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catalogue des effets plastiques : tableau


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sur la consolidation des paradoxes




Début 2005, la numérotation des effets plastiques a été complètement modifiée.
Ce texte expose les réflexions qui sont à la base de cette nouvelle numération, et, bien entendu, il ne s'agissait pas que d'un problème de numéro. Ce qui est au coeur de cette réflexion, c'est : comment pouvons-nous supporter en nous un effet paradoxal, et comment pouvons-nous le saisir, l'apercevoir, l'isoler ?





1- un effet paradoxal a besoin de s'appuyer sur un autre :

En matière de "logique logique", notre esprit est ainsi fait qu'il ne peut jamais partir de rien, et qu'il doit toujours s'appuyer sur des acquis logiques précédents.
Ainsi, lorsque nous déclarons qu'une chose est vraie ou qu'elle est fausse, nous nous appuyons, sans même y penser, sur le principe que les choses peuvent se classer en choses vraies et en choses fausses. L'existence du vrai et du faux, en tant que notions séparées, est un acquis sur lequel nous devons nous appuyer pour pouvoir déclarer, par exemple, qu'il est vrai que la terre tourne autour du soleil.

Il en va de même pour la "logique paradoxale".
Un paradoxe contient et fait tenir ensemble deux notions qui sont le contraire l'une de l'autre. Par exemple, dans le paradoxe "continu / coupé", c'est à la fois continu et coupé, donc à la fois continu et non continu. Mais notre esprit est ainsi fait que, comme on l'a déjà dit, pour nous une chose est vraie ou elle est fausse, elle ne peut pas être les deux à la fois : c'est vrai que c'est continu, ou c'est faux, c'est-à-dire coupé. C'est l'un ou c'est l'autre, c'est un automatisme qui fonctionne en nous.
Il y a cependant un biais que peut prendre notre esprit, lorsqu'il doit traiter de réalités qui sont, qu'il le veuille ou non, de nature paradoxale : il peut ramener cette contradiction intenable à une autre contradiction qu'il a déjà admise, ou tout du moins dont le caractère intenable ne va pas le soucier sur le moment.
Pour reprendre l'exemple précédent, si l'on accepte de considérer que la terre et le soleil forment deux corps séparés, et que, par ailleurs, on considère aussi qu'ils forment un couple de corps liés ensemble par la gravité, alors on considère implicitement pour acquis et ne posant pas de problème, qu'une chose puisse être à la fois une et multiple, puisqu'il s'agit ici de "un" couple fait de "deux" corps séparés.
Si le paradoxe "un / multiple" est donc acquis, c'est-à-dire s'il ne fait pas problème momentanément d'accepter qu'une chose soit en même temps une et multiple, alors, pour supporter le "continu / coupé" qui nous apparaît intenable, il suffit de considérer que le "continu / coupé" n'est rien d'autre qu'une forme spéciale de "un / multiple" : si une forme est continue, c'est qu'elle ne comprend qu'un seul morceau, et si elle est coupée, elle en comporte nécessairement plusieurs.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Cette ligne de tirets, par exemple, est ainsi pour nous, et sans problème apparent, "une" ligne faite de multiples tirets, c'est-à-dire que nous considérons que la continuité de l'alignement de la ligne est acquise, même si elle est constamment brisée et contredite par les coupures béantes qui détachent les tirets les uns des autres.
Ainsi donc, on peut apprivoiser le "continu / coupé", s'il nous semble impossible à concevoir, en s'appuyant sur un autre paradoxe apparemment "non paradoxal", dans cet exemple, le "un / multiple".



2- comment faire tenir un paradoxe sur un autre :

Bien entendu, le "un  / multiple" n'est pas moins illogique que le "continu / coupé". Dans les faits, si, à certains moments, il nous semble supportable de considérer qu'une chose puisse être simultanément une et multiple, c'est que, sans même nous en apercevoir, nous avons intégré dans notre esprit l'existence d'un autre paradoxe qui nous sert à faire tenir ensemble le un et le multiple.
Cela peut être, par exemple, le "intérieur / extérieur" : la terre est extérieure au soleil, mais elle est à l'intérieur du couple qu'ils forment ensemble. Autre exemple, pour en revenir à la ligne continue faite de tirets séparés : lorsque nous considérons que nous avons toujours affaire à une même ligne continue malgré ses coupures, c'est que nous admettons que l'extérieur soit à l'intérieur, en l'occurrence que l'extérieur de chaque tiret soit à l'intérieur de la ligne continue qu'ils forment ensemble.
Cela peut être aussi le "lié / indépendant" : la terre et le soleil sont deux corps indépendants, mais ils sont liés par l'effet de gravité. Dans le cas de la ligne de tirets, nous considérons que les tirets qui sont complètement indépendants les uns des autres, sans aucun point commun ni rien qui les attache, sont liés à un même alignement dont ils ne s'écartent pas et qui les lie donc ensemble très fermement.

La "logique logique", pour faire tenir en nous des développements logiques, utilise un procédé spécifique : elle déroule et combine les propositions logiques les unes après les autres. Puisque ceci, et puisque cela, alors on peut conclure telle chose, et puisque par ailleurs on a aussi telle autre chose, cela entraîne telle autre chose encore, etc. etc.
La "logique paradoxale", pour faire tenir un paradoxe en nous, se développe elle aussi selon un procédé qui lui est spécifique et que l'on peut précisément décrire.
En fait, ce procédé est déjà décrit ailleurs dans le site, puisqu'il n'est autre que le procédé qu'utilise toute complexité pour se consolider en 4 stades successifs de complexité croissante : 0 - le stade des points séparés, 1- le stade du classement, 2- le stade de l'organisation, puis enfin 3- le stade du nouage qui stabilise définitivement une réalité dans le temps [voir le texte qui les présente].
C'est de la même façon, en effet, qu'un paradoxe va pouvoir tenir en nous.
L'exemple de la ligne de tirets va nous servir à nouveau, pour comprendre comment 4 paradoxes nous sont en fait utiles pour nous permettre de supporter que le continu puisse être coupé sans rien renier de sa continuité. Cet exemple correspond à l'effet paradoxal qui est répertorié a109, et, en suivant ce lien, vous pouvez le retrouver dans le répertoire qui regroupe l'ensemble des effets paradoxaux. Le symbole9 indique que le paradoxe qui a besoin de s'appuyer sur d'autres est ici le "continu / coupé", dont ce schéma est le symbole. "a" signifie analytique, ce qui correspond au fait qu'il nous faut impérativement choisir de s'arrêter à la coupure ou de la franchir, et que nous ne pouvons donc pas lire en même temps la continuité et la coupure [aller au texte qui explique la différence entre un effet analytique et un effet synthétique]. "10" est le numéro du paradoxe "lié / indépendant", ce qui indique que c'est d'abord sur ce paradoxe que nous nous appuyons.

    0- D'abord, donc, pour exprimer et supporter le "continu / coupé", nous nous appuyons "ponctuellement" sur un autre paradoxe, qui est ici le "lié / indépendant". "Ponctuellement", cela veut dire : sur celui-ci et pas sur un autre. Cela veut dire aussi, assimiler les deux paradoxes, les fondre comme deux points viennent se confondre l'un avec l'autre.
Comme on l'a évoqué précédemment, s'appuyer sur un autre paradoxe cela signifie que, pour supporter l'impossibilité qu'une chose soit à la fois continue et coupée, nous la ramenons à une autre situation paradoxale que, pour l'occasion, nous tenons pour acquise. Ici, nous ne voyons donc pas de problème à ce que des tirets soient complètement indépendants les uns des autres, et qu'ils soient en même temps liés les uns aux autres par leur commune participation à un même alignement dont ils ne s'écartent pas.
Si nous supportons ici le paradoxe "lié / indépendant", ce n'est pas qu'il n'y ait pas de paradoxe à ce que plusieurs choses soient complètement indépendantes les unes des autres tout en étant complètement liées les unes aux autres. Nous le supportons parce que, dans cette configuration visuelle, la notion d'alignement et la notion d'écartement des tirets les uns des autres nous semblent assez étrangères l'une de l'autre, et qu'il ne nous vient donc pas à l'esprit de confronter brutalement ce que cela implique comme lien et comme indépendance entre les tirets.
Donc, puisque les tirets indépendants sont liés entre eux par leur participation à un même alignement, nous pouvons nous appuyer sur cet effet pour lire que ces tirets, pourtant bien coupés visuellement les uns des autres, forment ensemble un alignement continu. Et nous voilà ainsi, avec une la ligne dont nous pourrons admettre qu'elle est "continue / coupée", c'est-à-dire que nous pourrons la lire comme simultanément continue et coupée. Plus exactement, et c'est là tout l'intérêt qu'il y a à dessiner des formes "continues / coupées", nous pourrons nous appesantir en la voyant sur ce paradoxe qu'elle exhibe, nous pourrons regarder "droit dans les yeux" cette impossibilité pourtant possible, nous pourrons l'affronter pour constater, par exemple, que c'est bien notre réalité d'individu "continu avec les autres / coupé des autres" qui nous pose problème.

    1- Ensuite, il nous faut prendre un autre paradoxe encore. Si l'on a ramené le "continu / coupé" au "lié / indépendant" pour pouvoir le supporter, il faut cependant que nous ne confondions pas ces deux paradoxes, sinon le "continu / coupé" serait complètement rabattu sur le "lié / indépendant" et il disparaîtrait en tant que paradoxe distinct. Donc, il nous faut différencier ces deux paradoxes, c'est-à-dire les "classer", ressentir qu'ils ne sont pas équivalents comme le sont deux points confondus, ni même comme deux points séparés. Les différencier ou les classer, pour en revenir à notre ligne de tirets, cela implique de ressentir qu'ils n'ont pas exactement la même relation avec cette ligne.
Si l'on ressent que les tirets indépendants sont liés sur une même continuité, c'est parce que l'on considère que les tirets pourraient tout aussi bien avoir des directions différentes puisqu'ils ne sont pas attachés les uns aux autres, mais qu'ils sacrifient à la contrainte d'être dans le même alignement :

 pas  _ /  \  _ _ \           mais  _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Mais, si l'on ressent que la ligne est simultanément continue et coupée, ce n'est pas fondamentalement cette notion d'alignement à la queue leu leu que l'on a en tête, mais c'est plutôt la notion que la ligne se poursuit, bien qu'elle soit déchirée :

pas  _______________             mais  _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

On avait commencé par ramener le "continu / coupé" au "lié / indépendant", par l'assimiler à lui. Pour maintenant le différencier du "lié / indépendant" il est utile de comprendre comment l'essence de la ligne de tirets n'est pas épuisée par le "lié / indépendant". Si la même ligne peut exprimer à la fois l'effet de "lié / indépendant" et l'effet de "continu / coupé", cela veut effectivement dire qu'il y a quelque chose de plus puissant encore que le "lié / indépendant" dans l'effet que nous procure la ligne de tirets. Cela n'a pas besoin d'être beaucoup plus puissant : un cran au-dessus suffit. Et cela doit rester compatible avec le caractère paradoxal des deux paradoxes déjà envisagés. Paradoxal et un cran plus puissant que le "lié / indépendant", cela ne peut être qu'une chose : le paradoxe qui est un cran plus puissant que le "lié / indépendant". Ce paradoxe, ainsi qu'on peut le voir dans le tableau qui les regroupe, c'est le "même / différent".
Ainsi, il y aurait du "même / différent" dans la ligne de tirets ? Oui, évidemment : différents tirets forment ensemble une même ligne.

_  ++ _  + _  + _    =    ( _ _ _ _ _ _ _ _ _ )

On pourrait aussi observer un autre effet de "même / différent", en constatant que les différents tirets sont les mêmes, c'est-à-dire qu'ils ont la même longueur. Mais c'est parce que l'on a considéré jusqu'ici le cas particulier d'une ligne faite de tirets identiques, or, constatez-le, tout ce que l'on a dit jusqu'ici reste valable si la ligne est faite de "différents " tirets qui sont "différents entre eux". On oublie donc cet aspect pour ne retenir que le fait que la même ligne (au sens de 1 seule) regroupe différents tirets (au sens de plusieurs tirets) :

___   __  ++ ____  + _    =    ( ___ __ _ ____ _ )

Revenons-en au rôle tenu ici par le paradoxe "même / différent" : parce que nous admettons qu'une "même" ligne soit faite de "différents" morceaux, alors nous pouvons nous concentrer sur le fait que ces différents morceaux, bien que tous "indépendants" les uns des autres, sont "liés" par leur appartenance à un alignement commun, et, grâce à cette constatation, mais par ailleurs, nous pouvons admettre que cette "même" et unique ligne "continue" soit déchirée en "différents" morceaux complètement "coupés" les uns des autres.
Admettre que la "même" ligne soit faite de "différents" morceaux, nous permet donc de mettre en relation deux aspects de cette réalité, d'une part le fait que les morceaux sont liés ensemble sur un alignement commun (paradoxe "lié / indépendant"), et d'autre part le fait que cette ligne continue est déchirée (paradoxe "continu / coupé"). Mettre en relation, cela veut dire séparer ces deux aspects, et, en même temps, permettre de faire jouer leurs différences. Ce qui est donc mis ici en relation par le "continu / coupé", c'est le "lié / indépendant" et le "continu / coupé".


    2- Grâce au "lié / indépendant", on peut donc supporter le "continu / coupé", et, grâce au "même / différent", on peut ressentir que ce qu'il y a de "même / différent" dans chacun des deux premiers paradoxes n'est pas identique et donc qu'il s'agit bien de paradoxes séparés et différents l'un de l'autre. Mais si chacun des deux premiers paradoxes peut se ramener à du "même / différent", une nouvelle confusion pourrait s'instaurer : qu'ils ne soient rien d'autre que deux aspects du "même / différent".
Pour éviter cette confusion, la solution est d'utiliser maintenant un autre paradoxe que le "même / différent" pour classer le "lié / indépendant" et le "continu / coupé". En somme, nous classons simultanément ces paradoxes de deux façons différentes, ce qui revient à "organiser" leurs différences.
La méthode pour cela n'est pas autre pour cela que celle qui nous a conduit à utiliser le "même / différent". Il nous faut seulement prendre un nouveau paradoxe de référence qui soit un cran plus puissant encore que le "même / différent". Le tableau des 16 paradoxes nous indique qu'il s'agit du "intérieur / extérieur", c'est-à-dire que nous considérons maintenant que l'extérieur de chaque tiret est à l'intérieur de la ligne :

(___)   (__)  (_)  (____)  (_)    =    ( ___ __ _ ____ _ )

Parce que nous admettons qu'à l'intérieur d'une ligne se trouve l'extérieur de plusieurs tirets, c'est-à-dire, parce que l'on y rencontre successivement le début et la fin de chaque tiret, alors nous pouvons d'une nouvelle façon nous concentrer sur le fait que ces tirets isolés à l'intérieur de la ligne, bien que tous "indépendants" les uns des autres (indépendants car munis de leur propre début et de leur propre fin, donc de leurs propres frontières extérieures), sont "liés" par leur appartenance à un alignement commun (car tous à l'intérieur d'une même ligne), et, grâce à cette constatation, mais par ailleurs, nous pouvons admettre que cette ligne "continue" soit déchirée à son intérieur par la présence de ces morceaux, puisque chacun est muni d'un début et d'une fin, ce qui implique donc que chacun de ces morceaux est complètement "coupé" des autres.
Admettre qu'à "l'intérieur" de la ligne on rencontre successivement "l'extérieur" de plusieurs morceaux de ligne nous permet donc de mettre en relation deux aspects de cette réalité, d'une part le fait que les morceaux sont liés ensemble sur un alignement commun (paradoxe "lié / indépendant"), et d'autre part le fait que cette ligne continue est déchirée (paradoxe "continu / coupé").
Puisque cette mise en relation avait été déjà possible avec le paradoxe "même / différent", nous ne craignons pas que cette nouvelle mise en relation ne soit permise que parce que le "continu / coupé" et le "lié / indépendant" ne seraient que deux aspects du "intérieur / extérieur", et, inversement, nous ne craignons plus que la première mise en relation n'était permise que parce qu'ils n'étaient que des aspects du "même / différent".


    3- Nous avons donc appuyé le paradoxe qui nous pose problème sur un premier paradoxe, puis nous avons pris un second paradoxe pour les mettre en relation et s'assurer qu'ils n'étaient pas les mêmes, puis nous avons pris un troisième paradoxe pour les mettre en relation sous un jour différent. Pour finir, il nous reste à prendre un quatrième et dernier paradoxe qui va nous servir à "nouer" cet appui, c'est-à-dire à empêcher qu'il ne se défasse lorsque le paradoxe ainsi consolidé sera confronté à d'autres paradoxes qui chercheront à tirer vers eux son effet.
Nouer, cela veut dire que les deux mises en relation successives que l'on a faites doivent être contenues dans une relation encore plus forte, relation qui va les relativiser toutes les deux et permettre de les garder côte à côte, et donc de toujours les faire jouer simultanément ainsi qu'il est utile.
Pour cela, comme on l'a fait les deux fois précédentes, on va avoir recours au paradoxe un cran plus élevé encore que celui qui nous a servi à organiser l'appui. Dans l'exemple de la ligne de tirets, le paradoxe un cran plus élevé que le "intérieur / extérieur", c'est le "un / multiple", c'est-à-dire, et ainsi que nous l'avons déjà envisagé plus haut, nous allons considérer qu'il y a à la fois "une" seule ligne et de "multiples" tirets :

(1___)   (2__)  (3_)  (4____)  (5_)    =    ( ___ __1 _ ____ _ )

Nécessairement, puisqu'il est plus puissant que les trois paradoxes précédents, le "un / multiple" les reprend et les résume. Ainsi, puisqu'une ligne de tirets contient de multiples tirets, cela implique que ces tirets "indépendants" sont "liés" sur un même alignement, cela implique aussi que la "même" ligne contient "différents" tirets, et cela implique enfin que "l'extérieur" de chacun des tirets est à "l'intérieur" de cette ligne.



3- un peu de subtilité :

Ainsi qu'on vient de le voir, lorsque l'on considère un seul effet paradoxal, on en manie en fait cinq : celui qui nous sert d'appui, celui qui classe les deux premiers, celui qui organise leur relation grâce à un second classement, et enfin celui qui noue l'organisation de l'appui.
Puisque chaque paradoxe peut s'appuyer sur n'importe lequel des 15 autres, chacun des 16 paradoxes peut ainsi apparaître sous 15 facettes différentes, ce qui fait au total 15 x 16 = 240 combinaisons à caractère analytique, et autant à caractère synthétique, soit 480 au total. Les liens du tableau des 16 paradoxes mènent aux 16 fiches qui mènent chacune à l'un de ces 480 effets paradoxaux possibles.
Mais si chacun des paradoxes dispose de 15 appuis possibles, et donc de 15 facettes différentes, ce n'est pas l'une de ces facettes qu'il va utiliser lorsqu'il sera lui-même utilisé pour appuyer un autre paradoxe. Dans ce cas, c'est son expression "la plus pure" qui sera utilisée, et l'on peut même dire que ce n'est que lorsqu'il sert d'appui à un autre qu'un paradoxe apparaît dans "toute sa pureté", puisque, lorsqu'il est lui-même exprimé, il a besoin d'un appui et n'apparaît alors que sous l'aspect restreint que cet appui met en valeur.

Dans le chapitre 4- suivant on reviendra sur cette notion, que l'on veut seulement introduire ici en revenant sur l'exemple de la ligne de tirets.
Dans cet exemple, cela implique que le paradoxe "lié / indépendant" qui a servi d'appui au "continu / coupé" était alors sous sa forme la plus pure, cette forme consistant à considérer que des parties qui sont physiquement complètement séparées appartiennent à un même ensemble. Ici, nous considérons que les tirets séparés les uns des autres appartiennent à l'ensemble des traits qui sont situés dans le même alignement.
Dans le cas des trois autres paradoxes il n'en allait pas de même, et en toute rigueur il aurait fallu donner une autre explication pour chacun d'eux. Chacun des trois paradoxes qui consolident l'appui du premier apparaît en effet sous une forme qui est "teintée" par le paradoxe qui le suit.

Ainsi, dans le cas du paradoxe "même / différent", si dans ce cas précis l'explication par les "différents tirets dans une même ligne" est ici utilisable, elle n'est pas générale et elle aurait pu ne pas convenir dans un autre cas de figure. La véritable utilisation qui est faite du paradoxe "même / différent" lorsqu'il consolide un appui, c'est : "cela apporte une différence". Ici, cela implique que la ligne connaît deux types d'endroits qui sont clairement différents les uns des autres : il y a les tirets, et il y a les espaces libres de tracé qui séparent les tirets les uns des autres. L'aspect "différents tirets dans une même ligne", que l'on peut généraliser par "différentes fois la même chose pour faire une seule forme", est en fait l'expression "pure" du paradoxe "même / différent", celle de ce paradoxe lorsqu'il vient en appui d'un autre paradoxe.

Dans le cas du paradoxe "intérieur / extérieur", on a évoqué le fait que "l'extérieur des tirets est à l'intérieur de la ligne", ce qui est une façon pour ce paradoxe de pencher vers le paradoxe "un / multiple" qui le suit : il y a de multiples entités à l'intérieur d'une seule entité globale. Si le paradoxe "intérieur / extérieur" avait été utilisé en premier dans l'appui, il aurait eu une expression plus "pure", c'est-à-dire plus "tordue", où l'on aurait pas réussi à différencier ce qui fait l'intérieur et l'extérieur, ainsi par exemple que cela se passe dans une bande de Möbius. Dans une telle bande, les deux faces opposées sont à la fois opposées et continues l'une avec l'autre, de telle sorte que, si l'on considère une zone de cette bande, on est à la fois à l'intérieur d'une face à son extérieur. Cette bande n'aurait pas pu servir en appui d'une ligne "continu / coupée", mais elle aurait pu servir d'appui pour une surface "continue / coupée" : continue dans un sens, bien que coupée en deux faces bien tranchées l'une de l'autre.
ruban de Mobius

Une ligne formant une boucle, par exemple, est une ligne "continue / coupée" dont l'effet s'appuie sur le paradoxe "intérieur / extérieur". La ligne est toujours continue, mais elle est coupée en trois tronçons dont l'un est d'un côté de la boucle, l'autre de l'autre côté de la boucle, et le dernier est constitué de la boucle elle-même. Dans ce cas, l'espace contenu à l'intérieur de la boucle, et donc à l'intérieur de la ligne, est tout entier en dehors du tracé de cette ligne, donc à son extérieur (nota : si le graphisme ne rend pas bien continu le O et les traits que j'ai utilisés, faites comme si !).
_______O_______

Dans le cas du paradoxe "un / multiple", s'il était arrivé en premier dans l'appui, il y aurait eu une véritable continuité de la ligne afin qu'elle soit véritablement une tout en étant multiple. Par exemple, cela aurait été le cas d'une ligne continue ayant des tronçons successifs de couleurs différentes : il y aurait eu une seule ligne, et de multiples tronçons différemment colorés, et en même temps une ligne à la fois continue et coupée en tronçons de couleurs différentes.
_______________________________

Maurice Vlaminck (Les jardins à Chatou - 1904) ou André Derain (L'Estaque, trois arbres - 1906) utiliseront ce procédé pour découper des troncs d'arbres continus en tronçons de différentes couleurs.
Parmi les exemples donnés de l'expression a139 du paradoxe "continu / coupé", expression qui s'appuie précisément sur le paradoxe "un / multiple", les colonnes de la Grèce Hellenistique données en référence, ou bien la femme/bâton de de Dolni Vestonice à l'époque préhistorique, proposent également des exemples semblables de lignes continues / coupés, en tablant sur le changement de texture (lisse / cannelé ou lisse / rayé) au lieu du changement de couleur.



Dans le cas du paradoxe "lié / indépendant", s'il n'avait pas été en premier dans l'appui, il aurait, lui aussi, eu une expression différente. Cela aurait correspondu par exemple au cas d'une ligne munie d'embranchements successifs accrochés à une partie continue. Dans ce cas la ligne est continue, et elle est aussi coupée à chacun de ses embranchements qui s'interrompent et ne continuent donc pas le tracé de la ligne. Dans ce cas de figure, chaque embranchement est un morceau de ligne indépendant qui est lié à la partie continue de la ligne.

____|____|______|______

Avec cet exemple, on veut introduire une deuxième subtilité qui sera également généralisée dans le chapitre 4 suivant.
Si le "lié / indépendant" consolide un appui fait grâce à un autre paradoxe sur le "continu / coupé", comme ce dernier est situé juste avant le "lié / indépendant" dans la liste des 16 paradoxes, cela implique que le paradoxe qui sert d'appui est soit le "rassembler / séparer", soit le "synchronisé / incommensurable", et que le "continu / coupé" est en 2e ou 3e position dans cet appui, donc qu'il intervient dans la consolidation de son propre appui.
Dans ces cas particuliers, l'intervention du paradoxe qui participe à sa propre consolidation consiste à forcer les deux effets contraires à bien se départager sur la forme. Dans tous les exemples que l'on avait donnés précédemment, on ne pouvait pas séparer une partie de ligne continue et une partie de ligne coupée : c'est de la configuration d'ensemble de la ligne que l'on devait dire qu'elle était à la fois continue et coupée. Dans l'exemple ci-dessus, qui correspond an cas où le "lié / indépendant" ne vient pas en 1er dans l'appui, on remarque que l'on dispose au contraire d'une ligne support qui est fondamentalement continue et de branches qui lui sont raccordées et qui sont, elles, des lignes coupées.
En l'occurrence, cet exemple correspond à l'expression a79 du "continu / coupé", où le paradoxe "rassembler / séparer" lui sert d'appui, où le "continu / coupé" est à la place du paradoxe qui organise son propre appui, et où le "lié / indépendant" sert à nouer cet appui. Parmi les exemples que vous trouverez en suivant le lien ci-dessus correspondant à cette expression, celui de référence (le cercle des Sarsens de Stonehenge) et les "Cambell's Soup Can" de Warhol correspondent à l'usage d'une ligne continue / coupée comme on l'a évoqué avec le petit schéma ci-dessus.


Après avoir utilisé l'exemple de la ligne continue / coupée pour introduire les deux subtilités qu'il importait de souligner, on généralise maintenant ces notions.



4- les divers cas de figure à considérer :

Par convention, pour numéroter les effets, on place d'abord le symbole du paradoxe qui est consolidé, puis on donne le numéro du premier des 4 paradoxes qui interviennent dans sa consolidation.
Une fois désigné, grâce à son numéro, le premier des paradoxes utilisés, les 3 autres s'en déduisent aisément, puisqu'ils ne sont autres que les 3 paradoxes suivants dans le tableau des 16 paradoxes. Étant précisé que le tableau se lit comme une boucle continue : quand une ligne est terminée, on passe au début de la suivante, et quand le tableau est terminé on reprend à son début.


Lorsqu'un paradoxe est utilisé pour consolider l'un des 15 autres paradoxes, son expression n'est pas la même s'il est en position initiale (c'est-à-dire celui sur lequel le paradoxe à consolider s'appuie), ou s'il est l'un des 3 paradoxes suivants.
Un tableau [aller à ce tableau] rend compte de ces deux cas de figure différents.

S'il vient en premier, il est complètement mobilisé pour lui-même en tant que tel, c'est-à-dire que son expression est alors la véritable expression spécifique de ce paradoxe, celle qui le différencie le mieux de tous les autres paradoxes, celle où il est "le plus pur".
À l'occasion de la remise en cause complète que j'ai dû faire pour élaborer cette nouvelle numérotation des paradoxes, je me suis ainsi rendu compte que j'avais mal apprécié la nature spécifique de deux des paradoxes : le "ça se suit / sans se suivre", et le "même / différent". Dans le tableau évoqué ci-dessus, j'ai indiqué en "nom secondaire", un nom qui correspond mieux à leur spécificité, et qui d'ailleurs correspond mieux aussi à la nature du phénomène physique qui m'a servi à comprendre le fonctionnement de chacun.
Pour le "ça se suit / sans se suivre", ce phénomène physique est le brassage brownien qui résorbe constamment, en les lissant, les inégalités de vitesse ou de température qui existent dans un gaz ou dans un corps [aller à l'explication plus détaillée]. L'expression "équilibré / dissymétrique" ou bien encore l'expression "à égalité / classés" (à même vitesse selon la moyenne statistique, à vitesses différentes, et donc classés selon leur vitesse, selon les vitesses locales et temporaires) rendent mieux compte de ce fonctionnement.
Pour le "même / différent", il s'agit de la mise ensemble de plusieurs tourbillons semblables pour construire un plus gros tourbillon qui les combine sans les mélanger [aller à l'explication plus détaillée]. L'expression "du différent / dans du même" (différentes fois la même chose pour construire une seule et même chose, par exemple, différentes fois le même tourbillon pour faire un seul plus gros tourbillon) rend mieux compte de ce fonctionnement.
Je conserve toutefois comme "nom principal" le nom initial de ces deux paradoxes. À l'usage, et avec un peu plus de recul, je verrai s'il convient de modifier le nom de ces deux paradoxes.

Si le paradoxe ne vient pas en premier, mais s'il est en deuxième position, ou en troisième, ou en position de clef pour résumer l'appui, alors il perd sa "pureté", et il prend au contraire une expression qui l'apparente au paradoxe qui le suit.
Je suppose que cela provient du fait que, puisque chaque paradoxe est intrinsèquement déjà contenu dans les paradoxes qui le voisinent [aller à un exemple de ce principe], il est dopé par sa présence partielle déjà là dans le paradoxe qui vient en premier, ce qui le propulse alors à presque valoir le paradoxe qui le suit. Je rappelle que, d'un certain point de vue, chaque paradoxe successif correspond à un cran de plus de la complexité  [aller à l'explication plus détaillée]. Par conséquent, renforcer un paradoxe l'amène à le faire muter dans le paradoxe suivant.
C'est cet aspect "dopé" que j'avais initialement pris pour l'aspect "pur" des deux paradoxes mal nommés que j'ai évoqués plus haut, le "ça se suit / sans se suivre", et le "même / différent".


Lorsque le paradoxe à considérer est celui-là même qui est consolidé par 4 autres, deux cas de figure sont également à distinguer qui sont détaillés dans un autre tableau [aller à ce tableau].

En effet, si le paradoxe sur lequel il s'appuie fait partie des 3 paradoxes qui le précèdent, il va donc se trouver lui-même à former l'un des 3 paradoxes qui complètent cet appui, soit en deuxième position, soit en troisième, soit même en position de clef pour résumer lui-même l'appui que lui font les 3 autres.
Dans ces 3 circonstances, la particularité du paradoxe est que ses deux aspects contradictoires ne vont pas se combattre directement mais qu'ils seront, au contraire, physiquement séparés sur la forme. Peut-être cela tient-il à la situation de faiblesse qui fait que, dans un tel cas, il ne peut en fait compter que sur 2 autres paradoxes pour le consolider au lieu de 3, ce qui l'obligerait à compenser en ne confrontant pas ses deux aspects contraires de façon trop virulente.
Ou peut-être, cela tient-il à une "clarification d'expression" qui lui serait utile, dans un tel cas, pour bien se différencier des paradoxes qu'il utilise pour se consolider.

Dans le cas courant, c'est-à-dire lorsque le paradoxe est consolidé en premier par l'un quelconque des 12 paradoxes qui le suivent, alors son expression est plus directement conflictuelle, ses deux aspects contraires portant leur conflit à l'intérieur d'une même forme.
Je dois attirer l'attention sur le fait que ces 2 cas de figure valent indifféremment pour les expressions analytiques et les expressions synthétiques, ce qui ne simplifie pas la différenciation de ces deux effets. Afin de clarifier au mieux ce point, je me suis astreint, dans la présentation de chacun des 480 effets à considérer (16 x 15 x 2 = 480), à justifier pour quelle raison je le classais comme analytique ou comme synthétique.



5- un peu de recul :

On a expliqué plus haut [y retourner] que l'appui qu'un paradoxe prend sur un autre procède par 4 stades de complexité successifs.
Pour voir les choses de plus haut, on peut remarquer que le principe même de l'appui d'un paradoxe sur un autre relève, lui aussi, de l'un de ces 4 stades. Résumons en effet la façon dont on procède :
        0- racine fondamentale : on constate d'abord qu'il y a du paradoxe, c'est-à-dire des faits paradoxaux. Cela constitue la phase d'émergence ponctuelle des paradoxes, phase qui est le préalable à leur mise en relation
        1- on constate ensuite que tous les paradoxes ne se valent pas entre eux, mais qu'on peut les différencier les uns des autres selon leurs propriétés particulières. C'est la phase du classement des paradoxes entre eux
        2- on croise ensuite les propriétés de deux paradoxes, l'un servant de base, et l'autre d'appui transverse servant à soutenir le premier. C'est la phase de l'organisation, celle précisément qui construit l'appui d'un paradoxe sur un autre, appui qui est l'objet du présent texte
        3- enfin, le tout se noue lorsque l'artiste fixe ces relations dans un jeu de formes qui permet de les conserver sous l'aspect d'une oeuvre d'art. C'est la phase de la clef, celle qui permet à l'artiste de fixer, d'oeuvre en oeuvre, ce qu'il réussit péniblement à faire émerger comme relations significatives, pour lui, entre les diverses formes.

Il est rappelé que l'artiste qui invente ainsi le jeu de forme qui lui est utile pour rendre tangible et pour conserver les effets paradoxaux indicibles qu'il sent sourdre en lui, ne doit pas seulement isoler de telles combinaisons duales de paradoxes. Il doit aussi, ainsi qu'on le montre dans d'autres textes [aller à l'un de ces textes], combiner quatre telles combinaisons, chacune appelée "paradoxe d'état", plus deux à quatre combinaisons, chacune appelée "paradoxe de transformation".



6- mises à jour futures :

La totalité des 480 effets possibles est dès à présent réunie dans le "catalogue" en ligne.
Je me suis efforcé d'expliciter pour chacun les raisons pour lesquelles la numérotation me semblait appropriée, en expliquant le rôle, dans cet effet, de chacun des 4 paradoxes qui viennent en appui d'un autre.
La règle utilisée est celle qui est résumée dans les deux tableaux présentés plus haut, et, en principe, n'importe qui peut donc chercher à utiliser cette règle, vérifier si mon classement est pertinent. N'hésitez pas à me signaler une erreur qui vous apparaîtrait.
À l'usage, c'est-à-dire avec l'expérience de l'habitude, je m'attends à devoir de temps en temps modifier quelques classements, même si personne ne me signale d'erreur, simplement parce que je vais chercher à classer un jeu de forme que je n'avais pas encore envisagé et dont je devrai bien constater qu'il correspond mieux à l'un des numéros d'effets que celui actuellement placé sous ce numéro.
Je tiendrai à jour une page spéciale [y aller] dans laquelle je ferai l'historique de ces corrections . . . que j'espère les moins nombreuses possible.

Toutefois, il faut bien comprendre que tous les effets plastiques possibles ne sont pas dès à présent réunis, ou plus exactement il faut dire : tous les moyens plastiques utilisables pour obtenir tous les 480 effets paradoxaux possibles ne sont pas réunis.
Selon que l'artiste utilise des lignes, ou des couleurs, ou des volumes, ou des espaces construits, ou des combinaisons de ces différents moyens, il est amené à s'y prendre différemment pour obtenir l'effet paradoxal recherché.
On peut aller par exemple à l'effet a24 où 3 moyens ont été répertoriés qui permettent d'obtenir le même effet, chacun correspondant à un nombre différent de dimensions de la figure utilisée.
Au fur et à mesure de mes trouvailles, je compléterai ma bibliothèque, mais ces additions-là ne seront pas répertoriées sur la page présentant l'historique des rectifications de mes erreurs.


le 1er janvier 2005

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