accueil |
|
|
|
avant
:
la rose de la Sainte Chapelle |
suite
:
la rose sud d'Amiens |
Avertissement :
Une meilleure compréhension de l'évolution des différentes étapes de l'histoire de l'art m'a amené à déplacer cet exemple depuis l'étape D0-11 vers l'étape D0-12. Les effets plastiques concernés analysés ici ne sont pas pour autant obsolètes mais leurs relations méritent d'être mises à jour, ce qui sera fait dès que possible. Au lieu du relié/détaché, le paradoxe dominant devient le centre/à la périphérie. Un nouvel effet doit être introduit, celui d'ouvert/fermé. Il a trait au basculement incessant entre la vue qui assimile les personnages, les animaux et toutes les plantes en un rideau compact, et donc fermé, et la vue qui sépare la trame des plantes et fleurs des personnages et animaux qui se découpent sur ce fond. Séparer cette trame de ces grandes formes revient à ouvrir en deux la surface de la tapisserie. Tours, le 8 avril 2021 Christian RICORDEAU |
Pour aller aux autres exemples de gothique du 15ème et du 16ème siècles analysés :
à la rose de la Sainte-Chapelle de PARIS (15ème
siècle)
à la rose sud de la cathédrale d'AMIENS (16ème
siècle)
au décor "flamboyant" de la chapelle du Saint-Esprit de RUE (16ème
siècle)
le tableau qui résume l'évolution de la musique et de l'architecture
pendant le moyen-âge
les généralités sur les effets paradoxaux que l'on
trouve dans l'architecture gothique au 15ème siècle
Pour charger l'image de l'exemple analysé
: l'Odorat
- Une tapisserie de la Dame à la Licorne - fin du 15ème siècle
(s'ouvre en principe dans une autre fenêtre)
Pour charger un détail de cette image
: l'Odorat
- détail de la partie supérieure (s'ouvre en
principe dans une autre fenêtre)
Source de l'image utilisée :
André Malraux - Le Musée Imaginaire - Gallimard - 1965
"L‘Odorat" fait partie de la série des tapisseries dites "de
la Dame à la Licorne", qui dateraient des deux dernières
décennies du 15ème siècle, et qui sont actuellement
regroupées au Musée de Cluny à Paris.
Je ne sais pas si le qualificatif de "gothique" sied bien à
cette série de tapisseries murales. Le propos n'est toutefois pas
ici de classer les oeuvres derrière une étiquette, mais de
montrer que d'autres voies intéressantes ont été explorées
au 15ème siècle que la voie suivie par la Renaissance italienne.
Pour la représentation plane de l'espace, l'invention
de la perspective dite "scientifique" à l'époque de la Renaissance
est fréquemment présentée comme un "progrès"
dans l'art, et qui plus est, un progrès dont il aurait été
impossible de se passer. Dans ce texte on s'efforcera de montrer que le
mode de représentation de l'espace utilisé dans cette série
de tapisseries prend admirablement le contre-pied de cette attitude, et
qu'au lieu de soumettre l'oeuvre d'art au dictât de la vision en
perspective, elle joue avec elle pour parvenir à ses fins qui est
de "faire du relié / détaché".
Il existe d'autres tapisseries du même style. Parmi les plus
connues on peut citer le "Narcisse" du Boston Museum of Fine Arts, qui
se mire dans l'eau d'une fontaine.
Pour la Renaissance italienne aussi la perspective est un moyen privilégié
de faire du relié / détaché : toutes les parties de
l'espace sont ainsi reliées efficacement à un ou à
plusieurs points de fuite, et dans ce dessin de l'espace qui relie le paysage
et les figures, se détachent les personnages ou les éléments
que l'artiste veut souligner.
Il existe plusieurs façon de "détacher" des personnages
sur un fond de vision perspective. On peut citer par exemple la méthode
fréquente de Fra Angelico, qui consiste à traiter le personnage
de façon assez silhouettée et revêtu d'une couleur
acidulée très lumineuse qui tranche sur le fond du paysage
resté plus terne.
Il existe aussi la méthode fréquemment utilisée
par Léonard de Vinci, notamment dans La Joconde, qui consiste à
disposer un personnage en très gros plan se détachant sur
le fond d'un paysage lointain qu'il cache partiellement.
Disons quelques mots de la façon dont, dans ce tableau, l'effet
de "figure reliée au paysage du fond / détachée devant
ce paysage" utilise les trois autres effets paradoxaux qu'il s'asservit
:
- l'effet de silhouette
qui se découpe devant un paysage est un effet que produisent ensemble
les deux entités bien autonomes que sont précisément
"le personnage" et "le fond de paysage". Il y a donc ici utilisation du
paradoxe mouvement d'ensemble / autonomie ;
- pour regarder le
personnage nous visons l'axe central du tableau, tandis que pour examiner
le paysage notre regard bascule d'une extrémité latérale
à l'autre. Cette tension et ce basculement incessant entre l'intérêt
pour ce qui se passe au centre et l'intérêt pour ce qui se
passe en périphérie, est une expression typique du paradoxe
du centre à la périphérie ;
- nous cherchons à
lire la continuité du paysage panoramique qui s'ouvre devant nous,
mais cette attirance est contrariée par la présence du personnage
qui nous barre cette possibilité en faisant écran sur une
partie importante de la vue du paysage. Il s'agit cette fois d'un effet
caractéristique du paradoxe entraîné / retenu : incité
à lire horizontalement le paysage, retenu de le faire à cause
de la présence du personnage qui le barre et nous en décourage.
Nous venons d'évoquer la façon dont le relié /
détaché concerne la disposition d'ensemble du tableau, mais
cet effet se retrouve aussi dans le style pictural même, fait de
passages subtilement nuancés entre les plages d'ombre et les plages
de lumière, et fait d'un adoucissement des contours laissés
un peu vagues.
Les Italiens appellent "sfumato" (que l'on pourrait traduire par "luminosité
humide et fumeuse") ce style initié par Léonard de Vinci.
Le sfumato fait en sorte que toutes les surfaces soient reliées
en continu les unes aux autres, et que se détache ici ou là
une zone ombrée sur un fond lumineux qui reste continu, à
moins que ce ne soit au contraire un éclat de lumière qui
se détache de façon très amortie sur un fond d'ombre.
Pour observer ce "sfumato", fait à la fois de relié (puisqu'il
produit une continuité des surfaces et des volumes) et de détaché
(c'est-à-dire d'éclats de lumières ou de touches d'ombres
qui se détachent), on peut parcourir la peau de La Joconde, ses
vêtements, les méandres ou les reliefs du paysage, ou bien
encore passer graduellement de la peau de la Joconde à ses vêtements,
puis de ses vêtements au paysage lointain.
Après cet aparté sur l'art italien de la Renaissance,
aparté qui avait pour but de mieux faire comprendre l'originalité
de la façon dont le même effet de relié / détaché
est mis en oeuvre dans la tapisserie de la Dame à la Licorne, venons
en précisément à cette tapisserie qui date approximativement
de la même époque que La Joconde, et qui comme elle représente
une Dame se découpant sur un fond de paysage naturel.
-1-
par opposition très nette à un effet de perspective donnant
l'illusion de la profondeur, ici l'organisation dominante est une trame
verticale parsemée de plantes, d'animaux et de personnages, une
trame qui donne l'illusion que le sol lui-même est vertical.
Cette texture verticale est faite de toutes les herbes, les fleurs,
les arbres, les drapeaux, les animaux et les personnages représentés,
qui se relient de façon tellement continue les uns avec les autres
qu'il ne reste finalement aucune plage libre et vide de texture. Ce vide
existe cependant : il est tout autour des herbes, des arbres, des drapeaux,
des animaux et des personnages, qui sont juste détachés ce
qu'il faut les uns des autres pour ne pas être complètement
collés les uns avec les autres, et pour que malgré cet écart
la texture qui les relie nous semble continue.
-2- cette trame peut aussi être ressentie d'une autre façon, du fait qu'elle se divise en deux composantes. Ainsi, on peut considérer que la trame verticale qui relie en continu tout l'espace est seulement faite des herbes, des feuilles, des tiges et des fleurs, qui forment ensemble une fine et légère texture qui s'insinue entre toutes les autres formes qui elles sont plus larges et plus massives. Si l'on considère donc cette sorte de grillage envahissant fait de formes fines et graciles, sur ce fond ténu se détachent alors des formes qui possèdent au contraire une large surface opaque : les animaux, les personnages, les drapeaux et les arbres.
Dans cette tapisserie, une première façon de faire du
relié / détaché est donc de faire une trame continue
de formes qui sont toutes "presque jointives" les unes avec les autres
: suffisamment jointives pour être reliées les unes aux autres,
et suffisamment non jointives pour être détachées les
unes des autres.
Ensuite, nous avons considéré une seconde façon
de faire du relié / détaché : des formes larges se
détachent devant un fin réseau qui relie en continu toute
la surface laissée libre en s'insinuant dans les moindres interstices
laissés entre ces formes.
-3-
on peut maintenant considérer une troisième façon
de faire du relié / détaché, et celle-ci nous ramène
à la question de la perspective : nous pouvons en effet parfaitement
négliger l'aspect vertical de la texture et percevoir en perspective
l'ensemble de la scène.
Il est clair par exemple que le petit animal du premier plan (un agneau
peut-être) est devant la Dame à la Licorne, et que les lapins,
les chiens et les oiseaux qui sont au-dessus d'elle peuvent être
perçus comme s'ils étaient derrière elle. Même
le banc situé à côté de la Dame nous apparaît
en arrière plan par rapport à elle, et de la même façon
la queue du Lion est en avant-plan par rapport à la servante, tandis
que les arbres sont derrière le lion, la licorne et leurs drapeaux.
Ainsi donc, une vision de l'espace qui s'étage dans la profondeur
(du proche au lointain), existe simultanément à une vision
de l'espace qui se déroule de bas en haut. La coupure qui dessine
une espèce d'île dans le sol joue un rôle fondamental
dans cette dualité des perceptions : par un aspect les herbes et
les fleurs qui poussent sur cette île continuent la trame strictement
verticale des herbes et des fleurs qui poussent en dessous, mais
par un autre aspect cette coupure (doublée d'un brutal changement
de teinte du fond) introduit une vision de l'île en perspective,
comme si une partie du sol avait pivoté autour d'un axe et s'était
redressée horizontalement.
Ces deux visions que nous pouvons avoir de l'espace (complètement
vertical en deux dimensions, ou étagé dans la profondeur
en trois dimensions), sont deux visions qui sont complètement détachées
l'une de l'autre, car il faut complètement abandonner l'une pour
utiliser l'autre. En même temps, elles sont subtilement reliées
l'une à l'autre, car elles s'appuient sur les mêmes éléments
représentés, de telle sorte que nous pouvons passer en douceur
de l'une à l'autre, sans même nous en apercevoir.
Encore une fois la représentation de l'île "en lévitation"
est un élément essentiel de cet effet : nous pouvons soit
considérer que la végétation qui y pousse est reliée
dans une trame verticale continue avec la végétation au-dessous
et au-dessus d'elle, soit considérer la coupure bien marquée
de son bord inférieur qui la détache de cette texture verticale
pour "remettre son sol à l'horizontal".
Trop souvent la perspective dite "scientifique" élaborée
depuis la Renaissance est considérée comme un progrès
dans l'art, un progrès lié à la qualité du
réalisme qu'elle permet. Pourtant, représenter de façon
convaincante la réalité n'a rien à voir avec la qualité
ou avec l'intérêt artistique, mais concerne seulement le savoir-faire,
l'efficacité de l'illusionnisme. L'artiste qui est à l'origine
de la Dame à la Licorne n'ignorait pas les effets réels de
la perspective, mais au lieu de s'y soumettre, il joue avec, il les utilise
pour donner le maximum de force à l'effet plastique qu'il met en
oeuvre.
L'artiste ici ne cherche pas à représenter les choses telles qu'on peut les voir dans la réalité, ce qui n'est qu'affaire d'habileté, mais il utilise la représentation des choses et des êtres comme prétexte pour matérialiser et pour visualiser les relations qu'il ressent exister entre les choses, les gens, les animaux et les plantes. |
-4-
mais revenons à la tapisserie de la Dame à la Licorne, car
nous n'en avons pas fini avec le relié / détaché dans
cette oeuvre puisqu'il y apparaît sous un quatrième aspect.
Cette fois, il a trait à ce que l'on peut appeler "le sujet"
de la tapisserie, ou du moins à l'effet qui surgit lorsqu'on s'occupe
de la scène qu'elle représente.
Peu importe ce que font ensemble la Dame à la Licorne, sa servante,
le lion et la licorne. Ici il s'agit d'une petite scène destinée
à illustrer le sens de l'odorat. Dans les autres tapisseries il
s'agit d'illustrer la vue, l'ouïe, etc. Mais peu importe vraiment
à chaque fois ce qui se passe, ce qui compte c'est que les personnages
et les animaux principaux font visiblement quelque chose ensemble, et ce
quelque chose qu'ils font visiblement les lient ensemble dans notre perception.
À la différence des personnages et des animaux principaux
qui sont ainsi liés ensemble par leur participation à une
même scène, les animaux secondaires qui se répartissent
à l'entour sont eux visiblement indifférents à ce
qui se passe au centre de la tapisserie. Leur attitude, aussi bien que
la direction de leur regard, les montrent tout à fait étrangers
à la scène, complètement détachés de
ce qui s'y passe.
Bien que participant à la scène puisqu'ils l'encadrent
et participent à son apparence, ils sont écartés à
sa périphérie et ils sont en dehors de ce qui se passe par
l'effet de leur attitude indifférente.
Envisageons cet effet, successivement dans chacune des quatre expressions de relié / détaché que l'on a vues précédemment:
-1- la trame continue verticale est tissée de plantes, d'animaux et de personnages qui viennent se "presque toucher" les uns les autres sur toutes leurs périphéries respectives. Cet équilibre de la texture obtenu par l'appui mutuel de toutes ses parties sur toutes leurs périphéries, est une expression très usuelle de ce paradoxe qui consiste en effet à répartir l'équilibre central sur toute la périphérie.
-2- le dialogue entre d'une part une fine trame de feuillages et de fleurs qui relie l'ensemble de la surface, et d'autre part les formes plus larges des animaux et des personnages qui se détachent dans cette trame de place en place, implique une déstabilisation perpétuelle de la présence de la trame : quand on considère les fins feuillages, on croit la saisir, mais elle se dérobe dès que l'on considère un personnage ou un animal. La dérobade de la paroi est une expression très usuelle de ce paradoxe : nécessairement la paroi se dérobe lorsqu'on croit la saisir, puisqu'elle devrait être à la périphérie alors qu'en fait le centre s'y trouve, ce qui annihile sa fonction de périphérie. On peut rapprocher cet effet de l'insaisissabilité de la paroi que l'on a trouvée dans l'analyse de la façade de la cathédrale de Strasbourg. [pour revenir, utilisez le "page arrière" de votre browser]
-3-
le jeu d'alternance entre la perception d'un espace purement vertical et
celle d'un espace en perspective, utilise un effet voisin. Mais cette fois
ce n'est plus la périphérie qui se dérobe, c'est le
centre, et plus précisément le centre visuel de notre perception
: pour la vision en perspective on pose implicitement qu'il y a un centre
visuel "au centre" de nous qui engendre en face de nous la convergence
des lignes de fuite, tandis que pour la vue purement frontale on fait comme
si ce centre visuel était partout, répandu sur toute la surface
verticale et toujours à la même distance d'elle. Dans ce dernier
cas, "on promène" peut-on dire, notre centre de perception partout
sur la surface.
-4-
l'opposition entre d'une part les personnages et les grands animaux centraux
qui forment ensemble une scène, et d'autre part les petits animaux
de la périphérie qui ignorent cette scène, crée
par elle-même une dualité entre le centre et la périphérie
de la tapisserie. Mais l'effet est plus complet qu'un simple va et vient
entre le centre et la périphérie : les participants à
la scène centrale font converger leur attention et leur regard vers
le centre de la tapisserie occupée par les mains de la Dame et par
la fleur qu'elle tient qui donne son sens à la scène, tandis
que les petits animaux périphériques portent leur attention
et leur regard dans toutes les directions croisées, parfois même
vers le lointain. Ainsi, un contraste d'attention se fait entre d'une part
le centre focal de la scène et de la tapisserie, et d'autre part
l'ensemble des animaux périphériques qui se détournent
de cette scène, se regardent les uns les autres ou bien regardent
le lointain.
Le
2ème paradoxe enrôlé : le relié / détaché
se sert de l'entraîné / retenu
-1- l'effet de trame continue est obtenu par la vision d'un fond uniforme que l'on voit courir derrière les formes qui construisent ensemble une espèce de grillage ajouré qui le masquent partiellement. C'est parce que nous sommes incités (entraînés) à parcourir en continu ce fond uniforme que nous réalisons qu'il reste un vide qui sépare / détache les diverses formes, et c'est parce que ces formes font barrage de place en place à notre perception continue du fond (nous retiennent de le voir de cette façon) que nous pouvons lire la texture qui se relie devant lui.
-2-
la fine trame des plantes et des fleurs "papillote" dans notre vision.
Elle est telle que notre regard est entraîné à circuler
sur toute sa surface, suivant les tiges qui ça et là se montrent,
ou cherchant plus loin comment la trame est reprise par une autre plante
ou par un autre bouquet de fleurs. Par contraste, les calmes surfaces des
personnages et des animaux, traités presque en aplats, sont des
endroits où notre regard peut s'arrêter et demeurer tranquille.
La fine trame des tiges et des fleurs entraîne donc notre regard
à circuler en tous sens sur l'ensemble de sa surface, tandis qu'à
l'inverse les personnages et les animaux savent le retenir et le fixer.
-3-
le basculement incessant entre une vue frontale et une vue en perspective
est très caractéristique de la dynamique impliquée
par le paradoxe entraîné / retenu : nous sommes entraînés
par certaines dispositions du dessin à lire un espace strictement
vertical, et lorsque nous nous livrons à cette lecture d'autres
aspects nous suggèrent que l'espace doit plutôt être
lu en perspective, et lorsque nous nous livrons à cette nouvelle
lecture nous constatons que décidément l'espace est plutôt
vertical qu'en perspective, etc., etc.
Comme souvent dans ce paradoxe, deux lectures se font concurrence et
se neutralisent mutuellement, chacune nous entraînant à l'utiliser,
et chacune nous retenant simultanément d'utiliser l'autre.
-4-
la convergence des regards des personnages et des grands animaux de la
scène centrale cherche à retenir notre regard vers les mains
de la Dame qui focalise l'attention. Si l'on cherche par contre à
savoir ce que regardent les petits animaux, notre regard est détourné
de la scène centrale et il est entraîné dans toutes
les directions.
-1- la texture verticale est un effet d'ensemble obtenu par l'assemblage d'éléments qui sont autonomes les uns des autres, puisqu'en effet ils sont systématiquement séparés par un vide les uns des autres.
-2-
le dialogue entre d'une part la trame des plantes et des fleurs, et d'autre
part les silhouettes des personnages et des animaux qui se découpent
sur ce fond, est obtenu grâce à l'autonomie de ces deux dispositifs
: les plantes graciles et fines se distinguent en effet très nettement
des larges aplats que forment les animaux et les personnages. Ce dialogue
est donc un effet commun que produisent deux ensembles de formes, autonomes
l'un de l'autre.
On peut par ailleurs observer que, à l'occasion de ce dialogue,
la fine trame apparaît comme un réseau collectif qui relie
l'ensemble de la surface, tandis que les animaux et les personnages, en
particulier les petits animaux, apparaissent bien isolés et bien
écartés les uns des autres, donc bien autonomes les uns des
autres.
-3- l'effet de vue strictement frontale et l'effet de vue en perspective, sont deux façons autonomes l'une de l'autre de relier entre eux les différents éléments représentés sur la tapisserie. Ces deux vues s'appuient sur les mêmes éléments, qui participent tous ensembles à ces deux effets.
-4-
les personnages et les grands animaux centraux participent ensemble à
une scène symbolique, tandis que les petits animaux périphériques
font montre d'autonomie en ignorant cette scène et en regardant
dans des directions toutes différentes. Ce contraste est accentué
par le fait que, pour l'essentiel, le dessin de l'île centrale relie
exclusivement le groupe central qu'il aide ainsi à apparaître
distinctement. Cet effet est également accentué par l'autonomie
de taille des différents éléments représentés
: il nous apparaît clairement un groupe central fait de deux grands
personnages et de deux grands animaux, et une dispersion tout autour de
petits animaux qui forment ensemble un groupe clairement identifiable comme
autonome du fait de leur taille beaucoup plus réduite.
accueil |
|
haut |
suite : la rose sud de cathédrale d'Amiens |
|