Non, n’essayez pas de régler votre moniteur LCD dernier cri acheté à un prix indécent.
Les années 80-90 ont pris le contrôle total de votre ordinateur . Inutile de résister, vous commencez déjà à remonter le temps.


Mais qu'est ce que le retrogaming ?

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Green Hill Zone by Orioto

1) un côté vieux con assumé

Ben voui ma brave dame, vous comprenez, c'était bien mieux avant.
Forcément,quand on parle de retrogaming, la nostalgie n'est pas très loin.
Nostalgie d'une période insouciante de sa vie (généralement la fin de l'adolescence), où l'on avait pas encore perdu sa capacité à s'émerveiller
(avouez-le, les dernières innovations technologiques HD-3D machin ne vous marqueront JAMAIS autant que le premier scrolling différentiel, les premiers tableaux 256 couleurs ou les premiers zoom du mode 7).

Et pis, c'était l'époque des petits studios, ou 3 gars astucieux pouvaient créer leur jeu de A à Z. La créativité, ma brave dame, bien loin de l'instinct grégaire de l'industrie actuelle.

2) une pincée de collectionnite aiguë

Drôle de choc quand on atteint la trentaine. J’ai toujours cru que j’étais gauchiste, un vrai, méprisant le capitalisme et ses suppôts. Et puis vint l’ère du tout numérique, du dématérialisé, des plate-formes de téléchargement de jeux, et je m’aperçus avec horreur que j’étais, dans un domaine au moins,.... matérialiste.
Plus précisément, un adorateur de la boîte, cartonnée ou plastifiée, un fétichiste de la notice.

En oenologie, la bouche et la dégustation des arômes constituent la dernière étape de la dégustation, après la mise à contribution d’autres sens : la vue et l’odorat.

Et bien la videoludologie c’est un peu pareil : d’abord, l’oeil se régale d’une jacquette colorée, la main ouvre délicatement la boîte et insère fermement le média dans son lecteur, enfin le jeu se déguste.


3) une certaine curiosité intellectuelle

Sans rentrer dans des considérations excessivement prétentieuses, cette curiosité revêt deux aspects :
- l'envie de mieux connaître les influences de la pop culture videoludique
- la volonté de comprendre "comment ça marchait", de l'étude des spécifications des machines d'époque à la programmation d'émulateurs




Et comment peut-on assumer ses pulsion videoludiques ?



1) la méthode la plus évidente : entrenir son patrimoine vidéoludique

ludothè€que
Garder comme la prunelle de ses yeux ses vieilles machines et ses jeux, écumer les brocantes et les sites d'enchères pour enrichir sa collection
élever un autel autour de la TV cathodique qui ne quittera JAMAIS le domicile.


Exemples de mes propres cultes consolesques, microïens ou software.

2) la combo émulation/abandonware

L'émulation consiste à imiter le comportement physique d'un matériel (ex : console de jeux des années 80) par un logiciel.
C'est ce qui nous permet de jouer à la quasi-totalité des jeux sur nos machines récentes.

Après avoir poussé des cris d'orfraie (le piratage tout ça tout ça) ,les grands éditeurs s'y mettent aussi. Il faut bien être conscient que lorsqu'une compil de jeux mythiques ressort, elle se base dans 99% des cas sur un émulateur (titres de la machine virtuelle de la Wii, sega megadrive collection de Sega sur PSP, PS3, Xbox et PC ...)

Abandonware : attention, sauf exception, l'abandonware n'a pas de base légale. Disons que c'est plutôt une tolérance de certains éditeurs vis à vis de produits dont la vie commerciale est terminée.
Un logiciel est c
onsidéré comme abandonné s'il n'est plus supporté ni exploité commercialement par son ayant droit. De nombreux sites mettent à la disposition de tous ces trésors de gameplay.
On peut noter quelques éditeurs se démarquant avec classe, en autorisant la diffusion de leurs oeuvres (cf Revolution Software, dont quelques point & click légendaires sont sur le site de Scummvm, tels Lire of the Temptress ou ses deux premiers épisodes des chevaliers de Baphomet)

3) Homebrew

Brassé à la maison. Si ça ce n'est pas tout un programme ... Le terme recouvre l'ensemble des jeux vidéos développés avec amour par des amateurs pour des plates-formes propriétaires.
Le bonheur absolu pour le rétrogamer, c'est de trouver en 2010 de nouveaux jeux qu'il peut avidement insérer dans sa megadrive, sa jaguar, sa dreamcast.

Certains développeurs poussent l'exigence jusqu'à la constitution d'un packaging respectant les standards initiaux des différents supports (boîtes, notices ..)
Quelques exemples testés par votre serviteur :
- Beats of Rage et Rush Rush Rally sur Dreamcast
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- Beggar Prince et Pier Solar sur megadrive
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4) Fan project
Toujours du développement, toujours par des amateurs, mais cette fois sur PC.
La fan project prend souvent la forme d'un hommage à des séries légendaires, en mettant les graphismes au goût du jour.
Et comme les développeurs PC sont des gens de bon goût, ce projets se basent principalement sur des outils libres.


5) le retrogaming, ça se lit
Toute une presse spécialisée s'est développée autour de phénomène, sur le web évidemment mais aussi sur support papier.
La qualité est bien entendu très inégale.
Parmi ceux qui tirent leur épingle du jeux, et que vous retrouverez dans les liens du site, tirons notre chapeau
  • à Pixnlove, qui réussit à produire régulièrement le magazine francophone de référence
  • à Grospixel, site web irréprochable
  • à abandonware magazine, dont le projet pharaonique est de scanner et mettre à dispo les magazines phares des années 80 et 90

5) Chiptune
Le retrogaming, ça s'écoute aussi ! Les mélodies si caractéristiques du jeu video des années 80 vous manquent ?
Vous n'êtes pas les seuls, et une scène dédiée a vu le jour pour vous abreuver en mélodies synthétisées !

Littéralement "Musique de puce électronique",le chiptune est une musique dont les sons sont synthétisés en temps réel par un ordinateur ou une console de jeux.
Autrefois emblème du manque de puissance des matériels videoludiques, et baptisée 'cheaptune", cette technique est devenu la madeleine de Proust d'une génération de gamers.

A écouter : YMCK, Pornophonique