EXPÉRIENCE DE LA
BARQUE
DE TSIOLKOVSKI.
par Bernard de Go Mars !
http://perso.numericable.fr/fbouquetbe63/gomars/physique.htm
le
13/10/15
Certaines
équations de ce texte sont composées dans le
format
Mathml. Elles s'affichent correctement dans Firefox, InternetExporer et Chrome.
Lien où se trouve la
version la plus récente
de ce texte :
http://perso.numericable.fr/gomars2/aero/expe_barque_tsiol.doc
Notes :
On
connait 400 ouvrages de Tsiolkovski. Ce sont des dessins techniques des
fusées,
des calculs, des réflexions philosophiques et des romans de
science-fiction sur
les voyages interplanétaires.
Sommaire de ce texte :
En
cherchant à tirer les enseignements de notre animation de
l’expérience de la
barque de Tsiolkovski :
...(animation
versée aux Wiki Commons), nous sommes tombé sur
une curieuse différence entre
la Vitesse de Fin de Propulsion calculée selon la fameuse
formule de
Tsiolkovski et la Vitesse de Fin de Propulsion de la barque
(après éjection de
la même Masse d’Appui
sous la forme
d’un nombre limité de pierres), la Vitesse
d’éjection étant évidemment
la même
dans les deux cas.
Dans le texte qui
suit, nous
mettrons en lumière cette différence et
montrerons
au passage que de nombreuses
intégrations de la formule de Tsiolkovski sont fautives dans
leur démarche
logique (et sans doute aussi celle du maître
lui-même).
Dans le
courant du texte nous présenterons également un
certain nombre
d’expériences permettant
de faire ressentir dans leur chair à des
élèves, jeunes ou moins jeunes, ce
qu’est la Réaction…
Début du texte :
L’on se souvient de
Konstantin Tsiolkovski, qui mena les premières
réflexions scientifiques sur la
conquête spatiale. :
Pour exprimer la loi de
l’action et de la réaction (3ème
loi de Newton), il eut l’idée de
proposer l’expérience de la barque :
Un opérateur se retrouve
au milieu d’un lac dans une barque démunie
d’avirons. Il constate cependant la
présence d’un tas de pierre dans la barque.
Tsiolkovski suggère
qu’en
projetant une à une chacune de ces pierres, avec la plus
grande vitesse
possible, l’opérateur pourra donner suffisamment
de vitesse à la barque pour
rejoindre le bord du lac :
à la place de cette image,
mettre l’animation si
possible.
Dans cette expérience, il
est considéré que la barque avance sur
l’eau sans frottement, ce qui est assez
conforme à la réalité, du moins pour
les petites vitesses.
Nous avons retrouvé le texte en russe où Tsiolkovski décrit l’expérience de la barque. Nous le traduisons plus bas d’après une version anglaise.
On peut lire cependant,
dans Konstantin
Tsiolkovsky His Life and Work, une autre
variante de cette expérience, toujours écrite par
Tsiolkovski :
« Tout le monde
sait,
par expérience personnelle, que si l’on se jette
à l’eau depuis un bateau (en
donnant une vitesse horizontale à son corps) le bateau va se
déplacer [dans la
direction opposée]. Un tel bateau, avec des hommes qui
s’en élancent à
intervalles réguliers peut être comparé
à une fusée. » [1]
Une
variante encore
différente de l’expérience
prônée par
Tsiolkovski a été filmée, sans doute
sous
la surveillance du maître lui-même, dans un film de
Science
Fiction de
1935 : « Doroga k Zvezdam », de Pavel
Klushantsev, film dont on peut trouver une description ici :
http://project.mettavant.fr/kosmic.htm
Voici une image de
l’expérience de la barque :
On remarque, au-dessus de
l’horizon, que le comédien interprétant
le rôle de Tsiolkovski vient de
propulser l’ancre et sa ligne [2]
vers l’arrière de la
barque.
Cette séquence est visible,
à 5’ 56’’ à ce
lien :
https://www.youtube.com/watch?v=0KCI-jzJxw4
Dans ses textes,
Tsiolkovski considère également que les avirons
d’une barque propulsent cette
barque parce qu’ils projettent avec une certaine vitesse une
certaine quantité
d’eau vers l’arrière. Cette assertion
est vraie puisque l’on considère en
Mécanique des Fluides que la Traînée
d’un corps est directement liée à la
diminution de Quantité de Mouvement que ce corps impose au
fluide. [3]
Dans cette animation, les
vitesses acquises par la barque sont ici très
exagérées : nous avons
multiplié
à peu près par dix les gains de vitesse de la
barque.
Il faut également
remarquer que dès que l’opérateur
(l’occupant de la barque) fait le moindre
mouvement, ce mouvement entraîne par
réaction un mouvement de la
barque : ainsi lorsque, au début de
l’expérience, cet opérateur tend ses
deux mains vers l’avant de la barque pour saisir une pierre,
la barque se
déplace légèrement vers
l’arrière, par réaction.
De
la permanence du Centre des Masses
(CdM) :
L’expérience de
Tsiolkovski est parfois décrite comme démontrant
que la barque avance lorsque
l’occupant projette une pierre vers
l’arrière parce que le Centre
des
Masses commun (de tout le système, à
savoir : barque, occupant, pierres
restantes et pierre éjectée) doit demeurer au
même endroit. Ce n’est pas tout à
fait vrai : La permanence du CdM
commun n’est qu’une conséquence fortuite
de la loi de l’action et de la
réaction : Le mouvement en avant de la barque se
fait très précisément parce
que l’opérateur prend appui
sur la pierre qu’il projette vers
l’arrière,
cet appui se transmettant (par son corps jusqu’à
ses pied) à la barque.
La loi
d’égalité de
l’action et de la réaction indique
l’égalité instantanée des
forces
d’action (force
vers l’arrière de l’opérateur
sur la pierre)
et de réaction (force de réaction inertielle
de la pierre vers l’avant).
Mais pour ce qui est du CdM
du système, sa permanence n’est que
fortuite : si d’aventure la pierre
projetée doit rencontrer un obstacle
(un poteau planté au fond de l’eau en
arrière de la barque, par exemple), sa
vitesse vers l’arrière va se trouver
annihilée sans pour autant que le
mouvement de la barque s’en ressente : le CdM commun ne va donc pas demeurer au
même point, mais il va migrer
vers l’avant, entraîné par le
déplacement de la barque…
D’ailleurs, il est patent
que :
à d’une part : les
pierres projetée finissent toujours par
rencontrer l’eau rapidement, ce qui annihile de fait la plus
grande partie de
leur vitesse horizontale [4] ;
à d’autre part : le CdM
commun à la barque et aux pierres projetées migre
doucement vers le bas puisque
les pierres tombent (vers l’eau puis vers le fond de
l’eau).
Lorsque l’on
évoque, pour expliquer
cette expérience de la barque de Tsiolkovski, la permanence
du Centre des
Masses commun, c’est donc toujours implicitement la
permanence de sa projection
sur une direction horizontale (l’axe de la barque, par
exemple, si le jet des
pierres se fait selon cet axe) et si rien n’empêche
le mouvement horizontal des
pierres : il n’y a guère en fait que dans
l’espace, en impesanteur, que la
conservation de la position du CdM
d’un système peut être
constatée clairement [5]…
Quelques
calculs :
Admettons que chacune des pierres soit
lancée par
l’opérateur à la vitesse de 10 m/s
(le record de jeter du poids est à plus de 20 m
pour un poids de 7,26 Kg,
ce
qui correspond à une vitesse initiale de ~ 14 m/s [6]).
Cette vitesse
« d’éjection »
de 10 m/s procure
à la barque, en
première approximation [7],
une vitesse en proportion
du quotient de la masse de la pierre projetée (prenons 5 kg)par la masse totale de la
barque (barque, tas de pierres
et opérateur). Prenons cette masse totale comme 250 Kg. Comme la pierre est 50 fois plus
légère (5 Kg)
que la barque complète (250 Kg),
c’est donc un gain de vitesse de 50
fois plus faible que 10 m/s
que
va cumuler la barque à chaque lancer de pierre
(soit 0,2 m/s) (en
considérant la masse
de pierres embarquée comme constante, dans un
premier temps).
Toujours en considérant la
masse des pierres restant dans la barque comme constante, la barque
aura donc
acquis, par le jet de la troisième pierre, une vitesse de 3*0,2 m/s, soit 0,6 m/s :
les frottements de la barque dans l’eau (et dans
l’air) étant négligeables, la
vitesse acquise à chaque lancement de pierre se conserve et
chaque nouveau jet de
pierre augmente la vitesse de la barque.
Cependant, la masse de
pierres embarquée diminue à mesure
qu’on éjecte
les pierres qui la constitue et cette diminution est d’autant
plus sensible (en
valeur relative) qu’on est près de la fin de
propulsion.
Cette masse de pierres
embarquée constitue pour nous la Masse
d’Appui de
l’expérience : c’est
la masse sur laquelle va
s’appuyer l’opérateur pour
accélérer la barque.
Le
Concept de
Masse d’Appui :
Cette notion de Masse
d’Appui, inventée par Tsiolkovski, est
primordiale et nous militons depuis
longtemps pour qu’elle soit utilisée dans la
pédagogie de la conquête spatiale,
à la place du mot ergols.
Les
textes anglais
utilisent souvent l’expression working mass
(masse efficace), quand
ce
n’est pas à un exécrable concept de fuel (qui
signifie tout type de combustible), comme dans le texte du MIT que nous
évoquerons plus bas.
Cette notion de Masse
d’Appui est facile à ressentir
intuitivement puisque c’est la masse sur laquelle un corps
s’appuie pour se
déplacer :
Considérons que lors
d’une
sortie extravéhiculaire dans l’espace (en
impesanteur, donc) deux cosmonautes sans
propulseurs se trouvent éloignés de leur vaisseau.
Les lois de la dynamique
Newtonienne veulent que, s’ils ne disposent pas de
propulseur, ils ne pourront
rejoindre ledit vaisseau.
Cependant, ils savent que
s’ils se repoussent, ils vont s’écarter
l’un de l’autre de sorte que leur
Centre des Masses commun va demeurer au
même endroit [8] :
D’après
la NASA citée par
Wikipédia, avec l’aide de Starcheuch
En conséquence
l’un sera
propulsé vers les espaces infinis du cosmos, alors que
l’autre, si leur poussée
commune a bien été orientée, a une
grande chance, de rejoindre, sur la vitesse
acquise, la sécurité du vaisseau.
La Physique nous indique
que lors de cette expérience de propulsion
réciproque, chaque cosmonaute a
servi de Masse d’Appui à
l’autre : chacun s’est donc
appuyé
sur la masse de l’autre pour se propulser dans le sens
opposé.
La vitesse acquise dans
les deux sens (sur la même droite) par les deux hommes est
inversement
proportionnelle à leur masse individuelle : un gros
astronaute acquerra
moins de vitesse qu’un maigre, mais il constituera au
contraire une Masse d’Appui
plus intéressante pour le maigre (il se dérobera
moins à sa poussée).
Cette expérience est
présentée, avec d’autres, dans la traduction
états-unienne
d’un des nombreux textes de Tsiolkovski ; voici le
schéma que ce
travailleur acharné en a dressé de sa propre
main :
Schéma de
Tsiolkovski, dans COLLECTED
WORKS OF K. E. TSIOLKOVSKIY, VOLUME II
On remarque, au centre de
l’image, les deux cosmonautes, les pieds encore en contact,
en train de se propulser
mutuellement en poussant sur leurs jambes : les muscles des
jambes étant les
plus puissants du corps humain, les deux hommes peuvent
acquérir de la sorte
une vitesse supérieure à celle atteinte dans
notre expérience précédente
(effectuée
à la force des bras).
Tsiolkovski imagine d’autre
part que chaque homme, au terme de sa course, va rejoindre la
sécurité d’un
vaisseau spatial (les deux vaisseaux, distants de 120 km
dans l’hypothèse de Tsiolkovski, sont
symbolisés à
gauche et à droite de l’image) [9].
D’après
la
NASA citée par Wikipédia
Et le fondateur de la
science cosmique déclare :
« […] il
peut être
dit : le mouvement dans l’Espace est impossible sans
perte de
matière. [10] [11] »
On peut également
préciser
que l’expérience telle que dépeinte par
Tsiolkovski poserait de gros problèmes
de trajectoires (dans l’Espace proche d’une
planète, le choix d’une trajectoire
nécessite des calculs complexes qu’on ne peut les
réaliser intuitivement).
Notre
propre expérience expliquant
la loi de l’action et de la réaction :
Cependant, il n’est
nullement besoin de se rendre dans l’espace pour ressentir
dans sa chair la loi
de l’action et de la réaction.
Il est plus facile de pratiquer
l'expérience (que nous osons qualifier de fondatrice) que
nous proposons à nos élèves lorsque
nous intervenons dans les écoles de
Primaire. Nous proposons cette expérience dans le Primaire,
mais elle suscitera
un intérêt encore plus grand chez les
étudiants, leurs enseignants et, nous en
sommes sûr, chez les membres du Conseil Constitutionnel les
mieux conservés.
Voici cette expérience,
adaptée ici à deux garçons :
On demande à deux
élèves
de se placer face à face, la pointe des pieds de
l’un touchant la pointe des
pieds de l’autre.
Puis on demande à
l’un des
deux élèves de placer ses mains sur la poitrine
de son camarade dans la
position où il pourra pousser fortement sur cette poitrine.
On place un adulte (ou un
élève costaud) à 50 cm
derrière chaque élève.
On explique alors à
l’élève
en position de pousser qu’il va devoir le faire
très fort immédiatement à
l’audition d’un
« top » que nous
émettrons de façon imprévisible.
Bien que
nous ayons
pratiqué cette expérience des dizaines de fois,
nous
n’avons presque jamais
rencontré des élèves capable
d’exécuter de façon
immédiate le pousser
demandé.
La plupart de temps
l’élève pousseur
va faire précéder
son pousser du lancer d’une jambe en arrière.
D’autres vont le faire
précéder
d’une mise en déséquilibre vers
l’avant (vers son collègue).
Dans les deux cas on
arrêtera cet élève en lui demandant de
reprendre la position définie au départ.
Le plus souvent on
n’assistera qu’à un petit pousser poli
(qu’on pourrait appeler de
courtoisie) motivé par le scrupule de
ne pas trop contrarier l’instigateur de
l’expérience.
Mais rien que ce léger
pousser
de courtoisie va projeter le
pousseur
en arrière (c’est là que
l’adulte placé derrière lui peut
être utile, bien
qu’en général le pousseur
rétablisse
naturellement de lui-même son équilibre en
déplaçant ses jambes).
La conclusion de cette
expérience est évidente : dès
qu’un enfant atteint quelques années, il a
intégré (et pour sa vie entière) que
pousser une masse dans un sens produit
inévitablement par réaction une force dans le
sens inverse et que cette
réaction est d’autant plus forte que la masse
poussée est grande relativement à
sa propre masse.
Autrement dit, tout humain
(et probablement tout animal se tenant debout sur des jambes) sait
intimement devoir
préparer, par l’adoption d’une certaine
posture, la mise en mouvement d’une
masse suffisamment forte (le pousser d’une plume, par
exemple, échappant sans
doute à cette règle, la prise de posture
étant plutôt due au fait que pour pousser
la plume on va déplacer son Centre des Masses corporel par
le mouvement du
bras)…
À titre de
contre-expérience, on pourra demander à
l’élève pousseur (ou à un
autre) de
nous pousser nous-même (à supposer que nous soyons
plus lourd que l’élève pousseur,
sinon faire venir un humain bien en chair) : Le but de cette
contre-expérience est de démontrer que le
pousseur sait intimement que plus ce
qu’il s’apprête à pousser est massique,
et plus il sera lui-même projeté en
arrière par son propre poussé.
Cette expérience
fondatrice que l’on pourrait nommer « expérience
du pousseur-poussé »
montre bien, nous l’avons déjà dit,
qu’humains et animaux intègrent dans leur cerveau
dès leur plus jeune âge [12]
cet évidence que lorsque
l’on pousse on est poussé en retour.
Cependant, même si cette
constatation a été faite implicitement
depuis l’aube des temps par les humains et les
pré-humains, il a fallu le génie
extraordinaire de Newton pour qu’elle soit explicitée,
c.-à-d. formulée scientifiquement [13]…
En menant par la pensée
cette même expérience à ses limites, on
en arrive assez facilement à se
persuader que, lorsque nous sautons en l’air, nous propulsons
de ce fait la
planète Terre dans la direction opposée (vers le
bas, ou plutôt « notre
bas »). C’est insensible,
évidemment, mais c’est un fait physique,
même
s’il n’est pas naturel d’en prendre
conscience,.
Beaucoup
d’autres expériences quotidiennes permettent la
mise en évidence de la loi de
l’action et de la réaction [14] :
La force du jet
de la douche, celle de la lance de pompier, celle qui
met en rotation les rotors d’un lave-vaisselle, le recul de
la carabine et du
canon [15], le
poussé entre deux
patineurs [16],l’expérience
du lâcher
de ballon de baudruche, le fait de souffler dans une paille
coudée en la tenant
entre des lèvres gardées bien souples [17] :
Voir
également au sujet de la réaction des pailles la
fabrication de
notre tourniquet
à réaction :
Lorsque l’on enclenche la
paille de plus petit diamètre dans celle de plus grand
diamètre (qui est
coudée), on constitue un tourniquet qui tourne
très vite lorsque l’on souffle
dedans (attention aux yeux)…
Revenons-en
maintenant à
l’expérience prônée par
Tsiolkovski où
un opérateur lance des pierres d’un
côté
pour se propulser de l’autre :
Si le tas de pierres est constitué de 30 pierres de 5Kg (soit 150 Kg) et que la barque et l’opérateur pèsent ensemble 100 Kg (soit l’équivalent de 20 pierres), on peut calculer, dans une première approximation, que le premier gain de vitesse (consécutif à la projection de la première pierre) est de :
10 m/s*
5 Kg
/(150 Kg + 100 Kg – 5 Kg),
soit ~ 0,204 m/s. [18]
Pour la deuxième pierre, le gain en vitesse (qui viendra se cumuler avec le premier gain) sera de même de :
10 m/s* 5 Kg /(150 Kg + 100 Kg – 10 Kg), soit de ~ 0,208 m/s.
Il est un peu plus fort
que le premier gain, mais le gain cumulé en vitesse est
déjà de 0,204 + 0,208
~ 0,412 m/s
(pour deux pierres lancées).
Ceci étant, à
mesure que
la Masse d’Appui diminue dans la barque, le gain de vitesse
procuré par le jet
de chaque pierre va devenir plus important (la barque se trouvant plus
légère,
elle accélère plus facilement). Par exemple, le
jet de la dernière pierre
donnera un gain de vitesse de 10 m/s*
5 Kg /(100 Kg ), soit ~0,5 m/s
C’est plus de deux fois
plus que les 0,204 m/s
donnés
par le jet de la première pierre.
Il en va ainsi pour les
fusées qui emportent nos astronautes : si leur
accélération semble faible
au début, elle est à la limite du supportable
pour ses passagers dans les
derniers instants du fonctionnement d’un étage
(lorsque cet étage se trouve
allégé de la presque totalité de sa
Masse d’Appui, c.-à-d. de son
combustible [19]).
Retournons à notre barque
pour constater que, l’ensemble des cumuls de vitesse
(à l’issue de l’éjection
de toutes les pierres) est de 9,01 m/s
(ou 32km/h).
Pour accroître les gains
de vitesse et surtout les dernier gains), il faudrait que la Masse
à Vide de la
barque (seule, sans opérateur ni pierres) soit plus faible
et que l’opérateur soit
plus léger.
Ce dernier poids reste
cependant pour nous un gage de vitesse de propulsion :
c’est bien l’opérateur
qui représente le moteur
(ainsi que
les réserves d’énergie) de notre barque
à réaction.
En prenant une masse de
barque de 30 Kg et sans
changer
de moteur, on a une Masse
à Vide
(sans pierre) de 80 Kg qui
promet
un ultime gain de vitesse de 0,62 m/s.
Ce gain ultime ne hisse
cependant la Vitesse de Fin de Propulsion qu’à 10,77 m/s.
Dans l’histoire de la
conquête spatiale, tout le travail des ingénieurs
à consisté à diminuer la Masse
à Vide des fusées (masse de leur structure et
des moteurs) et à
augmenter la Masse d’Appui embarqué par cette
structure.
Mais au fait, quelle est
la Masse d’Appui de ces fusées historiques de la
conquête spatiale ? Cette
Masse d’Appui est la masse des ergols puisque, dans ce genre
de fusées, les
ergols sont à la fois source
d’énergie (cette énergie
créant une
certaine Vitesse d’Éjection) et Masse
d’Appui (puisque ce sont les
ergols qui sont éjectés par la
tuyère). [20]
Cette dichotomie est
rarement faite dans les esprits (même ceux des
fuséistes) : Il est donc bon
de répéter que les fusées à
feu fonctionnent à réaction (comme les avions à réaction), mais
que la réaction n’est
en rien liée à la présence du
feu [21].
La preuve en est que nos
fusées à eau fonctionnent fort bien : on
peut donc les ranger dans la
catégorie peu fréquentée des
véhicules à réaction
froide.
Rappelons aussi que dans
le cas des moteurs ioniques (qui équipent à
présent bon nombre de satellites)
ainsi que dans le cas de nos fusées à eau, Masse
d’Appui et source d’énergie
sont parfaitement dissociées (gaz rare et
électricité, d’un
côté, eau et air
comprimé de l’autre).
La Vitesse
d’Éjection des
pierres depuis notre barque de
Tsiolkovski, vitesse que nous avons prise à 10 m/s, est à rapprocher de
celle obtenue par les tennismen qui
procurent à leur balle de service une vitesse de ~200 km/h, soit ~ 55 m/s.
Il n’est pas question,
bien sûr de faire projeter à un tennisman
embarqué de lourdes pierres au moyen
d’une raquette, mais on pourrait imaginer de projeter des
balles de tennis avec
une vitesse de, disons, 40 m/s
(ou 144 Km/h). Ce qui
signifierait
qu’au lieu d’embarquer, comme Masse
d’Appui, un tas de pierres, on embarquerait
la même masse de balle de tennis [22] [23].
Cette Masse d’Appui
constituée de balles étant projetée
(à l’aide d’une raquette) quatre fois
plus
vite que ne peuvent l’être les pierres, la Vitesse
de Fin de Propulsion que
l’on peut escompter pour la barque serait près de
quatre fois supérieure.
Notre tableur nous la
promet à 32,4 m/s
(au lieu de 9,01 m/s).
Il est d’ailleurs un fait
qu’en fuséologie classique (et non en jet de
pierres ou de balle de tennis), la
Vitesse de Fin de Propulsion est proportionnelle à la
Vitesse d’Éjection :
cette proportionnalité a été
démontrée par Tsiolkovski en sa fameuse formule
que nous étudierons plus bas.
Bien que dans cette
expérience de la barque de Tsiolkovski nous ne soyons pas en
fuséologie
classique, notre tableur nous indique qu’il a un
net bénéfice à projeter
chaque particule de Masse d’Appui avec la plus forte vitesse
possible.
C’est, ce que font les
hydro-fuséistes sans parfois bien s’en rendre
compte : quitte à projeter
une certaine quantité d’eau (on prend souvent
comme quantité d’eau le tiers du
volume de la bouteille qui constitue le moteur de la fusée),
il vaut mieux en
effet l’éjecter le plus vite possible, donc
adopter la pression la plus forte
possible [24].
C’est ce que font
également les moteurs ioniques qui projettent
électriquement leur Masse d’Appui
(du Xénon) avec des vitesses dix fois supérieures
(en ordre de grandeur) à
celle des moteurs thermochimiques classiques [25].
Apprécions encore au
passage l’étonnante similitude de fonctionnement
de nos fusées à eau et de ces
moteurs ioniques qui semblent constituer l’avenir de la
conquête spatiale.
Notons aussi que dans
cette expérience de Tsiolkovski version
tennis, la vitesse précédemment
atteinte en mode pierres (9,01 m/s
en fin de propulsion) est atteinte en mode tennis
au bout de la 893ème
projection
de balles, ceci alors qu'il reste encore 1738
balles dans la barque.
On pourrait se dire alors
qu’il vaut mieux embarquer 893
balles de tennis (soit ~51 Kg)
que 150 Kg de pierre, mais
c’est encore plus fort parce que si l’on
n’emporte comme Masse d’Appui que
ces 893 balles (soit 51 Kg) au lieu de 150 Kg
de balles on peut
atteindre, à l’issue de leur projection par la
raquette à toujours 40 m/s,
une Vitesse de Fin de
Propulsion de 16,48 m/s
(ou 59 km/h) du fait de
l’allègement de
la barque en Masse d’Appui…
Cette vitesse très forte
n’honore
évidemment pas notre hypothèse de base
spécifiant que la barque se déplace sans
frottement dans l’eau : à cette vitesse
de 59 Km/h un bateau
développe énormément de
Traînée
hydrodynamique.
Mais on peut quand même se
livrer à une optimisation [26]
de l’emport de balle de
tennis. Le simple emport d’une Masse d’Appui de 3 Kg (soit
53 balles)
promet ne Vitesse de Fin de Propulsion de l’ordre de 1,2 m/s (soit
4,2 Km/h)
vitesse très honorable (c’est celle d’un
homme au pas) pour laquelle la Traînée
aquatique peut encore être
négligée…
La projection de ces 53
balles doit pouvoir se faire par un
joueur de tennis non-professionnel. En comptant 5
secondes entre chaque éjection de balle, notre
tableur calcule
qu’à la 53ème
éjection
(toujours à 40 m/s),
le chemin
parcouru est déjà de 158 m
et
la Vitesse de Fin de Propulsion de 1,2 m/s
promet encore une belle course de la barque sur
son erre [27],
comme disent les
marins…
D’une façon
générale, il
est instructif de se référer pour tous les
calculs que nous avons effectués
ci-dessus à la formule
de Tsiolkovski
(bien que, nous le verrons, cette
formule ne convienne pas exactement au cas de
l’expérience de la barque de
Tsiolkovski).
Cette formule de
Tsiolkovski exprime la Vitesse de Fin de Propulsion d’une
fusée d’après la Vitesse
d’Éjection de sa Masse d’Appui et
d’après ce que l’on appelle le Rapport
de
Masses, quotient R de la masse de
l’engin à l’instant initial (Masse
à plein) sur sa masse à l’instant de
fin de
propulsion (Masse à vide ou à sec) [28].
Voici
cette formule
de Tsiolkovski lorsque la propulsion se développe dans
un espace
sans gravité [29] :
…ce qui s’écrit encore :
…où la mention Ln signifie Logarithme népérien (ou naturel), fonction disponible sur la plupart des calculettes.
Nous démontrons cette
formule dans notre texte AMENDEMENT
ATMOSPHÉRIQUE À LA FAMEUSE
FORMULE DE TSIOLKOVSKI.
Si nous reprenons l’exemple
de l’expérience de la barque Tsiolkovski en mode
tennis, avec une Masse d’Appui
de 3 Kg (53
balles) projetée à 40 m/s
à partir d’une barque pesant avec son
opérateur 100 Kg
(Masse à vide, sans les balles) nous pouvons
écrire :
Le logarithme
népérien de 103/100 =
1,03 étant 0,02956,
la Vitesse de Fin de
Propulsion est de 1,18 m/s
(que
nous avons arrondie plus haut en 1,2 m/s) [30].
Une
curiosité : la différence entre les
propulsions instantanée et progressive :
En effectuant des calculs rapides pour
illustrer ce texte,
nous sommes cependant tombé sur une
curiosité : La vitesse calculée par
l’équation
de Tsiolkovski ci-dessus, (vitesse que nous aurons l’occasion
d’appeler dans le
présent texte Vitesse de
Tsiolkovski)
est réputé être indépendante
du débit
avec lequel la Masse d’Appui est
éjectée
(débit en Kg / seconde).
De fait, ce débit
n’apparaît nullement dans
l’équation.
Or nos calculs nous ont
convaincu que si l’on lance par exemple toute la Masse
d’Appui de la barque
(toutes les pierres) en même temps (en un seul jet) et ceci
à un Vitesse
d’Éjection donnée (en supposant que
cette éjection des 150 Kg
de pierres soit possible), on y gagnerait une Vitesse
de Fin de Propulsion beaucoup plus faible que si
l’éjection de la Masse d’Appui
se fait de façon répartie dans le temps.
Montons la Masse d’Appui
des pierres à 250 Kg
(50 pierres).
L’éjection de ces 250 Kg
d’un seul coup à 10 m/s
ne produit qu’une Vitesse
de Fin de Propulsion de7,14 m/s
alors que l’éjection des 50
pierres (une
par une) produit une Vitesse de Fin de Propulsion de 12,35 m/s
(vitesse supérieure à la Vitesse
d’Éjection, comme on peut le remarquer [31]).
La Masse Finale de la
barque étant de 100 Kg
et sa
Masse Initiale (chargée de pierres) de 350 Kg,
son Rapport de Masses est de 350/100 = 3,5.
Pour comparaison, ce
Rapport de Masses, entré dans la formule de
Tsiolkovski conduit à une Vitesse
de
Tsiolkovski de 10 m/s*Ln[3,5] = 12,53 m/s
(supérieure également à la Vitesse
d’Éjection) qui est donc la Vitesse de Fin
de Propulsion à attendre d’une propulsion
parfaitement progressive (les pierres
étant, par exemple réduites en poudre et
éjectées sous cette forme à la vitesse
de 10 m/s à
débit constant)…
Ce constat est troublant.
Nous en sommes resté surpris et un peu anxieux,
jusqu’à ce que nous découvrions
un texte du Massachusetts Institute of
Technology faisant
mention de ce curieux phénomène.
Ceci dit, on peut assez facilement
démontrer que l’éjection
instantanée de toute la Masse d’Appui ne peut
produire
qu’une vitesse assez faible et toujours inférieure
à la Vitesse d’Éjection.
En effet, dans ce cas de
l’éjection instantanée, pour mettre en
mouvement la barque, l’opérateur
s’appuie sur la Masse de pierres (250
Kg)
qu’il éjecte horizontalement. Aussi lourde
soit-elle, cette masse de pierres va
reculer lorsque l’opérateur va s’appuyer
dessus, la barque étant également
assez lourde à mettre en mouvement (100 Kg) [32].
Si la Masse de pierres ne reculait pas, alors l’opérateur qui la repousse à 10 m/s donnerait à la barque une vitesse d’également 10 m/s : ce cas est celui qui se présente lorsque l’opérateur repousse le quai, par exemple, à cette vitesse de 10 m/s…
Ce cas est de même celui des fusées que l’on fabrique avec un tube d’aspirine en enfermant du bicarbonate et du vinaigre : lorsque le bouchon du tube est refermé et que ledit tube est posé à l’envers (bouchon en bas) sur une table, la Vitesse d’Éjection du bouchon (qui est posé sur la table) est également celui de la table et plus généralement de la Terre : notre planète est bien repoussée vers le bas, mais son mouvement (ou recul) est insensible. Et comme il n’y a pas de glissement sensible du bouchon vers le bas, la Vitesse d’Éjection de ce bouchon est également celle de la fusée…
La vitesse de fin de propulsion atteinte par les fusées-aspirine est donc exactement la Vitesse d’Éjection de la Masse d’Appui (cette Masse d’Appui étant le bouchon, la table et la Terre). [33]
Comme support à notre réflexion, nous avons construit un tableau Excel.
Voici la courbe que donne ce tableau de la Vitesse de Fin de Propulsion atteinte selon le nombre de partition de la Masse d’Appui (on scinde cette Masse d’Appui en n parties et on éjecte ces parties au cours de n jets) :
La première abscisse est évidemment 1 (un jet unique de toute la Masse d’Appui).
En ordonnées sont portées ce que nous nommons les Vitesses réduites de Fin de Propulsion : Pourquoi réduite ? Parce que la Vitesse de Fin de propulsion d’une fusée classique (ou Vitesse de Tsiolkovski) étant proportionnelle à la Vitesse d’Éjection, il est élégant de s’affranchir de toute mention à cette Vitesse d’Éjection en ne s’intéressant qu’au quotient :
Vitesse de Fin de Propulsion / Vitesse d’Éjection
…quotient que nous avons nommé Vitesse réduite de Fin de Propulsion
À l’issue d’une propulsion progressive, cette Vitesse réduite de Fin de Propulsion est alors évidemment Ln[R] [34], si R est le Rapport de Masse présidant à la propulsion : Cette Vitesse réduite de Fin de Propulsion est représentée sur le graphe ci-dessus par l’horizontale rouge.
L’étude de la courbe bleue ci-dessus, établie pour un Rapport de Masses fixé à 3,5 (250 Kg de pierres et 100 Kg de barque et d’opérateur), montre bien que, pour un nombre de jets de 1 et 2, la Vitesse réduite de Fin de Propulsion reste :
à d’une part nettement inférieure à l’unité (c'est-à-dire que la Vitesse de Fin de Propulsion reste inférieure à la Vitesse d’Éjection) ;
à d’autre part très inférieure à la Vitesse de Fin de Propulsion obtenue par une propulsion progressive (horizontale rouge) ou par une progression par un grand nombre de jets (50 ou 100).
Il n’y a donc que pour un grand nombre de jets (une centaine) que la Vitesse réduite de Fin de Propulsion est assez peu différente de celle produite par une propulsion progressive (la masse de pierres étant, par exemple, réduite en poudre et éjectée à débit constant, ce qui donne l’horizontale rouge).
Les calculs présents dans notre feuille de tableur reposent sur le constat suivant :
Si un mobile donné éjecte (dans un espace vide sans gravité) une certaine masse m avec une vitesse relative VÉject, il acquière de ce fait une certaine Vitesse de Fin de Propulsion VFinProp :
La loi de conservation des Quantités de Mouvement, qui conduit (dans un espace vide sans gravité) à une permanence du centre des Masses commun, impose que :
MFinProp*VFinProp
= m*VAbs
La Vitesse VFinProp est une vitesse absolue [35] ainsi que VAbs , la vitesse de la masse m éjectée.
On ne connaît pas immédiatement VAbs, mais on dispose cependant de la relation :
VAbs
= VÉject – VFinProp
…ce qui
signifie que la vitesse absolue de la masse
éjectée m est
la Vitesse d’Éjection
diminuée de la Vitesse vers la gauche de la masse MFinProp. [36]
Il est donc licite d’écrire :
MFinProp*VFinProp
= m*[ VÉject
– VFinProp]
D’où l’on peut tirer :
VFinProp [MFinProp + m] = mVÉject
..ou encore :
Il apparaît donc au numérateur de la fraction la somme des deux masses en jeu (MFinProp, la masse de Fin de Propulsion et m, la masse éjectée).
Or cette somme recompose (nous pensons que c’est fortuitement) la Masse initiale du système (masse totale avant le jet de la Masse d’Appui). On peut donc réécrire ce dernier résultat sous la forme :
…libellé où Minit est la masse totale du système avant le jet et m la Masse d’Appui éjectée par le jet.
À ce stade de la démonstration, on ne peut qu’être persuadé que ce libellé encadré ne vient pas intuitivement : on y arrive après une manipulation mathématique qui, pour simple qu’elle est, ne peut être réalisée « de tête » par un cerveau ordinaire.
Ce même libellé encadré s’oppose, d’ailleurs, à un libellé fautif que l’on rencontre souvent, à savoir :
ou,
évidemment :
VFinProp MFinale = VÉject m
Ce libellé est fautif dans la mesure où, lors de sa démonstration, ont été confondues VÉject et VAbs , cette dernière vitesse étant, ainsi que nous l’avons vu, la vitesse absolue de la masse éjectée m [37].
Certes, au moment du décollage, il n’y a pas beaucoup de différence entre VÉject et VAbs mais la formule de Tsiolkovski intègre la propulsion de la fusée tout au long de sa propulsion et pas seulement au décollage.
Il faut d’ailleurs noter qu’il existe pour les fusées lanceuses de satellites un moment où VAbs , la Vitesse absolue des gaz éjectés, est nulle alors que VÉject peut être prise comme une constante des moteurs de fusées. Ce moment où VAbs = 0 intervient vers la moitié de la propulsion et correspond à un maximum du rendement énergétique (puisque les gaz éjectés sont abandonnés dans la nature sans énergie cinétique)…
Lorsque l’on observe la propulsion des fusées à eau, on voit également très bien ce moment où l’eau (éjectée par exemple à 100 km/h) est abandonnée sans vitesse par la fusée (parce la vitesse de celle-ci est également 100 km/h).
L’animation suivante montre mieux encore : l’étude du sillage de gouttes d’eau de la fusée prouve que la fusée, vers la fin de sa propulsion, abandonne l’eau avec une vitesse verticale vers le haut !
notre animation .gif
MiniJab Papyjo
ou :
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Sillage_MiniJab_Papyjo.gif
La vidéo d’origine, comme la fusée (nommée MiniJab), est due à Papyjo (voir son site très pédagogique) :
Cette fusée (ici présentée avec sa trappe parachutale ouverte) est une fusée de 0,5 L « plein-goulot » de 82 g , lancée ici à la pression initiale de 8 bars avec un quota d’eau de ⅓.
Sur l’animation, on voit nettement dans le sillage de la fusée de grosses goutes qui, une fois agglomérées, continuent leur ascension (avant de reprendre évidemment le chemin du sol sous l’effet de la gravité).
Cela signifie tout simplement que la vitesse/sol acquise par la fusée est supérieure à sa vitesse d’éjection (celle-ci étant la vitesse relative de l’eau éjectée par rapport à la fusée).
Voici une image concaténée tirée de la même vidéo :
Voici un lien où cette même concaténation est présentée en une unique bande. Cette image peut être téléchargée en plus haute définition à ce lien.
Nous avons joint, sur les différents vidéogrammes, les images des mêmes gouttes par des segments de droites rouges.
Il est visible que, dans leur ensemble, ces segments de droites dessinent des courbes (très proches sans doute de paraboles [38]).
Rassuré par la très faible évolution de la pente de ces segments rouges, nous avons même osé dessiner (en jaune) une proposition de segment initial, entre les deux premières images :
Cette proposition jaune tend à indiquer que la première image a été captée un peu avant la fin de l’éjection de l’eau.
Le travail de dessin des segments rouges est assez aisé pour les gouttes les plus hautes mais plus difficile pour celle du bas.
Il apparaît cependant nettement que sur la grande planche de concaténation nos segments rouges reliant les gouttes du bas dessinent des courbes dont la culmination se produit avant celle des gouttes du haut.
Par définition, c’est à une certaine hauteur du sillage de la deuxième image de cette grande concaténation (correspondant à la fin de la propulsion « aqueuse », qu’il faut chercher les particules d’eau qui sont abandonnée sans vitesse verticale ; voici cette deuxième image :
En effet, dans les images suivantes, l’inertie et la gravité font leur œuvre : les particules d’eau dotées d’une vitesse vers le haut vont continuer à monter alors que les particules d’eau abandonnée sans vitesse par la fusée vont commencer à descendre sous l’action de la gravité, les particules d’eau abandonnée avec une vitesse vers le bas augmentant cette vitesse…
Malheureusement, nous ne pouvons repérer ces particules éjectées sans vitesse verticale sur les images, même si nous savons que ces mêmes particules ne peuvent, par principe, que se trouver à une certaine hauteur du sillage d’eau de l’image ci-contre.
On pourrait penser que se produise, au bout d’un certain temps, en ce point du sillage où des particules d’eau sont abandonnées sans vitesses, une striction ou même une interruption du sillage puisque de part et d’autre de ce point la vitesse des particules d’eau tend à les éloigner dudit point. Ce point de striction ou d’interruption du sillage étant indiscernable sur les images, nous avons vérifié s’il pouvait exister.
Nous avons donc fait tracer à notre tableur un ensemble de paraboles représentant les trajectoires de différentes particules abandonnées à une certaine hauteur avec une certaine vitesse verticale : cette vitesse est négative pour les particules abandonnées à l’altitude la plus faible puis nulle pour la particule abandonnée à 0,5 m d’altitude, puis positive (vers le haut) pour les particules les plus hautes.
Nous avons donné une légère vitesse horizontale vers la gauche à toutes les particules afin qu’elles dessinent leur propre parabole sous les actions conjuguées de la gravité et de ce mouvement vers la gauche (dans un tel mouvement parabolique, l’action de la Traînée aérodynamique sur les particules est négligée).
Force nous est de constater qu’aucune zone de vide ne se crée entre les paraboles bien que les particules de la courbe bleue glauque et verte soient animée d’une vitesse verticale initiale contraire et que les particules de la courbe bleu claire ne soient animées d’aucun vitesse verticale initiale.
La courbe fuchsia est le lieu des culminations des courbes…
Il faut donc lire autrement la ou les strictions ou zones de vide relatif qu’on croit apercevoir dans la concaténation serrée que nous avons réalisée d’après la même vidéo (zone indiquée par la croix rouge ci-dessous) :
Dans la partie haute de cette concaténation serrée, notre report successif des gouttes de sillage dessine bien un ensemble de paraboloïdes.
Nous avons d’ailleurs constaté, lors de ce travail de concaténation, que les paraboloïdes supérieurs croisent dans leur partie basse les paraboloïdes inférieurs : cela signifie que la plus forte vitesse verticale des particules possède la vertu d’épuiser leur vitesse horizontale vers la gauche (c’est ce qui explique que la trajectoire d’un corps lancé en l’air avec une vitesse horizontale est toujours plus proche de la verticale à la redescente : on s’en persuade facilement en projetant obliquement en l’air une plume).
Cela implique aussi que lesdits paraboloïdes ne sont pas des paraboles mathématiques.
Dans la partie basse, nous nous sommes risqué à tracer un paraboloïde rouge, mais ce tracé est assez téméraire.
Sous ce paraboloïde rouge semble exister une zone d’absence relative de gouttes (indiqué par un x rouge).
Mais le graphe de notre tableur exclut, nous l’avons vu, l’existence d’une telle zone…
Papyjo nous a indiqué obligeamment que le petit trait vertical visible légèrement au-dessus et à gauche du sillage d’eau (désigné par la flèche rouge sur la photo précédente) représente l’aiguille de libération du temporisateur du parachute, aiguille attachée au Pas de Tir par l’intermédiaire d’une cordelette de ~1 m (on devine cette cordelette sur l’image).
Ceci étant, le segment jaune (déjà montré) dessinant l’interpolation vers la gauche de la courbe rouge supérieure indique une hauteur de fin de propulsion aqueuse encore inférieure.
On peut donc dire que le sillage d’eau de la fusée, immédiatement après que celle-ci l’ait éjecté, est très inférieur à ce mètre ; ce qui signifie encore que la propulsion aqueuse de cette fusée plein goulot de 0,5 L ne prend place que dans beaucoup moins d’un mètre…
Nous venons de parler de propulsion aqueuse. On sait que cette propulsion aqueuse est suivie immédiatement d’une propulsion gazeuse (éjection de l’air résiduel à très grande vitesse).
Dans les
réflexions ci-dessus, nous avons supposé que
cette propulsion gazeuse n’interférait
pas avec la propulsion aqueuse [39]…
Nous
n’avons pas non plus fait intervenir l’action
du tube gris visible sur toutes les photos, tube qui crée
les conditions d’une
première propulsion par effet
piston…
Pour une fusée à feu (à débit et Vitesse d’Éjection constants), la formule de Tsiolkovski indique que la Vitesse de Fin de Propulsion dépasse la Vitesse d’Éjection dès que le Rapport de Masses instantané [40] de la fusée dépasse 2,7183, (soit e, base des logarithmes népériens) et le Rapport de Masses des fusées à feu est toujours supérieur à cette valeur.
Le Rapport de Masses des fusées à eau est également presque toujours supérieur à 2,7182, mais pour ce type de fusées le problème est un peu plus complexe dans la mesure où leur Vitesse d’Éjection diminue à mesure que la pression interne décroît (adiabatiquement [41]).
Nous avons prouvé dans notre texte LA PROPULSION DE LA FUSÉE À EAU, qu’il était cependant possible de continuer à utiliser la formule de Tsiolkovski en prenant comme Vitesse d’Éjection, dans cette formule, la Vitesse d’Éjection initiale et en la pondérant par un coefficient assez peu variable dont nous donnons la valeur selon le Masse à Vide de la fusée, la Pression initiale et le Quota d’eau embarqué dans la fusée.
Ce coefficient de pondération nous est d’ailleurs apparu comme assez proche de l’unité du fait de l’apport en vitesse dû à la propulsion gazeuse [42]…
Quoiqu’il
en soit de tous les
pronostics,
l’animation présentée ci-dessus ainsi
que la
concaténation de ses images
révèlent bien le phénomène
de
dépassement (léger, ici) de la Vitesse
d’Éjection
par la fusée. Cette révélation est
peut-être
d’ailleurs d’autant plus claire
que le Rapport de Masses de la MiniJab, à peine
supérieur
à 3, est très
proche de 2,718 [43]…
Après cette exploitation de captations pragmatiques de la réalité, revenons à notre expérience de la barque de Tsiolkovski :
Nous venons de
voir que la vitesse d’éjection VÉject
est presque toujours
très différente de la vitesse absolue VAbs
à laquelle la fusée abandonne sa Masse
d’Appui.
La faute de logique consistant à prendre la Vitesse d’Éjection comme une vitesse absolue est pourtant souvent commise lors de la démonstration de la formule de Tsiolkovski. Prenons-en pour preuve la page de Wikipédia consacrée à cette formule.
Il est d’ailleurs possible que nous l’ayons également commise dans nos propres écrits, du moins implicitement.
Par chance, cette faute de logique n’intervient pas dans le résultat final, nous le justifierons plus bas…
Mais revenons
à notre libellé
encadré.
À ce stade de notre réflexion, on doit effectuer la comparaison de ce libellé avec celui donné par la formule de Tsiolkovski, à savoir :
VFinProp = Véject Ln[R]
(courbe en rouge ci-dessous)
…cette dernière formule traitant d’une propulsion progressive, à savoir l’éjection progressive de la Masse d’Appui préalablement réduite en poudre :
La courbe bleue représente la Vitesse réduite de Fin de Propulsion à l’issue du seul et unique jet.
Il s’avère alors que, si pour les faibles Rapport de Masses (inférieurs à 1,5), les Vitesses sont comparables, la propulsion progressive donne une Vitesse réduite double dès que le Rapport de Masses R dépasse 5 (Rapport de Masses assez banal).
La Vitesse
réduite créée par la propulsion
progressive continuant à croître pour les Rapports
de Masses supérieurs à 5.
Par contre, la Vitesse réduite de Fin de Propulsion obtenue par ce jet unique (courbe bleue) reste toujours inférieure à l’unité (ce qui signifie que la Vitesse de Fin de Propulsion ne dépasse jamais la Vitesse d’Éjection)…
Les termes figurant entre les crochets verts forment une série limitée.
Nous avons précisé sous chaque terme (en gris) le numéro du jet qui l’a fait naître.
Attention au fait que le dernier terme de cette série limitée (en bleu) n’est pas un terme général.
Au reste, les termes de cette série limitée sont d’un ordre de grandeur comparable, même si le dernier (correspondant au dernier jet) est le plus fort [44] ; voici leur évolution en fonction du numéro de jet, pour une partition de la Masse d’Appui en 64 parties égales :
(la valeur de ces termes est ici basée sur un Rapport de Masse de 3,5)
On peut d’ailleurs remarquer que le quotient du dernier terme sur le premier est assez proche du Rapport de Masses [45].
Nous pouvons pareillement présenter sur le même graphe la valeur des termes pour 16, 32 et 64 partitions de la Masse d’Appui (pour le même Rapport de Masses de 3,5) :
Comme, pour chaque partition de la Masse d’Appui, c’est la somme des termes qui importe et que cette somme est assez bien représentée par la surface existant sous les courbes, comme d’autre part les Vitesses de Fin de Propulsion pour chacune de ces partitions sont du même ordre [46], il est naturel que les courbes soient d’autant plus hautes que le nombre de partitions (et de jets) est faible (puisqu’elle doivent déterminer une surface du même ordre).
La rédaction d’un terme général pour cette série limitée a été effectuée par l’auteur du texte du MIT. La Vitesse de Fin de Propulsion en ressort alors, dans nos propres conventions, comme :
VFinProp
= VÉject
[R–1]
Dans ce
libellé, n est le nombre
de partitions de la Masse d’Appui, R
le Rapport de Masse du système (Masse
initiale sur Masse de Fin de Propulsion), et i
le numéro d’ordre du terme.
Attention au fait
que ce libellé du terme général
rédige
les termes en commençant par le dernier de notre
rédaction ci-dessus
(terme en bleu).
Notons encore que puisque la Vitesse de Propulsion par jets s’approche de la Vitesse de Propulsion donnée par la formule de Tsiolkovski lorsque le nombre de jets de propulsion dépasse la centaine (comme déjà montré dans ce graphique), la série limitée que nous venons d’évoquer peut servir d’approximation au logarithme népérien.
Ainsi, si pour 64 jets on s’approche de la vitesse de Tsiolkovski à 1,1 % près, pour 128 jets cette vitesse est atteinte à 0,55 % près (ceci étant, notre série limité comporte évidemment 64 et 128 termes, de sorte que la série classique, même tronquée, donnant la valeur du logarithme népérien lui sera forcément préférée comme beaucoup plus rapidement convergente : la série donnant la valeur du logarithme népérien :
…(série présente sur la page https://fr.wikipedia.org/wiki/Logarithme_naturel de Wikipédia) atteint, quant à elle, pour une valeur 6 de y, une précision relative de 2 millièmes au bout de seulement 5 termes alors qu’il faut plus de 400 termes (donc autant de jets) à notre série limitée pour arriver à la même précision.
Traduction de la démonstration
originale
de Tsiolkovski :
Nous avons retrouvé le
texte original de Tsiolkovski de
1903 en russe
et sa traduction en
anglais effectuée pour la
NASA en 1954 sous la responsabilité de A. A. Blagonravov.
Il nous est donc possible de suivre
pas à pas la démarche
de Tsiolkovski :
Ainsi, à la page 82 de la pagination du texte états-unien, nous lisons :
« Notons
M1 la masse
du projectile [47] et de tout ce qu’il
contient excepté la réserve
d’explosifs [48] ;
notons M2 la
masse totale
de ces explosifs [sur le pas de tir] et M
la masse variable des explosifs restant dans le projectile sous forme
non-explosée
à un instant donné.
Ainsi,
la masse totale de la fusée au commencement de la propulsion
sera (M1 + M2)
alors que quelques instant plus tard elle sera exprimée par
la variable (M1 + M )
et,
finalement, en fin de propulsion [49],
par la constante M1.
[…]
En
conséquence […] nous obtenons
l’équation différentielle suivante
basée sur la
loi de conservation des Quantités de Mouvements :
Dans
cette équation, dM est
une masse
infiniment petite de matériau explosif
éjecté par la tuyère à une
vitesse V1
constante (relativement à
la fusée).
[M1
est donc la Masse à Vide
et M la Masse
d’Appui restant à bord [50]] »
Voici pour mémoire le
même
texte original tiré de la page russe
présentant
le texte de Tsiolkovski de 1903 :
Le grand homme
poursuit :
« 10
Je dois insister sur le fait que sur la base de la loi des mouvements
relatifs,
si les conditions demeurent identiques à
elles-mêmes, la vitesse relative des
éléments éjectés est la
même durant toute la période de propulsion.
dV est
l’incrément de vitesse de l’ensemble
fusée + explosifs
non consommés ; cet incrément dV
est dû à l’expulsion d’un
élément dM
à la vitesse V1.
Nous
déterminerons cette dernière en temps utile.
En conséquence, nous
observons que la vitesse V du projectile croît sans limite
avec l’accroissement
de la quantité M2
d’explosifs.
Cela signifie que
nous pouvons atteindre différente vitesse finale permettant
différents voyages selon
la quantité d’explosifs embarqués
à bord de la fusée.
L’équation
(16) ci-dessus
montre aussi que quand une certaine
quantité d’explosifs est consumée, la
vitesse de la fusée ne dépend pas du
débit ou de l’uniformité de
l’explosion aussi longtemps que les particules
éjectées le sont à la même
vitesse d’éjection V1
relativement au
projectile. »
(le texte ci-dessus est
donc notre traduction de la version anglaise du texte de Tsiolkovski;
cette version anglaise utilise pour dire Masse d’Appui
le terme "fuel",
dont le sens est "produit
combustible". Ce mot vient de l’ancien
français "fouaille",
signifiant "toute
matière combustible servant à alimenter un feu".
Il ne faut pas le traduire par fuel-oil
ou par fioul.
Ce fuel
reste une façon exécrable (d’un point
de vue
logique et pédagogique) de désigner la Masse
d’Appui. Les anglo-saxons utilisent cependant
l’expression propellant
mass (Masse
Propulsive) qui est un peu meilleure.
Sur le fond, il nous
apparaît qu’en posant son équation
différentielle (8),
à savoir :
dV (M1 +
M ) = V1 dM
…où M1 est la Masse
à Vide, M la Masse d’Appui restant
à bord, Tsiolkovski
a commis lui-même l’erreur logique de prendre V1 comme
une vitesse absolue.
S’il avait fait
référence
à un repère galiléen (ou, comme nous
l’avons écrit, à des vitesses
absolues),
il aurait évidemment trouvé comme nous :
dV (M1 +
M + dM) = V1
dM
(notre
équation 8)
Cette déférence à la logique n’interdit cependant pas de poursuivre l’intégration, comme l’a fait Tsiolkovski, puisqu’au regard de la somme (M1 + M ), la quantité dM est infinitésimale (par définition) et peut donc être négligée (du moins dans tous les cas où la Masse d’Appui est projetée progressivement (sous forme de parcelles infinitésimale de masses).
Notre
équation (8), à savoir :
dV (M1 +
M + dM) = V1 dM
…rejoint donc tout
à fait l’équation
(8)
de Tsiolkovski :
dV (M1
+
M ) = V1 dM (8)
Au demeurant, lorsque
l’éjection de Masse d’Appui ne se fait
pas progressivement sous forme de
parcelles infinitésimale mais sous forme de pierres
d’une valeur discrète, nous
avons déjà montré implicitement
l’erreur qui serait commise si l’on confondait
la Vitesse d’Éjection avec une vitesse absolue.
Cette erreur est la distance
verticale entre la courbe bleue et l’horizontale rouge sur le
graphe ci-dessous
(déjà montré ici) :
Ladite erreur s’amenuise
à
mesure que la partition de la Masse d’Appui se fait en
parcelles plus nombreuses,
ce qui justifie donc la démarche
d’intégration mathématique
utilisée par
Tsiolkovski…
Raisons physique de la
différence entre
propulsions instantanée et progressive :
Ainsi que nous l’avons déjà écrit, le fait que propulsion instantanée (ou à nombre de jets limité) et propulsion progressive (la propulsion classique honorant la formule de Tsiolkovski) ne conduisent pas à la même Vitesse de Fin de Propulsion nous a beaucoup surpris.
On a coutume de dire, en effet, que dans la formule de Tsiolkovski le débit massique (exprimé en Kg/s) n’intervient pas.
Or passer d’une propulsion produite pas 2 ou 3 jets à une propulsion produite par 100 ou 200 jets ressemble beaucoup, en première approche, à changer de débit massique.
En deuxième approche, on peut cependant se dire que lorsque l’on parle de nombre de jets, on ne précise pas quel laps de temps sépare chaque jet (nous supposerons ici que ce laps reste le même). Or le débit massique est évidemment le quotient de la Masse d’Appui complète sur la somme des laps de temps séparant chaque jet (nous supposons ici que l’accélération de chacune des parcelles de masse à la Vitesse d’Éjection est immédiate).
Cependant force est de constater que nous n’avons nullement fait intervenir la durée séparant les jets dans nos calculs.
De plus, si l’éjection de toute la Masse d’Appui se fait lors d’un jet unique, il est illusoire d’invoquer un quelconque débit massique, celui-ci ne pouvant pas être défini dans de telles conditions…
Nous avons donc fait fausse route en reliant la différence d’efficacité des deux types de propulsion à une différence de débit massique…
Parmi les réflexions fautives qui nous sont venues, à propos de la différence des deux propulsions il y a aussi celle-ci :
Si la propulsion se fait par un jet unique, ce jet unique va accélérer la Masse à Vide de la fusée et cette masse à vide est très faible.
Par contre, si la propulsion est faite par de nombreux jets, les premiers jets accéléreront une fusée notablement lourde (parce qu’elle embarque encore la plus grande partie de sa Masse d’Appui) :
La propulsion à jet unique peut donc paraître donner plus d’accélération à la fusée. Or nous savons que ce n’est pas le cas.
Une autre réflexion qui nous est venue est celle qui consiste à imaginer une propulsion progressive de la fusée avec un débit massique extrêmement fort (presque infini).
On pourrait alors penser qu’avec un tel débit quasi-infini, on se rapprocherait de la propulsion par jet unique.
C’est également faux car aussi fort que soit le débit massique, la propulsion reste, par définition, progressive et le très faible temps de propulsion reste toujours sécable en une infinité de pas de temps dt, de sorte qu’à la moitié de la propulsion, par exemple, la fusée s’est allégée de la moitié de sa Masse d’Appui.
Autrement dit, même avec un débit massique quasi infini, la propulsion progressive reste toujours justiciable de la formule de Tsiolkovski et surtout elle ne s’approche pas, par ses effets, de la propulsion par jet unique [52]…
Le texte du MIT, n’explique pas à quoi est dû la différence d’efficacité des deux types de propulsion (instantanée ou progressive) : il constate cette différence et c’est tout.
Pour notre part, nous avons déjà expliqué que, dans l’expérience de la barque de Tsiolkovski, la vitesse de ladite barque est créée par l’appui (opéré par l’opérateur) sur une masse (celle de chaque pierre) qui se dérobe quelque peu à cet appui (la pierre prenant de la vitesse vers l’arrière).
Il n’y a guère que si la pierre projetée était de masse quasi infinie (par exemple si elle était un rocher dépassant de l’eau (mais ancré parfaitement au reste de la planète) que cette pierre ne reculerait pas : nous avons déjà dit que dans ces conditions limites la vitesse résultante de la barque ne pourrait être que la Vitesse d’Éjection (qui est la vitesse d’éloignement de la barque et du rocher).
C’est une façon de montrer que la propulsion par jets successifs donne des résultats différents de la propulsion progressive ; mais ce n’est nullement une façon de l’expliquer…
Il reste donc à réfléchir…
Bernard de Go Mars !
http://perso.numericable.fr/fbouquetbe63/gomars/physique.htm
le
13/10/15
Lien où se trouve la version la plus récente de ce texte :
http://perso.numericable.fr/gomars2/aero/expe_barque_tsiol.doc
BIBLIOGRAPHIE
ET LIENS
:
Notre animation de
l’expérience de la barque de Tsiolkovski
versée
aux Wiki Commons :
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Exp%C3%A9rience_de_Tsiolkovsky.gif?uselang=fr
)
Konstantin
Tsiolkovsky His Life and Work, par A.
Kosmodemyansky, traduit par X.
Danko, Paperback,
Décembre 2000
COLLECTED
WORKS OF
K. E. TSIOLKOVSKIY, VOLUME II - REACTIVE FLYING MACHINES
A.
A. Blagonravov, Editor in Chief
Translation of "K.
E.
Tsiolkovskiy. Sobraniye Sochineniy,
Tom
II. Reaktivnyye Letatel' nyye Apparaty"
Izdatel'
stvo Akademii Nauk SSSR,
Moscow, 1954.
http://epizodsspace.no-ip.org/bibl/inostr-yazyki/tsiolkovskii/tsiolkovskii-nhedy-t2-1954.pdf
La
page russe
consacrée au texte de Tsiolkovski publié en
1903 : http://www.tsiolkovsky.ru/index.php?option=com_content&task=view&id=64
Variable
Mass Systems, the Rocket Equation, Massachusetts
Institute of Technology OpenCourseWare
La
Barque de Tsiolkovski, Site du club d’astronomie de la Baule
et la Presqu’île
Guérandaise,
http://www.pecheurdetoiles.com/IMG/pdf/la_barque_de_tsiolkovski.pdf
La page
d’Astrosurf consacrée à la formule de
Tsiolkovsi :
http://www.astrosurf.com/levavasseur/tsiolkovsky/francais/tsiolkovsky_fr.html
La
page de
Wikipédia consacrée aux Lois
du mouvement
de Newton :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lois_du_mouvement_de_Newton
et celle consacrée
à l’équation de
Tsiolkovski :
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quation_de_Tsiolkovski
Le site
consacré aux fusées à eau de
Papyjo :
La
vidéo du lancement de la MiniJab de Papyjo
(exploitée par nous) :
https://www.youtube.com/watch?v=zAjO6gtq5Og
D’une
façon générale,
les textes de la page Physique de la fusée du site Go
Mars ! :
http://perso.numericable.fr/fbouquetbe63/gomars/physique.htm
dont :
LA
PROPULSION
DE LA FUSÉE À EAU
http://perso.numericable.fr/fbouquetbe63/gomars/prop_fao.pdf
AMENDEMENT
ATMOSPHÉRIQUE À LA FAMEUSE
FORMULE DE TSIOLKOVSKI :
http://perso.numericable.fr/fbouquetbe63/gomars/amendement_tsiolkovski.doc
Notre
tourniquet à réaction, dans la série
nommée Réaction de cette page :
http://perso.numericable.fr/fbouquetbe63/gomars/objets_gomars.htm
)
[1] “Everybody
Knows from personal experience
that if one jumps from a boat pushing one’s body off it (i.e.
acquiring
velocity in the horizontal direction), the boat will move…
Such
a boat with
men leaving i tat equal intervals may be likened τ
a rocket.”
[2] « Anker » signifie « ancre » en allemand, langue du sous-titrage.
[3]
Lorsqu’un corps est placé
dans le courant d’une soufflerie, on peut en
établir la Traînée en mesurant
dans son sillage les pertes de Quantités de Mouvement subies par le
fluide du fait de la présence du
corps.
[4] De la même façon la masse éjectée par nos fusées finit toujours par être ralentie par l’air où elle est projetée.
[5] Et encore doit-on faire abstraction de l’énorme vitesse de satellisation qui entraîne le système. Dans l’espace, c’est donc plutôt à une constance dans le mouvement du CdM général qu’il faut faire appel.
[6]
Si l’on admet pour le
poids une trajectoire purement parabolique, la vitesse initiale du
poids est V0 = , L
étant la portée ou plus exactement la distance
à laquelle le
poids repasse à son altitude de lancement et g
l’accélération de la pesanteur.
[7] Nous verrons plus bas qu’en fait le calcul est un peu plus complexe…
[8] Cette permanence du CdM commun étant un résultat fortuit, comme nous l’avons dit, de la loi de conservation des Quantités de Mouvement.
[9] “Were two men thus to thrust each other apart exerting the same force as I can, and Ican jump one-third of a meter high on Earth, then each of us would begin to move at a velocity of 12 kilometers per hour. I would reach the base 120 kilometers away in l0 hours. This kind of speed would be proper for horses.” [Nous trouvons quant à nous que la vitesse nécessaire à un saut de 1/3 m est 9,2 km/h, NBdGM]
[10] “In this case it may be said: motion in free space is impossible without loss of matter.”
[11] Le grand homme précise « dans ce cas » car il cite également l’exemple de mouvements alternatifs obtenus en éjectant des masses retenues par une cordelette : il y a bien dans ce cas création d’un mouvement limité en durée et en amplitude sans perte de matière…
[12] …ou même dans leur code génétique pour les insectes (pensons au bousier qui passe une partie de sa vie à pousser .. des boules d’excréments)…
[13] Newton avouait cependant « Si j'ai vu plus loin que les autres, c'est parce que j'ai été porté par des épaules de géants » (Il fait peut-être mention ici à Galilée, cf. cette page de Wikipédia)
[14] À ce sujet, il faut se souvenir que les scientifiques contemporains de Goddard, le grand fuséiste précurseur états-unien, ne voulaient pas croire au principe de la réaction : ils s’accrochaient à l’idée que pour décoller une fusée s’appuie sur l’air ambiant, autrement dit ils étaient persuadés que la propulsion à réaction ne fonctionnerait plus dans le vide de l’espace !
[15] Cette expérience est surtout quotidienne aux États-Unis où lorsqu’un étudiant tire sur ses collègues, il ressent très bien le recul de son arme…
[16] Ce poussé peut-être organisé sur un sol bien roulant entre deux pratiquants de patin à roulettes.
[17] Lorsque l’on tient la paille à la façon d’une pipe mais avec la petite extrémité de la paille coudée vers le bas, le fait de souffler dans la paille soulève celle-ci (si l’on garde les lèvres bien souples et bien humides). Lorsque l’on coude la petite extrémité vers la gauche ou vers la droite, son mouvement se fait latéral…
[18] Dans notre premier calcul effectué plus haut à masse embarquée supposée constante, nous avons trouvé un gain de vitesse de 50 fois moins que 10 m/s, soit 0,2 m/s.
[19] Nous y revenons à l’instant.
[20] Donnons quelques chiffres décrivant cette propulsion à réaction :La fusée lunaire Saturne V projetait vers le bas 12,7 t de gaz /sec (poussée au décollage d'environ 3 450 104 N ,vitesse d'éjection de 2 500 m/s ,soit 9 000 Km/h pendant environ 2 min 30 sec).
[21] Au contraire, le fait que les gaz de propulsion soient abandonnés avec une forte chaleur résiduelle constitue une perte énergétique…
[22] Il en faudrait 2631 pour arriver aux 150 Kg que pesaient les pierres, une balle de tennis pesant 57g.
[23] De plus, l’avantage des balles de tennis est qu’elles flottent (de sorte qu’on pourra facilement les récupérer).
[24] …n’étaient les problèmes de sécurité que pose la mise en pression de la fusée…
[25] La source d’énergie des moteurs ioniques est donc électrique, photovoltaïque en général.
[26] « Optimisation » est un terme de mathématique très ancien. Il convient ici d’oublier qu’à notre époque, avec l’adjectif « fiscale », il signifie escroquerie.
[27] Il faut comprendre « sur son élan »…
[28] Le Rapport de Masses est parfois nommé également Nombre de Tsiolkovski.
[29] S’il existe une gravité, comme sur notre planète, il suffit de retrancher gt à la formule, t étant la durée pendant laquelle cette gravité a agit (la durée de propulsion, ici)…
[30] Plus exactement, notre tableur, en travaillant pas à pas (soit balle par balle) a trouvé 1,214 m/s. La légère différence est due au fait qu’une balle de tennis constitue déjà un paquet de matière et donc un gros incrément. Lorsque l’on réduit la masse de la balle de tennis (sans changer cependant la Masse d’Appui, donc en multipliant le nombre de balle), on retrouve la vitesse donnée par la formule de Tsiolkovski…
[31] C’est pour passer ce seuil de la Vitesse d’Éjection que nous avons augmenté la Masse d’Appui et donc le Rapport de Masses
[32]
Elle recule donc de 2,86 m/s,
d’après la différence
entre la Vitesse de Fin de Propulsion et la Vitesse
d’Éjection. Notons
d’ailleurs qu’on a 100 Kg*7,14 m/s
= 250 Kg*(2,86 m/s)…
[33] Nous négligeons ici la masse d’appui des ergols contenus dans le tube d’aspirine…
[34] Ce qui apparaît nettement au vu de la formule de Tsiolkovski.
[35] « absolu » signifie ici : « relative à un repère galiléen » (par exemple un repère immobile fixé au fond de l’eau dans le cas de l’expérience de la barque ou, plus généralement, en mouvement de translation uniforme).
[36] Nous ne démontrons pas cette égalité assez intuitive.
[37] Vitesse absolue ou vitesse mesurée dans un référentiel galiléen…
[38] Lorsque la vitesse d’un corps est faible, comme c’est le cas ici pour les gouttes, et que de ce fait la Traînée atmosphérique est négligeable, ce corps tend à décrire une parabole
[39]
L’éjection de l’air
résiduel tendrait plutôt à freiner
l’ascension de la partie haute du sillage.
Il semble que dans le cas de cette fusée de 0,5 L,
la propulsion gazeuse produise peu d’effets
visibles…
[40] La formule de Tsiolkovski peut également être utilisée pour calculer la vitesse instantanée d’une fusée d’après son Rapport de Masses instantané, c.-à-d. en considérant qu’à chaque instant la propulsion est arrivée à son terme, comme si, à l’instant suivant un mécanisme frigorifique allait geler subitement l’eau de propulsion restant dans la fusée…
[41] « adiabatiquement » signifie ici simplement que l’air comprimé, lors de sa détente, n’a pas le temps d’échanger de la chaleur avec le corps de la fusée ni avec l’eau…
[42] Ceci étant, dans l’exploitation qu’on peut faire de la vidéo de la MiniJab, on doit se limiter à la propulsion aqueuse puisque c’est elle qui donne leur vitesse aux particules d’eau…
[43] Comme nous venons de le dire, la Vitesse d’éjection d’une fusée à eau étant variable, son Rapport de Masses n’est pour nous qu’un indice en ce qui concerne l’égalité Vitesse de Fin de Propulsion / Vitesse d’Éjection.
[44] Physiquement, ce dernier terme correspond bien au plus fort gain en vitesse de toute la propulsion puisque, pendant qu’il intervient, la barque est allégée de toute sa Masse d’Appui.
[45] Ces deux rapports sont d’autant plus proches que le nombre de jets est important.
[46] Les vitesses réduites sont de 1,199 pour 16 partitions, 1,225 pour 32 et 1,239 pour 64.
[47] Une fusée n’est pas un projectile, mais c’est ce mot qui est utilisé dans la version anglaise.
[48] La traduction anglaise emploie bien le mot “explosives”.
[49] La traduction anglaise ne dit par propulsion mais « explosion ».
[50] Note de Bernard de Go Mars.
[51] La traduction anglaise utilise le terme fuel, dont le sens est produit combustible vient de l’ancien français fouaille, signifiant « toute matière combustible servant à alimenter un feu ». Il ne faut pas le traduire par fuel-oil ou par fioul. Fuel est une façon exécrable (d’un point de vue logique et pédagogique) de désigner la Masse d’Appui. Les anglo-saxons utilisent cependant l’expression propellant mass (Masse Propulsive) qui est un peu meilleure.
[52] Nous venons d’ailleurs d’expliquer que, lors de la propulsion par jet unique, la notion de débit massique n’est pas définie…