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liste des effets propres à ce paradoxe
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tableau
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8 - synchronisé / incommensurable
effet synthétique
s12
coordination de formes convexes et de formes concaves
1 - cet effet s'appuie sur le paradoxe n° 12 intérieur / extérieur :
quand on se positionne au creux intérieur de la forme concave, on
est à l'extérieur de la forme convexe, et réciproquement.
Les deux formes se synchronisent pour procurer le même effet de courbure,
mais ces deux courbures de sens contraires sont incommensurables pour notre
perception qui ne nous permet pas de les garder en nous en même temps
2 - l'appui fonctionne à l'aide du paradoxe
un / multiple : faut-il considérer qu'il n'y a qu'une seule et même forme
courbe, ou bien faut-il considérer qu'il y a deux sens contraires de courbure
3 - il s'organise au moyen du paradoxe
regroupement réussi / raté : les formes construisent un même
groupe de formes courbes, mais elles y affirment leur indépendance
en manifestant des sens de courbure contraires
4 - il est noué par le paradoxe clef fait / défait : cela fait l'un et l'autre des deux aspects paradoxaux
Justification du caractère synthétique de type lecture :
on ne peut pas faire l'expérience de l'identité
fondamentale des formes si l'on ne fait pas simultanément
l'expérience d'éprouver leurs courbures contraires et
donc incommensurables l'une pour l'autre |
l'exemple de référence
étape B0-13 - la Vénus de Lespugue : la
surface des bras nous force à lire un creux concave. En opposition,
toutes les boules qui forment le corps, et en particulier celles des seins
qui sont directement confrontés aux creux des bras, nous forcent au
contraire à les lire comme des bosses convexes. La vénus se
lit donc comme la répétition synchronisée d'une même
forme, celle d'une surface courbe, mais parfois il s'agit d'un creux et parfois
il s'agit d'une bosse, or ces deux types de formes sont incommensurables
pour notre perception qui ne peut pas nous projeter en même temps au
centre d'un creux et devant le relief d'une bosse
utilisation aux époques préhistoriques
étape B0-23 - gravures au Val Camonica : la courbe faite par les bras qui se lèvent doit
être abandonnée pour percevoir la courbe des jambes qui descendent.
Pourtant, malgré l'impossibilité de saisir ensemble ces deux
U inverses dans notre perception, on saisit bien que ces deux branches
construisent clairement ensemble le signe visuel cohérent d'un même
personnage, et qu'en outre elles se synchronisent pour aller exactement
chacune dans leur sens à la même vitesse afin de former ensemble
une figure bien équilibrée par la symétrie
étape C0-13 - gravures à Bohuslän : les bras du personnage de droite dessinent deux courbes
concaves et convexes qui sont parfaitement synchronisées dans
leurs évolutions de rapprochement, puis d'écartement
utilisation aux époques anciennes
étape gothique classique C0-33 en Occident - une
rosace de Laon : si l'on considère tour à
tour les arrondis qui forment l'une ou l'autre de ces deux couronnes,
on constate qu'ils se trouvent tour à tour dans une position concave
ou dans une position convexe vis à vis de nous, c'est-à-dire
que l'on va plutôt lire ceux qui se trouvent en bas comme une
suite de bosses convexes, et l'on va plutôt lire ceux qui se trouvent
en haut comme une suite de creux concaves. Pourtant, nous voyons bien que
ces évolutions sont bien synchronisées tout autour de chacun
des deux ronds : toutes les alvéoles centrales font le même
mouvement, et tous les arcs de la périphérie éclatent
en même temps et avec la même énergie
utilisation aux époques plus récentes
étape D0-23 en Occident - Matisse (1869 - 1954) - l'une des deux figures
de Torse blanc et torse bleu, gouache découpée de la série
Jazz de 1943 : le
volume convexe du torse est obtenu par la vision de la découpe du
creux concave du papier bleu, et pour voir le torse nous devons donc combiner
dans notre perception celle d'une forme concave et celle d'une forme convexe,
ce qu'il nous est pratiquement impossible de réussir pleinement. En
fait, nous lisons le contour bleu et le volume blanc par bribes, car nous
ne pouvons pas les maintenir tous les deux et tout entiers dans notre vision
aussi - Matisse - Vénus
(gouache découpée) : le volume convexe
des seins, de l'épaule et la fesse, est obtenu par la vision du
creux concave de la bordure bleue qui suggère ces volumes
aussi - Matisse - La Gerbe
: les langues blanches convexes qui séparent
les ramifications de chaque feuillage, se lisent simultanément en
tant que creux concaves entaillant la surface colorée
<Vénus
- La Gerbe (détail) >
étape D0-24 - Brancusi (1876 - 1957) - Colonne
sans fin : un temps la forme s'évase, un temps
la forme se rétracte, un temps la forme s'évase, etc. Tout
comme la perception de courbes concaves et convexes, notre corps ne peut
garder simultanément en mémoire la sensation en lui d'une
forme qui s'évase et celle d'une forme qui se rétracte :
il faut abandonner la perception de l'une pour commencer celle de l'autre.
Puisqu'on ne peut les percevoir en même temps, nous ne pouvons donc
commodément mesurer ces deux types de formes l'une par rapport à
l'autre. Elles sont par conséquent incommensurables l'une avec l'autre.
À l'opposé, nous lisons très facilement la régularité
de leur alternance, et donc le parfait synchronisme selon lequel, tout
au long de la colonne, ces formes incommensurables l'une pour l'autre se
remplacent à tour de rôle
utilisation à l'époque contemporaine
étape D0-31 - Niemeyer (né en 1907) - la
Cathédrale de Brasilia : pour saisir la forme
du bâtiment il faut lire le cône convexe de sa partie basse
et le creux concave que forme la série des arcs en béton
lorsqu'ils se rebroussent en s'appuyant les uns contre les autres
dernière mise à jour de cette fiche : 26 février 2005
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