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Sommaire Art |
tableau historique |
tableau
des 16 paradoxes
|
avant
:
la
nef de CHARTRES |
suite
:
la
façade de LUCQUES |
la
voûte sur croisées d'ogives de SENS
Pour aller aux autres exemples d'architecture gothique classique analysés
:
à la rosace de la cathédrale de LAON (cet exemple vous
envoit dans une autre partie du site)
aux piliers à colonnettes de la cathédrale de LAON
à l'élévation intérieure de CHARTRES
à la façade de l'église SAINT-MICHEL de LUCQUES
(cet exemple correspond
aussi au style de la tour penchée de PISE)
le tableau qui résume l'évolution de la musique et de l'architecture
pendant le moyen-âge
les généralités sur les effets paradoxaux que l'on
trouve dans l'architecture gothique classique
Pour charger l'image de l'exemple analysé
: la
voûte nervurée sexpartite de la Cathédrale de SENS
(France) - 1140 à 1168 (s'ouvre en principe dans une
autre fenêtre)
Source de l'image utilisée :
Photographie extraite de l'ouvrage : Architecture Gothique, dans
la collection "Histoire de l'architecture" - Gallimard / Electa - 1992
Cette voûte est dite sexpartite parce que chacune de ses travées
est divisée en six morceaux. Dans d'autres constructions gothiques
les deux fenêtres latérales sont regroupées dans une
même arcade, ce qui donne alors une division en quatre, dite alors
quadripartite. Notre analyse vaut aussi bien pour l'un ou pour l'autre
de ces deux types de voûte.
La cathédrale de Sens est une des toutes premières constructions
en style gothique, puisque sa construction démarre en 1140, en même
temps que celle du choeur de Saint-Denis.
Le
1er paradoxe : synchronisé / incommensurable
Les nervures partent de piliers très éloignés,
de telle sorte qu'il est impossible d'observer en même temps le départ
de chacune d'elles. En outre, elles suivent des courbes qui nous sont concaves
pour certaines lorsque les autres nous sont convexes, or il nous est impossible
de percevoir simultanément dans notre corps des courbes qui se creusent
ainsi en sens contraires l'un de l'autre.
Malgré cette impossibilité à bien saisir leur
naissance puis leur parcours, nous voyons très bien que ces parcours
incommensurables pour nous parviennent à se synchroniser pour parvenir
ensemble au même point central de leur rencontre.
Il s'agit d'une expression synthétique.
expression synthétique du paradoxe synchronisé
/ incommensurable :
les nervures parviennent à se rejoindre
de façon bien coordonnée au centre de la nef,
alors qu'elles partent de points très dispersés,
puis suivent des courbes dont les évolutions sont impossibles à
suivre toutes ensembles
Deux formes se superposent exactement : l'une faite de surfaces voûtées
qui enveloppent de grandes arches et se recoupent selon des arêtes
d'intersection, et l'autre faite de nervures qui longent ces arêtes.
Les voûtes se lisent comme des surfaces qui se plient, et les
arêtes comme des trajets qui se tracent : ces deux modes de lecture
sont totalement étrangers l'un à l'autre, et les formes qu'ils
permettent de lire nous sont donc incommensurables. Pourtant, les intersections
des surfaces et les trajets des nervures se synchronisent parfaitement
de telle sorte qu'ils se superposent exactement.
Il s'agit d'une expression analytique.
expression analytique du paradoxe synchronisé
/ incommensurable :
les arêtes et la voûte coordonnent
exactement leurs formes l'une au-dessous de l'autre,
pourtant elles se lisent de façon complètement
étrangères, puisque l'une se lit comme un croisement de trajets
linéaires, l'autre comme un ensemble de surfaces enroulées
Le
2ème paradoxe : continu / coupé
Trois arcs se croisent, donc se coupent mutuellement au milieu de la
nef. Mais au-delà de ce croisement chacun des arcs continue
son trajet et redescend sans interruption sur le versant opposé
de la nef.
Les arcs doubleaux (les grosses nervures qui séparent chaque
travée) eux aussi franchissent la nef en continu, mais leur courbe
est brisée en ogive à leur sommet, ce qui coupe leur parcours.
La voûte qui passe au-dessus de ces arcs doubleaux forme une
surface continue qui traverse précisément ces arcs, mais
qui est coupée par leur présence.
Dans tous les cas il s'agit d'expressions analytiques.
expressions analytiques du paradoxe continu
/ coupé :
les arcs sont continus mais ils se croisent, donc
ils se coupent mutuellement (croquis de gauche),
l'arc doubleau qui sépare les travées
est continu, mais il se brise en ogive à son sommet (croquis du
centre),
la voûte est continue d'une travée
à l'autre, mais l'arc doubleau la coupe (croquis de droite)
La voûte se continue d'une travée à l'autre, répétant
chaque fois la même disposition, et dans cette articulation chaque
travée forme une étape bien marquée, une étape
bien délimitée de ses voisines.
C'est une expression synthétique.
expression synthétique du paradoxe continu
/ coupé en étapes :
la voûte est formée de "travées-étapes"
bien séparées qui se répètent en continu
Le
3ème paradoxe : lié / indépendant
Chaque nervure forme un trajet bien autonome (point de départ
séparé, direction de trajet séparée, point
d'arrivée séparé), mais toutes les nervures s'attachent
ensemble au sommet de la voûte, à l'endroit de leur croisement.
Il s'agit d'une expression analytique.
expression analytique du paradoxe lié
/ indépendant :
les nervures séparées s'attachent
ensemble à leur point de rencontre
Le gros arc doubleau forme un relief bien saillant en dessous de la
voûte, donc autonome de celle-ci. Mais en même temps il est
collé à la voûte, il y est lié par adhérence
sur toute la longueur de son parcours.
Le même principe se retrouve pour les nervures et les voûtes
qui se croisent en milieu de travée : les nervures forment des reliefs
autonomes sous la voûte mais qui sont collés à cette
voûte.
Ici cependant l'expression de ce paradoxe est plus riche que dans le
cas des arcs doubleau. En effet, les nervures et les voûtes forment
deux systèmes de formes autonomes : l'un se constitue par des trajets
qui se croisent, l'autre par des surfaces qui se courbent. Or, ces deux
ensembles de formes ne sont pas seulement adhérents l'un à
l'autre comme dans le cas de l'arc doubleau, mais ils sont également
liés tous les deux aux mêmes trajets. Dans le cas des nervures
ces trajets forment l'axe même du parcours qu'elles suivent, et dans
le cas des voûtes ces trajets correspondent aux arêtes de leurs
intersections.
Tous ces effets correspondent à une expression synthétique.
expression synthétique du paradoxe lié
/ indépendant :
les nervures et les arcs doubleaux sont bien collés
à la voûte (les deux croquis de gauche),
mais ils forment des reliefs qui se détachent
nettement devant sa surface (à droite)
autre expression synthétique du paradoxe
lié / indépendant :
les nervures et la voûte sont liés
aux mêmes trajets, mais ils y participent de façon bien autonome,
puisque pour les nervures il s'agit de leurs parcours linéraires
(à gauche), tandis que pour la voûte il s'agit des arêtes
d'intersections de ses différentes portions (à droite)
Le
4ème paradoxe : même / différent
Le gros arc doubleau et les nervures qui soulignent l'arête des
voûtes ont la même forme en ogive et font la même chose
: des reliefs linéaires qui passent sous la voûte en se collant
à elle.
Mais ils sont d'épaisseurs très différentes, et
ils suivent des trajets très différents, puisque les uns
tracent solitairement des arcs brisés perpendiculaires à
la nef, tandis que les autres dessinent des arcs qui se croisent par groupe
de trois.
Il s'agit d'une expression synthétique.
expression synthétique du paradoxe même
/ différent :
le gros arc doubleau et les nervures ont la même
forme en ogive et sont dans la même situation de trajet passant devant
la voûte (croquis de gauche), mais ils ont des épaisseurs
très différentes, et l'arc est isolé à la différence
des nervures qui sont par groupes (à droite)
Les nervures qui se croisent sont trois différentes nervures
qui font ensemble une seule et même travée. Et à plus
grande échelle, différentes travées (identiques, donc
"mêmes") se répètent pour faire ensemble un même
volume, celui de la nef.
Il s'agit d'une expression analytique pour ce qui concerne le fait
de l'assemblage à plusieurs pour faire une même chose, et
d'une expression synthétique pour ce qui concerne le fait que les
différentes travées soient des travées identiques,
donc inséparablement des travées différentes et des
mêmes travées.
expression analytique du paradoxe même
/ différent :
il faut trois différentes nervures (identiques)
pour faire une seule et même travée de voûte (croquis
de gauche),
et il faut différentes travées (identiques)
pour faire une seule et même voûte