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les paradoxes de transformation des arts plastiques - 2ème partie |
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la consolidation des paradoxes |
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les particularités de l'évolution de la musique
Le tableau de l'évolution de la musique se présente de
façon analogue à celui des arts plastiques, et pour cette
raison il ne sera pas rappelé tous les développements qui
valent aussi bien pour l'un que pour l'autre.
Dans la musique ce sont les paradoxes de transformation qui sont en retard d'un cran
La différence essentielle du tableau de la musique concerne l'inversion
des façons de prendre du recul sur ce qui se trame réellement
dans la société.
Dans le cas des arts plastiques, on a vu [revoir
dans une autre fenêtre] que les paradoxes d'état présentent
à chaque étape de la complexité une combinaison qui
est en recul d'un cran sur la combinaison en acte dans les rapports sociaux
réels. Dans le cas de la musique, le recul concerne cette fois les
paradoxes de transformation, et comme pour les arts plastiques il est compensé
par une efficacité de fonctionnement de l'interférence des
paradoxes de transformation qui elle est au "bon cran d'efficacité".
L'inverse vaut pour les paradoxes d'état : ils sont dans la
musique parfaitement en phase avec ceux de la société réelle,
et cette fois c'est l'efficacité du fonctionnement de leur interférence
qui est un cran en recul.
Dans le tableau de la musique, les paradoxes qui résument le
mode de fonctionnement sont sur fond grisé comme dans le tableau
des arts plastiques, et ils sont donc systématiquement inversés
par rapport à ceux des arts plastiques : ceux des paradoxes d'état
deviennent ceux des paradoxes de transformation, et vice versa.
De cette inversion du décalage il résulte que les paradoxes
d'état de la musique sont en avance d'un cran sur ceux des arts
plastiques, et qu'à l'inverse ses paradoxes de transformation sont
en retard d'un cran.
Malheureusement pour la simplicité de correspondance des deux
tableaux, pour ce qui concerne les paradoxes d'état ce cran de retard
correspond parfois à une ligne-étape et d'autres fois à
une colonne. On reviendra sur cela plus tard [aller à l'explication
dans une autre fenêtre].
Pour ce qui concerne les paradoxes de transformation, on se souvient
[revoir
dans une autre fenêtre] que la deuxième partie de leur
combinaison était déjà une étape en retard
dans le tableau des arts plastiques : ce retard n'est pas aggravé
dans la musique. La seconde partie de ces paradoxes est donc systématiquement
identique pour chaque étape sur le tableau de la musique et sur
celui des arts plastiques, alors que la première partie est systématiquement
en retard d'une étape dans le tableau de la musique.
Pourquoi les étapes et les crans de décalage sont inversés
Pour justifier le recul des paradoxes d'état des arts plastiques
on avait donné l'analogie du poisson qui ne peut se représenter
commodément dans l'espace sa propre relation avec l'eau qui le baigne
[revoir
dans une autre fenêtre], et on avait complété cette
analogie [revoir
dans une autre fenêtre] en soulignant que, par contre, il pouvait
saisir sans recul la façon dont cette relation se transforme au
fil du temps.
Pour les arts plastiques, ce second point de vue correspond à
la combinaison des paradoxes de transformation qui est donc au même
niveau de complexité que la relation réellement vécue
dans la société. Or il se trouve que la musique, par sa nature
même, n'est rien d'autre elle aussi que quelque chose qui se transforme
dans le temps : à côté des paradoxes de transformation
des arts plastiques, la musique apparaît par conséquent comme
une seconde manière de saisir comment la société se
transforme au fil du temps.
S'il ne s'agit que de saisir, comme avec les arts plastiques, "la façon
dont cela se transforme", c'est que l'on a affaire à la combinaison
des paradoxes d'état de la musique, puisque ce sont eux qui disent
"l'état" de la transformation, c'est-à-dire sa façon
d'agir actuelle, c'est-à-dire ce qui se transforme entre un instant
et l'instant suivant. Pour dire cela les paradoxes de transformation des
arts plastiques n'ont pas besoin d'une position de recul, et les paradoxes
d'état de la musique qui font la même chose n'en ont pas besoin
non plus : il suffit de saisir à chaque instant la transformation
qui s'est opérée depuis l'instant précédent.
Mais si maintenant il s'agit de décrire "la façon dont
la transformation elle-même est en train de se transformer", c'est
que l'on a affaire cette fois ci à la combinaison des paradoxes
de transformation de la musique, puisque ce sont eux qui disent comment
l'état actuel de la transformation est lui-même en train de
se transformer. Dans ce cas là nous ne pouvons nous contenter de
saisir les transformations instantanées : nous devons prendre du
recul pour comprendre comment toutes ces transformations qui se succèdent,
s'agencent entre elles sur le long terme. Puisque l'on a besoin de recul,
comme dans le cas des paradoxes d'état des arts plastiques, celui-ci
ne peut s'obtenir que si l'on ne saisit qu'un cran de complexité
en deçà de ce qui se passe réellement.
Un cran de recul s'obtient par le recul d'une case dans le tableau
des 16 paradoxes, et comme les paradoxes de transformation de la musique
évoluent systématiquement vers l'étape de complexité
suivante en passant à la case suivante de ce tableau, le recul d'une
case nous fait systématiquement retomber sur l'étape précédente
: les paradoxes de transformation de la musique montrent donc toujours
avec une étape de retard la façon dont "la transformation
de la complexité se transforme elle-même dans le temps".
Retour sur les quatre dimensions de la société
Lorsque nous sommes passés de la description des phénomènes
physiques à celle de la société humaine, nous avons
commencé à dire que, puisque la société humaine
fonctionne avec quatre paradoxes simultanés au lieu d'un seul pour
un phénomène physique fondamental, la description de son
évolution était nécessairement plus complexe, et elle
nécessitait d'être considérée sous quatre points
de vue différents pour être entièrement décrite
[revoir
dans une autre fenêtre]. Nous avons ajouté que deux de
ces points de vue nous sont donnés par les arts plastiques, l'un
de ces points de vue étant celui proposé par sa combinaison
de paradoxes d'état, l'autre étant celui proposé par
sa combinaison de paradoxes de transformation. Quant aux deux autres points
de vue, ils sont donnés par les deux combinaisons de la musique.
Certes, chaque oeuvre plastique ou chaque oeuvre musicale forme une
entité auto-suffisante. Un sculpteur par exemple, n'éprouve
pas le besoin de compléter systématiquement chacune de ses
sculptures par une composition musicale. Donc, les deux points de vue correspondant
aux arts plastiques, ou bien ceux correspondant à la musique, donnent
à eux seul une richesse de relations suffisante pour rendre compte
des quatre dimensions de la société dans lesquelles l'artiste
est pris, et qu'il tente ainsi de saisir par le moyen de ses oeuvres.
Cependant, deux plus deux font quatre comme chacun sait, et quatre c'est
le nombre des cycles de la complexité, et le nombre aussi des dimensions
de la société humaine.
Il est donc tentant de chercher à attribuer de façon
privilégiée à chacun des quatre points de vue le caractère
d'une dimension, soit ponctuelle, soit de classement, soit d'organisation,
soit encore de noeud. C'est ce que nous allons envisager maintenant.
Deux des points de vue nécessitent de prendre du recul pour
être saisis : on peut supposer que ce sont ceux qui nous engluent
le plus dans la complexité, donc ceux qui correspondent à
la complexité la plus avancée, et par conséquent ceux
qui correspondent aux cycles de l'organisation et du noeud. À partir
du cycle de l'organisation d'ailleurs, la complexité redouble sur
elle-même sa complexité (c'est cela la notion d'organisation),
et l'on comprend que l'on doive alors se sortir complètement d'une
telle situation pour pouvoir appréhender ce qui nous arrive.
Puisque par ailleurs le cycle du noeud est spécialisé
dans le nouage dans la dimension du temps, et puisque la musique se déroule
naturellement dans le temps, on peut probablement attribuer la dimension
du noeud à la combinaison des paradoxes de transformation de la
musique.
L'autre combinaison qui nécessite un recul est celle des paradoxes
d'état des arts plastiques : on peut donc lui attribuer la dimension
juste inférieure, celle de l'organisation.
À maintes reprises on a dit qu'un point qui émerge n'était
rien d'autre qu'un noeud qui se boucle. La dimension du point doit donc
correspondre à un point de vue très similaire à celui
proposé par la combinaison des paradoxes de transformation de la
musique, puisque c'est à cette combinaison que nous venons d'attribuer
la dimension du noeud. Quelle est la combinaison qui dit aussi comment
cela se transforme dans le temps ? C'est la combinaison des paradoxes de
transformation des arts plastiques. Ils le disent d'une façon figée
dans l'espace, à la différence de la musique qui le dit d'une
façon qui coule avec le temps qui passe, mais ils correspondent
fondamentalement au même point de vue : nous lui attribuons donc
la dimension du point.
Les paradoxes d'état de la musique disent aussi comment cela
se transforme, mais ils le disent en mettant en relation dans l'écoulement
du temps les divers aspects que les arts plastiques laissent eux séparés
dans l'espace. La différence entre un point de vue seulement "ponctuel"
et un point de vue "de classement" est précisément que le
second met en relation des aspects que le premier laisse séparés
et isolés : il semble normal par conséquent d'attribuer pour
finir la dimension du classement à la combinaison des paradoxes
d'état de la musique.
Si ces attributions de dimensions privilégiées sont correctes,
les arts plastiques et la musique rendraient donc compte des quatre dimensions
de la société humaine en s'intercalant : les arts plastiques
étant plutôt spécialisés pour rendre compte
de ses dimensions ponctuelles et d'organisation, et la musique étant
plutôt spécialisée pour rendre compte de ses dimensions
de classement et de noeud.
On l'a déjà dit, un paradoxe ne peut jamais être
parfaitement saisi, et quelle que soit la façon d'en rendre compte
il ne s'agit que de s'en approcher, jamais de le posséder et de
le maîtriser. Puisque aucune saisie de notre situation paradoxale
dans la société ne peut être parfaite, les arts plastiques
et la musique correspondraient donc chacun à l'une des deux façons
possibles de s'en approcher, c'est-à-dire de "tomber juste à
côté". Tout en étant par ailleurs chaque fois à
califourchon dessus, puisque les deux s'intercalent entre les dimensions
dont rend compte l'autre.
Intercycles et interphases des paradoxes de transformation
Le déroulement des cycles des paradoxes de transformation ne présente pas de singularité dans la musique par rapport à leur déroulement dans les arts plastiques, et dans les deux cas l'intercycle est l'occasion d'un changement du mode de fonctionnement de leurs interférences relatives.
Pas de singularité fondamentale non plus pour l'interphase qui,
comme dans les arts plastiques, est l'occasion à l'étape
qui la suit du redémarrage au premier paradoxe des 16 paradoxes
du tableau afin de rendre compte du fait que, simultanément, en
est à l'intercycle des paradoxes d'état.
Petite particularité cependant : du fait de l'étape de
retard, c'est à la seconde étape qui suit l'interphase qu'apparaît
ce premier paradoxe (le centre / à la périphérie),
et l'étape qui suit l'interphase elle-même fait d'abord apparaître
le paradoxe qui le précède, et qui se trouve être le
dernier du tableau des 16 paradoxes puisque celui-ci fonctionne en boucle
fermée. Après l'interphase, apparaît donc systématiquement
le paradoxe "relié / détaché".
Intercycles et interphases des paradoxes d'état
Pour les paradoxes d'état, l'intercycle est toujours l'occasion
d'une transformation du mode de fonctionnement de l'interférence
entre les quatre paradoxes de la combinaison, mais dans la musique l'intercycle
est aussi le moment où les quatre paradoxes vont se décaler
d'un cran dans les colonnes du tableau des 16 paradoxes.
En pratique, l'intercycle est l'étape surnuméraire qui
voit le décalage d'un cran-colonne s'opérer, puis à
l'étape suivante commence le nouveau cycle, reprenant la même
combinaison de paradoxes que celle qui vient de se réaliser, mais
la faisant cette fois fonctionner d'une nouvelle manière adaptée
au nouveau mode de fonctionnement.
Dans les arts plastiques c'était l'interphase qui était
l'occasion du décalage de colonne de la combinaison des paradoxes,
et puisque c'est l'intercycle qui s'en charge dans la musique, l'interphase
des paradoxes d'état n'y a pas de fonction spéciale. On ne
peut pas dire qu'il ne se passe rien à cette étape là
puisque c'est le moment précis où les paradoxes de transformation
se préparent à changer de cycle, mais on peut dire qu'il
ne se passe rien qui puisse se remarquer si l'on ne considère que
les paradoxes d'état.
Mise en relation des deux tableaux dans le cas des paradoxes d'état
Puisque les crans-colonnes des paradoxes d'état changent au moment
de l'interphase dans les arts plastiques et qu'ils le font au moment de
l'intercycle dans la musique, les combinaisons des paradoxes d'état
ne sont pas toujours similaires dans les deux tableaux, et par conséquent
le retard d'un cran des arts plastiques sur la musique ne peut pas toujours
se traduire par un décalage d'étape entre eux.
On remarque que c'est dans la musique que le décalage de colonnes
se fait en premier, et ce n'est donc qu'après l'interphase que les
combinaisons peuvent être semblables à une étape près.
C'est par exemple le cas à l'étape B0-24 des arts
plastiques qui utilise une étape en retard la même combinaison
de paradoxes d'état que celle de la musique à son étape
B0-23.
Dans les étapes qui précèdent l'interphase, le
retard des arts plastiques sur la musique ne se manifeste pas par une étape
en arrière, mais par un cran de colonne en arrière.
Ainsi, par exemple à l'étape B0-14 des arts plastiques,
on trouve la "presque-même" combinaison qu'à l'étape
B0-14 de la musique, le paradoxe "même / différent" y étant
encore à la seconde place, tandis qu'il est déjà à
la première place dans la musique. À l'étape B0-20
suivante on est juste à l'interphase, et le décalage se fait
maintenant par ligne : la combinaison des paradoxes d'état que l'on
trouve à l'étape B0-20 des arts plastiques est celle
qui était utilisée à l'étape précédente
B0-14 dans la musique.
Toutes ces étapes que l'on vient de donner en exemple correspondent
à des périodes préhistoriques, et pour ce qui concerne
la musique il y a peu de chances que l'on puisse un jour vérifier
le bien fondé de cette théorie.
Cependant ce principe de décalage vaut aussi pour la plupart
des étapes qui se sont succédé depuis la Renaissance
dans la civilisation occidentale. Comme ces étapes fonctionnent
en organisation et voient se succéder les paradoxes dominants "case
par case" dans le tableau des 16 paradoxes, cela a pour conséquence
que le décalage d'une colonne se traduit simultanément par
le décalage d'une ligne pour ce qui concerne le paradoxe dominant.
Ainsi, dans la musique le paradoxe du "centre / à la périphérie"
est le paradoxe dominant dès la première étape du
cycle du noeud (étape D0-11), tandis que dans les arts plastiques
il n'est le paradoxe dominant que dans sa seconde étape (D0-12).
Si l'on regarde la combinaison des paradoxes combinés dans ce paradoxe
dominant, on voit que ce décalage d'une ligne résulte seulement
d'un décalage de colonne : le paradoxe du "centre / à la
périphérie" est en seconde colonne dans la combinaison des
paradoxes d'état des arts plastiques, alors qu'il est en première
colonne dans la combinaison correspondante de la musique, et cela vaut
pour toutes les quatre premières étapes du cycle du noeud.
Dans un autre chapitre [revoir
dans une autre fenêtre], on a expliqué que ce recul parfois
d'une ligne-étape et parfois d'un cran-colonne horizontal, correspondait
à deux façons différentes de prendre un cran de recul
pour les paradoxes d'état dans le tableau des arts plastiques.
De façon générale, l'existence d'un cran de retard,
d'autant qu'il ne se manifeste pas toujours de la même manière,
brouille la lisibilité des tableaux. Si l'on veut voir le développement
de la complexité de la façon la plus nette possible, c'est-à-dire
sans être gêné par ces crans de recul, il faut combiner
le tableau des arts plastiques pour ce qui concerne ses paradoxes de transformation
avec celui de la musique pour ce qui concerne ses paradoxes d'état.
Retour sur les analyses du site Quatuor
Dans le site Quatuor, sous le titre "théorie cantique" [y aller
dans une autre fenêtre], plusieurs
étapes de l'histoire de la musique ont été analysées.
Ces analyses n'envisageaient que les paradoxes d'état de la
musique, et il leur manque donc ce qui concerne les paradoxes de transformation.
Comme toutes ces étapes se situent dans le cycle du noeud de ces
paradoxes, ils fonctionnent toujours en organisation, ce qui implique que
la seconde partie des paradoxes de transformation y est toujours en position
dominante.
Cette circonstance permet, sans perdre grand chose de ce qui se passe,
de se contenter d'envisager ce paradoxe dominant des paradoxes de transformation,
ce qui ne fait donc qu'un seul effet paradoxal à ajouter à
ceux déjà analysés. De plus, cet effet intervient
de façon indépendante de ceux produits par les paradoxes
d'état, de telle sorte qu'on peut l'écouter "à part".
Pour ce qui concerne les étapes analysées à l'aide
d'exemples musicaux dans le site Quatuor, le paradoxe de transformation
dominant qu'il convient d'envisager en plus de ceux déjà
pris en compte est :
- pour le
chant grégorien : le "relié / détaché".
Le fil musical unique qui ondule et sur lequel se détachent des
temps forts accentués, rend bien compte de cet effet, ainsi que
les strophes détachées l'une de l'autre et reliées
entre elle dans un chant qui continue.
- pour le
style de Saint-Martial : le "un / multiple". Cette époque
marque le début de la polyphonie, le début du mélange
de plusieurs voix pour faire une même musique.
- pour l'école
de Notre-Dame : le "regroupement réussi / raté".
Ce paradoxe fait déjà partie des paradoxes d'état
de cette étape, et il a été analysé à
ce titre.
- pour l'Ars
Antiqua (Manuscrit de Montpellier) : le "fait / défait".
Les voix se contrarient mutuellement en se superposant, tout en faisant
des choses complètement différentes l'une de l'autre : c'est
là très clairement un effet dans lequel une partie de la
musique défait ce que l'autre fait, et réciproquement.
- pour l'Ars
Nova (Messe de Tournai) : le "relié / détaché".
- au
15ème siècle (Dufay, Ockeghem) :
le "un / multiple". La musique en canon peut être considérée
comme l'archétype de ce fonctionnement paradoxal : plusieurs chants
décalés y forment ensemble une seule texture musicale, et
le chant est unique mais on l'entend toujours plusieurs fois en même
temps.
- au
16ème siècle (Palestrina, Jannequin) :
à nouveau le "un / multiple". Et toujours une place prédominante
pour les effets de canon.
- au
17ème siècle (Monteverdi, Lully, Purcell)
: le "regroupement réussi / raté".
- au
18ème siècle (Bach, Vivaldi) : le
"fait / défait". La forme en canon souvent employée par Bach,
tout autant qu'elle convient au "un / multiple", convient aussi très
bien au "fait / défait" : à tout moment une voix contrarie
ce que l'autre fait. De façon générale, on trouve
fréquemment chez Bach la superposition de plusieurs mélodies
complètement différentes l'une de l'autre, et l'écoute
de l'une ne peut se faire commodément à cause de l'autre
mélodie simultanée qui nous gêne dans cette écoute
: les diverses mélodies simultanées se détruisent
donc mutuellement. Lorsque ce n'est pas le cas, par exemple lorsqu'une
répétition très simple sur une même note n'empêche
pas de saisir les circonvolutions complexes de l'autre fil musical simultané,
c'est que la notion de complexité savante et "bien faite" apportée
par ces circonvolutions, est défaite par la notion de simple répétition
monotone qui l'accompagne.
Parmi les étapes suivantes qui ne sont pas analysées dans
le site Quatuor, citons notamment :
- Malher
- Debussy - Ravel : le paradoxe de transformation dominant
est le "regroupement réussi / raté". On peut penser
aux symphonies de Malher, toujours tendues vers la conclusion de développements
qui ne parviennent jamais à leur paroxysme car un nouveau développement
s'enchaîne avant que le précédent n'y soit parvenu.
On peut aussi penser au Boléro de Ravel, qui est le type même
d'un développement qui se poursuit sur des niveaux toujours plus
hauts sans jamais pouvoir atteindre sa solution définitive.
- Ives
- Schoenberg : le paradoxe de transformation dominant
est le "fait / défait". Pour le Schoenberg qui a défait l'harmonie
tonale dans ses oeuvres, on pouvait difficilement envisager un autre paradoxe
dominant. Pour Ives, il suffit de rappeler le 3ème mouvement de
sa 4ème symphonie, où jusqu'à quatre mélodies
complètement différentes s'entrechoquent et se contrarient
mutuellement dans une formidable et enivrante cacophonie.
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