accueil |
|
|
|
avant
:
généralités sur le gothique au 15 et 16ème siècles |
suite
:
la Dame à la Licorne |
Avertissement :
Une meilleure compréhension de l'évolution des différentes étapes de l'histoire de l'art m'a amené à déplacer cet exemple depuis l'étape D0-11 vers l'étape D0-12. Les effets plastiques concernés analysés ici ne sont pas pour autant obsolètes mais leurs relations méritent d'être mises à jour, ce qui sera fait dès que possible. Au lieu du relié/détaché, le paradoxe dominant devient le centre/à la périphérie. Un nouvel effet doit être introduit, celui d'ouvert/fermé. Il a trait au fait que l'oeil peut passer en continu d'une forme à l'autre à cause de la continuité du tracé des nervures (tracé qui est donc toujours ouvert à la circulation de notre regard) et que ces nervures enclosent des formes en pétale fermées. Tours, le 8 avril 2021 Christian RICORDEAU |
Pour aller aux autres exemples de gothique du 15ème et du 16ème
siècles analysés :
à la tapisserie de la Dame à la Licorne (15ème
siècle)
à la rose sud de la cathédrale d'AMIENS (16ème
siècle)
au décor "flamboyant" de la chapelle du Saint-Esprit de RUE (16ème
siècle)
le tableau qui résume l'évolution de la musique et de l'architecture
pendant le moyen-âge
les généralités sur les effets paradoxaux que l'on
trouve dans l'architecture gothique au 15ème et 16 ème siècles
Pour charger l'image de l'exemple analysé
: la
rose de la façade de la Sainte-Chapelle de PARIS (France) - 1485
(s'ouvre en principe dans une autre fenêtre)
Source de l'image utilisée :
François CALI - "L'Ordre Flamboyant" - Editions ARTHAUD -
1967
Il est rappelé qu'une autre analyse de cette rose est disponible
dans le "bouquet de roses gothiques",
mais concernant d'autres aspects que ceux qui sont abordés ici.
Le
paradoxe dominant : le relié / détaché
-1-
à petite échelle, le thème plastique dominant consiste
en des nervures souples qui se rapprochent et qui s'éloignent les
unes des autres : elles se relient en s'accolant l'espace d'une brève
rencontre, puis elles se détachent et poursuivent leur parcours,
chacune de leur côté.
Il s'agit là d'une expression analytique du relié / détaché.
-2- à petite échelle toujours, l'expression synthétique est donnée par le "résultat" de ces accolements et de ces détachements répétés qui se produisent par paires : des formes en cosses se détachent visuellement, qui sont toutes reliées les unes aux autres par les parois qu'elles ont en commun et par la forme de leurs pointes qui se prolongent dans les cosses du dessous et dans les cosses du dessus.
-3-
à grande échelle une texture uniforme de nervures relie en
continu toutes les parties de la rosace, et de cette texture "sort" la
silhouette d'une fleur centrale à 6 pétales qui se détache
visuellement.
Il s'agit d'une expression synthétique, car il faut lire la
texture qui "relie" pour en détacher visuellement la silhouette
de cette fleur.
-4-
l'expression analytique de grande échelle utilise le rond central
qui relie et noue les trajets ondulants, par opposition à la disposition
d'ensemble de ces trajets qui se détachent les uns des autres au
fur et à mesure qu'ils s'écartent de cette attache centrale
:
- les pétales de la fleur forment des figures bien collées
/ reliées l'une à l'autre à leur base, et elles se
détachent les unes des autres au fur et à mesure que l'on
s'approche de leurs pointes ;
- par ailleurs, les traits radiaux qui partent entre les pétales
sont d'abord collés eux aussi aux pétales, puis ils s'en
détachent et filent isolément vers la périphérie.
-1-
si l'on considère d'abord les effets de petite échelle que
l'on a décrit ci-dessus, on voit que le jeu des nervures qui s'écartent
et qui se rapprochent alternativement les unes des autres, a pour conséquence
de consteller la surface de "pincements" répartis de façon
très uniforme. Chacun de ces pincements est un centre local où
convergent des lignes qui y arrivent, et depuis lequel divergent des lignes
qui en repartent, et comme notre regard est tour à tour attiré
par chacun de ces centres locaux il doit constater que chaque centre est
entouré de tous côtés (donc sur toute sa périphérie)
par des centres semblables.
-2-
les formes "en cosse" remplissent la surface, et elles s'équilibrent
mutuellement en s'appuyant les unes sur les autres par leurs contours extérieurs.
Le centre d'équilibre de chaque forme est, par conséquent,
réparti sur toute sa périphérie.
-3- si maintenant on envisage l'effet de relié /détaché à grande échelle, on voit que la forme de fleur à six pétales qui se détache sur le fond grouillant des nervures de petite échelle, surgit en équilibre entre la lecture que l'on fait des nervures qui partent depuis le centre et forment la partie "gonflée" des pétales, et la lecture que l'on fait des nervures qui partent depuis la périphérie de la rosace pour former la pointe des pétales et rejoindre ainsi le gonflement lu depuis le centre.
-4-
le réseau des nervures se lit comme un ensemble de parcours sans
fin, utilisant de multiples méandres ou des trajets plus rectilignes,
parcours qui tous partent de l'anneau rond central, et qui toujours y reviennent
après avoir viré et rebondi sur le grand rond périphérique.
Un voyage donc qui s'organise depuis le centre, mais qui revient dynamiquement
depuis toute la périphérie de la rose.
Le
2ème paradoxe enrôlé : le relié / détaché
se sert de l'entraîné / retenu
Comme pour le paradoxe précédent nous allons analyser successivement les effets de petite échelle puis ceux de l'échelle globale.
-1-
à petite échelle, l'effet des couples de nervures qui se
"collent l'une à l'autre, puis se détachent, puis se recollent
à l'occasion d'un nouveau couple de nervures, etc.", utilise très
clairement l'opposition entre des endroits où deux nervures sont
retenues (collées) l'une contre l'autre, et les endroits suivants
où les nervures parviennent à se détacher (à
se décoller). Si elles se détachent, c'est que chacune est
entraînée par une autre nervure, une nervure qui à
son tour va la retenir momentanément collée contre elle,
puis à son tour elle aussi devra la laisser s'échapper vers
une autre nervure.
Il s'agit d'un effet analytique, puisque les moments de "collage /
retenue" et les moments de "détachement / entraînement vers
une autre direction", sont clairement distincts les uns des autres.
-2- l'effet synthétique de petite échelle joue sur l'indécision dans laquelle nous sommes à chaque embranchement de contact, quant à savoir laquelle des deux nervures nous allons suivre : toutes les deux en effet nous entraînent à égalité, de telle sorte qu'elles se neutralisent réciproquement, ce qui finalement nous retient de suivre l'une plutôt que l'autre.
-3-
à grande échelle nous retrouvons la forme de fleur à
six pétales qui se détache. Cette forme centrale se détache
en tant que forme fixe, ce qui contraste avec l'effet de louvoiement général
des nervures, effet de vagues incessantes qui entraînent notre regard
à virevolter en tous sens pour suivre indifféremment l'une
quelconque des nervures, et cela sur l'ensemble de la surface.
D'un côté donc nous sommes entraînés à
laisser errer notre regard en tous sens en circulant sur toute la trame
des nervures ondulantes, et d'un autre côté notre regard est
retenu sur une forme de fleur fixe qui se détache et qui tend à
nous empêcher de nous égarer ailleurs que sur son contour.
-4-
le mouvement d'ensemble des nervures et des formes qui se détachent
du rond central qui les tient en noeud serré, entraîne notre
regard à suivre les nervures et les formes qui s'écartent
du centre, puis le ramène systématiquement vers le centre
noué puisque tous les trajets y reviennent après avoir viré
et rebondi sur le périmètre de la rosace.
Nous sommes donc entraînés à quitter des yeux le
centre puisque tous les trajets s'en écartent, mais le centre nous
retient comme un aimant puisque nous sommes obligés d'y revenir,
précisément en suivant les nervures qui d'abord s'en écartent.
Le
3ème paradoxe enrôlé : le relié / détaché
se sert du mouvement d'ensemble / autonomie
-1- les trajets des nervures qui viennent s'accoler puis qui se séparent, possèdent deux temps très distincts : quand les nervures sont encore écartées ou quand elles viennent à nouveau de s'écarter, elles font montre de leur autonomie individuelle, et quand elles sont accolées l'une à l'autre elles perdent complètement cette autonomie et font ensemble cet accolement précisément.
-2-
la façon dont les formes s'accolent sur toute la surface, sans laisser
aucun vide entre elles et en partageant leurs contours, a pour conséquence
que l'une quelconque des formes est aussi bien dessinée par son
contour propre que par l'addition du contour des formes voisines.
Ainsi, à grande échelle, les "pétales inverses"
dont la "panse" s'appuient sur le cercle périphérique de
la rosace, sont clairement distincts et autonomes l'un de l'autre. Mais
du rassemblement de deux "pétales inverses" accolés, se dessine
en creux en dessous d'eaux, l'un des "pétales à l'endroit"
qui forment la grande fleur centrale. Ainsi, bien qu'autonomes, deux "pétales
inverses" font ensemble quelque chose, dessinent ensemble une forme qui
est leur produit commun.
À plus petite échelle le même phénomène
se produit pour chaque paire de cosses accolées qui, bien qu'autonomes
puisque clairement côte à côte, dessinent ensemble une
cosse supplémentaire entre leurs pointes dirigées vers le
centre, et une cosse supplémentaire entre leurs pointes dirigées
vers la périphérie.
-3- les trajets ondulants des nervures suivent des directions très variées, complètement autonomes donc les unes des autres. Pourtant, ces trajets se montrent capables de clairement dessiner ensemble la forme régulière d'une fleur à six pétales.
-4-
la texture d'ensemble a un caractère uniforme et régulier.
Pourtant, elle se décompose nettement en deux trames qui se superposent
: l'une est la trame des nervures les plus fines qui forment les "cosses"
de petite échelle, et l'autre est la trame des nervures les plus
grosses qui forment à plus grande échelle les pétales
de la fleur et les "pétales inverses" qui s'intercalent entre eux.
accueil |
|
haut |
suite : la Dame à la Licorne |
|