terme…

 

Lien vers la publication You Tube de notre Praxinoscope Projecteur :  http://youtu.be/89Iz430tq7M

Bernard de Go Mars Image

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