Histoire
Voici un aperçu des principales grandes époques de l’histoire de la viole de gambe. | Les sources ont indiquées en bas de page. |
Les Débuts | |
La viole de gambe est née, selon les sources historiques, dans le sud de l'Espagne à la fin du XVe siècle.
La viole aurait été apportée en Italie par les musiciens du pape Alexandre VI - pape de la famille des Borgia. A cette époque il y a avait beaucoup de relations entre le royaume d'Aragon et les royaumes de Naples ou de Rome. La viole va, dès lors, très vite évoluer. |
![]() Représentation d’une vihuela pincée d’après une fresque située dans l’appartement des Borgia à Rome au Vatican datant de 1493. |
L'Apogée | |
Au XVIe siècle, les italiens ayant adopté la viole, ne trouvèrent pas très confortable d'en jouer en posant l'instrument sur les genoux tout en frottant les cordes avec un arc, c'est alors qu'ils décidèrent de la tourner et la mirent entre leurs jambes. C'est à partir de ce moment que les italiens lui donnèrent le nom de "viola da gamba" ce qui a donné en français "viole de gambe" (viole jouée entre les jambes).
En 1529, Martin Agricola, reprend cette illustration dans son traité sur les instruments : « Musica Instrumentis Deudsch » :
De nombreux traités sur la viole apparaissent alors que l'impression au XVIe siècle était très chère. Ces traités contribuèrent eux aussi à la popularité de l'instrument.
En 1528, Baldassare Castiglione, dans son manuel pour le courtisan, "Il libro del Cortegiano", considère qu'apprendre la viole est indispensable à l'éducation d'un homme noble : "La musique n'est pas une décoration mais une réelle nécessité pour le courtisan. Elle doit être pratiquée en présence de dames parce qu'elle prédispose à toutes sortes de pensées... Ainsi la musique faite par quatre violes et archets est enchanteresse. Elle est douce, délicate et artistique".
Silvestro Ganassi dans son manuel pour la viole, "Regola Rubertina" rédigé en 1542/1543, insiste également sur la notion d'homme cultivé dans l'apprentissage de la viole. Il va jusqu'à proposer aux musiciens de rouler des yeux et de déformer leur mine en jouant des pièces mélancoliques... En 1553, Diego Ortiz dans son traité "Tratado de glosas" discute l'art de la diminution sur la viole avec un accompagnement de clavecin. Trois méthodes de diminution au clavecin sont décrites. Ortiz explique que l'on commence par quelques notes sur le clavecin auxquelles répondent un contrepoint improvisé et ainsi de suite : "chacun le fait selon son propre caprice", ce qui rapproche ces improvisations du jazz improvisé moderne. Les glosas sont des variations interprétées soit par des solistes soit par deux musiciens jouant d'instruments semblables.
Michael Praetorius, compositeur allemand et théoricien de la musique, décrit la viole dans son œuvre De Organographia – Syntagma Musicum en 1619, comme étant un instrument qui se tient entre les jambes, ayant un grand corps qui fait partager sa résonance avec un archet, étant munit de 6 cordes.
En Italie, dès le XVIe siècle, Cremona s'impose comme la ville qui comporte le plus de luthiers.
C’est Andrea Amati qui ouvre la voix en commençant une longue tradition, il utilisera du bois de meilleure qualité que ses collègues et commencera à modifier la forme de la viole. Brescia suit Cremona, dès le milieu du XVIe siècle, avec des luthiers célèbres comme Gasparo da Salo et Giovanni Paolo Maggini. Les violes – et autres instruments à cordes – de ces luthiers restent des instruments de rêves pour les musiciens d’aujourd’hui. Au XVIIe siècle, l’art de la lutherie a prospéré à Cremona – bien sûr avec Stradivari, Guarneri mais aussi à Milan, Mantoue, Venise, Bologne, Florence puis à Naples et à Rome.
Dans toutes les Cours d'Europe, les luthiers inventeront l'ensemble de la famille de viole (voir le chapitre sur la famille de viole).
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Source: Boyer (Le Puy, 1667-Paris, 1724), |
La Disparition | |
Beaucoup jouée en Italie au XVIe siècle, puis en France, en Angleterre et en Allemagne fin XVIe-début XVIIe siècles, la viole commence à perdre de son influence en Italie au début du XVIIe siècle. Petit à petit, elle sera remplacée par les instruments de la famille du violon qui ont 4 cordes, une caisse de résonance plus importante et qui s'accordent en quinte.
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La Renaissance | |
C'est dans les années 80, lors de la redécouverte et de la réinterprétation de la musique ancienne et baroque, que la viole sera retrouvée et remise au goût du jour par bon nombre de musiciens de musique classique. La plupart d'entre eux ayant auparavant appris à jouer d'un autre instrument.
Aujourd'hui, il existe de nombreux ensembles de musique baroque (contenant quasiment toujours une viole) mais également de musique ancienne qui enregistrent des compositions d'époque (XVe-XVIe et XVIIe siècles) qui n'avaient pas encore été entendues par nos contemporains. Beaucoup de pièces, initialement écrites pour viole mais jouées au cours de la période romantique sur violoncelle, sont à nouveau interprétées sur des violes.
Beaucoup de festivals se sont créés comme le Festival International de viole d'Asfeld ou le Festival de Musique Ancienne de Séville où se déroule une semaine autour de la viole de gambe.
Le film Tous les matins du monde d'Alain Corneau, pour lequel le luthier Pierre Jaquier a réalisé les instruments, a énormément contribué au succès de la viole qui est, comme on le note dans les concerts, de plus en plus appréciée par le grand public.
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Sources: Guide des instruments anciens (Ricercar) ; + consulter le bibliographie & Article Wikipedia Viola da Gamba (de) ; + sites internet à consulter dans références |