Dildar Begum n'a plus de pays, pas d'emploi, rien à manger. Son mari est aujourd'hui emprisonné au Bangladesh où elle survit dans un bidonville avec ses cinq enfants, réduite à mendier du riz auprès de voisins pauvres, sept mois après avoir fui la Birmanie.
"Je ne peux pas vivre ainsi. Ce serait mieux si mes enfants et moi mourions d'un coup", lance la jeune femme de 25 ans.
Dildar Begum fait partie des milliers de membres de la minorité ethnique Rohingya qui ont gagné le Bangladesh pour échapper aux persécutions dont ils étaient victimes en Birmanie. Dans cet exil désespéré, ils n'ont trouvé que bidonvilles et camps où nourriture et eau sont rares, et soins médicaux inexistants.
Musulmans, les Rohingyas sont indésirables dans la Birmanie bouddhiste. Et indésirables comme étrangers dans ce Bangladesh musulman.
Ces derniers mois, les autorités de Dacca ont multiplié les opérations contre eux. Nombre ont été arrêtés et expulsés tandis que la sécurité était renforcée le long de la frontière poreuse avec la Birmanie.
Parallèlement, le gouvernement a découragé les ONG de distribuer des vivres à la plupart d'entre eux, redoutant que de telles actions n'attirent d'autres réfugiés, a confié un responsable gouvernemental à l'Associated Press sous couvert d'anonymat. Sans aide, les Rohingyas sont confrontés à la famine, selon des militants. "Une grave crise humanitaire menace", soulignait en février Chris Lewa, du Projet Arakan, un groupe de défense des Rohingyas.
Les quelque 800.000 membres qui composeraient cette minorité seraient les descendants de colons arabes du VIIe siècle dont l'Etat situé le long de la frontière actuelle birmano-bangladaise a été conquis par les Birmans en 1784.
La junte au pouvoir en Birmanie refuse de les reconnaître comme citoyens. Dans ce pays, la minorité est en butte aux extorsions de fonds, à la confiscation de terres, aux expulsions forcées et n'a qu'un accès restreint aux soins médicaux et à la nourriture, selon l'ONG Human Rights Watch.
Des milliers de Rohingyas ont fui en Malaisie et en Thaïlande ou ont bravé les mers vers le Moyen-Orient dans l'espoir d'y trouver du travail. L'an dernier, la Marine thaïlandaise a intercepté des bateaux transportant un millier de Rohingyas, qui ont été frappés et contraints à reprendre la mer dans des embarcations sans moteur, avec peu d'eau ou de nourriture, selon des informations diffusées par des groupes de défense des droits de l'Homme.
Article trouvé le 16 mars 2010 à 16h50 à cette adresse :
http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/international/asiepacifique/20100314.FAP4044/les_rohingyas_minorite_musulmane_persecutee_en_birmanie.html.