La circulation des bateaux près des côtes

Pouvoir suivre la route d'un navire près des côtes ou dans des passes difficiles, le guider pour entrer au port et de façon plus large surveiller le trafic maritime ont été depuis toujours des demandes des marins qu'il s'agisse de la marine marchande ou de la marine militaire.

Avec l'apparition des premières invasions venues de la mer, la surveillance des côtes était devenue le souci permanent des populations riveraines. Des postes de guet furent créés depuis l'antiquité sur le pourtour de la Méditerranée par exemple. A l'époque romaine on comptait déjà plus de 3200 tours de guet réparties sur les 5600 km du littoral français.

Plus tard, des phares, des cornes de brume, des sémaphores (du grec "SEMA" signe et "PHOROS" qui porte) seront installés le long des côtes en des points névralgiques et à l'entrée des ports pour faciliter et sécuriser la navigation.

Les sémaphores permettaient de dialoguer à vue entre les navires et une station à terre.

Ils communiquaient à l'aide de messages codés transmis à l'aide de bras articulés, système amélioré du télégraphe Chappe complété souvent par un mât à pavillons .

A titre d'exemple, le premier sémaphore du site de la Hève (ville du Havre) sera construit vers 1860, près des deux phares célèbres (détruits lors d'un bombardement en 1945). Il sera évacué en 1905 en raison de l'éboulement de la falaise. Un nouveau sémaphore plusieurs fois rénové et modernisé est encore en activité actuellement.


L'information transmise par ces sémaphores anciens était limitée et le débit très lent. Une liaison avec les bateaux ne pouvait s'établir, bien sûr, qu'en période de beau temps et par mer calme.

Au delà donc d'un suivi à vue à la jumelle par temps clair, la mise au point de dispositifs de radio-repérage, va permettre des positionnements précis des navires par mauvais temps, par temps de brume et sur des distances bien supérieures.

Dès 1906 l'ingénieur Etone Bellini et le commandant de la Marine Italienne Alessandro Tosi s'intéressent au sujet et mènent des recherches sur la directivité des ondes hertziennes. Ils sont invités en France pour procéder à des essais . Trois postes de T.S.F expérimentaux seront installés au Havre, à Barfleur et à Dieppe avec l'accord du Gouvernement Français.

Le commandant Tosi sera chargé du Havre, l'ingénieur Bellini de Dieppe.


A Dieppe, le poste était installé dans un pré sur les hauteurs de la route de Pourville. Ce qui attirait l'attention du promeneur, dit-on, c'était un long mât de 20 mètres de haut d'où partait un fort réseau de fils d'antenne.

Des essais, calculs et mesures furent réalisés tout au long de l'année 1906 et aboutirent à la mise au point d'un premier dispositif capable d'identifier la position azimutale d'un navire en mer.

Bellini qui cherchait un nom pour son invention proposa d'abord le terme de Radio-Clinomètre puis choisit en définitive celui de Radio-Goniomètre (du grec gonia : angle).

A l'époque, dans les milieux scientifiques comme dans l'industrie de la T.S.F. l'invention fut plutôt connue sous le nom de Compas Azimutal Hertzien Bellini-Tossi ou encore de boussole Hertzienne.

Toutes les expériences avaient été si probantes que le Gouvernement Français adopta cette invention pour les navires militaires et certains sémaphores.

Le poste de Boulogne sur Mer en fut équipé à partir du 15 mai 1910.

La marine marchande suivit par la Cie Générale Transatlantique fit installer la Boussole Herzienne sur ses bâtiments dès 1910.

Les installations de Pourville subsisteront jusqu'en 1914, date à laquelle le matériel sera réquisitionné pour cause de guerre.

Même si depuis quelques années le GPS a remplacé la radiogoniomètrie, de nombreux systèmes de guidage et de positionnement fonctionnent encore sur le principe de la triangulation mis au point par Bellini et Tosi.

L'AVIATION