AKINÉSIE   

L'akinésie est une lenteur d'initiation des mouvements avec une tendance à l'immobilité (mouvements volontaires, mouvements associés, mouvements d'ajustement postural, mouvements d'expression gestuelle et émotionnelle), et ce, en l'absence de paralysie. Cela est dû à un problème d'activation de zones du cerveau (atteinte de la voie nigro-strié entrainant un déficit en dopamine).

Le malade avance à petits pas, les pieds « collés » au sol, les bras immobiles ne se balançant plus, le dos courbé en avant, le cou raide. Le visage aussi est touché, avec des traits figés, peu expressifs, un regard fixe. La parole est rare, mal articulée, monotone.

Le patient doit commander consciemment la plupart de ses mouvements, même ceux qui s’effectuent sans que l’on y pense en temps normal (perte des mouvements automatiques inconscients).

Ce symptôme se retrouve dans la maladie de Parkinson


   AUTISME   

Par Sylvain Bartolami : (d’autos : soi-même, en grec). Ce syndrome psychiatrique précoce apparaissant au cours de la petite enfance est caractérisée par des troubles du comportement : l’enfant ne répond pas aux sollicitations maternelles. L’enfant communique que peu, il ne parle pas, il a horreur des bruits forts et des modifications de son environnement le perturbent énormément. Ses gestes sont bizarres et répétitifs. Les autistes semblent souffrir d’une incapacité à établir des relations affectives habituelles. On a longtemps cru que l’autisme était une maladie purement psychologique sans composante organique. Les causes de l’autisme qui prévalaient étaient d’origine maternelle car des troubles du comportement similaires à ceux de l’autisme ont été observé chez des enfants ayant été privé précocement de l’affection maternelle. Une froideur affective maternelle, qui pousse l’enfant à se réfugier dans un monde intérieur, a été longtemps tenue pour responsable de l’autisme. Cette théorie défendue par le célèbre psychanalyste Bruno Bettelheim est maintenant mis à mal par les recherches les plus récentes.

Les preuves s’accumulent en faveur d’une déficience au cours du développement du système nerveux centrale. La conséquence majeure est une difficulté énorme de l’enfant à adapter son comportement à la situation présente (mise en action du comportement trop lente ou trop brutale, durée du comportement trop courte ou trop longue, arrêt du comportement trop rapide ou absence d’arrêt …), à faire preuve d’imagination (jeux répétitifs) et de socialisation.

Des anomalies ont été observées dans le cervelet, structure cérébrale participant non seulement au contrôle de la motricité mais aussi recevant des informations sensorielles. On a aussi remarqué chez certains malades une atrophie du cortex préfrontal et de l’hippocampe (structures cognitive et affective, par excellence). Au niveau biochimique, la production et l’élimination des neurotransmetteurs dopamine et sérotonine est altérée, tout comme celle des b endorphines dont la structure biochimique est en plus anormale (suggérant une anomalie du gène des endorphines). Concernant la croissance même du système nerveux, des anomalies ont été détectées sur le gène d’une protéine (la protéine Ras, membre de la famille des protéines G) nécessaire à la pérennisation de la différenciation des neurones.

L’ensemble de ces déficits anatomo-fonctionnels sont en accord avec l’hypothèse que la physiopathologie de l’autisme résulte à la fois d’une croissance du système nerveux et d’une régulation de la neurotransmission imparfaites. Actuellement, l’autisme est considéré comme une maladie à la fois multigènique et multifactorielle résultant d’interactions entre les facteurs de prédisposition génique et des facteurs environnementaux à risque (prématurité, anoxie à la naissance, médication ou rubéole de la mère pendant la grossesse). Cette interaction surviendrait à un moment critique du développement du système nerveux.

La prise en charge thérapeutique des autistes est seulement médicamenteuse pour ce qui est des symptômes (des sédatifs calment la turbulence, des stimulants améliorent la passivité et l’instabilité, des analogues des endorphines traitent l’agitation et l’agressivité) alors que l’essentiel de soins psychiques reposent sur des psychothérapies à visées rééducatives. Ces psychothérapies ont pour but d’améliorer les relations de l’enfant avec son entourage mais peuvent être aussi spécifique (orthophonie, psychomotricité…)

Inserm - Dossier réalisé en collaboration avec le Pr Catherine Barthélémy : L’autisme fait partie des troubles envahissants du développement (TED), un groupe hétérogène de pathologies, caractérisées par des altérations qualitatives des interactions sociales, des problèmes de communication (langage et communication non verbale), ainsi que par des troubles du comportement correspondant à un répertoire d’intérêts et d’activités restreint, stéréotypé et répétitif. Le handicap associé est variable, allant de léger à sévère. Il est presque toujours associé à des difficultés d’apprentissage.

L’autisme apparaît dans la petite enfance, avant l’âge de trois ans, puis persiste tout au long de la vie. Parmi les principaux autres TED pouvant affecter les enfants figure le syndrome d’Asperger, forme particulière de l’autisme associée à un très bon développement intellectuel. Figurent aussi des troubles liés à des altérations génétiques, comme le syndrome de Rett, le syndrome du X fragile et les retards mentaux liés au X. Il est à noter que leur appartenance au spectre des troubles autistiques est actuellement en cours de discussion.

On estime qu’environ 100 000 jeunes de moins de 20 ans sont atteints d’un TED en France. L’autisme infantile concernerait environ 30 000 d’entre eux.

Des troubles affectant les relations interpersonnelles, la communication et le comportement
Les personnes atteintes d’autisme semblent difficilement accessibles aux autres. Elles n’établissent pas les contacts nécessaires à la construction d’une relation interpersonnelle, en particulier les contacts visuels. Elles paraissent même les éviter. Le plus souvent, elles ne répondent pas lorsqu’on les appelle. Elles sourient très rarement et semblent ne pas comprendre les sentiments et les émotions des autres.

Les troubles de la communication associés à l’autisme touchent à la fois le langage et la communication non verbale. La majorité des autistes ne parlent pas. Ceux qui acquièrent un langage parlé parlent de manière étrange. Ils inversent les pronoms (« tu » à la place de « je »), répètent tout le temps la même phrase, modulent bizarrement leur voix, ont un débit et un rythme particulier… Ils sont généralement incapables d’utiliser des termes abstraits. Ils ont par ailleurs beaucoup de mal à comprendre une conversation et à entrer dans un dialogue. Par ailleurs, ils ne comprennent et n’utilisent pas les éléments de communication non verbale, tels que les gestes, les expressions du visage ou le ton de la voix.

Les personnes atteintes d’autisme ont souvent des comportements bizarres et répétitifs (balancements du corps, battements des mains, tournoiements…), auto-agressifs (se mordre les mains, se cogner la tête…) ou inappropriés (pleurer ou rire sans raison apparente…) . Elles s’attachent souvent à des objets qu’elles utilisent de manière détournée, par exemple en les alignant ou en les faisant tourner inlassablement. Elles semblent souvent indifférentes aux bruits extérieurs mais, de manière paradoxale, elles peuvent y être extrêmement sensibles. La lumière, le contact physique ou certaines odeurs peuvent également déclencher chez elles des réactions de rejet très fortes. Enfin, les autistes ont souvent des peurs inhabituelles et une intolérance aux changements (de lieux, d’emplois du temps, de vêtements…). Une situation imprévisible qui les dérange peut provoquer une réaction d’angoisse ou de panique, de colère ou d’agressivité.

L’autisme et les autres TED s’accompagnent souvent de troubles du sommeil, de troubles psychiatriques (dépression, anxiété, déficit d’attention-hyperactivité). L’épilepsie est aussi parfois associée aux TED. Un retard mental est observé dans environ un tiers des cas.

Les premiers signes, avant 3 ans
Les premiers signes évocateurs de l’autisme apparaissent le plus souvent entre 18 et 36 mois. L’enfant est trop calme ou au contraire trop excité. Il semble indifférent au monde sonore et aux personnes qui l’entourent. Il ne réagit pas (ou peu) aux séparations et aux retrouvailles. Il ne sourit pas (ou rarement) et reste silencieux. Il ne joue pas à faire « coucou » et ne cherche pas à imiter les adultes. Il développe des comportements répétitifs et s’intéresse à un nombre très restreint d’objets.

Une origine multifactorielle, largement génétique
Il est désormais bien établi que l’autisme et les autres TED sont des maladies dont l’origine est multifactorielle, avec une forte implication de facteurs génétiques. Etre un garçon et présenter des antécédents familiaux sont deux facteurs de risque reconnus. Les TED sont en effet quatre fois plus fréquents chez les garçons que chez les filles. Et dans une fratrie où il existe déjà un enfant atteint, on estime que le risque de développer un autisme pour un nouvel enfant serait de 4 % si l’enfant déjà atteint est un garçon, de 7 % si c’est une fille. Les données actuellement disponibles montrent que les maladies cœliaques secondaires à une intolérance au gluten, la vaccination combinée contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) ou encore les caractéristiques psychologiques des parents ne sont pas des facteurs de risque de TED.

Divers : Une trop grande quantité d'acide propanoïque (conservateur E280) dans l'organisme pourrait être la cause de certains cas d'autisme régressifs (elle agit sur le système nerveux central et affecte le métalbolisme cérébral et les fonctions immunitaires). Notamment lorsqu'il est produit en trop grande quantité par la flore intestinale (proportion anormale de clostridium dans le tube digestif) du sujet atteint).

voir aussi vidéos sur l'autisme


   CHORÉE DE SYDENHAM   

La chorée de Sydenham, nommée ainsi d'après Thomas Sydenham, est une maladie infectieuse du système nerveux central, apparaissant après une infection à streptocoques bêta-hémolytique du groupe A, avec fièvre, caractérisée par des mouvements involontaires et contractions des muscles du tronc et des extrémités. Elle touche les enfants de 7 à 14 ans suite à une contamination aux streptocoques. Les antigènes streptococciques ressemblent à ceux retrouvés au niveau des tissus nerveux, ce qui entraîne un rhumatisme articulaire aigu (RAA). Elle se guérit naturellement.

En langage courant, elle est appelée la « danse de saint Guy ».


   CHORÉE DE HUNTINGTON   

C'est une affection dégénérative héréditaire du système nerveux à l’origine d’une démence dite sous corticale (atteinte du cerveau en-dessous du cortex). Sa fréquence est de 1 personne atteinte sur 10 000 habitants (environ 6 000 personnes atteintes).

Surnommée "danse de saint-Guy", la chorée de Huntington est liée à une anomalie génétique localisée sur le chromosome 4, à transmission autosomique dominante (la présence de l’anomalie génétique sur un seul des deux chromosomes provoque le développements de la maladie) et à pénétrance complète (l’anomalie génétique provoque toujours la maladie). Il s’agit d’une répétition anormale d’une partie de l’information génétique ou ADN au niveau de ce chromosome : à l’état normal un code ADN est répété entre 11 et 34 fois, alors que dans la chorée de Huntington il est répété entre 37 et 86 fois. Cette augmentation du nombre de triplet est souvent progressive sur plusieurs génération et ses mécanisme sont mal connus. Elle débute à un âge souvent compris entre 30 et 50 ans et touche aussi bien l’homme que la femme.

Les signes de la maladie
Trois éléments sont évocateurs :
- Le patient a des mouvements incontrôlables, brusques et irréguliers, des distorsions et des spasmes (mouvements choréiques). La marche peut devenir difficile, parfois impossible, en raison de troubles de la coordination ;
- Un affaiblissement intellectuel s'installe et peut aboutir à un état de démence irréversible (désorientation dans le temps et l’espace, troubles de mémoire, de l’attention, du langage, du raisonnement, des reconnaissances, de l’humeur (euphorie ou dépression), du comportement...) ;
- On retrouve souvent dans la famille des malades des antécédents similaires.


   DYSKINÉSIE   

En médecine, une dyskinésie est un mouvement anormal.

En neurologie, il qualifie une activité motrice involontaire, lente et stéréotypée affectant préférentiellement la face (langue, lèvres, mâchoire) s’étendant au tronc et aux membres. Apparaissant ou s’accentuant à l'occasion d'un mouvement volontaire ; incessante au cours de l’éveil et s’arrêtant lors du sommeil. La dyskinésie est favorisée par certains médicaments (L-DOPA ou neuroleptiques).

En cardiologie, une dyskinésie est un mouvement anormal d'une paroi cardiaque.


   DÉMENCE A CORPS DE LEWY   

La démence à corps de Lewy (DCL) ou maladie à corps diffus de Lewy, maladie à corps corticaux de Lewy ou démence sénile de type Lewy (à ne pas confondre avec le Corps de Luys autre nom du noyau sous-thalamique) est un type de démence partageant des caractéristiques avec la maladie de Parkinson et la maladie d'Alzheimer. Elle est anatomiquement caractérisée par la présence de corps de Lewy, constitués d'amas d'alpha-synucléine (en) et d'ubiquitine dans les neurones. On les retrouve dans l'analyse histologique des cerveaux des patients atteints1. La démence à corps de Lewy atteint 1,3 million de personnes aux États-Unis.

La démence à corps de Lewy regroupe des aspects cliniques de la maladie d'Alzheimer et de la maladie de Parkinson tout en étant plus proche de cette dernière. Dans la DCL, la perte des neurones cholinergiques serait la cause du dysfonctionnement cognitif (comme dans la maladie d'Alzheimer) et la perte des neurones dopaminergiques entraînerait la dégradation du contrôle moteur (comme dans la maladie de Parkinson). Le diagnostic de DCL est donc difficile.

Alors que la maladie d'Alzheimer apparaît souvent progressivement, la DCL a tendance à progresser plus rapidement.

La DCL doit être distinguée de certaines formes démentielles qui apparaissent dans la maladie de Parkinson par le délai d'apparition de la démence après les symptômes extra-pyramidaux. La maladie de Parkinson avec démence apparaît la plupart du temps après plus d'un an d'évolution du syndrome extra-pyramidal alors qu'un diagnostic de DCL peut être envisagé lorsque les troubles cognitifs apparaissent en même temps que le syndrome extra-pyramidal.

Le diagnostic de la DCL s'appuie sur les recommandations de la conférence de consensus de 2005.
Les symptômes pouvant évoquer le diagnostic de DCL sont :
    - atteinte des fonctions cognitives associées à une perte d'autonomie ;
    - confusion
     - fluctuation rapide du fonctionnement cognitif (attention et vigilance) dans la journée voire d'heure en heure ;
    - ralentissement moteur
    - hallucinations essentiellement visuelles (retrouvées chez 75 % des patients) ; ce sont souvent des visions de personnes ou d'animaux, des paramnésies reduplicatives et d'autres troubles de la perception (double vision) ou de l'interprétation. Les patients peuvent critiquer ces hallucinations ;
    - syndrome extrapyramidal (parkinsonien) ; les tremblements sont cependant moins fréquents que dans la maladie de Parkinson ;
    - intolérance aux neuroleptiques et apparentés (antiémétiques) avec risque d'une forme de catatonie proche du syndrome malin des neuroleptiques ;
    - apparition des troubles moteurs et cognitifs dans la même année ; chutes répétées.

La DCL a un profil neuropsychologique différent de la maladie d'Alzheimer :
    - syndrome sous-cortico-frontal avec un ralentissement intellectuel et une atteinte des fonctions exécutives ;
    -  troubles visuo-spatiaux majeurs ;
    - troubles mnésiques avec un rappel libre altéré, mais une amélioration à l'indiçage (trouble parfois absent en début de maladie) ;
    - retentissement sur l'autonomie ;
    - pas de syndrome aphaso-apraxo-agnosique.


   ÉPILEPSIE   

Par Sylvain Bartolami : (du grec epilêpsia : attaque) concerne 30 millions de malades dans le monde. Ces sont des troubles neurologiques.
Elles constituent un vaste ensemble de maladies caractérisées par une dérégulation de l'activité électrique cérébrale conduisant à une hyperactivité neuronale. Cet emballement de l'activité électrique peut concerner tout ou partie de l'encéphale et se manifeste sous forme de crises convulsives plus ou moins violentes et associées ou non à des pertes de consciences.

On distingue 2 grandes catégories de troubles épileptiques : les syndromes généralisés et les syndromes partiels (épilepsies focales).

a) Les crises généralisées se caractérisent par des pertes de conscience , elles sont engendrées par des atteintes de sites cérébraux possèdent des projections sur des régions étendues de l'encéphale. On distingue 2 types de crises : le grand mal et le petit mal. Dans le grand mal, la personne perd conscience, son corps se raidit brutalement (phase tonique) puis est agité de contractions violentes (phase clonique). La crise du grand mal s'achève par une période confusion et de sommeil pouvant durer quelques heures. Pendant la crise du grand mal l'électroencéphalogramme suit un tracé caractéristique.

Le petit mal correspond à une activité électrique anormale brève (5-15 secondes) pouvant se répétée plusieurs fois par jour. Pendant la crise du petit mal, le malade perd conscience de son environnement (sorte d'absence) et ne se rappelle pas des évènements déroulés pendant le crise. Il n'y a pas de contraction musculaire particulière, le malade arrête simplement toute activité motrice et a le regard vague

b) Dans les épilepsies focales/partielles l'étendue de la " tempête " neuronale est restreinte, il n'y a pas nécessairement de perte de conscience. La nature des symptômes de la crise dépend du foyer cérébral impliqué. Par exemple, des crises focales motrices se manifestent par des mouvements répétitifs, les crises temporales produisent des impressions sensorielles étranges.

c) Physiopathologie des épilepsies. Les crises consistent en une excitation synchronisée de vaste groupes de neurones. Les causes de ces activités électriques anormales sont très variées : par exemple des traumatismes cérébraux, intoxications, anomalies métaboliques (les épilepsies symptomatiques). Il existe aussi des formes d'épilepsies survenant en absence de lésions cérébrales, ce sont les épilepsies idiopathiques. Dans ce dernier groupe, les facteurs à l'origine des pathologies sont de nature génétique, du fait de l'existence de familles d'épileptiques.

Les origines moléculaires de l'apparition du foyer épileptique. On a découvert des mutations des gènes codant pour des canaux ioniques dépendant du voltage et pour des récepteurs ionotropiques (récepteurs canaux). Parmi eux, sont particulièrement concernés les canaux sodiques et les récepteurs GABAa. Concernant les canaux Na+ (responsable du déclenchement et de la propagation des PA) les mutations conduisent à une entrée prolongée de Na+ dans le neurone. La conséquence est une augmentation de la fréquence de décharge neuronale et donc une hyperexcitation. Concernant le récepteur GABAa du principal neurotransmetteur inhibiteur du cerveau, les mutations produisent une réduction importante du courant Cl- hyperpolarisant, donc une diminution de l'action inhibitrice du GABA. Ces deux formes de mutations conduisent à l'apparition d'un groupe de neurones hyperactifs qui constituent le foyer épileptique à partir duquel des stimulations massives et anormales se propagent sur des distances plus ou moins étendues de l'encéphale. Il en résultes des crises épileptiques partielles ou généralisées.

L'aggravation de la pathologie. Au niveau cellulaire, on a constaté que les premières crises détruisent, par sur-stimulation, une partie des neurones gabaergiques qui régulent l'excitation des neurones télencéphaliques. Cette destruction déclenche un processus de compensation physiologique visant à rétablir les synapses perdues, c'est le bourgeonnement synaptique réalisé par les neurones voisins des neurones lésés. Malheureusement cette plasticité synaptique est préjudiciable car elle est réalisée par des neurones excitateurs glutamatergiques (ces récepteurs peuvent faire rentrer dans le neurone de grande quantité d'ions dépolarisants sodiques mais aussi calcique). Ainsi à la suite de la crise, les neurones gabaergiques synapses inhibitrices sont perdues et remplacées par des synapses excitatrices, ceci augmentera l'importance de " l'embrasement " cérébral lors de la crise suivante. Puis, de crise en crise, les neurones sur-stimulés se nécrosent de plus en plus, l'étendue des lésions neuronales s'accroît et peut alors provoquer de déficits fonctionnels permanents. Voilà pourquoi il est nécessaire de traiter les épilepsies : la répétitions des crises entraînant la détérioration du cerveau.

d) Thérapies. les mutations et les remplacements synaptiques augmentent la signalisation excitatrice et réduisent la signalisation inhibitrice ce qui conduisent à l'apparition des foyers épileptiques. Apparition que l'on tente de contrecarrer par des thérapies bloquant l'entrée de Na+ ou mimant les effets du GABA. Lorsque les traitements médicamenteux s'avèrent inefficaces, on pratique l'exérèse du foyer épileptique. Actuellement un traitement alternatif est à l'étude, il est basée sur des stimulations électriques contrôlées et ciblées de l'encéphale. L'action anti-épileptique de ces stimulations électriques apparaît particulièrement indiqué dans pour le traitement des épilepsies focales résistantes aux médicaments.ents. Voilà pourquoi il est nécessaire de traiter les épilepsies : la répétitions des crises entraîdossiers2


   PARKINSON   

Inserm : Décrite pour la première fois en 1817 par un médecin anglais qui lui donna son nom, la maladie de Parkinson est une affection dégénérative du système nerveux central. Les zones spécifiquement atteintes sont les neurones producteurs de dopamine (système dopaminergique).

Une maladie du système dopaminergique La dopamine est un neurotransmetteur, c’est-à-dire une molécule chargée de transmettre l’information entre les neurones. Lorsque la production ou la circulation de la dopamine est diminuée, les cellules nerveuses communiquent mal. Cela se traduit par de nombreux troubles, dont ceux de la maladie de Parkinson.

Symptômes et évolution
Les trois principaux symptômes permettant d’établir un premier diagnostic sont une akinésie (lenteur et difficulté du mouvement), une hypertonie musculaire (rigidité dite « extrapyramidale », touchant à la fois le rachis et les membres) et les tremblements (au repos, de manière régulière à 4 à 7 cycles par seconde).

À côté de ces trois troubles majeurs, la maladie de Parkinson se manifeste par des symptômes secondaires : douleurs, crampes, fourmillements, constipation, mictions urgentes, chute de tension à l’occasion d’une levée trop brusque (hypotension orthostatique), sueurs et salivations abondantes, anxiété, déprime, irritabilité, manies.

Cinq stades d'évolution
Stade I : premiers signes unilatéraux, ne gênant pas la vie quotidienne.
Stade II : signes encore unilatéraux, mais entraînant une gêne.
Stade III : signes bilatéraux, posture modifiée, pas de handicap grave, autonomie complète.
Stade IV : handicap plus sévère, marche encore possible, autonomie limitée.
Stade V : marche impossible (fauteuil roulant, alitement), perte complète de l’autonomie.

L’espérance de vie des malades est variable. Dans les meilleurs cas (survenue tardive, repérage précoce, traitement efficace), la durée de vie peut être normale, c’est-à-dire identique à la moyenne de la population.

Pic de fréquence vers 70 ans
Rarissime avant 45 ans, la maladie de Parkinson atteint les sujets plus âgés : 1 % de la population est concernée après 65 ans, et le pic de fréquence se situe autour de 70 ans. On compte environ 100 000 malades en France, et 8 000 nouveaux cas se déclarent chaque année. Avec le vieillissement de la génération du « baby-boom » et les gains réguliers d’espérance de vie, le pic épidémiologique est devant nous. Les hommes sont légèrement plus touchés que les femmes.

Des causes génétiques et environnementales
Les causes de la maladie de Parkinson font probablement intervenir une interaction entre gènes et environnement. Plusieurs pistes sont étudiées : exposition aux métaux lourds, pesticides et herbicides, chocs à la tête (traumatismes crâniens comme chez les boxeurs), micro-infarctus cérébraux, neurotoxines qui pourraient être d’origine virale… Plusieurs gènes de prédisposition ont été identifiés, d’abord dans les cas (très rares) de forme précoce de la maladie, survenant avant 50 ans, parfois même avant 40 ans. Mais la forme la plus courante (plus de 95 % des cas) n’a pas encore livré tous ses secrets génétiques, et les études familiales ou de jumeaux ne montrent pas une héritabilité très élevée.

Des traitements innovants de stimulation cérébrale
La L-Dopa (lévodopa ou traitement dopaminergique) est la thérapie de référence, efficace sur la triade symptomatique. Mais elle entraîne souvent des effets secondaires de fluctuation motrice, que n’ont pas d’autres molécules parfois utilisées en thérapie (agonistes dopaminergiques). La stimulation cérébrale profonde (intervention à haute fréquence sur le noyau subthalamique) est utilisée avec succès depuis une quinzaine d’années dans le traitement de la maladie de Parkinson. Le tremblement résistant au traitement médicamenteux et les complications motrices liées à la lévodopa constituent les principales indications de ce traitement neurochirurgical. Plus récemment s’est développée la stimulation corticale (électrode sur la dure-mère au niveau du cortex moteur), moins invasive et donnant des résultats comparables à la stimulation cérébrale profonde sur les symptômes des patients.


   SCHIZOPHRÉNIE   

Par Sylvain Bartolami : (du grec, schizein : séparer ou dédoubler et phren : esprit)
10 millions de personne souffrent de cette pathologie psychiatrique dans le monde, c’est une maladie chronique marquée par des altérations graves de la structure logique de la pensée. Cette maladie est tabou car c’est le synonyme de la folie, les malades cachent leur pathologie car, à la différence de personnes souffrant de troubles somatiques, ils font peur et sont plutôt mis au banc de la société. Encore maintenant, révéler sa schizophrène c’est un peu commettre un « suicide social ».

Les personnes souffrant de cette psychose sont généralement des êtres hypersensibles qui ne supportent pas le fait que le monde n’est pas comme il devrait l’être. L’hypersensible ne supporte pas les pressions psychologiques quotidiennes, les petites méchancetés, l’hypocrisie, les mensonges et l’irrespect que tout-un-chacun affronte tous les jours. La schizophrénie plonge le malade dans un monde hallucinatoire peuplé de grande souffrance et de terreurs extrêmes. La maladie coupe le malade du monde réel, il est refermé sur lui, il n’accepte rien de l’extérieur, tout vient de l’intérieur. Dans l’esprit du schizophrène c’est le monde qui est malade est non lui. Une des difficultés de la thérapie est de faire accepter l’inverse au malade. Lorsque cette déconnexion de la réalité présente un danger pour le patient ou autrui, on est conduit à hospitaliser le malade pour le protéger des excès de sa folie.

Symptômes psychiatrique : En plus des hallucinations auditives bien connues (qui émanent pour le patient du monde malade), la schizophrénie est marquée par des délires paranoïaques (grandeur et persécution) une fatigue importante, des postures et des mouvements étranges et des passages dépressifs (dégoût, désespoir profond, retrait émotionnel et social, appauvrissement et ralentissement de la pensée et de la parole). Ces troubles de l’humeur sont probablement liés au fort taux de suicide que l’on déplore chez les schizophrènes.

Les causes de la schizophrénie sont inconnues mais certainement liés à un ensemble de facteurs génétiques et environnementaux. Les facteurs génétiques semblent évident à la prédisposition pathologique car il existe environ 10 à 20 fois plus de risque de devenir schizophrène dans une famille qui possède déjà un membre malade par rapport à la population générale (1% de risque de développer la maladie, Figure 2). Si l’apport génétique est évident dans la genèse de la schizophrénie, les gènes impliqués sont inconnus comme le sont les mécanismes cellulaires contrôlés par ces gènes. Toujours est-il que ces facteurs génétiques ne suffisent pas, il faut que des évènements environnementaux (ou événement de la vie) servent de déclencheur à l’induction de la schizophrénie. Parmi ceux-ci, des problèmes lors de la grossesse (saignement) ou de l’accouchement (forceps, prématurité, difficultés respiratoires), des traumatismes, des stress négatifs comme positifs (heureux) ou l’usage de drogue (cannabis et hallucinogènes psychédéliques par exemple) peuvent faire passer de l’état de prédisposition à celui de la maladie déclarée.

Neuropathologie : au niveau anatomique on a observé par diverses méthodes (microscopie, tomographie, IRM) une atrophie statique (non évolutive) du tissu nerveux dans l’hippocampe, l’amygdale et les cortex frontal, cingulaire et parahippocampique et une hypertrophie des ventricules hémisphériques (cette hypertrophie ventriculaire est particulièrement marquée chez les sujets les plus atteints) (Figure 3). Dans la plupart de ces structures, on observe une désorganisation du tissu neuronal : les neurones pyramidaux sont désorientés. Ceci pourrait perturber les connexions que ces neurones établissent (Figure 4). Toutes ces anomalies sont vraisemblablement développementales. Le métabolisme énergétique du cerveau (flux sanguin et consommation de glucose) est également anormal (inférieur à la norme dans le lobe frontal et supérieur à la norme dans les zones plus arrières du télencéphale). Les conséquences de ces variations énergétiques sont inconnues tant sur le plan de la perturbation de la neurotransmission que sur la production de toxines (schizotoxine : la phényléhtylamine). Concernant la physiopathologie, il apparaît que la communication entre le cortex frontal est le système limbique est anormale. Cependant l’origine de la dysfonction entre ces deux structures reste méconnue. Seule la dysfonction est évidente car l’un des premiers traitements de la schizophrénie a été la lobotomie frontale (isolation chirurgicale des lobe frontaux) qui a permis de réduire les hallucinations et les délires. Cependant la lobotomie frontale produit des véritables épaves humaines sur le plan émotionnel, dépourvue de créativité et d’imagination.


   CARTE MENTALE - IMAGE MENTALE - STRUCTURE MENTALE   

par Antonio Damasio (l'autre moi-même)
Ce qui distingue un cerveau comme celui que nous possédons, c'est l'aptitude étonnante à créer des cartes. Cette activité cartographique est essentielle pour une gestion sophistiquée ; les deux vont main dans la main. Quand le cerveau produit des cartes, il s'informe. Les informations contenues dans ces cartes peuvent servir, sans passer par la conscience, à guider efficacement le comportement moteur, ce qui est des plus désirables si on considère que la survie dépend du fait de bien agir. Mais lorsque le cerveau fabrique des cartes, celles-ci créent aussi des images, lesquelles représentent ce qu'il y a de plus courant dans notre esprit. Enfin, la conscience nous permet de percevoir les cartes sous forme d'images, de les manipuler et de leur appliquer des raisonnements.

Ces cartes se construisent lorsque nous interagissons de l'extérieur du cerveau vers l'intérieur avec des objets, par exemple une personne, une machine, un lieu. On n'insistera jamais assez sur ce mot interaction. Il nous rappelle que la production de cartes, qui est essentielle pour améliorer nos actions, a souvent d'abord lieu au départ de l'action. L'action et les cartes, les mouvements et l'esprit participent d'un cycle sans fin, idée qu'a bien saisie Rodolfo Llinâs quand il attribue la naissance de l'esprit au contrôle par le cerveau du mouvement organisé.

Des cartes se construisent aussi quand nous nous rappelons des objets, à partir des banques de souvenirs situées à l'intérieur de notre cerveau. La construction de cartes ne s'interrompt jamais, même quand nous dormons, comme le montrent les rêves. Le cerveau humain cartographie tous les objets situés à l'extérieur de lui, toutes les actions qui surviennent au-dehors et toutes les relations dans lesquelles entrent ces objets et ces actions, dans le temps et dans l'espace, relativement les uns aux autres et eu égard au vaisseau amiral qu'est l'organisme, unique propriétaire de notre corps, de notre cerveau et de notre esprit. Le cerveau humain est un cartographe né, et cette cartographie débute par celle du corps dans lequel il est installé.

Le cerveau humain est une imitation de cette variété incoercible. Tout ce qui est en dehors de lui - le corps proprement dit, bien sûr, de la peau aux entrailles, ainsi que le monde alentour, l'homme, la femme et l'enfant, les chats, les chiens, les lieux, le beau ou le mauvais temps, ce qui est lisse ou rugueux, les grands bruits ou les petits, la douceur du miel et le goût salé du poisson - doit être imité au sein de ses réseaux. En d'autres termes, il a la capacité de représenter les aspects structuraux des choses et des événements non cérébraux, y compris des actions menées à bien par notre organisme et ses composants, c'est-à-dire les membres, les éléments de l'appareil phonatoire, etc. Comment a lieu cette cartographie ? Ce n'est pas une pure et simple copie, un transfert passif de l'extérieur du cerveau vers l'intérieur. L'assemblage produit par les sens implique une contribution active de l'intérieur du cerveau, ce qui est possible dès le début du développement. L'idée selon laquelle le cerveau serait une table rase est en effet depuis longtemps dépassée. Cet assemblage se produit souvent dès le début du mouvement, comme indiqué plus haut.

Tout au long de ce livre, j'utilise les termes image, carte et structure neurale de façon interchangeable. Parfois, j'estompe la démarcation entre l'esprit et le cerveau, et ce, délibérément, afin de souligner le fait que cette distinction, quoique valide, peut nous empêcher de voir ce que nous nous efforçons d'expliquer.

Si on regarde un morceau de cortex cérébral, il est facile de comprendre pourquoi les cartes les plus détaillées que le cerveau puisse créer apparaissent dans celui-ci, alors que, comme nous le verrons dans un moment, d'autres parties peuvent en produire, mais à une résolution moindre. L'une de ces couches corticales, la quatrième, est probablement responsable d'une grande partie des cartes détaillées. On saisit aussi pourquoi l'idée de cartes cérébrales n'est pas une métaphore surfaite. On peut discerner dessus des structures semblables à une grille et, quand on laisse un peu flotter librement son imagination, on peut se figurer du parchemin, du type de celui sur lequel le prince portugais Henri le Navigateur écrivait quand il planifiait les voyages de ses capitaines. La différence est importante, toutefois : sur une carte cérébrale, les lignes ne sont pas tracées à la plume ou au stylo ; elles résultent plutôt de l'activité de certains neurones et de l'inactivité de certains autres à un moment donné. Quand certains sont réglés sur « marche », selon une certaine distribution spatiale, une ligne est « tracée », droite ou courbe, épaisse ou fine, formant ainsi une structure distincte du fond créé par les neurones qui sont en position « arrêt ». Autre grande différence : la principale couche cartographique horizontale est coincée entre les couches supérieures et inférieures ; chaque élément important de la couche fait aussi partie d'un ensemble vertical d'éléments, à savoir une colonne. Chaque colonne contient des centaines de neurones. Les colonnes apportent les informations au cortex cérébral. (Celles-ci viennent d'ailleurs dans le cerveau, de capteurs sensoriels périphériques comme les yeux et du corps.) Elles distillent aussi des informations à ces mêmes sources et assurent diverses intégrations et modulations des signaux traités en chaque emplacement.

Les cartes ne sont pas statiques comme celles de la cartographie classique. Elles sont changeantes ; elles fluctuent d'un moment à un autre, pour refléter les modifications qui se produisent dans les neurones les alimentant, ce qui en retour reflète celles qui surviennent à l'intérieur de notre corps et dans le monde environnant. Les changements affectant les cartes cérébrales traduisent aussi le fait que nous sommes nous-mêmes constamment en mouvement. Nous nous approchons d'objets et nous nous éloignons d'eux ; nous pouvons les toucher ou pas ; nous pouvons goûter un vin, mais sa saveur s'estompe ; nous entendons de la musique, mais ensuite, elle s'arrête ; notre propre corps change, et des émotions et des sentiments différents s'ensuivent. L'environnement tout entier qui s'offre au cerveau est en perpétuel changement, spontanément ou sous le contrôle de nos activités. Les cartes cérébrales changent donc en fonction de cela.

En guise d'analogie illustrant ce qui se passe dans le cerveau en ce qui concerne une carte visuelle, on peut prendre l'image qu'on voit sur un billard électronique : sa structure est créée par les éléments lumineux actifs ou inactifs (ampoules lumineuses ou diodes émettant de la lumière). L'analogie est d'autant plus adaptée que le contenu que représentent les cartes peut rapidement changer par simple modification de la distribution des éléments actifs et inactifs. Chaque distribution d'activité crée une structure. Différentes distributions dans le même morceau du cortex visuel peuvent figurer une croix, un carré, un visage, à la suite ou même superposés. Les cartes sont rapidement dessinées, redessinées, encore et encore, à la vitesse de la lumière.

Le même type de « dessin » s'effectue aussi dans un avant-poste élaboré du cerveau qu'on appelle la rétine. Celle-ci dispose aussi d'une grille carrée se prêtant à l'inscription de cartes. Quand les particules lumineuses qu'on appelle des photons viennent toucher la rétine selon une distribution particulière qui correspond à une structure spécifique, les neurones activés par cette structure - par exemple, un cercle ou une croix - constituent une carte neurale éphémère. D'autres cartes, fondées sur l'original de la rétine, se formeront ensuite aux niveaux ultérieurs du système nerveux. Et ce, parce que l'activité en chaque point de la carte rétinienne est transmise le long d'une chaîne qui culmine dans les cortex visuels primaires, tout en préservant les relations géométriques en place sur la rétine - cette propriété est dite de rétinotopie.

Si les cortex cérébraux excellent à créer des cartes détaillées, certaines structures situées dessous savent en produire de rudimentaires. C'est le cas par exemple des corps géniculés, des collicules, du nucleus tractus solitarius et du noyau parabrachial. Les corps géniculés sont respectivement dédiés aux processus visuel et auditif. Ils ont eux aussi une structure en couches qui est idéale pour les représentations topographiques. Le collicule supérieur est un important pourvoyeur de cartes visuelles ; il a même la capacité de relier celles-ci à des cartes auditives et corporelles. Le collicule inférieur est consacré quant à lui au traitement auditif. Il se pourrait que l'activité du collicule supérieur soit un précurseur des processus de l'esprit et du soi qui s'épanouissent ensuite dans les cortex cérébraux. Quant au nucleus tractus solitarius et au noyau parabrachial, ce sont eux qui, en tout premier lieu, fournissent des cartes du corps tout entier au système nerveux central. L'activité de ces cartes, comme nous le verrons, correspond aux sentiments primordiaux.

L'activité cartographique n'est pas cantonnée aux structures visuelles. Elle s'applique à tous les types de structure sensorielle dans la construction desquels le cerveau est impliqué. Par exemple, la cartographie des sons débute dans l'équivalent de la rétine pour l'oreille : la cochlée, située dans notre oreille interne, de chaque côté. Elle reçoit les stimuli mécaniques résultant de la vibration de la membrane du tympan et d'un petit groupe d'os situés dessous. L'équivalent des neurones rétiniens pour la rétine sont les cellules ciliées. Celles-ci sont coiffées de filaments qui remuent sous l'influence de l'énergie sonore et déclenchent un courant électrique capturé par l'axone d'un neurone situé dans le ganglion cochléaire. Ce neurone transmet le message au cerveau en suivant six étapes distinctes qui forment une chaîne – noyau cochléaire, noyau olivaire supérieur, noyau du lemniscus latéral, collicule inférieur, noyau géniculé médian et enfin cortex auditif primaire. Ce dernier est hiérarchiquement comparable au cortex visuel primaire. Le cortex auditif est le point de départ d'une autre chaîne de signalisation au sein du cortex cérébral lui-même.

Les toutes premières cartes auditives se forment dans la cochlée, de même que les toutes premières cartes visuelles naissent dans la rétine. Comment ces cartes auditives sont-elles réalisées ? La cochlée est une rampe en colimaçon qui a la forme d'un cône. Elle ressemble à une coquille d'escargot, comme le suggère la racine latine du mot. Si vous êtes déjà allé au musée Guggenheim de New York, vous pouvez aisément vous représenter ce qui se passe à l'intérieur de la cochlée. Il suffit d'imaginer que les cercles rétrécissent à mesure que vous montez et que la forme globale du bâtiment est un cône pointant vers le haut. La rampe sur laquelle vous marchez tourne autour de l'axe central, comme celle de la cochlée. Dans ce colimaçon, les poils sont disposés selon un ordre très précis qui est déterminé par les fréquences sonores auxquelles ils réagissent. Ceux qui répondent aux plus hautes sont situés à la base de la cochlée, ce qui implique que, lorsque vous montez la rampe, les autres fréquences suivent un ordre dégressif jusqu'au sommet, où les poils réagissent aux fréquences les plus basses. On commence par les sopranos et on finit par les basses. Il en résulte une carte spatiale des tons possibles, ordonnés selon leur fréquence, une carte tonotopique. Une autre version de cette carte sonore se répète à chacune des cinq étapes ultérieures du système auditif, sur le chemin qui mène au cortex auditif, où la carte est finalement déposée dans un fourreau. Nous entendons jouer un orchestre ou chanter un vocaliste lorsque les neurones situés le long de la chaîne auditive deviennent actifs et lorsque le dessin cortical final répartit dans l'espace toutes les riches sous-structures des sons qui parviennent à nos oreilles.

Ce modèle cartographique s'applique largement aux structures ayant affaire à celles du corps, comme un membre et ses mouvements ou une rupture de la peau due à une brûlure ; ou encore aux structures qui résultent du fait de manipuler vos clés de voiture, d'examiner leur forme et la texture lisse de leur surface.

Diverses études ont démontré la proximité entre les structures cartographiques du cerveau et les objets réels qui les suscitent. Par exemple, on a découvert dans le cortex visuel du singe une corrélation forte entre la structure d'un stimulus visuel – par exemple, un cercle, une croix –et celle de l'activité qu'il suscite dans les cortex visuels. C'est Roger Tootell qui l'a montré, dans du tissu cérébral de singe. Des études de neuro-imagerie menées sur le cerveau humain commencent aussi à dégager des corrélations de ce type. Cependant, en aucun cas on ne peut « observer » l'expérience visuelle d'un singe, par exemple les images qu'il voit lui-même, non plus que nos propres expériences visuelles. Les images, qu'elles soient visuelles, auditives ou de quelque sorte qu'on le veuille, ne sont toutefois directement accessibles qu'au détenteur de l'esprit dans lesquelles elles apparaissent. Elles sont privées et ne sont pas observables par un tiers.

Les recherches visant à étudier le cerveau humain au moyen de la neuro-imagerie commencent aussi à mettre au jour des corrélations de ce type. Grâce à des analyses structurales à plusieurs variables, plusieurs groupes, dont le nôtre, ont montré que certaines structures d'activité dans les cortex sensoriels humains correspondent de façon nette à certaines classes d'objets.

Cette incessante activité de cartographie dynamique a une conséquence spectaculaire : l'esprit. Les structures cartographiques constituent ce en quoi nous autres créatures conscientes en sommes venues à voir des sons, des touchers, des odeurs, des vues, des douleurs, des plaisirs, bref des images. Dans notre esprit, ce sont les cartes cérébrales temporaires de tout ce qui, dans notre corps et autour, est concret aussi bien qu'abstrait, présent ou mémorisé. Les mots dont je me sers pour exprimer ces idées se sont d'abord formés, brièvement et en gros, comme des images auditives, visuelles ou somatosensorielles de phonèmes et de morphèmes, avant que je les implémente sur la page dans leur version écrite. De même, ces mots désormais imprimés devant vos yeux, vous les traitez d'abord comme des images verbales (ou images visuelles du langage écrit), avant que leur action sur le cerveau ne favorise l'évocation d'autres images encore, de type non verbal cette fois. Les images de type non verbal sont celles qui vous servent à faire mentalement apparaître les concepts correspondant aux mots. Les sentiments qui constituent à chaque instant notre arrière-plan mental et renvoient en grande partie aux états de notre corps sont également des images. Quelle que soit la modalité sensorielle, la perception est le résultat de cette aptitude cartographique du cerveau.

Les images représentent les propriétés physiques des entités et les relations spatio-temporelles entre elles, ainsi que leurs actions. Certaines résultent probablement de la création par le cerveau de cartes de lui-même produisant des cartes ; elles sont assez abstraites. Elles décrivent les structures selon lesquelles les objets apparaissent dans le temps et l'espace, les relations spatiales et le mouvement des objets en termes de vélocité et de trajectoire, etc. Certaines d'entre elles, par exemple, deviennent des compositions musicales ou des descriptions mathématiques. Le processus de l'esprit est un flux continuel d'images de ce genre, certaines correspondant à l'activité présente hors du cerveau, d'autres étant reconstituées à partir des souvenirs dans le processus de remémoration. L'esprit est une combinaison subtile et flottante d'images présentes et d'images remémorées, dans des proportions qui changent sans arrêt. Ces images tendent à être liées logiquement, quand elles correspondent à des événements du monde extérieur ou du corps qui, en eux-mêmes, sont régis par les lois de la physique et de la biologie définissant ce que nous considérons comme logique. Bien sûr, en pleine rêverie éveillée, on produit des suites illogiques d'images ; de même quand on a le vertige - la pièce ne tourne pas réellement, non plus que la table ne pivote, même si les images que nous en avons disent le contraire. Idem quand on est sous l'emprise d'hallucinogènes. Les situations particulières de ce genre mises à part, le flux d'images avance dans le temps, plus ou moins vite, en ordre ou par bonds ; et parfois, il ne suit pas une seule séquence, mais plusieurs. Parfois, les séquences sont concurrentes et parallèles ; parfois, elles se croisent et se superposent. Quand l'esprit conscient est le plus concentré, la séquence d'images est comme un courant qui file droit, nous laissant à peine le temps de jeter un coup d'oeil à ce qui se trouve sur ses bords.

Outre la logique imposée par le déroulement des événements dans la réalité extérieure au cerveau - disposition logique que les circuits développés par la sélection naturelle dans notre cerveau préfigurent dès les premières étapes du développement -, les images dans notre esprit prennent plus ou moins de présence dans le flux mental selon leur valeur pour l'individu. D'où vient cette valeur ? De l'ensemble des dispositions originales qui orientent la régulation de notre vie, ainsi que des évaluations attribuées à toutes les images que nous avons petit à petit acquises au cours de notre expérience, en fonction de l'ensemble des dispositions de valeur liées à notre histoire passée. En d'autres termes, l'esprit ne consiste pas qu'en une procession naturelle d'images. Des choix s'apparentant à un montage cinématographique sont effectués ; ils sont influencés par notre système général de valeur biologique. La procession mentale n'est pas de l'ordre du premier arrivé, premier servi. Elle comporte une sélection fondée sur des valeurs qui viennent avec le temps s'insérer dans un cadre logique.

Enfin, autre point critique, l'esprit peut être conscient ou bien non conscient. Des images continuent à se former, par perception ou remémoration, même quand nous n'avons pas conscience d'elles. Nombreuses sont celles qui ne gagnent jamais les faveurs de la conscience et ne sont ni vues ni entendues directement dans l'esprit conscient. Pourtant, en bien des cas, elles peuvent influencer notre pensée et nos actions. Le riche processus lié au raisonnement et à la pensée créative peut se dérouler alors que nous sommes conscients d'autre chose.

En conclusion, les images sont fondées sur les modifications survenant dans le corps et le cerveau durant l'interaction physique d'un objet avec le corps. Les signaux envoyés par les capteurs situés dans tout le corps construisent des structures neurales qui cartographient l'interaction de l'organisme avec l'objet. Les structures neurales se forment dans les diverses régions sensorielles et motrices du cerveau qui, en temps normal, reçoivent les signaux issus de régions spécifiques du corps. L'assemblage de ces structures neurales transitoires se fait par sélection de circuits de neurones recrutés par l'interaction. On peut voir dans ces circuits des briques préexistant dans le cerveau.

L'activité cérébrale de cartographie est un trait fonctionnel distinctif d'un système dévolu à la gestion et au contrôle du processus vital. Cette aptitude est au service de l'objectif de gestion. À un niveau simple, l'activité cartographique peut détecter la présence ou indiquer la position d'un objet dans l'esprit, ou encore la direction que prend sa trajectoire. Cela peut aider à dépister un danger ou une bonne occasion, à l'éviter ou à la saisir. C'est quand notre esprit dispose de multiples cartes, de chaque modalité sensorielle, et crée une perspective multiplex de l'univers extérieur au cerveau, qu'il est possible de réagir aux objets et événements de cet univers avec une plus grande précision. De plus, une fois que des cartes sont dévolues à la mémoire et peuvent être rappelées par remémoration imaginaire, il devient possible de planifier à l'avance et d'inventer de meilleures réponses.

contrairement à ce que veulent la tradition et les conventions, l'esprit ne se fabrique pas dans le seul cortex cérébral. Ses premières manifestations apparaissent dans le tronc cérébral. L'idée selon laquelle le traitement mental débute au niveau du tronc cérébral est si peu conventionnelle qu'elle est même impopulaire. Parmi ceux qui l'ont défendue avec passion, je signalerai Jaak Panksepp. Cette idée et celle selon laquelle les sentiments précoces naissent dans le tronc cérébral vont ensemble.
Deux de ses noyaux, le nucleus tractus solitarius et le noyau parabrachial, sont impliqués dans la génération d'éléments de base de l'esprit, à savoir les sentiments suscités par les événements de la vie, lesquels comprennent ceux que l'on décrit comme douloureux ou agréables. Les cartes produites par ces structures sont simples et en grande partie dépourvues de détails spatiaux, mais elles se traduisent par des sentiments. Ces derniers sont, selon toute probabilité, les constituants primordiaux de l'esprit, fondés sur les signaux venus directement du corps proprement dit. Ce qui est intéressant, c'est que ce sont aussi des composants primordiaux et indispensables du soi et qu'ils constituent la révélation première et rudimentaire à l'esprit que l'organisme est vivant.


   LES ÉTATS D'ÂME   

par Christophe André (les états d'âme)
L'idée d'état d'âme n'appartient pas au champ de la psychologie scientifique, elle s'enracine plutôt dans la poésie et le sens commun. Mais c'est pourtant une réalité psychologique : chacun comprend ce dont il s'agit. Je pense, comme psychiatre, qu'il s'agit d'un concept opérationnel et utile à mon métier, même s'il est poétique et flou ; mais mon métier de psychiatre n'est-il pas parfois, justement, poétique et flou ? À y bien réfléchir, les états d'âme ne renvoient d'ailleurs pas à une réalité floue, mais à une réalité complexe.

On pourrait définir les états d'âme en disant qu'ils sont des contenus mentaux, conscients ou inconscients, mêlant états du corps, émotions subtiles et pensées automatiques, et qui vont influencer la plupart de nos attitudes. Nous ne leur accordons en général que peu d'attention ni ne leur consacrons d'efforts, que ce soit pour les comprendre, les intégrer à notre réflexion, ou leur demander de se mettre à notre service. Heureusement, ils font tout cela d'eux-mêmes, tout seuls : leur rôle, et leur influence sur ce que nous sommes et ce que nous faisons, est immense.

Pensez à l'influence sur vous de vos cafards, de vos chagrins. Pensez à vos colères, exprimées ou non, mais si souvent disproportionnées par rapport aux événements immédiats : ne proviennent-elles pas souvent de la rumination d'états d'âme de ressentiment, de rancoeur, d'humiliation, ou tout simplement de déception, d'inquiétude ? Des états d'âme remâchés depuis un bout de temps, et d'autant plus puissants que l'on n'en aura pas été conscient. Pensez aussi — les états d'âme, ce n'est pas que du tourment ! — à la force que peuvent vous donner vos élans et vos emballements, à la légèreté du corps les jours de joie, à l'élan de la bonne humeur.

Nos états d'âme sont davantage que des pensées ou des émotions : ils sont leur mélange. Aucune émotion n'est exempte de pensée, aucune pensée n'est pure de souvenir, aucun souvenir n'existe sans émotion, etc. Les états d'âme sont l'expression de ce grand mélange indissociable de tout ce qui se passe en nous et autour de nous : mélange d'émotions et de pensées, de corps et d'esprit, de dehors et de dedans, de présent et de passé. Ce mélange est évidemment aussi riche que compliqué : impur, unique, labile, toujours recommencé, jamais exactement le même. Comme les vagues de la mer...

Les états d'âme ne sont pas seulement un empilement d'idées, émotions ou sensations, mais aussi une construction originale : la fusion, la synthèse que nous effectuons automatiquement, entre le dedans (état du corps et vision du monde) et le dehors (réactivité à ce qui nous arrive : nous sommes touchés par les événements). Les états d'âme sont un phénomène psychique agrégateur : ils relient passé, présent et futur dans un sentiment de cohérence et de destinée. Ils sont comme le liquide d'un bain conducteur d'électricité : grâce à eux, tout s'embrase et tout s'éclaire, nous éprouvons illumination ou menace, nos souffrances s'apaisent doucement ou furieusement redoublent.


   MÉMOIRE    voir aussi : "mémoire iconique"

Henri Laborit : Quand l’influx nerveux parvient au niveau du synaptosome, il déclenche également une synthèse de molécules protéiques qui vont, semble-t-il, se fixer sur la surface d’une synapse et la transformer de telle façon que, lorsqu’un influx parviendra dans la même région, il passera préférentiellement au niveau des synapses déjà codées par l’expérience antérieure, là où le passage antérieur d’un influx nerveux par les mêmes voies neuronales a en quelque sorte frayé le chemin. Cette facilitation constitue probablement le substratum de la mémoire à long terme. Il est bon de rappeler que, lorsqu’un organisme a rencontré un bacille, il a réalisé au niveau de certaines cellules spécialisées, de la même façon, une synthèse de molécules protéiques qu’on appelle «anticorps» et ces anticorps constituent la base de la mémoire immunitaire. On s’aperçoit de plus en plus que la mémoire nerveuse a de nombreux points communs avec la mémoire immunitaire. Mais alors il ne s’agit plus d’un microbe mais d’un influx qui laisse une trace et cet influx a été commandé par le contact de cet organisme avec son environnement. Si l’on interdit la synthèse protéique, grâce à certaines substances comme la cycloheximide, l’actinomycine ou la puromicine, on va interdire la possibilité d’établir une mémoire à long terme. De même en favorisant la synthèse protéique au moment de l’apprentissage, on va favoriser la mémorisation de cette expérience.

La mémoire et l'apprentissage sont si intimement liés qu'on confond souvent les deux. Pour ceux qui les étudient, ces deux notions renvoient cependant à des phénomènes différents.
      - L'apprentissage désigne un processus qui va modifier un comportement ultérieur.
      - La mémoire est notre capacité de se rappeler des expériences passées.

J'apprends une nouvelle langue en l'étudiant, mais je la parle ensuite grâce à ma mémoire qui puise dans les mots appris.

La mémoire est donc essentielle à tout apprentissage puisqu'elle permet le stockage et le rappel des informations apprises. La mémoire, au fond, n'est rien d'autre que la trace qui reste d'un apprentissage.

De plus, non seulement la mémoire dépend de l'apprentissage, mais l'apprentissage dépend aussi de la mémoire. En effet, les connaissances mémorisées constituent une trame sur laquelle viennent se greffer les nouvelles connaissances. Plus notre bagage de connaissance est grand, plus on pourra y greffer de nouvelles informations facilement.
     Si vous savez qu'une Porsche est une voiture, vous pouvez dire qu'une Porsche a des freins. Même si vous ne les avez jamais vu, vous savez que toutes les voitures ont des freins. Ce type de raisonnement fort utile, l'inférence, se fait essentiellement à partir des connaissances stockées en mémoire. On voit donc que plus on a de connaissances mémorisées, plus on sera capable de faire d'inférences.

La mémoire humaine n'est pas un processus unitaire. Au niveau psychologique, les recherches suggèrent que différents types de mémoire sont à l'œuvre chez l'être humain. Il semble d'ailleurs de plus en plus probable que ces systèmes mettent en jeu différentes parties du cerveau.
     Un premier critère, celui de la durée du souvenir, permet de distinguer au moins trois types de mémoire : la mémoire sensorielle, la mémoire à court terme et la mémoire à long terme (mais d'autres critères amènent d'autres subdivisions…).

La mémoire sensorielle conserve fidèlement mais très brièvement l'information apportée par les sens. Sa durée est si courte (de l'ordre de quelques centaines de millisecondes à une ou deux secondes) qu'elle est souvent considérée comme faisant partie du processus de perception. Elle n'en constitue pas moins un passage obligé pour le stockage dans la mémoire à court terme.

La mémoire à court terme enregistre temporairement les événements qui s'enchaînent dans nos vies. C'est un visage croisé dans la rue ou un numéro de téléphone entendu qui se dissipera rapidement à tout jamais si on ne fait pas un effort conscient pour s'en rappeler. Sa capacité de stockage est limitée à environ 7 items et elle dure quelques dizaines de secondes seulement. Encore une fois ici, la mémoire à court terme est ce qui va permettre le stade de rétention suivant, la mémoire à long terme.
     La mémoire à court terme dépend de l'attention portée aux éléments de la mémoire sensorielle. Elle permet de garder en mémoire une information pendant moins d'une minute environ et de pouvoir la restituer pendant ce délai. Typiquement, elle est utilisée dans une tâche qui consiste à restituer, dans l'ordre, une série d'éléments qui viennent d'être énoncés. En général, nos facultés nous permettent de retenir entre 5 et 9 éléments (ou, comme on l'entend souvent, 7±2).

La mémoire de travail est une extension plus récente au concept de mémoire à court terme. En effet, avec le raffinement des techniques, il devient de plus en plus évident que la conception initiale d'une mémoire à court terme qui n'agit que comme un réceptacle temporaire à la mémoire à long terme est trop simpliste. En fait, ce que l'on constate de plus en plus, c'est qu'il n'y a pas de ligne de démarcation claire entre une pensée et un souvenir. La mémoire de travail est donc un concept mis en avant pour tester des hypothèses susceptibles de mieux cerner ce phénomène complexe.
     C'est sous l'impulsion de l'école anglaise, en particulier celle d'Alan Baddeley et ses collaborateurs qu'est apparue la notion de mémoire de travail à composantes multiples (définie comme une mémoire de capacité limitée qui permet de retenir des informations pendant quelques secondes).
     La mémoire de travail permet d'effectuer des traitements cognitifs sur les éléments qui y sont temporairement stockés. Elle serait donc plus largement impliquée dans des processus faisant appel à un raisonnement, comme lire, écrire ou calculer par exemple. Une tâche typique qui la met à contribution consiste à restituer, dans l'ordre inverse, une série d'items qui vient d'être énoncée. Un autre bon exemple est la traduction simultanée d'un interprète qui doit faire la traduction tout en retenant les informations qui lui parviennent en même temps dans l'autre langue.
     La mémoire de travail serait constituée de plusieurs systèmes indépendants, ce qui impliquerait que nous ne sommes pas conscients de toute l'information qui y est stockée à un instant donné. Par exemple, lorsque nous conduisons une auto, nous effectuons plusieurs tâches complexes simultanément et il est peu probable que ces différents types d'information soient pris en charge par un système de mémoire à court terme unique.

La mémoire à long terme (voir aussi : "circuit de Papez") sert non seulement à emmagasiner tous les événements significatifs qui jalonnent notre existence, mais aussi à retenir le sens des mots et les habiletés manuelles apprises. Sa capacité semble illimitée et elle peut durer des jours, des mois, des années, voire toute une vie ! Toutefois, elle est loin d'être infaillible, déforme parfois les faits et sa fiabilité tend à décroître avec l'âge.

Bien que chacune ait son mode de fonctionnement particulier, ces mémoires fonctionnent en étroite collaboration dans le processus de mémorisation.

Elle peut être schématisée comme la succession dans le temps de 3 grands processus de base : l'encodage, le stockage et la restitution (ou récupération) des informations.
     L'encodage vise à donner un sens à la chose à remémorer. Par exemple, le mot "citron" peut être encodé de la manière suivante : fruit, rond, jaune. Si ce mot n'est pas spontanément restitué, l'évocation d'un indice issu de l'encodage (par exemple : fruit) permettra de le retrouver. De la profondeur de l'encodage, donc de l'organisation des données, dépendra l'efficacité de la récupération.
     Le processus d'encodage fait également référence non seulement à l'information ciblée, mais également sur son contexte environnemental, cognitif et émotionnel. De plus l'association d'idées ou d'images par des moyens mnémotechniques (comme le fameux "Mais où est donc Ornicar ?") contribuent à créer des liens qui facilitent l'encodage.
     Une information, même bien encodée, est toujours sujette à l'oubli.
     Le stockage peut être considéré comme le processus actif de consolidation rendant les souvenirs moins vulnérable à l'oubli. C'est cette consolidation qui différencie le souvenir des faits récents du souvenir des faits anciens qui, eux, sont associés à un plus grand nombre de connaissances déjà établies. Le sommeil, dans sa phase paradoxale notamment, ainsi que les révisions (scolaires, par exemple) jouent un grand rôle de consolidation.
     Finalement, la restitution (ou récupération) des souvenirs, volontaires ou non, fait appel à des mécanismes actifs qui vont utiliser les indices de l'encodage. L'information est alors copiée temporairement de la mémoire à long terme dans la mémoire de travail pour être utilisée. Plus un souvenir sera codé, élaboré, organisé, structuré, plus il sera facile à retrouver.
     On comprend alors que l'oubli peut être causé par des ratés à chacune de ces étapes : mauvais encodage, trace insuffisamment consolidé ou difficulté de récupération.
     La restitution de l'information encodée dans la mémoire à long terme est traditionnellement subdivisée en deux types. Le rappel implique une restitution active de l'information, alors que la reconnaissance requiert seulement de décider si une chose parmi d'autres a été préalablement rencontrée. L'activation pour le rappel est plus difficile car elle doit se faire globalement dans toute l'assemblée de neurones impliqués dans ce souvenir. Par contre, une activation partielle du réseau neuronal déclenchée par une partie d'un objet pourrait suffire à activer tout le réseau dans le cas de la reconnaissance.

DIFFÉRENTS TYPES DE MÉMOIRE À LONG TERME
Si la mémoire à long terme peut être subdivisée en mémoire explicite et implicite, et même si cette dernière peut être subdivisée à son tour en différents types de mémoire, il ne faut pas perdre de vue que la mémoire humaine constitue une association de différents sous-systèmes en constante interaction. Les mémoires épisodiques et sémantiques, deux formes distinctes de mémoire explicite, en offrent peut-être le meilleur exemple.

La mémoire épisodique, parfois appelée autobiographique, permet à un sujet de se rappeler des événements qu'il a personnellement vécus dans un lieu et à un instant donné. C'est le souvenir de ce qu'on a mangé la veille, le nom d'un ancien camarade de classe ou encore la date d'un événement public marquant.
     La caractéristique la plus distinctive de la mémoire épisodique est que l'individu se voit en tant qu'acteur des événements mémorisés. Par conséquent, le sujet mémorise non seulement un événement qu'il a vécu, mais tout le contexte particulier de cet événement.
     C'est cette composante de la mémoire qui est le plus souvent touchée par les amnésies. De plus, la charge émotionnelle vécue par le sujet au moment des faits conditionne la qualité de la mémorisation épisodique.

La mémoire sémantique est le système par lequel l'individu stocke sa connaissance du monde. C'est une base de connaissances que nous possédons tous et dont une grande partie nous est accessible rapidement et sans effort. C'est la mémoire du sens des mots, celle qui nous permet de se souvenir du nom des grandes capitales, mais aussi des coutumes sociales, de la fonction des choses, de leur couleur ou de leur odeur.
     C'est aussi la mémoire des règles et des concepts qui permet la construction d'une représentation mentale du monde sans la perception immédiate. Ce contenu est donc abstrait et relationnel, et il est associé à la signification des symboles verbaux.
     La mémoire sémantique est indépendante du contexte spatio-temporel de son acquisition. Comme il s'agit d'une mémoire de référence qui renferme des informations accumulées de façon répétée durant toute notre vie, la mémoire sémantique est habituellement épargnée par les amnésies. Mais certaines démences peuvent l'affecter.

     La mémoire sémantique peut être considérée comme le résidu des expériences emmagasinées dans la mémoire épisodique. Elle met en exergue des traits communs aux divers épisodes et les détache de leur contexte. Une transition progressive s'effectue donc de la mémoire épisodique à la mémoire sémantique. À ce moment, la mémoire épisodique atténue sa sensibilité vis-à- vis d'un événement particulier afin de procéder à une généralisation de l'information.
     À l'inverse, la compréhension de nos expériences personnelles est nécessairement due aux concepts et aux connaissances de la mémoire épisodique. On voit donc que ces deux types de mémoire ne sont pas des entités isolées mais interagissent constamment l'une avec l'autre.

Dans la "maladie d'Alzheimer", les patients présentent rapidement un manque du mot ou ont des difficultés à retrouver des connaissances générales. Il a été mis en évidence dans des tâches de description d'items, de dénomination, etc. qu'il existe une perte des connaissances des caractéristiques spécifiques des catégories sémantiques d'abord à un degré élaboré (catégories fines comme les espèces d'animaux, les catégories d'objets) puis à un degré de plus en plus général et grossier. Le patient dira d'un épagneul : " c'est un chien ", puis " c'est une bête ".

Rôle du glutamate dans la mémoire (Joseph Ledoux "Le cerveau des émotions")
De très nombreux travaux sur les bases moléculaires de la LTP
(potentiel d'action à long terme) dans l'hippocampe laissent penser qu'un neurotransmetteur, le glutamate, joue un rôle crucial. On a en particulier montré que la LTP demandait une classe spéciale de récepteurs au glutamate. La découverte que la mémoire dépendant de l'hippocampe exige ce même type de récepteur est un élément de plus en commun entre mémoire et LTP.
     Les neurotransmetteurs libérés des terminaisons axonales induisent une activation ou une inhibition du neurone lorsqu'ils se fixent sur leurs récepteurs de l'autre côté de la synapse. Ceux qui sont excitateurs rendent la cellule post-synaptique plus susceptible de s'activer tandis que les inhibiteurs réduisent au contraire cette probabilité. Le glutamate est le neurotransmetteur excitateur majeur du cerveau. Il agit primairement en se liant à la classe AMPA de ses récepteurs, ce qui incite la cellule post-synaptique à décharger des impulsions le long de son axone. Normalement, une autre classe de récepteurs au glutamate, les récepteurs NMDA, sont silencieux et le glutamate qui les rejoint reste sans effet. Mais quand la cellule post-synaptique décharge, ces récepteurs deviennent disponibles pour la liaison au glutamate.
     Le fait que les récepteurs NMDA ne sont accessibles que lorsque la cellule qui les porte vient juste de s'activer fournit le moyen de former des associations entre stimuli. Le récepteur NMDA semble en fait réaliser concrètement la loi de Hebb (les neurones qui s'activent ensemble se connectent ensemble).
     Imaginez que les impulsions venant d'une voie causent la libération de glutamate, ce qui déclenche l'activation de son récepteur post-synaptique. Si les impulsions d'une voie différente provoquent également l'arrivée de glutamate dans plusieurs synapses de ce neurone et qu'elles arrivent au moment où il est déjà activé, le glutamate se liera alors non seulement aux récepteurs AMPA mais aussi aux récepteurs NMDA qui sont brièvement accessibles sur la cellule. Le résultat sera alors la formation d'une association entre les deux signaux.

     Les récepteurs NMDA sont ainsi le moyen de réaliser la propriété associative de la LTP, principe de l'apprentissage hebbien, et d'associer plus généralement deux événements d'un même souvenir arrivant simultanément. Il est donc significatif que l'administration de substances bloquant la liaison du glutamate à ses récepteurs NMDA empêche la formation de LTP dans les circuits de l'hippocampe et interfère avec les apprentissages dépendant de cette structure comme par exemple celui effectué dans le labyrinthe aquatique. La manière exacte dont les récepteurs NMDA contribuent à la LTP et à la mémoire est actuellement l'un des sujets les plus étudiés en neurosciences. Parmi les acteurs importants de ce processus se trouve l'entrée de calcium dans la cellule, qui met en branle une cascade d'événements moléculaires qui stabilisent la connexion synaptique et renforcent ainsi son activité (voir discussion de la cécité moléculaire ci-dessous).
     Des chercheurs ont essayé d'établir un lien plus direct entre mémoire et LTP. Certains ont montré que l'induction de la LTP sur une voie neurale a un effet sur l'apprentissage qui en dépend. D'autres ont trouvé que l'apprentissage influence la facilité avec laquelle se produit la LTP. D'autres encore ont retrouvé des changements sur les voies empruntées par cet apprentissage qui étaient similaires à ceux observés quand la LTP y est induite.
     Si la correspondance entre LTP et apprentissage naturel est de plus en plus évidente, il reste à prouver que la première est à la base du second. Aucune étude n'a réellement montré que les changements induits par la LTP rendaient vraiment compte de l'apprentissage. Beaucoup de laboratoires travaillent d'arrache-pied pour transformer les corrélations entre LTP et apprentissage en un lien causal. Et beaucoup de chercheurs dans le domaine pensent que la relation causale existe bien, sa démonstration étant juste une question de temps.


  SOI - SOI TÉMOIN - ESPRIT - CONSCIENCE  

par Antonio Damasio (l'autre moi-même)
Gérer et préserver la vie efficacement : voilà deux des contributions de la conscience

Innombrables ont été les créatures à avoir depuis des millions d'années un esprit actif, mais seules celles qui ont développé un soi capable d'opérer comme témoin de l'esprit ont pu reconnaître son existence ; et ce n'est que lorsque l'esprit a développé le langage et s'est mis à parler qu'on a pris connaissance du fait qu'il existait des esprits. Le soi-témoin est le petit plus qui révèle la présence en chacun de nous d'événements que nous appelons mentaux. Comment est-il créé ?

Un esprit qui n'a pas pour témoin un soi en position de protagoniste n'en est pas moins un esprit. Cependant, dans la mesure où le soi est le seul moyen naturel dont nous disposons pour connaître l'esprit, nous sommes entièrement dépendants de sa présence, de ses capacités et de ses limites. Cette dépendance étant systématique, il est extrêmement difficile d'imaginer de quelle nature est le processus de l'esprit indépendamment du soi, même si, du point de vue de l'évolution, il semble que les processus simplement mentaux aient précédé ceux du soi. Ce dernier nous donne une vue sur l'esprit, mais elle est brumeuse.

Les aspects du soi qui nous permettent de formuler des interprétations quant à notre existence et au monde sont sans nul doute encore en évolution au niveau culturel, mais aussi selon toute probabilité au plan biologique. Par exemple, les échelons supérieurs du soi sont toujours modifiés par toutes sortes d'interactions sociales et culturelles, ainsi que par l'accroissement du savoir scientifique sur le fonctionnement même de l'esprit et du cerveau. C'est ainsi qu'un siècle de cinéma a certainement eu un impact sur le soi humain, tout comme le spectacle des sociétés mondialisées, désormais présenté de façon instantanée par les médias électroniques. Quant à l'influence de la révolution numérique, on commence à peine à l'évaluer. Bref, notre seule vue directe sur l'esprit dépend en partie de celui-ci et du processus du soi. Or nous avons de bonnes raisons de penser qu'il ne peut nous donner une idée complète et fiable de ce qui se passe.

Au premier bord, dès qu'on a admis que le soi est notre entrée dans la connaissance, il peut sembler paradoxal, voire ingrat, de mettre en doute sa fiabilité. Et pourtant, c'est le cas. Sauf pour ce qui concerne la fenêtre que le soi ouvre directement sur nos douleurs et nos plaisirs, les informations qu'il fournit doivent être remises en question, surtout quand elles tiennent à sa nature même. La bonne nouvelle, cependant, c'est que le soi a aussi rendu possible la raison et l'observation scientifique, et que la raison et la science corrigent petit à petit les intuitions erronées qu'il suscite si on se fie seulement à lui.

On peut soutenir que les cultures et les civilisations ne seraient pas apparues en l'absence de conscience, ce qui fait d'elle un développement important dans l'évolution biologique. Pourtant, sa nature même pose de graves problèmes si on veut élucider sa biologie. Examiner la conscience depuis le point où nous en sommes aujourd'hui, équipée d'un esprit et d'un soi, reviendrait à introduire une distorsion compréhensible mais gênante dans l'histoire des recherches sur l'esprit et la conscience. Vu d'en haut, l'esprit ne semble pas seulement très complexe, ce qu'il est assurément, mais aussi différent par nature des tissus biologiques et des fonctions de l'organisme qui l'héberge. En pratique, nous adoptons deux optiques quand nous observons ce que nous sommes : nous regardons l'esprit les yeux tournés vers l'intérieur ou bien nous examinons les tissus biologiques les yeux tournés à l'extérieur. (De plus en plus, nous nous servons de microscopes pour étendre notre vision.) Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que l'esprit semble avoir une nature non physique et qu'il paraisse être un phénomène appartenant à une autre catégorie que physique.

Le fait de le considérer ainsi, comme s'il était séparé de la biologie qui le crée et le maintient en fonction, conduit à le placer hors des lois de la physique, discrimination à laquelle les autres phénomènes cérébraux ne sont en général pas sujets. La manifestation la plus étonnante de cette étrangeté est la tentative pour relier l'esprit conscient à des propriétés encore inconnues de la matière et, par exemple, pour expliquer la conscience en termes de phénomènes quantiques. Le raisonnement semble être le suivant : l'esprit conscient paraît mystérieux ; la physique quantique reste mystérieuse ; peut-être ces deux mystères sont-ils liés.

Étant donné notre connaissance incomplète à la fois de la biologie et de la physique, gardons-nous d'écarter les autres explications. Après tout, malgré les succès remarquables de la neurobiologie, notre compréhension du cerveau humain est assez incomplète. Pour autant, la possibilité d'expliquer l'esprit et la conscience avec parcimonie, dans les limites de la neurobiologie telle qu'on les conçoit aujourd'hui, reste ouverte ; n'y renonçons pas tant que nous n'avons pas épuisé ses ressources techniques et théoriques, ce qui n'est pas pour demain.

Notre intuition nous dit que l'activité changeante et flottante de l'esprit n'a pas d'extension physique. Je crois qu'elle est fausse et due aux limitations du soi opérant seul. Je ne vois pas plus de raisons de lui accorder de crédit qu'aux intuitions jadis évidentes et puissantes qui semblait fonder la conception précopernicienne selon laquelle le Soleil tournait autour de la Terre ou qui voulait que l'esprit réside dans le coeur. Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles paraissent être. La lumière blanche est bien un composé des couleurs de l'arc-en-ciel, même si on ne le voit pas à l'oeil nu.

La majeure partie du progrès accompli à ce jour en neurobiologie de l'esprit conscient a reposé sur la combinaison de trois perspectives : 1. le témoignage direct portant sur l'esprit conscient individuel, qui est personnel, privé et propre à chacun de nous ; 2. la perspective comportementale, qui nous permet d'observer les actions révélatrices d'êtres dont nous avons des raisons de croire que ce sont aussi des esprits conscients ; 3. la perspective cérébrale, qui nous permet d'étudier certains aspects du fonctionnement cérébral chez des individus dont les états mentaux conscients sont présumés présents ou absents. Les données issues de ces trois perspectives, même quand elles sont intelligemment disposées, ne sont en général pas suffisantes pour assurer une transition souple entre ces trois sortes de phénomènes – inspection introspective, à la première personne ; comportements extérieurs ; événements cérébraux. Le fossé semble important en particulier entre les données issues de l'introspection et celles qui viennent des événements cérébraux. Comment jeter un pont entre elles ?

Une quatrième perspective est nécessaire. Elle requiert un changement radical dans notre façon de voir et de raconter l'histoire de l'esprit conscient. Dans un ouvrage antérieur, j'ai proposé de faire de la régulation de la vie le support et la justification du soi et de la conscience. Pour adopter une perspective nouvelle, l'idée était de rechercher les antécédents du soi et de la conscience dans le passé de l'évolution. Dès lors, cette quatrième perspective doit se fonder sur des faits liés à la biologie de l'évolution et à la neurobiologie. Il nous faut alors examiner d'abord les premiers organismes vivants, puis suivre petit à petit l'histoire de l'évolution jusqu'aux organismes actuels. Il nous faut noter les modifications des systèmes nerveux qui sont venues s'ajouter progressivement et les relier à l'émergence du comportement, de l'esprit et du soi respectivement. Nous avons aussi besoin d'une hypothèse interne : à savoir que les événements mentaux sont équivalents à certains types d'événements cérébraux. L'activité mentale est causée par les événements cérébraux qui la précèdent, bien sûr, mais, à certaines étapes du processus, les événements mentaux correspondent à certains états des circuits cérébraux. Certaines structures neurales sont simultanément des images mentales. Quand certaines autres structures neurales engendrent un processus du soi assez riche, ces images peuvent être connues. Si au contraire aucun soi n'est engendré, les images existent encore, même si personne, à l'intérieur de l'organisme ou au-dehors, ne connaît leur existence. La subjectivité n'est pas requise pour qu'il existe des états mentaux, mais seulement pour qu'ils soient connus de façon privée.

Bref, notre quatrième perspective exige d'élaborer simultanément, à l'aide des faits dont nous disposons, une vision du passé et de l'intérieur, littéralement une vision imaginaire du cerveau en état de contenir un esprit conscient. C'est assurément une vision conjecturale, hypothétique. Certains faits corroborent ce tableau imaginaire, mais il est dans la nature du mind-self-body-brain problem de nous laisser un bon moment encore avec des approximations théoriques plutôt qu'avec des explications complètes.

Parmi les idées avancées dans ce livre, aucune n'est plus centrale que celle qui veut que le corps soit un fondement de l'esprit conscient. Nous savons que les aspects les plus stables du fonctionnement du corps sont représentés dans le cerveau sous forme de cartes, contribuant ainsi aux images dans l'esprit. C'est sur ce point que s'appuie l'hypothèse selon laquelle c'est le type particulier d'images mentales du corps produites dans les structures de cartographie corporelle qui constitue le protosoi, lequel préfigure le soi à venir. Notons que ces structures de base de cartographie corporelle et d'imagerie sont situées sous le niveau du cortex cérébral, dans une région appelée tronc supérieur (tronc cérébral). C'est une partie ancienne du cerveau que nous avons en commun avec bien d'autres espèces.

Une autre idée centrale est fondée sur le fait avéré mais fréquemment négligé que les structures cérébrales du protosoi ne portent pas simplement sur le corps. Elles sont littéralement et inextricablement attachées à lui. Plus précisément, elles sont liées aux parties du corps qui bombardent tout le temps le cerveau de leurs signaux et le sont en retour par lui, ce qui crée une boucle de résonance. Celle-ci est permanente ; elle ne s'arrête qu'avec une maladie du cerveau ou la mort. Le corps et le cerveau sont liés. Par suite de cet agencement, les structures du protosoi ont une relation privilégiée et directe avec le corps. Les images qu'elles engendrent concernant le corps sont conçues dans des circonstances différentes de celles des autres images cérébrales, visuelles ou auditives, par exemple. À la lumière de ces faits, on peut estimer que le corps est le rocher sur lequel est bâti le protosoi, tandis que celui-ci est le pivot autour duquel tourne l'esprit conscient.

Je forme l'hypothèse que le premier et le plus élémentaire des produits du protosoi, ce sont les sentiments primordiaux qui apparaissent spontanément et continûment dès que nous sommes éveillés. Ils nous donnent une expérience directe de notre corps vivant, sans qu'il soit besoin de mots et sans fard, uniquement liée à sa simple existence. Ces sentiments primordiaux reflètent l'état actuel du corps sur diverses dimensions, par exemple sur une échelle qui va du plaisir à la douleur. Ils ont leur origine au niveau du tronc cérébral plutôt que du cortex cérébral. Tous les sentiments émotionnels sont des variations sur les sentiments primordiaux.

Formation de l'esprit conscient :
Le cerveau ne commence pas à former l'esprit conscient au niveau du cortex cérébral, mais à celui du tronc cérébral. Les sentiments primordiaux ne sont pas seulement les premières images engendrées par le cerveau, mais aussi la manifestation immédiate de la sensibilité. Ils sont le fondement dans le protosoi de niveaux plus complexes du soi. Ces idées vont à l'encontre des conceptions largement admises, même si Jaak Panksepp a défendu une position comparable, de même que Rodolfo Llinàs.

L'esprit conscient que nous connaissons est toutefois bien différent de celui qui apparaît dans le tronc cérébral, point sur lequel le consensus semble universel. Le cortex cérébral gratifie le processus de formation de l'esprit d'une profusion d'images qui, pour le dire comme Hamlet, vont bien au-delà de ce que ce pauvre Horatio pourrait jamais rêver, au ciel ou sur la terre. L'esprit conscient commence lorsque le soi vient à l'esprit, lorsque le cerveau lui ajoute un processus du soi, modestement d'abord, mais plus fortement ensuite. Le soi se bâtit par étapes distinctes en s'appuyant sur le protosoi. La première est l'engendrement de sentiments primordiaux, de sentiments élémentaires d'existence qui jaillissent spontanément du protosoi. Ensuite vient le soi-noyau. Il porte sur l'action - en particulier sur la relation entre l'organisme et l'objet. Il se déploie dans une suite d'images qui décrivent un objet engageant le protosoi et le modifiant, en incluant ses sentiments primordiaux. Enfin, voici le soi autobiographique. Il se définit en termes de connaissance biographique qui vont du passé aux anticipations de l'avenir. Les multiples images dont l'ensemble définit une biographie engendrent les pulsations du soi-noyau dont l'agrégat constitue un soi autobiographique.

Le soi autobiographique, dont les couches supérieures embrassent tous les aspects de la personnalité sociale, forme le « moi social » et le « moi spirituel ». On peut observer ces aspects du soi dans notre esprit ou bien étudier leurs effets sur le comportement d'autrui. En outre, le soi-noyau et le soi autobiographique construisent dans notre esprit une instance connaissante ; en d'autres termes, ils dotent notre esprit d'une autre variété de subjectivité. Pour des raisons pratiques, la conscience humaine normale correspond à un processus mental dans lequel tous ces niveaux du soi opèrent, créant pour un certain nombre de contenus mentaux un lien temporaire avec une pulsation du soi-noyau.

À aucun niveau, modeste ou fort, le soi ni la conscience n'arrivent dans une aire, une région ou un centre du cerveau. L'esprit conscient résulte de l'opération souplement articulée de plusieurs sites cérébraux, souvent nombreux. Les structures clés qui sont en charge de porter les niveaux fonctionnels requis comprennent des secteurs spécifiques du tronc cérébral supérieur, un ensemble de noyaux situés dans une région dite thalamus et des régions particulières, mais dispersées du cortex cérébral.

Le produit ultime de la conscience résulte de ces nombreux sites cérébraux en même temps et non d'un seul en particulier, un peu comme l'exécution d'une pièce symphonique ne dérive pas du jeu d'un seul et unique musicien ni même d'une section tout entière de l'orchestre. Le point le plus étrange dans les sphères supérieures de la conscience, c'est l'absence de chef d'orchestre avant que l'exécution ne commence, même si, lorsqu'elle se poursuit, il apparaît. Un chef mène cependant l'orchestre même si c'est l'exécution qui crée le chef - le soi - et non l'inverse. Le chef est assemblé par les sentiments et par un dispositif cérébral narratif, même si cela ne le rend pas moins réel pour autant. Il existe indéniablement dans notre esprit et on ne gagne rien à le rejeter comme une illusion.

La coordination dont dépend l'esprit conscient est obtenue grâce à divers moyens. Au niveau d'un noyau modeste, elle commence tout doucement, comme un rassemblement spontané d'images qui émergent l'une après l'autre en grande proximité dans le temps, l'image d'un objet d'un côté et celle du protosoi modifié par l'objet de l'autre. Aucune structure cérébrale supplémentaire n'est nécessaire pour qu'apparaisse un soi-noyau à ce niveau simple. La coordination est naturelle ; elle ressemble parfois à un simple duo musical, joué par un organisme et un objet, parfois à un ensemble de musique de chambre, et dans l'un et l'autre cas, ils se débrouillent très bien sans chef d'orchestre. En revanche, lorsque les contenus traités dans l'esprit sont plus nombreux, d'autres dispositifs sont nécessaires pour apporter une coordination. Dans ce cas, diverses régions situées sous le cortex cérébral et en son sein jouent un rôle clé.

Bâtir un esprit capable d'embrasser sa vie passée et son futur anticipé, ainsi que la vie des autres, et de plus doté d'une capacité de réflexion ressemble à l'exécution d'une symphonie aux proportions mahlériennes. Mais ce qui est merveilleux, comme indiqué plus haut, c'est que la partition et le chef d'orchestre ne deviennent réalité qu'à mesure que la vie avance. Les coordinateurs ne sont pas de mythiques homoncules omniscients en charge d'interpréter tout et ils ne dirigent pas l'exécution. Cependant, ils aident à assembler un univers mental extraordinaire et à placer un protagoniste au milieu.

La grandiose pièce symphonique qu'est la conscience embrasse les apports fondateurs du tronc cérébral, pour toujours lié au corps, et l'imagerie plus vaste que le ciel créée par la coopération du cortex cérébral et du thalamus, tous en liaison, tous en mouvement, sauf quand le sommeil, une anesthésie, un dysfonctionnement cérébral ou la mort viennent l'interrompre.

On n'explique pas la présence de la conscience par un seul et unique mécanisme dans le cerveau, ni par un seul et unique dispositif, une seule et unique région, propriété ou astuce, non plus qu'une symphonie ne peut être jouée par un seul musicien, voire par quelques-uns. Il en faut beaucoup. Et ce que chacun apporte compte. Mais seul l'ensemble produit le résultat que nous cherchons à expliquer.

Gérer et préserver la vie efficacement : voilà deux des contributions de la conscience. Les patients traités en neurologie dont la conscience est handicapée se révèlent incapables de gérer leur vie de façon indépendante, même si leurs fonctions vitales de base sont normales. Pourtant, les mécanismes assurant cette gestion et cet entretien ne sont pas une nouveauté dans l'évolution biologique et ne dépendent pas nécessairement de la conscience. De tels mécanismes sont déjà présents chez des unicellulaires et sont encodés dans leur génome. Ils sont aussi répliqués dans des circuits de neurones anciens, modestes, dépourvus d'esprit et de conscience, et sont enfouis profondément dans le cerveau humain.

En résumé, l'esprit conscient apparaît au sein de l'histoire de la régulation de la vie. Celle-ci est un processus dynamique qu'on appelle homéostasie ; il débute chez les créatures vivantes unicellulaires, comme une bactérie ou une amibe, lesquelles n'ont pas de cerveau, mais disposent de la capacité d'avoir un comportement qui s'adapte. Il progresse chez des individus dont le comportement est géré par des cerveaux simples, comme dans le cas des vers, et poursuit sa marche chez des individus dont le cerveau produit à la fois du comportement et de l'esprit, comme les insectes et les poissons. J'ai tendance à croire que, dès que le cerveau commence à engendrer des sentiments primordiaux – ce qui a pu se produire assez tôt dans l'histoire de l'évolution –, l'organisme a acquis une forme précoce de sensibilité. À partir de là, un processus du soi organisé a pu se développer et venir s'ajouter à l'esprit, ce qui a représenté le début de l'esprit conscient élaboré. Les reptiles peuvent prétendre à cette distinction, par exemple ; les oiseaux davantage ; mais ce sont les mammifères qui décrochent l'oscar.

La plupart des espèces dont le cerveau produit un soi en restent au niveau du soi-noyau. Les êtres humains, eux, ont à la fois un soi-noyau et un soi autobiographique. De même qu'un certain nombre de mammifères probablement, à savoir les loups, nos cousins les grands singes, les mammifères marins, les éléphants et bien sûr cette espèce à part qu'on appelle le chien domestique.

Le fait de regarder l'esprit conscient dans l'optique de l'évolution, des formes simples de vie aux organismes complexes et hypercomplexes comme le nôtre, aide à naturaliser l'esprit et montre qu'il est le résultat de progressions par étapes en complexité, pour utiliser l'idiome biologique.

On peut considérer la conscience humaine et les fonctions qu'elle rend possibles - le langage, la mémoire étendue, le raisonnement, la créativité, tout l'édifice de la culture - comme des conservatrices de la valeur au sein de notre être moderne, très mental et très social. Et on peut imaginer qu'un long cordon ombilical relie l'esprit conscient à peine sevré et toujours dépendant aux profondeurs des conservateurs très élémentaires et très non conscients du principe de valeur.

L'histoire de la conscience n'est pas conventionnelle. La conscience est apparue du fait de la valeur biologique, pour mieux contribuer à sa gestion. Mais elle n'a pas inventé la valeur biologique, ni le processus d'évaluation. C'est elle, dans l'esprit humain, qui a révélé la valeur biologique et a permis le développement de nouvelles manières et de nouveaux moyens de la gérer.


   SYNDROME DE KORSAKOV   

Le syndrome de Korsakoff (ou syndrome amnésique avec fabulations ou psychose de Korsakoff ou démence de Korsakoff) est un trouble neurologique d'origine multifactorielle dont une carence en thiamine (vitamine B1) au niveau du cerveau. Il se manifeste par des troubles neurologiques notamment de la cognition (oublis).

Sa survenue est souvent liée à l'alcoolisme chronique. Elle peut être due plus rarement à certaines formes de sévères malnutritions. C'est une complication de l'encéphalopathie de Wernicke, bien que chez certains patients la maladie soit passée totalement inaperçue. Victor et al. ont rapporté un syndrome de Korsakoff chez 84 % de leurs patients alcooliques préalablement atteints d'encéphalopathie de Wernicke.

Ce syndrome a été décrit par le neuropsychiatre russe Sergei Korsakoff à la fin du XIXe siècle.


   TERMES MÉDICAUX   

ANÉVRISME : Un anévrisme ou anévrysme (du grec ancien, ἀνεὐρυσμα, « dilatation ») est une dilatation localisée de la paroi d'une artère aboutissant à la formation d'une poche de taille variable, communiquant avec l'artère au moyen d'une zone rétrécie que l'on nomme le collet. Sa forme habituelle est celle d'un sac, son diamètre pouvant atteindre plusieurs centimètres.
L'anévrisme, où la paroi est intacte, doit être distingué du pseudo anévrisme où la paroi est rompue et le sang contenu par les structures adjacentes.
La rupture d'anévrisme représente environ 10 % des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Lorsqu'elle survient subitement, la mort est souvent inévitable. Des signes précurseurs peuvent cependant attirer l'attention dans les heures et même les jours qui précèdent l'AVC, et un traitement médical est envisageable.

EMBOLIE : Une embolie (du mot grec εμβολη signifiant "irruption"1) est le largage de matériel (appelé embole) dans la circulation sanguine. Le risque est l'obstruction d'une artère périphérique ou pulmonaire provoquant une ischémie. Le siège de cette ischémie varie en fonction du réseau vasculaire atteint. Par abus de langage, l'embolie pulmonaire est nommée « embolie » car la majorité des caillots se forment dans les veines et se déplacent, après être passés par le cœur, jusqu'aux artères pulmonaires. Le terme a été introduit par Rudolf Virchow.

ISCHÉMIE : Une ischémie /iskemi/ est la diminution de l'apport sanguin artériel à un organe. Cette diminution entraîne essentiellement une baisse de l'oxygénation des tissus de l'organe en dessous de ses besoins (hypoxie) et la perturbation, voire l'arrêt, de sa fonction.

   TOC : Toubles obsessionnels compulsifs   

On s'inquiète tous, mais on ne s'inquiète pas tous de la même manière ; parmi les plus angoissé, il y a les personnes atteintes de troubles obsessionnels compulsifs, les TOC. Leurs problèmes n'existent que dans leur tête et elles en souffrent d'autant plus qu'elles ne peuvent pas y échapper. Plus ils cèdent a leur trouble puis ce dernier s'aggrave; c'est un mécanisme dangereux.

Les TOC peuvent être soigné grâce à la neuroplasticité ; c'est ce qu'a découvert le docteur Jeffrey Schwartz, psychiatre et chercheur.

Quand on s'inquiète cela se passe en 3 étapes :
1- une aire située à l'avant du cerveau détecte une erreur. Il s'agit du
cortex orbitofrontal.
2- elle envoie un signal vers une autre zone du cerveau : le cortex cingulaire antérieur ; c'est lui qui déclenche le sentiment d'inquiétude et fait que l'on reste fixé la-dessus jusqu'à ce que l'erreur soit corrigée.
3- Quand c'est fait, une troisième aire du cerveau, le noyau caudé, qui fonctionne comme une boite de vitesse cérébrale nous fait passer à autre chose. Mais chez les individus qui souffrent d'un TOC, cette boite de vitesse est grippée. Comme ça bloque, le malade tente de corriger l'erreur encore et encore.. a chaque fois qu'il y parvient, son attitude est apaisée pour un laps de temps mais quand les neurones qui sont activés simultanément se connectent entre eux, il se met en tête que pour calmer son angoisse, il doit continuer de corriger l'erreur. Ca marche momentanément mais à long terme l'obsession s'aggrave.

Le TOC est un cercle vicieux, plus on nettoie, plus on vérifie, et pire c'est. C'est logique : plus une personne pense aux microbes plus elle établit involontairement des connections entre microbes et danger ou inquiétude dans son cerveau au lieu de renforcer la zone trop faible c'est à dire la boite de vitesse cérébrale. Il faut donc renforcer des circuits parallèles et mettre en sommeil les circuits pathologiques. Répété régulièrement ce processus peut changer la façon dont le cerveau fonctionne.

Le docteur s'est demandé si les patients pouvaient actionner manuellement la boite de vitesse cérébrale du noyau caudé, d'abord en ayant conscience qu'ils allaient céder à un toc puis en se concentrant activement sur autre chose que leur sujet d'inquiétude.

L'être humain est le seul qui ait la capacité de prendre conscience des choses, de sortir de lui-même et d'adopter la position d'un spectateur impartial. Nous ne sommes pas notre cerveau. Développer une conscience extérieure est difficile mais c'est la clé du traitement de Jeffrey Schwartz. Ne croyez pas tout ce que vous pensez. Cela résume parfaitement le mécanisme des TOC. Le cerveau nous fait croire des choses qui en réalité sont dû à des connexions cérébrales qui nous jouent des tours.

Il a mis au point une méthode de traitement en 4 étapes qui s'inspire des enseignements bouddhistes sur la pleine conscience. Le but est que le patient exploite la neuroplasticité afin que son cerveau travaille pour lui et non contre lui.

Première étape : la personne qui sent venir un TOC doit prendre du recul et redéfinir ce qui lui arrive afin de comprendre qu'elle est victime de son obsession : appeler cela un toc et non le besoin de se laver les mains ou se ronger les ongles.

Deuxième étape : se dire que ces pensées obsessionnelles sont dues à des connections cérébrales pathologiques et se rappeler les interactions entre les 3 zones concernées du cerveau. (On attribue l'angoisse ressentie à une action du cerveau)

Troisième étape : se recadrer ; détourner manuellement son attention des obsessions pathologiques et la reporter sur un comportement sain et constructif. C'est là que la neuroplasticité intervient : en utilisant son cerveau et en concentrant son attention de façon constructive on stabilise des connexions cérébrales parallèles.

Quatrième étape : constater que les compulsions et les obsessions diminuent et les considérer comme des détournement parasites de l'attention auxquels il ne faut pas céder. Quand on fait ça régulièrement on restructure son cerveau. Quand on est pris du besoin irrépressible on doit se dire : « c'est encore un coup de mon TOC » et là le cerveau travaille pour nous et pas contre nous.

Le scanner des patients guéris montre la boite de vitesse cérébrales, le noyau caudé, n'était plus grippée parce que les patients avaient réussis à embrayer sur autre chose que leur TOC. Leur cerveau avait changé sa structure et son fonctionnement par l'action de la pensée.

On transforme radicalement la structure profonde de sa nature biologique par une prise de conscience des efforts et de la concentration. « La pleine conscience est un moyen de trouver la paix intérieure » dit une patiente.

La neuroplasticité dirigée est efficace ; elle aide les patients à moins souffrir.

Voir aussi onychophagie