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les 6 étapes du paléolithique |
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la Vénus de Lespugue
note concernant les liens : la numérotation de chaque
expression contient un lien, tel que " a7 ",
qui permet d'accéder à une explication générale
de cet effet, ainsi qu'à d'autres exemples de son emploi.
Ces exemples contiennent à leur tour un lien qui permet d'accéder
directement aux analyses dont ils sont tirés. Ce lien permet notamment
de revenir au présent texte à l'endroit précis où
vous l'avez quitté, mais vous pouvez aussi utiliser pour cela la
fonction "page arrière" de votre navigateur.
Repères chronologiques :
Environ - 23 000 avant JC selon datation "brute". La calibration par
la technique U-Th (Uranium-Thorium) donne pour cette période une
date de l'ordre de - 28 500.
L'image de référence : la
Vénus de Lespugue [s'ouvre dans une fenêtre réservée aux images]
Source de l'image : Catalogue des reproductions des Musées de France
remarque : dans le cycle d'initiation, vous pouvez trouver
une autre analyse de cette Vénus, avec des développements
spécialement adaptés à un abord progressif d'inititation.
Cette autre analyse peut également être abordée avec
une présentation en deux cadres,
l'un pour les textes et l'autre pour les images.
1er paradoxe de transformation : effet d'ensemble / autonomie
1 - Expression analytique
de type a7 :
Les surfaces des boules se développent vers des directions très
diverses les unes des autres, et avec des rythmes très variés.
Pourtant, l'ensemble de ces mouvements complètement indépendants,
donc autonomes, génère une forme commune remarquable : un
losange. Losange que l'on trouve dans la découpe extérieure
de la Vénus, mais également dans la forme intérieure
générée par les seins et le bas du ventre. "L'effet
de losange" est ici l'effet d'ensemble que produisent les mouvements autonomes
qui, par ailleurs, s'égaillent dans toutes les directions.
2 - Expression synthétique
de type s7 :
Toutes les surfaces forment le même effet : celui d'une boule ovale séparée.
Or, chaque boule séparée ne se fait repérer en
tant que telle, que parce qu'un net et brusque repli, ou un profond sillon,
la tranche du reste du volume et lui permet d'être lue en tant que boursouflure autonome.
Toutes ces boursouflures font donc toutes ensembles un même effet
de boule ovale séparée, et cet effet d'ensemble se trouve
être l'effet d'affirmation de l'autonomie individuelle de chacune des boules ovales.
Effet d'ensemble et affirmation de l'autonomie sont ici parfaitement indissociables : on a bien affaire à un effet de type synthétique.
3 - Expression synthétique
de type s10 :
Toutes les surfaces forment le même effet : celui d'une boule ovale.
Mais, simultanément, ces formes sont très différentes
les unes des autres : il y a les convexes et les concaves, les grandes,
les moyennes et les petites, celles qui sont longuement tendues et celles
qui au contraire sont bien ramassées en boule, celles qui vont droit
vers le bas et celles qui vont en biais vers le haut.
Toutes, elles font donc ensemble le même effet de boule ovale.
En même temps, elles le font en usant de manières qui sont
très autonomes les unes des autres.
Cette expression s10 utilise également la forme en losange :
- le contour général de la Vénus est celui d'un losange ;
- le volume central bien distinct qui regroupe les
seins et le ventre possède également une forme en losange.
Deux fois donc un effet de losange, répété par
deux volumes de tailles différentes, et précisément
puisque leurs tailles sont différentes et que l'un est en position
de contour externe quand l'autre est en position interne, ces deux losanges
se lisent de façons bien autonomes l'une de l'autre.
2ème
paradoxe de transformation : homogène / hétérogène
[l'interférence entre les deux paradoxes de transformation
fonctionnant à la façon "centre / à la périphérie",
on bascule d'un effet à l'autre en restant sur les mêmes formes]
4 - Expression analytique
de type a14 :
La forme d'ensemble de la Vénus est générée
par la répétition homogène d'un même type de
formes : la répétition de surfaces courbes, en
boules d'allure sensiblement ovale (croquis de gauche).
En contrepoint à cette répétition homogène de la forme,
une hétérogénéité est
apportée par le sens de leur lecture, ou par leur type de
lecture, qui sont souvent très nettement différents
(croquis du centre et croquis de droite).
Ainsi, les jambes se lisent comme une série de volumes qui s'enchaînent l'un
après l'autre en montant depuis les pieds jusqu'aux fesses. Les
seins par contre, se lisent certainement comme des volumes qui
descendent. Comme les seins, les bras se lisent plutôt en
descendant, avec les mains à leur suite qui croisent la
direction des seins. Mais même les bras qui descendent ne se font
pas lire comme les seins, car ceux-ci se lisent comme des volumes
jumelés qui se gonflent en descendant, tandis que chaque bras se
lit isolément par le fin tracé que dessine son arête.
La tête se lit comme une petite boule strictement
refermée sur elle-même, à la différence des
jambes qui enchaînent plusieurs volumes à la suite, et
à la différence des seins qui prolongent bien en continu
le creux inverse du cou et des bras. Le ventre, lui-aussi, se lit comme
un volume autonome, mais plutôt horizontal dans son développement.
5 - Expression analytique
de type a3 :
La surface de la sculpture est d'un lisse homogène : pas de surface
striée, pas de détails anatomiques qui gêneraient la continuité du lisse de cette surface.
Mais elle comporte des replis brutaux qui créent les hétérogénéités
très marquées qui génèrent le relief de la sculpture.
6 - Expression synthétique
de type s10 :
La forme d'ensemble est générée par la répétition
homogène d'un même type de formes : la répétition
de surfaces courbes, en boules d'allure sensiblement ovale.
Mais ces formes ovales sont hétérogènes entre
elles par leurs dimensions : il y a une petite boule serrée
pour faire la tête, des courbes très amples pour faire les
bras et les seins, tandis que depuis les pieds jusqu'aux fesses s'échelonnent
des courbures plus ou moins longues.
L'intensité de leur courbure est aussi très hétérogène
: il y a des formes en ovale très allongé (les bras, les
seins, les cuisses), des formes en ovale presque sphérique (les
fesses), et des ovales de proportion intermédiaire entre ces deux extrêmes (la tête).
Ainsi donc, la Vénus est obtenue par la répétition
homogène d'une même forme ovale , et ces ovales ont des tailles
et des courbures hétérogènes les unes avec les autres.
Toute la sculpture est faite de surfaces qui se courbent en ovale. Puisque
tous les volumes sont générés de cette façon,
il s'agit là d'une façon homogène de générer les volumes.
Mais tantôt ces surfaces sont en creux (les bras), et tantôt elles sont bombées (le reste de la forme).
Par leur allure toujours arrondie, les formes sont toujours homogènes
entre elles, mais le sens opposé de leurs courbures nous force à les ressentir comme hétérogènes.
Une troisième utilisation de l'expression s10
concerne cette fois la forme de losange que l'on retrouve aussi bien dans
le contour général externe de la Vénus que dans la
forme du volume central bien distinct qui regroupe les seins et le ventre
: ces deux losanges sont homogènes par leurs formes puisqu'elles
sont semblables, mais ils sont hétérogènes entre eux
par leurs tailles qui sont nettement différentes. Ils sont aussi
hétérogènes par leurs positions, puisque l'un est
en position de contourne externe, alors que l'autre est en position interne.
1er paradoxe d'état : homogène / hétérogène
[niveau ponctuel : effet réciproque à distance des
différentes parties de la forme, ou effet d'apparence globale de la forme]
Déjà envisagé au titre du deuxième paradoxe de transformation.
2ème paradoxe d'état : rassembler / séparer
[niveau de classement : met en valeur les effets de type ponctuel du 1er paradoxe]
7 - Expression analytique de
type a15
(branchée sur les effets -4-, -5- et -6-) :
Toutes les parties de la Vénus sont rassemblées dans une
grande forme en losange bien lisible, et par ailleurs ce rassemblement
ne parvient pas à fondre ensemble des groupes de formes qui se font
lire chacun d'une façon bien séparée :
- la tête forme une petite boule complètement à part ;
- les bras forment un creux qui tranche avec le reste des formes ;
- le ventre et les seins forment un paquet central
compact en forme de losange qui se distingue nettement de son entourage ;
- et les jambes dessinent un V dont les branches
s'écartent, et restent à évoluer dans un plan nettement
en recul de la protubérance que forment le ventre et les seins.
Comme on vient de l'évoquer, le centre du corps a lui aussi la forme d'un losange , et ce losange rassemble dans un même paquet bien compact, les boules que forment les seins et le bas ventre. Mais dans le même temps toutes ces formes restent nettement séparées, nettement tranchées l'une de l'autre par les profonds sillons qui marquent leurs limites respectives.
8 - Expression analytique de
type a6
(branchée sur l'effet -5-) :
Dans leur partie inférieure les jambes restent très
collées, très rassemblées donc, et à l'extrémité
des pieds elles vont même jusqu'à être complètement continues l'une avec l'autre.
Dans leur partie haute au contraire les deux jambes se séparent,
puis ensuite elles s'éloignent de plus en plus l'une de l'autre.
9 - Expression synthétique
de type s12
(branchée sur l'effet -6-) :
Les courbures que dessinent les jambes et les fesses s'enchaînent
l'une après l'autre : la courbure est d'abord modérée
au niveau des tibias, elle devient plus affirmée au niveau des cuisses,
puis enfin elle se fait très serrée pour arrondir les fesses
fortement saillantes.
Si on lit ainsi à la suite ces trois arrondis depuis le bas
vers le haut, on ressent que la courbure qui rassemble la forme en paquet
de plus en plus serré, simultanément sépare de plus
en plus une forme de la précédente :
- le bas des jambe
est à peine ramassé sur lui-même, encore relativement
continu avec les cuisses, et les pieds des deux jambes sont même
complètement confondus ;
- à l'opposé,
les fesses qui s'arrondissent au maximum en boule compacte, ce faisant
se séparent très nettement de la cuisse.
D'une courbure à l'autre, l'augmentation du serrage qui rassemble
en une forme de plus en plus compacte, entraîne ainsi l'augmentation
simultanée de l'effet de séparation entre cette forme et
sa précédente.
Parce que dans cet effet la séparation est directement suggérée
par la force du serrage, les deux aspects contradictoires de séparation
et de rassemblement compact sont ici indissociables, et c'est ce qui définit
bien cet effet comme "synthétique".
3ème paradoxe d'état : synchronisé / incommensurable
[niveau d'organisation : comment la forme se répand]
10 - Expression analytique de
type a3 :
La Vénus possède une forme géométrique d'ensemble
remarquable : celle d'un losange. L'étonnant est que la régularité
de cette figure est obtenue par le groupement de formes qui s'égaillent
dans tous les sens, et à des rythmes et avec des mouvements complètement
différents les uns des autres, de telle sorte qu'elles n'ont aucune
raison à priori de former toutes ensemble une forme régulière :
- aucune raison pour
que le mouvement qui va de la tête aux bras, puis aux fesses, se
retrouve en symétrique dans le mouvement qui va des pieds joints
aux tibias, puis aux cuisses, puis à nouveau aux fesses ;
- aucune raison pour
que les courbes des seins et les courbes des bras qui se creusent en sens
inverse, malgré tout parviennent à se coordonner exactement
pour rester dans le cadre de cette figure régulière ;
- aucune raison non
plus pour que le dessus des deux seins et le bas du ventre, se coordonnent
pour former ensemble une autre figure régulière de losange,
à l'intérieur du grand losange que forme le personnage.
Cette géométrie est pour nous d'autant plus surprenante
que l'ensemble évoque une figure de femme, et que l'on ne s'attend
pas à trouver ce type là de régularité dans
un corps féminin.
En résumé donc, c'est synchronisé dans une figure
géométrique régulière, et pourtant cela part
dans des directions qui sont incommensurables les unes par rapport aux autres.
"Incommensurable", cela veut dire ici qu'elles partent dans des directions
trop étrangères l'une de l'autre pour que l'on puisse apprécier
le rythme de la progression de l'une, par rapport au rythme de la progression de l'autre.
Pour le dire de façon plus simple : les formes construisent
ensemble un losange, mais on ne peut pas saisir comment elles font pour réussir cela.
11 - Expression synthétique
de type s6 :
L'incommensurabilité s'exprime souvent au moyen de deux perceptions
que nous ne pouvons pas garder en nous en même temps, ce qui nous
empêche de mesurer ou de repérer commodément la relation qui existe entre elles.
Un moyen pour nous empêcher de garder en nous deux perceptions
en même temps, consiste à produire des formes qui se lisent
à partir de points qui sont les plus écartés possible
et qui se dirigent l'un vers l'autre. Pour lire un déplacement qui
va dans un sens, notre perception installe en effet imaginairement en notre
corps le sens de ce déplacement, et pour lire le dépacement
qui va en sens inverse, nous devons nécessairement "désinstaller"
la perception du premier sens de déplacement pour pouvoir installer
dans notre corps la perception du sens inverse.
Ainsi, dans la Vénus, les jambes se lisent depuis les pieds,
et en remontant progressivement les courbes des jambes qui s'écartent
de chaque côté du ventre. Le haut du corps lui, se lit depuis
le cou vers le ventre, en suivant le relief des seins.
Non seulement ces deux parcours visuels ne se rencontrent pas, mais
surtout ils partent depuis des points opposés et vont en sens inverse.
Comme notre perception ne nous permet pas de suivre commodément
en même temps deux trajets qui vont ainsi l'un vers l'autre, nécessairement
nous abandonnons l'un quand nous voulons lire l'autre, nous arrêtons
de lire le trajet qui part des pieds vers les fesses lorsque nous commençons
à lire le trajet qui part du cou vers les seins.
Ne pouvant être lus en même temps, ces deux trajets ne
peuvent donc pas être confrontés commodément, ce qui
nous empêche de saisir comment ils se débrouillent pour se
coordonner. Nous ne pouvons pas suivre le détail de leur coordination
progressive, mesurer son rythme et accompagner au fur et à mesure
cette coordination dans notre sensation, mais le fait est là, et
nous le constatons clairement : ils parviennent à se synchroniser
pour donner en final la forme exacte d'un losange.
12 - Expression synthétique
de type s12 :
Un autre moyen pour nous empêcher de "tenir" deux perceptions
en même temps dans notre sensation, est d'utiliser un contraste de
formes concaves et de formes convexes, car il se trouve que notre perception
ne nous permet pas de ressentir en même temps ces deux types de formes
: nous percevons un creux concave en creusant imaginairement notre corps,
puis, pour percevoir cette fois une bosse convexe, nous devons d'abord
défaire ce creux en nous, et courber ensuite imaginairement notre corps dans l'autre sens.
Dans la Vénus, la surface des bras nous force à lire un creux concave.
En opposition, toutes les boules qui forment le corps, et en particulier
celles des seins qui sont directement confrontés aux creux des bras,
nous forcent au contraire à les lire comme des bosses convexes.
Pour lire le creux des bras nous devons cesser de lire les bosses que
forment les boules du reste du corps, nous devons "défaire" en nous
leur perception, et inversement, pour lire les boules du corps nous devons
défaire en nous la perception des bras. Pourtant, nous constatons
clairement que toutes ces formes que nous ne pouvons saisir visuellement
en même temps, se débrouillent pour se synchroniser exactement
comme il faut afin de construire toutes ensembles la forme exacte d'un losange.
4ème paradoxe d'état : continu / coupé
[niveau du noeud qui résume les trois effets précédents et les bloque ensemble]
13 - Expression analytique de
type a10 :
Parmi ses "invraisemblances", du moins si l'on cherche à voir une femme dans cette Vénus, l'une des plus criantes est l'hypertrophie des avant-bras et des mains. Ces membres très amenuisés marquent juste un trait de coupure, dans la surface courbe continue qui descend du cou vers le bas des seins.
Toutes les courbes qui construisent la forme de la Vénus, s'enchaînent
et se relient de façon bien continue.
La petite boule de la tête reprend elle aussi et continue cet
effet de courbes enchaînées, mais, parce qu'elle est séparée
des autres formes en boule par la courbe en creux inverse des bras, elle
est aussi ressentie complètement coupée du paquet compact
que forment les autres boules.
14 - Expression synthétique
de type s11 :
Le volume de la Vénus est généré par le
rebond répété (continu) d'une surface courbe, qui
chaque fois se casse (se coupe) avant de répartir plus loin : la
coupure de la courbe se répète donc de façon continue.
La notion de coupure et celle de continuité étant ici
intrinsèquement liées et inséparables, il s'agit d'un effet de type synthétique.
Le verso de la statuette
Une analyse complémentaire, celle du côté arrière de la Vénus de Lepugue, est disponible par ce lien en version html et par cet autre lien en version pdf.
Dernière mise à jour : le 29 décembre 2006 - lien vers l'analyse du verso de la statuette ajouté le 12 février 2012 -
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