Les liens en jaune concernent mes remarques en bas de page.
Si le titre original "Small potatoes" - traduit en français par l'expression "petite bière" (c'est-à-dire quelque chose de futile et de Les deux agents enquêtent ici sur des enfants nés de cinq mères différentes (mais de pères inconnus) avec la même particularité physique : une queue !
Car cette histoire justement n'est, encore une fois, qu'un prétexte à une étude comportementale...
Mulder et Scully en arrivent vite à la conclusion que le géniteur est le même dans tous les cas, et la traque commence.
Mais pour autant le criminel
n'est pas réellement antipathique : il laisse de quoi manger à Mulder durant sa captivité, il fait des fautes à F.B.I., il a une bonne
tête, etc... Bref, il n'est parfait ni en bien ni en mal.
Le thème principal de cette histoire se résume, à mon sens, à ce dialogue entre Mulder et Scully :
MULDER : Hey Scully, if you could be somebody else for a day,
who would it be ?
SCULLY : Hopefully myself. MULDER : So boring ! I mean, wouldn't you even be tempted to try out someone else's existence for a day, live your life as somebody else ? SCULLY : Looking like someone else, Mulder, and being someone else are completely different things. MULDER : Well, maybe it's not, I mean everybody else around you would treat you like you were somebody else, and ultimately maybe it's other people's reactions to us that make us who we are. SCULLY : All right, then. Eleanor Roosevelt. MULDER : It can't be a dead person. SCULLY : Why the hell not? (Mulder is looking at a man in the next yard running a leaf blower. The man bears a slight resemblence to Mark Hamill.) MULDER : Because. |
MULDER : Scully, si tu pouvais devenir quelqu'un d'autre l'espace d'un jour ce serait qui ?
SCULLY : Moi-même j'espère ! MULDER : Cela serait d'un ennui... Tu ne serais pas tentée de vivre une autre existence pendant 24 heures, d'essayer la vie de quelqu'un d'autre ! SCULLY : Avoir l'air de quelqu'un d'autre et être réellement quelqu'un d'autre sont des choses complètement différentes. MULDER : Peut-être pas tant que ça, les gens te traiteraient comme si tu étais vraiment un autre, c'est aussi l'attitude des gens à notre égard qui fait de nous ce que nous sommes... SCULLY : D'accord, alors Eleanore Roosevelt... MULDER : Les morts cela ne comptent pas ! SCULLY : Et pourquoi çà ? (Mulder regarde un homme en train de nettoyer les feuilles mortes dans un jardin voisin. Il ressemble vaguement à Mark Hamill.) MULDER : Parce que ! |
Ainsi, cet épisode traduit une réalité où tout le monde rêve d'être un jour dans la peau de quelqu'un d'autre, d'avoir une vie
extraordinaire...Mais si la 5ème mère ne comprenait pas comment elle avait pu sortir avec Eddie dans sa jeunesse, elle a pourtant trouvé
normal de coucher avec Luke Skywalker (Elle a vu plus de 350 fois Star Wars) !
Le film doit son succès plus au caractère basique
de ses personnages qu'à leur complexité. En effet, les spectateurs pouvaient s'identifier facilement aux personnages qui ont
une vie passionnante et il y en avait pour tous les goûts : le héros sage (Luke Skywalker), le héros voyou mais pas trop (Han
Solo), l'héroïne, jolie princesse aventurière (Princess Leia), et pour nos amis les bêtes (Chewbacca).
La référence à Star Wars tendrait à prouver à la fois que l'on accorde plus d'importance au paraître qu'à l'être et que nous n'existons principalement qu'à
travers le regard des autres (comme le souligne Mulder dans le dialogue supra).
Mais Scully n'est pas en reste. Bien qu'elle le nie, elle a pourtant abandonné une carrière brillante pour poursuivre la quête de
Mulder car elle avait besoin d'une vie hors du commun, tout comme Mulder qui prend également le pseudo de Marty pour
appeler le téléphone rose !
Même Eddie, dans la peau de Mulder se prend pour Robert De Niro dans Taxi Driver de Martin Scorcese.
Le deuxième axe de cette histoire se situe dans les sempiternels rapports entre Mulder et Scully comme cela sera à nouveau le
cas dans des circonstances similaires (voir 6X04 Dreamland ; 6X05 Dreamland II ).
Ainsi, si les deux héros ne s'étaient jamais parlé à coeur ouvert, Eddie le comprend bien vite et comble Scully qui finalement n'attendait que
ça. Elle avoue d'ailleurs découvrir une autre facette de Mulder, mais le hic, c'est que ce n'est pas Mulder !
Scully, comme tout
le monde, cherche dans l'âme soeur un être parfait, mais cela n'existe malheureusement pas. L'être parfait est la somme de
plusieurs autres - par exemple Mulder + Eddie... (On frôle d'ailleurs ici le baiser tant attendu entre Mulder et Scully.)
Un autre élément montre que Scully est finalement toujours sur la même longueur d'ondes que Mulder, mais qu'elle refuse - par conviction ou par nécessité (cf. l'équilibre entre les deux personnages) - de se l'avouer : "Nous sommes mûrs pour un numéro de transmission de pensée".
De plus, les séquences humoristiques de cet épisode - dont l'inoubliable scène où Mulder/Eddie s'entraîne devant son miroir à dire F.B.I. de façon convaincante ! - sont aussi prétextes à une étude comportementale de Mulder et Scully...
Ainsi, Eddie montre l'absurdité du monde de Mulder :
- son travail/ quête "c'est là que passe tous les impôts que je paye" ;
- sa vie : il ne conclut pas avec Scully ;
- son mode de vie : "où est-ce que je dors ?" & "débiles ses amis".
Quant à Scully, elle occupe ses soirées à écrire une monographie pour la revue de pénologie ayant pour thème le rapport entre la production de sérotonine et le comportement délinquant, ce qui pourrait également traduire le rêve de gloire brisé qu'elle entretient tant ce sujet de thèse est proche de la théorie de Lombroso.
En conclusion, il semble que tous les personnages qui traversent la vie de Mulder et Scully ne tendent qu'à les aider à trouver le
but de leur vie. Mais chacun voit midi à sa porte.
Eddie voit en Mulder un loser volontaire, mais ce dernier (et
Scully) ne le conçoivent pas comme cela. Car leur raison d'exister n'est pas en fait de trouver la vérité, mais de la chercher ...
Eddie van Blundht, alias... | ... Darin Morgan |
Le titre français : "La Queue du Diable" aurait été mieux adapté à l'épisode 6X07 Terms of Endearment thématiquement très proche de celui-ci : Le Diable (et non un pauvre type) veut assurer sa descendance... Pères inconnus : Scully - la catholique - rejette catégoriquement l'idée de l'immaculée conception (ou sa variante de l'ange Skywalker). Pour elle, il s'agit d'un viol sous Rohypnol, un puissant somnifère utilisé par des violeurs pour circonvenir leurs victimes.
Quelqu'un d'autre : cette thématique sera abondamment développée dans la 6ème saison (voir notamment Triangle, Dreamland et Arcadia) Mulder, loser, ne conclut pas : cf. la chute de l'épisode.
Pourtant, cette thématique de l'enfantement miraculeux sera reprise - aux dépends de Scully cette fois - dans l'épisode double Christmas Carol/Emily (5X06 & 5X07).
SCULLY : I don't imagine you need to be told this Mulder, but you're
not a loser.
MULDER : Yeah, but I'm no Eddie Van Blundht either. Am I ? |
Je ne crois pas que tu aies besoin qu'on te le dise, Mulder, mais tu n'es pas un perdant. Peut-être bien, mais je ne suis pas un Eddie van Blundht non plus. Si ? |
Blundht : en anglais, blundht
sonne comme blunt, qui signifie "brut de décoffrage, mal dégrossi, pas très finaud". Ah ! la magie des noms qui nous fait comprendre qu'au fond point n'est besoin d'être rusé comme un renard (en anglais fox) pour prendre la place de Mulder...Darin Morgan as The Host |
Darin Morgan : Auteur de Blood/Mauvais Sang (2X03) et surtout scénariste brillant de Humbug/Faux frères siamois (2X20), Clyde Bruckman's Final Repose/Voyance par procuration (3X04), War of the Coprophages (3x12), ou Jose Chung's From Outer Space/Le Seigneur du Magma (3X20)
, il est aussi l'acteur invisible sous son costume de douve géante dans Host/L'hôte (2X02), le jeune benêt enlevé par des aliens et qui porte un T-Shirt "Above & Beyond" (la série de son frère Glenn Morgan) dans Jose Chung.