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MICHEL MOHR'S
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Les chroniques du 18/09/02 au 04/11/02 sont ici.
 


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Petit mot dans le livre d'or
Email à Michel Mohr
ICQ 21340010

 
 
     
 
La voix du rail
04/11/2002 : 22:10

Les jours passent vite. Le temps de passer du coq à l'âne et de la France à la Belgique me manque tellement que le moi de Novembre ne commence à sévir qu'à partir du quatre de ce même mois. Une conséquence de plus à planter dans le jardin de mon moulin, ou quelque chose d'approchant, telle une vanne ouverte inondant le désert de mon inspiration qui pourrait reléguer les annonces faites dans la gare de Liège au rang d'amusements zitronesques.
Tout d'abord il faut savoir que les affichages des différentes voies afférentes au trafic en cours ou à venir ne sont qu'une pure indication hypothétique qui permettent juste de se faire une idée de l'étendue des possibilités calligraphiques des panneaux. Car à Liège aucun train ne part de la voie sur laquelle il était initialement planifié. Un peu de piment dans cette charmante ville n'est apparemment pas pour déplaire aux autochtones et, un bonheur n'arrivant jamais seul, le partage de ce train-train quotidien avec les passagers potentiels est également de rigueur. En effet le voyageur est averti des moindres arrivées et départs par une hôtesse qui commente le tout comme si c'était un match de foot avec des buts en veux tu en voilà :
'Voie 4B, le train à destination de Cologne, initialement prévu voie 4B partira voie 2B', signe prémonitoire que pour aller à Cologne il faut le mériter et suer sang et eau (surtout eau d'ailleurs) pour y arriver à temps.
'Voie 11B, le train arrivant voie 11B partira voie 11B', histoire de confirmer que la logique est de ce monde et que non contente de traverser les frontières, elle ne traversera pas les voies toute seule.
'Voie 6B, le train voie 6B à destination de Bruxelles vient de partir', annonce qui laisse sans voie les attardés qui n'ont plus qu'à attendre la prochaine venue du Thalys, messie des temps nouveaux s'il en est.
Au moins, comme les trains ne sont pas tous à l'heure, surtout en cette époque de tempête salée sans eau, l'agitation radiophonique ambiante permet de se tenir informé des dernières avancées en matière de transports de troupes. Les troupes composées de gens qui n'ont pas perdu le Nord et qui souhaiteraient juste le retrouver, même si le Paris reste osé.

 

Pas de bouchon pour aller à Liège
30/10/2002 : 21:35

Me voici à nouveau aux commandes, tentant de lutter pour au moins une journée contre l'absentéisme de plus en plus présent sur la MMPP, lutte qui s'étendra par une relation de cause à effet à celle que je mène depuis ce matin contre le sommeil. Ne croyez pas que je suis à la recherche d'excuses : c'est juste qu'elles sont déjà prêtes, rendant du coup la quête en question aussi inutile qu'achevée.
Une nuit courte et calme, ceci expliquant d'ailleurs peut-être cela, qui fut le prélude à une entrée dans la vie active dès 4h30 du matin selon le nouveau référentiel qu'on continue à nous imposer bi-annuellement malgré mes précédentes protestations où preuves à l'appui je démontrais par A+B+C qu'à partir de rien on peut en écrire des tartines, voire même si la matière première le permet, tenter de battre le record MMPPesque de la phrase interminable catégorie 'toutes chroniques confondues', épreuve de force dont la ligne directrice est d'aller vers le point qui la finira, j'ai nommé :.
Bref, tout cela pour dire que j'étais concentré sur le fait que je devais le rester afin de ne pas rater l'événement de la journée ni le train qui ne m'attendrait personnellement pas après 6h55 en gare du Nord. Hagard passé à l'Ouest dès la sonnerie me rappelant que 4h30 c'est quand même tôt, y compris dans l'absolu, la folle journée de Michel Mohr dont on ne fera jamais un film commença. D'ailleurs, comme les choses sont toujours (mieux) faite quand on s'en occupe personnellement, c'est moi qui suis obligé de m'occuper du reportage, so(m)bre et sans photos, le poids des maux suffisant largement à imager la scène. Moi je vous le dis, ce n'est pas peu de dire que je ne suis pas aidé sur ce coup-là !
Le point positif c'est que comme la journée a été longue (oh oui, elle l'a été !) j'ai plein de trucs à raconter.
Une chronique ne suffirait pas. J'en veux pour preuve que cette chronique ne suffit pas.

 

Le dimanche au crépuscule
27/10/2002 : 22:25

"
Toute lucidité est une pause du sang.
"
E.M. Cioran

 

Prise de tête
25/10/2002 : 23:15

Combien de temps ?
Combien de temps avant que la libération n'arrive ?
Je n'en sais strictement rien et c'est d'autant plus pénible que personne ne peut me donner la réponse. Elle ne peut venir que de moi. Le temps n'arrangera donc rien à l'affaire puisqu'il ne fait que passer sans rien m'apporter. Je suis le seul acteur de cette pièce, le seul chercheur de ma propre vérité. Seulement voilà, à force d'explorer mon territoire je commence à douter qu'il reste encore des contrées à découvrir. J'espère sans vraiment y croire qu'un jour les choses me sembleront naturelles et que la vie pourra enfin démarrer.
Mais je n'en suis pas encore là.
Le plus dur est-il fait ? Je n'en sais rien non plus et j'évite de me poser la question sous peine de rentrer dans une introspection récursive à forte puissance négativiste et dévastatrice. Le temps est un puissant allié et un redoutable adversaire. Je joue avec lui un jeu dangereux que je ne suis pas vraiment sûr de maîtriser. Car qui peut maîtriser le temps ?
Ma quête est celle de l'aveugle qui veut tout voir, de l'entendant qui n'entend rien, de la proie traquée par un chasseur invisible mais dont elle ressent la présence sans pour autant savoir s'il est proche ou non, réel ou fantasmatique.
Imaginez que vous possédez la carte du monde, que vous avez visité tous les recoins que le globe recèle, les plus petites impasses, les plus grands océans et qu'au final vous n'avez pas trouvé de chez vous. Pas d'endroit où poser votre bagage, pas d'endroit pour respirer et se laisser aller. Fatiguant non ? Eh bien oui, ça l'est. Pour ma part je continue à tourner en rond dans des lieux maintes fois arpentés en espérant qu'un passage que j'aurai pu rater m'apparaisse. Une illusion qui s'estompe de plus en plus et qui finit par me cantonner dans cet univers qui est devenu ma cage.
Mon monde suit sa propre logique, alors comment y échapper ? Comment prendre en défaut un système conçu pour ne pas en avoir ? Comment trouver la solution d'un problème qui, mis en équation, n'a pas d'inconnue ?
Peut-être que je ne me pose pas les bonnes questions. Peut-être. Mais je n'en ai pas d'autres. Elles font aussi partie du système.

 

La ligne à garder
23/10/2002 : 21:40

Les gens qui ne marchent pas droit m'énervent. Pourtant ce n'est pas bien compliqué de se fixer une ligne de conduite, de tracer une droite virtuelle entre le point A de départ et le point B qui en l'occurrence représente l'objectif. Ensuite l'exercice me semble des plus enfantins puisqu'il suffit de la suivre en se tenant à ce qui était prévu.
Et pourtant tout le monde ne fonctionne pas de cette manière.
Je m'interroge.
A la limite je conçois que la ligne en question puisse être en réalité une courbe qui emprunte des points de passages obligés auxquels il est impossible de déroger ou qui permet d'éviter des obstacles, immobiles ou mouvants. Si tout marchait toujours comme prévu, il est vrai que ça se saurait.
Soit.
Mais je ne comprends pas pourquoi dans un couloir de métro, alors que le terrain est dégagé, il y en a certains qui éprouvent le besoin de se distinguer en partant à la dérive vers la gauche ou la droite juste devant moi au moment précis où j'allais les dépasser, rendant ainsi ma manœuvre impossible. On croirait que les gens ne sont pas habitués à marcher en peloton, ce qui est un comble dans une ville où tout le monde se piétine pour voir l'arrivée du tour de France, histoire de se faire une idée de la bonne marche à suivre.
Si l'auto discipline n'est pas de mise et que par conséquent chacun fait ce qu'il veut quand il le veut et ceci sans mettre son clignotant, c'est l'accident assuré, la collision qui m'amène au constat suivant : les gens savent-ils où ils vont ?
Au début je restais calme et modifiais ma vitesse et ma trajectoire en fonction des aléas que la nature humaine sait systématiquement si bien provoquer. Freinages d'urgence, ralentissements et ratages de trains en ont été les conséquences.
Je prenais sur moi, j'intériorisais. Bref, je subissais.
Maintenant tout a changé. Certes les aléas subsistent et se répètent à une fréquence qui frise l'état permanent, rendant l'improbable certain, l'illusion réalité. C'est juste ma façon de traiter le problème qui a changé : au lieu de ralentir, je continue ma course comme je l'avais commencée. Un petit coup de coude par ci, un petit coup d'épaule par là. Je m'impose par taille interposée pour remettre chacun dans le droit chemin. Bien sûr, ça râle un peu mais là ce sont les autres qui ne sont pas contents, pas moi. Et vu ma taille et mon air menaçant, ils n'osent pas aller plus loin tandis que je continue mon parcours du combattant, doublant, accélérant et invitant mon prochain à le rester et mon prédécesseur à le devenir.
Ils n'ont qu'à tous marcher droit au lieu de m'obliger à zigzaguer. Sans blague.

 

Les huns valent moins que ça
21/10/2002 : 22:30

Dans le genre film culte je ne vous conseille pas celui qu'il m'a été donné de voir Dimanche : 'Attila, fléau de Dieu'. A partir de maintenant je l'appellerai 'Attila, fléau du petit écran' tant la production n'était pas super. N'ayant pas tenu jusqu'à la fin du générique je ne suis pas vraiment sûr de ce que j'avance mais il me semble bien que le rôle du barbare principal était tenu par Anthony Quinn. Je ne sais pas ce qu'il est venu faire dans cette galère mais apparemment les fins de mois sont difficiles pour tout le monde.
D'accord, cela n'arrive pas à la cheville de 'Aguirre ou la colère de Dieu' (tiens, j'ai l'impression qu'à chaque fois que Dieu s'en mêle cela ne me plaît pas trop), référence ultime en matière d'inaction, voire même d'inactivité prolongée jusqu'à la fin de la pellicule.
Au moins, Attila n'a duré qu'une heure vingt. Un temps cependant bien assez long pour en gros raconter l'histoire que je m'en vais vous conter dans une version accélérée de mon cru :
Attila était un hun, tout comme son frère, tous les deux fils de leur père par naissances interposées. Le père mourut. Bon, comme ils voulaient faire court on ne sait pas exactement de quoi il périt mais ce qui est sûr c'est que l'acteur en question n'a pas dû toucher un gros cachton. Bref, comme les frangins ne pouvaient pas être tous les deux numéro un, il fallait faire quelque chose, et vite. Attila était plutôt du genre sanguin, voulant tuer tout le monde. Si l'exercice le détendait c'était alors uniquement de l'intérieur parce que vu du divan je n'ai pas trop fait la différence entre avant et après les massacres. Le frérot lui était pacifiste, pas de la race de ceux qui boivent du Pacific 51 pieds nus sur un ponton des îles Galápagos en attendant que ça sèche, non, un vrai pacifiste qui voulait la paix. Le genre de gars qui peut vous ruiner un film de guerre dès la première scène. Les deux personnages étaient tellement opposés que je me demande s'ils étaient issus du même mariage. Il y aurait anguille sous roche dans cette affaire que cela ne m'étonnerait pas outre mesure. Mais bon comme le paternel claqua au tout début, c'est clair que maintenant on ne saura jamais. Et puis pour une suite éventuelle on peut à mon avis toujours attendre la prochaine invasion.
Donc, faisant acte de bravoure afin de sauver le film, Attila décida d'assassiner son frère au cours d'une chasse au sanglier. Le détail peut paraître insignifiant, et je vous rassure il l'est. Débarrassé alors de celui qui mettait des bâtons dans les roues de son cheval, l'Attila de base (ben excusez-moi mais j'ai déjà vu plus fin comme personnage) s'en alla marcher sur Rome, pillant, torturant et brûlant tout sur son passage histoire de se marrer et d'être fidèle à sa réputation, numéro un oblige. Là, alors qu'il allait avec ses troupes traverser une rivière dans laquelle il était impossible de se noyer tant il n'y avait pas d'eau, surgirent du fond des bois, tel Robin et ses frères, le Pape et une tripotée de chanteurs à la croix de bois qui entamèrent un 'Ah! ça ira, ça ira, ça ira! Les aristocrates à la lanterne. Ah! ça ira, ça ira, ça ira! Les aristocrates on les pendra' ou un autre truc du même genre, je ne me souviens plus très bien des paroles.
Le Pape était lui aussi à cheval, faisant barrage non pas à l'eau puisqu'il n'y en avait pas mais à Attila et les siens (ses huns pour être précis). Digne prédécesseur du représentant actuel de la chrétienté, sa rigidité cadavérique n'avait d'égale que sa pâleur mortifiante. Bref, pas de quoi effrayer les uns ni même les autres.
Attila s'approcha alors du Pape qui lui sortit une phrase du style 'Le sang des innocents ne s'efface jamais'. Pourquoi pas me direz-vous. Peut-être, n'empêche que l'Attila, croyant entendre la fameuse émission 'Les huns parlent aux huns' fit alors deux tours sur place avant de rebrousser chemin avec toute son armée. Rideau, fin du film.
Stupéfiant.
Moi ce que m'inspire ce film est la repentance. Celle d'avoir paumé une heure vingt un Dimanche alors qu'il y avait tellement d'autres choses à regarder, toutes plus intéressantes les unes que les huns.

 

L'accélérateur d'attente
18/10/2002 : 22:50

Les innovations vont bon train, surtout au niveau des infrastructures. Prenons par exemple les escalators horizontaux que l'on nomme aussi tapis roulants, sûrement par dépit de ne pas avoir réussi à les faire voler malgré les progrès de la science et de la technique qui normalement ne devrait pas l'arrêter. Eh bien à la gare Montparnasse, une nouvelle race de tapis vient d'être mise en service.
L'attraction ressemble à s'y méprendre au Space Mountain de chez Mickey, avec la file d'attente pour accéder au manège, les surveillants qui dirigent le flot vers l'entrée et ceux qui récupèrent en fin de parcours les personnes en mal de réception. Un nouveau tapis qui court à 9 km/h, soit trois fois plus vite que celui de l'ancienne génération qui nous propulsait moins vite dans le futur tout en faisant durer le présent.
Maintenant l'erreur n'est plus permise : la moindre hésitation, le moindre faux-pas et c'est la dégringolade assurée, du genre de celle dont on ne se relève pas faute d'en avoir le temps avant de se faire piétiner par son prochain qui grâce à la dite manoeuvre gagne une place au classement général, inversant ainsi les rôles. Car nous sommes tous le prochain de quelqu'un et rien n'est jamais acquis. Sans compter que comme tout a une fin, il est aisé d'en déduire que même le tapis en a une. Une fin qu'il vaut mieux négocier en position verticale à défaut de celle de force.
Une merveille de technologie qui permet de diminuer son temps de transport tout en augmentant le temps d'attente sur les quais de gare ou de stations de métro. Eh oui parce que si j'applique le fameux adage 'rien ne se perd' dans un contexte globalement généralisé dans lequel tout est inclus, j'en déduis que 'rien ne se gagne' non plus. Du coup, la poignée de minutes gagnées sur l'autel de la translation à grande vitesse (sans doute une rémanence du TGV) finit par se transformer en une bonne claque au niveau du confort. Surtout celui dans les rames du métro dont la fréquence de passage n'a pas bougé d'un iota depuis l'installation du projecteur de particules humaines itinérantes. Or compte tenu que le monde arrive plus vite à un endroit donné, il est clair qu'à un instant T (également donné mais ne me demandez pas par qui) le monde en question en est réduit à se partager un espace qui lui fait toujours la même dimension, et ceci quelle que soit sa vitesse. En clair on ne peut plus respirer dans le wagon, et encore pour les chanceux qui ont réussi à y rentrer !
Non, décidément il s'agirait de réfléchir avant de faire n'importe quoi. Parce que pour résoudre ce problème de densité il faut mettre en place des systèmes beaucoup plus performants qui ralentissent les voyageurs.
Des tapis roulants à grande vitesse : d'accord ! Mais alors qui vont dans l'autre sens...

 

Le rap du chroniqueur
16/10/2002 : 23:30

L'énervement me pousse au firmament
J'attise la limite je découvre les frontières
Le temps d'y penser c'était plutôt hier
Aujourd'hui soit je fonce soit je me mens

Les décisions ? Pas pour tout de suite
Tergiverser, se tromper, ça c'est classique
Au moins d'essayer m'éviterait la fuite
Mais je pèse et soupèse, véritable tic

Tout s'éclaircit et j'y vois toujours rien
Je sais on va me dire que ça c'est pas bien
Conscience d'être et non du devenir
Je ne sais toujours pas où cela va finir

Le temps est mon plus fidèle allié
Le temps est un sacré bel enfoiré
Jouer avec mes nerfs, apparemment l'amuse
A moi de lutter pour déjouer la ruse

L'intérêt de tout cela est mis à mal
La vie, la mort, quoi de normal ?
Je traîne et passe à travers les jours

Entre persévérance et obstination
Où te trouves-tu motivation ?
Un signe, un geste pour toujours

 

La chronique non chronique
14/10/2002 : 22:35

Des années de recherche. Des années de brainstorming, de slogans plus que hasardeux, de promesses aux frontières du réel (mais déjà de l'autre côté) et tout cela pour quoi ? Pour tout simplement continuer à appliquer les mêmes règles, celles qui permettent depuis des lustres au complexe militaro-industriel d'auto alimenter sans vergogne son propre marché.
Je n'invente rien : jusqu'à présent on nous rabâchait les cheveux à force de publicités mettant en scène les gels coiffants. Vous savez, ceux aux tri-céramides actifs. Et au fructis de fruits des bois qui collent aux tifs et pas dans la main, à moins que ce ne soit le contraire. Bon, eh bien tout cela c'est fini. Maintenant qu'on est tous coiffés comme des as de pique, il nous faut sans plus attendre nous jeter sur la dernière trouvaille en matière d'aberrations cosmétiques : les gels décoiffants. Du coup, à part l'aspect commercial qui lui me semble assez bénéficiaire, je ne vois pas trop l'intérêt de l'exercice pour le commun des chevelus.
Mais peu importe car tant qu'il y a des cheveux on ne va pas les couper en quatre.
Je vous le disais, tout cela n'est que le résultat de l'application capillaire d'une recette qui fait le bonheur des fabricants d'armes du monde entier. Prenez par exemple un missile : 'Achetez-en !' qu'ils disaient. Et puis quand tous les clients eurent fait le plein et que le marché s'est trouvé saturé, qu'est-ce qu'ils ont fait ? Je vous le demande. Ils ont conçu les missiles antimissiles. Pas plus con que ça. Et puis ensuite les missiles anti missiles antimissiles. Et missile de suite. Exactement pareil que pour les gels et antigels. Cela frise le ridicule.
Après c'est sûr qu'à force de vendre le mal et son remède ainsi que le remède au remède au mal, on ne sait plus si au fond le mal existe encore.
En clair, personne ne sait s'il reste encore des gens coiffés. Moi ça me défrise.

 

Les pas produits frais
11/10/2002 : 23:15

C'est la misère dans le frigo. Je ne pensais pas que cet état de désertion avancée arriverait un jour sous mon propre toit.
Le vide. Le vide intégral.
Lorsque je regarde le bac à légumes autrefois si friand de nourritures spirituelles brassées par quelques moines pas mal attentionnés ou le fin fond de la calotte glaciaire d'une partie congélateur aujourd'hui entouré de brumes et de congères, c'est le vide que je vois. Et voir le vide est une expérience que je ne connaissais pas. Certes j'ai de temps en temps une vague idée de l'infini lorsque je m'approche du gouffre de la connerie humaine, piège de plus en plus difficile à détecter s'il en est. Mais l'infini a quelque chose de rassurant car tout en nous amenant là où nous n'irons jamais, on se sent chez soi, à sa place, tout petit. Alors que dans un frigo le vide n'est manifestement pas à sa place. Il devrait être ailleurs en train d'essayer de combler un trop plein. Eh bien non, la vérité est qu'il sévit ici et me domine par sa présence dans tous les compartiments du jeu, y compris celui du beurre tendre à toutes heures.
Comme d'habitude j'exagère un peu et pousse la caricature à l'extrême. Parce qu'à y regarder de plus près, au bout de la première rangée à droite juste derrière la lumière dont on ne sait toujours pas si elle s'éteint lorsque la porte est fermée, à cet endroit qui ne figure sur aucune carte trône et me nargue un yoghourt. A la vanille. A la vanille et périmé depuis 8 jours. Le genre de produits frais attaqué par les bactéries à la date et à l'heure indiquées sur l'emballage. Parce qu'il faut être précis. Toujours. Et s'occuper rapidement de faire le ravitaillement sous peine de devoir se finir au BA vanille frelaté. A moins que ce dernier (c'est le cas de le dire) ne décide, toujours sous l'effet des mêmes bactéries, de changer d'étage tout seul, voire de s'enfuir lors de la prochaine journée porte ouverture. Un remake de la grande évasion. Grandeur nature. Enfin, disons plutôt grandeur vanille.

 

Les gens l'appellent
09/10/2002 : 23:00

L'idole des jeunes a bien changé. Enfin, quand je dis l'idole des jeunes je devrais plutôt préciser l'année d'appartenance de toute cette jeunesse qui ne fait maintenant plus partie de la première. Personnellement je ne me sens pas vraiment concerné puisqu'à mon époque les stars en la matière étaient des groupes d'une vérité un peu plus criante. Ces derniers tentaient, et tentent toujours d'ailleurs, de rentabiliser au maximum leur temps de parole en y ajoutant pour faire joli un fond sonore qui, si on écoute de plus près, occupe toute la bande passante.
Bref, je vous parle de Johnny Halliday. Rien qu'à l'idée d'écrire une chronique à son sujet, j'en jauni. Cependant l'actualité brûlante diffusée aux heures de grande et de petite écoute me ramène à la réalité dont il faut parler. A priori, je pensais que ce gars là était du genre à faire des trucs qui lui plaisaient, un peu à l'image d'une star de caractère qui mène sa barque dans le port de Saint-Tropez comme il l'entend. Bien. Moi je n'aime pas, mais je respecte. Enfin, disons que je respectais. Parce qu'aller faire de la publicité pour des lunettes, celles qu'on met sur le nez et pas sur les toilettes ou sinon avec le risque de devenir mal voyant dès l'ouverture de la chasse, excusez-moi mais je trouve cela affligeant. Ça casse complètement l'image du personnage dont la stratégie devient à mes yeux de plus en plus floue.
Je ne comprends pas. Le Johnny en question, il est impossible que ça lui plaise de passer pour un gars qui a des goûts de chiotte (la transition était trop tentante), donc c'est que quelque part, et surtout devant la caméra, il y a été obligé. Mais par qui ? Par le niveau de liquidités de son compte en banque qui serait menacé par la grande sécheresse ? Je ne peux pas le croire. Ben attends, si maintenant en étant l'idole de tous les jeunes de 20 ans qui en ont maintenant 50 on n'arrive plus à boucler les fins de mois, où va t'on ?
C'est clair que cette histoire ne tient pas debout. Evident.
Il y aurait quelque chose de Tennessee là-dessous que cela ne m'étonnerait pas outre mesure.

 

La déviation expérimentale
07/10/2002 : 23:15

Décidément les jours se suivent et ne se ressemblent pas, tout comme les voitures qui continuent à emprunter la même route que moi, celle sur laquelle les fanas de la gâchette et du contresens peuvent s'adonner à leur exercice favori sans peur du lendemain.
Aujourd'hui, une fois engagé sur cette voie maudite il fut impossible de la quitter avant d'y être autorisé. En effet, les travaux qui fleurissent en automne comme la gangrène au soleil, image poétique s'il en est, ont subrepticement brouillé les cartes du GIGN et bloqué en particulier LA sortie que je prends habituellement. Suivant alors malgré moi cette déviation qui effectivement m'a bien dévié du droit chemin, je me suis une fois de plus paumé dans une ville dont je ne connaissais que les tenants et non les aboutissants. D'ailleurs j'en veux pour preuve que l'aboutissement effectif sur mon lieu de travail n'est intervenu qu'une bonne trentaine de minutes après l'heure habituelle, celle normalement réservée pour me garer à ma place qui elle ne l'est pourtant pas.
Bref, je me demande encore ce qui va bien pouvoir arriver demain. Parce que si je suis logique, tentant en cela de contrer les événements qui ne se précipitent pas, voire même qui ralentissent la manoeuvre, je devrais partir un peu plus tôt que ce matin. Mais par cette action, ne risquerais-je pas de modifier le cours du temps, qu'il soit beau, bon ou mauvais ?
Comme il n'existe aucune réponse à cette question, vous allez me demander quel est l'intérêt de se la poser ?
Certes.
Et c'est justement parce qu'il n'y a pas de réponse que je me la pose, et si je ne me la posais pas j'en trouverais assurément une autre tout aussi insoluble. Il faut dire aussi que si tout avait une explication ça se saurait depuis longtemps. Ben oui. Remarquez, ça n'empêche pas de se forger sa propre conviction du phénomène. Par l'expérience. Alors j'expérimente, j'expérimente...

 

Au carrefour des doutes
06/10/2002 : 12:30

Le plus difficile est certainement de ne pas se laisser endormir par la routine, surtout lorsque celle-ci survient alors qu'on se trouve au volant. Cette expérience, aux frontières de ma carte Michelin, est intervenue au beau milieu de la route que j'emprunte en ce moment chaque matin pour aller travailler aux confins de la grande banlieue que je qualifierai de petite province. Dans le genre de ville où la stratégie de positionnement est tellement peu claire qu'il faut s'attendre à tout.
Mardi soir j'avais déjà mis une heure vingt pour faire deux kilomètres, la route en question ayant été bloquée dans les deux sens suite à une fusillade entre la police et une voiture sûrement volée par des brigands. Que voulez-vous, chaque génération a ses amusements : le houla hop, le rock'n'roll et les sucettes à l'anis ont cédé la place aux revolvers, BMW et autres drogues douces qui rendent les jeunes si durs. Je sais que ce n'est pas bien de généraliser mais comme tout le monde le fait (et hop, une généralisation de plus), je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas profiter moi aussi de cet artifice qui simplifie les choses à l'extrême au point de donner l'impression de les maîtriser.
Bref, après cet épisode de règlements de comptes à OK Coignières, j'étais aux aguets. La vigilance avait dès lors repris sa place dans le mirador de mes préoccupations.
Mais les meilleurs éléments peuvent se laisser surprendre par une manoeuvre brutale les conduisant parfois à la déroute.
Vendredi, arrivé au dernier rond-point avant le parking de la société pour laquelle on a vendu mes services, alors que j'avais pour ainsi dire pris la tangente jouxtant le parterre central, voilà qu'apparut en face de moi une bagnole de police tous feux allumés s'engageant à toute berzingue à contresens, le sens des aiguilles d'une montre pour être d'une précision toute helvétique. Là, mon sang ne fit qu'un tour, au contraire de ma voiture qui s'immobilisa sous l'action de mon inconscience qui prit alors les commandes. Dans ce genre de situation, face aux forces de l'ordre qui font plutôt la loi dans la contrée, ma première impression est que c'est moi qui suis en infraction. Tentant de me remémorer le code Rousseau qui malheureusement à l'époque des mes exploits pré-permis ne traitait pas encore des carrefours giratoires à sens unique, symptôme des temps modernes s'il en est, je me suis retrouvé devant une vérité qui ne pouvait pas être : je n'étais pas en tort et pourtant je ne pouvais pas avoir raison, contradiction illustrée par la vérité engyrophardée me faisant face. Et puis la vitesse faisant son effet, la flicaille disparut, sûrement pour semer le doute et les coups de freins en d'autres intersections.
La conclusion de cette histoire est qu'à n'importe quel moment il peut arriver n'importe quoi. Le genre d'événements remettant en cause des repères pourtant si conventionnellement admis. Mais après tout, qu'est-ce que c'est que ces conventions ? Rien n'est inscrit dans le marbre. Pas plus que dans le code Rousseau d'ailleurs.

 

Règlement de comptes
03/10/2002 : 21:50

Je n'aime pas beaucoup m'énerver. Pourquoi ? D'une part parce que ça m'énerve et d'autre part parce que lorsque cela m'arrive je ne me contrôle plus tout à fait. Or, sans maîtrise la puissance n'est rien : eh oui, ce qui est vrai pour des pneus ne peut pas être foncièrement erroné lorsqu'il s'agit de contrôler sa propre ligne de conduite, aussi glissant que le terrain puisse être.
En général l'énervement est comme les bonnes nouvelles : il n'arrive jamais seul. Il existe quasi systématiquement un déclencheur externe, un stimuli qui vient dont sait parfaitement où et qui emballe la machine jusqu'à la perte de contrôle. En l'occurrence, j'ai horreur et je ne supporte pas les gens qui me promettent quelque chose et qui ne le font pas.
'Je vous rappelle demain matin'. Ok, et à 15 heures il ne s'est toujours rien passé. Notez ici un des avantages du portable sur le fixe à fil dans ce genre de situation : la personne ne peut plus prétexter qu'elle a essayé de vous joindre mais que, malheureusement pour vous, vous n'étiez pas là. Parce que moi je suis là, accroché à mon mobile, encore que pour être factuel je devrais plutôt dire que c'est lui qui est accroché à moi.
'Les courriers sont partis aujourd'hui'. Ok, et deux jours plus tard, la grève de la poste ne faisant pour une fois pas foi, rien n'est arrivé. Enfin rien, disons plutôt tout sauf ce qui devait l'être. Ah ça, quand il s'agit d'envoyer des factures, la performance est beaucoup plus au rendez-vous.
C'est sûr que dit de cette façon vous ne pouvez pas vraiment comprendre l'objet de mon courroux. Mais si j'en reparle, je sens que cela va me reprendre. Tout de suite. Or je veux garder toute mon énergie pour demain. A la première heure, celle où quelqu'un va devoir payer et encaisser ma colère. En plus il n'aura même pas à me rendre la monnaie : je vais payer cash et content. Et quand on aime on ne compte pas.

 

Le ticket gagnant
30/09/2002 : 21:50

J'ai récemment assisté à une descente de contrôleurs de la RATP. Pour être un peu moins imagé et un peu plus factuel, je devrais plutôt dire qu'ils étaient à l'arrêt, juste après les tourniquets qui délimitent la zone de non droit pour les fraudeurs et autres intermittents du paiement. Cet exercice, familial s'il en est, se passe généralement entre gens de bonne composition qui vous rédigent une prune en moins de temps qu'il n'en faut pour sauter au dessus de la première haie, qui d'ailleurs est toujours la dernière. Le genre de compétition dont il vaut mieux ne pas rater le départ sous peine de devoir ramasser ses bijoux de famille à quatre pattes tout en cherchant à reprendre son souffle (en plus des bijoux).
En ce qui me concerne, comme j'ai passé l'âge de ces conneries, je suis toujours en règle avec la police. Eh bien ce coup-ci il valait mieux car la tripotée de contrôleurs était accompagnée d'une palanquée de policiers, tous plus nombreux les uns que les autres. Moi c'est simple, s'ils m'avaient arrêté j'aurais donné tous les noms : le mien et aussi ceux des autres, quitte à en inventer pour éviter une correction sans nom. Comme quoi, contrairement aux idées reçues, la pression n'est pas forcément l'ennemie de la créativité, bien au contraire.
Je n'avais encore jamais vu ça. Ce fut une confusion. Une armada de matraques, de stylos billes, de coupons de cartes oranges, de rangers et de casquettes qui se mélangèrent pour donner le jour à une version underground d'une bourse d'échanges d'où les plus démunis pouvaient repartir soit avec un revolver soit avec un pin's ventant les mérites d'une société aux retards inimitables. J'ai même cru voir un représentant des forces de l'ordre repartir avec une amende pour port illégal de bombe lacrymogène dans un lieu public. Devant mes yeux grands ouverts les plus belles théories de ma jeunesse ont enfin pris forme : le partage des richesses, l'augmentation de l'entropie ou encore l'analyse transactionnelle.
Merveilleux. Et tout cela pour moins cher qu'une place de cinéma.
En tout cas, à voir la descente de contrôleurs cela ne m'étonnerait pas qu'on finisse par toucher le fond assez rapidement. Et alors, croyez moi, je tiens à avoir mon ticket pour assister à la remontée !

 

On remet ça ?
28/09/2002 : 23:57

Et voilà le travail. Déjà une année complète qui s'achève aujourd'hui. Eh oui, figurez-vous que le calendrier des nouvelles qui ne se suivent pas, qui ne prétendent apporter ni la vérité ni le mensonge vient de subir sa première révolution. Un cycle qui n'en est pas un puisque le chemin sur lequel je suis à présent ne ressemble plus vraiment à celui sur lequel j'étais il y a pourtant si peu de temps.
Alors pour ce second tour je vais continuer à filer droit sans me retourner tout en respectant mes trois principes de base : le premier, le deuxième et le troisième. Bon d'accord, je ne les ai pas encore trouvés mais je les ai déjà numérotés, et dans l'ordre qui plus est ! Il faut reconnaître que c'est plutôt un bon début, logique, organisé et qui ne laisse présager que l'avenir sans rien en dévoiler.
De toute façon, quelle que soit cette ligne de conduite je pense que je dois être capable de faire aussi bien ou aussi mal qu'avant tant l'exercice ne m'a pas semblé en être un. Certes, la mise à jour se fait souvent de nuit et quelques quotidiennes manquent à la pelle. Mais que voulez-vous, on ne peut pas être au top tous les jours ! Enfin, disons pour être plus précis qu'on ne peut pas être tous les jours, tout simplement.
Et puis après tout, le pire n'est-il pas à venir ?
Vous le saurez en suivant les prochains épisodes de la MMPP.

 

Qui veut voyager loin ménage ses méninges
25/09/2002 : 22:45

Tel que vous me lisez je suis devant la télévision en train d'écrire la présente chronique. Pourquoi ? Eh bien d'une part parce que derrière cette lucarne ouverte sur le monde qu'on nous présente comme étant la réalité l'exercice serait beaucoup moins facile et puis d'autre part pour stimuler mon cerveau. Comme il paraît que nous n'utilisons que 20% de la capacité totale de l'organe en question, je tente de voir si ce soir je peux amener le moteur dans la zone des 40%. Cela me permettra de monter en régime et pourquoi pas de franchir un jour ou l'autre la zone rouge, histoire de voir si cela fait une différence avec la situation actuelle.
Quoique.
Il est vrai qu'il est toujours possible d'émettre un doute quant au fait d'utiliser ses neurones pendant le visionnage d'un match de foot. Certains, pratiquant la non-sportivité à leurs heures perdues ne manqueront pas d 'assimiler cette activité à une mise en veille complète du centre de contrôle qui fait que l'homme n'est pas une bête, ou alors appartenant à la race de celles qui concourent dans la première catégorie et dont les meilleurs représentants peuvent espérer à force d'abnégation passer en division supérieure, celle des gros cons.
Je répondrai à cette remarque que :
1) Lyon vient de marquer un second but et mène maintenant 2-0, information de première main qui fait toujours plaisir à voir et à boire,
2) Lyon vient de marquer un troisième but alors que j'étais en train de reformuler scripturalement parlant les premiers paragraphes juste après avoir terminé l'écriture du 1). Du coup, je vous en fais profiter en temps réel malgré l'enchaînement des propos qui, j'en suis conscient, ne clarifie pas le discours. J'imagine que c'est cela que l'on appelle les inconvénients du direct,
3) Lyon mène à l'instant 4-0 et que cela commence à bien faire. Si ça continue, j'envoie ma chronique à l'Equipe dès la fin du match. Sans blague.
Cependant ma principale objection est que le cerveau n'est ni plus ni moins qu'un moteur : c'est parce qu'il est arrêté de temps en temps qu'il peut finalement redémarrer au quart de tour sans préliminaire, ainsi qu'à l'approche des quarts de finale du tour préliminaire. Il faut savoir qu'un fonctionnement sans arrêt (toutes les 2 heures, faites une pause) ne dure jamais très longtemps.
Le problème est que je ne m'autorise même pas ce moment de répit. J'en profite pour remplir mon devoir quotidien selon un rythme pseudo-aléatoire, maintenant à un niveau constant l'utilisation des ressources.
Il faut bien faire avec ce constat puisque de toute façon j'ai perdu les clés de cette machine infernale, clés que je n'ai d'ailleurs peut-être jamais eues.

 

C'est pas un cadeau
23/09/2002 : 23:40

J'aurais bien écrit une petite chronique sympa de quelques lignes, un concentré de substance qui se diffuse toute la journée durant à petite dose dans l'esprit de chacun. Il est vrai qu'à force d'effets de style, la puissance et l'impact des propos sont quelquefois trop dilués pour être percutants. Alors je voudrais faire court, aller à l'essentiel et simplifier au maximum une idée si possible complexe. Mais je ne peux pas car je ne sais pas ce qu'est l'essentiel. Et puis l'essentiel pour qui ? Pour vous ? Pour moi ? Dans un cas comme dans l'autre cette double interrogation me plonge dans un trou noir troublant d'où jamais rien n'est ressorti.
Alors ?
Alors j'applique la théorie des Fingers de Cadbury : comme je peux les faire encore un peu plus longues mes chroniques, je ne me prive pas de rajouter de l'enrobage autour de l'idée centrale. Et si le volume de l'emballage peut rendre difficile la découverte du cadeau (d'un autre côté plus la quête est ardue et plus la joie est grande), cette façon de procéder présente néanmoins un avantage indéniable par rapport à toutes les autres formes de malversations connues appliquées par on ne sait pas qui puisque le principe est justement qu'on ne s'aperçoive de rien, d'où la malversation.
Et je vous le livre tel quel cet avantage, brut et sans fioritures, soudain et sec comme un coup de trique : l'emballage n'est-il pas un subterfuge destiné à masquer l'absence de présent ?

 

L'arbre qui cache la forêt
22/09/2002 : 22:15

Je ne comprends pas tout. Oh, je sais que cette remarque peut paraître futile de par son coté implicite, mais aujourd'hui c'est différent car même dans mon propre monde je finis par ne plus me repérer. En quelque sorte tout le contraire du blaireau que j'ai vu à la télé vendredi et qui, sous l'emprise de sa méprisante suffisance annonçait à qui s'acquitte de sa redevance : 'Je connais assez bien le monde entier, et je peux vous dire que...'. Le genre de reportage bâclé où les gens parlent pour ne rien dire, ou mieux pour raconter des conneries, et qui se termine inévitablement dans l'exubérance, le larmoyant et la publicité. Je ne sais même plus quel était le sujet de l'interview mais ce dont je suis sûr c'est que je préfère encore regarder un film japonais en VO non sous-titré sur Arte sur le coup de deux heures du matin : au moins on sait pourquoi on ne comprend pas son prochain, pas plus d'ailleurs que ses prédécesseurs.
Bref, je disais donc qu'en ce qui me concerne, l'univers qui est le mien ne me semble plus aussi clair (et sombre par la même occasion) que d'habitude. Les événements prennent une toute autre dimension dans laquelle je n'interviens pas. En ce moment je me demande si je ne suis pas un autre qui agit de façon inhabituelle, qui ne respecte pas mes règles, mes limites et mes peurs. J'agis tel un spectateur qui, faisant fi des usages, monte sur scène pour prendre une place, sa place, ma place.
Je m'étonne moi-même de ce comportement. J'ai beau essayer de me repérer et de lier tout cela à mon quotidien, rien à faire : j'assiste à ma propre inaptitude à rester dans les limites fixées par une logique implacable au sujet de laquelle Lapalisse aurait pu prétendre à des droits d'auteur si à force de vivre il n'en était pas mort.
Mais alors où suis-je ? Sans doute perdu. Perdu et pourtant n'ayant aucune envie de retrouver le chemin sur lequel je me traîne tant pas bien que mal, poussé par le temps depuis toutes ces années.
Le pire, c'est que je commence à m'inquiéter du fait que cela ne m'inquiète pas.

 

20 minutes moins 5
19/09/2002 : 21:50

Quinze minutes, c'est-à-dire le temps d'un demi ou la moitié d'un temps complet que dans le jargon footballistique on nomme la mi-temps, quinze minutes et pas une de plus. Ma chronique s'arrêtera là où elle en sera et tant pis si la dernière phrase n'est pas finie, tant pis si l'histoire sans fin se répète par le fait de la conjonction fortuite des deux événements que sont la fin du compte à rebours et l'avancée du récit sur lequel il ne fallait pas compter.
Se fixer un petit challenge de temps en temps : voilà le secret d'une soirée qui se termine au moment choisi. Sinon, ça dure jusqu'à pas d'heure pour un résultat qui, contrairement au match de ce soir, laisse tout le monde sur sa faim, frisant parfois des niveaux de performance qui donnent une vague idée de l'infiniment petit.
Cela fait du bien de se fixer de temps en temps un objectif dont la preuve qu'il a été tenu existe formellement. Rien de tel qu'un arbitre temporel pour mettre tout le monde d'accord. Une heure ne se discute pas. Elle s'impose à tous comme l'évidence.

 

Demandez le... !
18/09/2002 : 23:15

Cela fait tellement longtemps que ce soir je ne résiste pas à la tentation d'exister :

"
Ne me demandez plus mon programme : respirer, n'en est-ce pas un ?
"
E.M. Cioran