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généralités sur l'art roman |
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bandes lombardes à TOURNUS |
les bandes lombardes de la façade latérale de TOURNUS
la baie en plein cintre au château de HEDINGHAM
le porche "à entonnoir" d'AULNAY
le chevet de N.D. du Port à CLERMONT-FERRAND
le tableau qui résume l'évolution de la musique et de l'architecture
pendant le moyen-âge
les généralités sur les effets paradoxaux que l'on
trouve dans l'art roman
Pour charger l'image de l'exemple analysé
: un
"démon" dans un chapiteau roman de l'Église Saint-Gervais-et-Saint-Protais
de CIVAUX dans le Poitou (France) - 12ème siècle
(s'ouvre en principe dans une autre fenêtre)
Source de l'image utilisée :
Photo "Roubier" reproduite d'après l'ouvrage "L'architecture
en Europe - Le Préroman" - Editions Hachette - 1968
De façon très idiote, il est souvent dit que l'une des
grandes innovations du cubisme du XXème siècle avait été
de représenter le même objet ou le même visage depuis
des angles de vue différents. Il s'est même trouvé
des historiens de l'art pour expliquer que cette "innovation inouïe"
(on peut donc tourner autour d'un objet !) était à mettre
en relation avec la relativité d'Einstein.
Si cela avait un sens, cela voudrait dire que le sculpteur anonyme
de ce gentil démon avait découvert la relativité einsteinienne
avec quelques siècles d'avance, puisqu'il représente simultanément
une vue de face et deux vues latérales de son monstre : le haut
du visage est "normal", mais la vue de droite et la vue de gauche de la
barbe sont représentées cote à cote, et il en va de
même du reste du corps que l'on peut voir en même temps depuis
les deux côtés.
Le
1er paradoxe : fermé / ouvert
Il donne sa physionomie d'ensemble au chapiteau :
- les pattes et les barbes du démon se dressent verticalement
en s'appuyant sur le rebord du chapiteau : c'est fermé par en bas,
c'est bloqué par en bas.
- s'élançant depuis ce ferme appui les lignes se courbent,
et elles dirigent notre regard vers le dessus du démon sans que
nous puissions clairement décider où l'arrêter : c'est
ouvert par en haut et par les côtés.
C'était là l'aspect synthétique du paradoxe (les
lignes de forces de la sculpture sont simultanément fermées
et ouvertes).
L'aspect analytique utilise des lignes différentes : le boudin
arrondi horizontal qui sert de base au chapiteau continue librement tout
autour de la colonne (son trajet est ouvert), tandis que les verticales
des pattes et des barbes viennent buter sur lui (leur trajet est fermé
- c'est le même effet que dans l'expression synthétique).
Comme très souvent l'expression synthétique de ce paradoxe
oppose deux modes de lecture entre lesquels on ne sait choisir :
- est-ce une figure symétrique que l'on doit lire en regardant
comment s'étale ses deux côtés à partir de son
axe central ?
- ou bien est-ce une figure très dissymétrique
que l'on doit lire en partant d'une extrémité et en se dirigeant
vers l'autre ?
Si l'on considère la tête, on la perçoit comme
étant une figure symétrique, placée en outre bien
au centre des deux corps symétriquement placés par rapport
à elle. Mais si l'on commence la lecture par les pieds qui s'appuient
sur le rebord du chapiteau (et cette lecture nous vient spontanément
car elle se fait en ressentant la statue par empathie avec nous-mêmes
dont le corps se dresse lui-aussi sur ses pieds), alors on lit du corps
vers la tête une figure très dissymétrique.
Il y a un conflit entre ces deux modes de lecture qui ne déroulent
pas notre vision dans le même sens et de la même façon,
or si l'on adopte l'un des sens de lecture les formes se suivent dans un
certain ordre, mais si l'on adopte l'autre sens elles ne se suivent plus
dans le même ordre.
La barbe porte un motif quadrillé continu sur ses deux parties
ce qui nous suggère de la lire comme si elle était une seule
barbe en continu, d'autant plus qu'elle prolonge le haut de la tête
qui lui apparaît normalement continu.
Mais on ne peut manquer de voir aussi qu'elle est en deux parties séparées
qui se scindent à partir de la lèvre et de la langue. Cette
langue est d'ailleurs elle-même de façon très ambiguë
"une en deux parties".
Les deux barbes sont donc rassemblées dans une seule barbe continue
par un motif quadrillé qui les homogénéise, et elles
restent pourtant deux barbes hétérogènes puisque séparées.
Un motif pour homogénéiser, et une fente qui sépare
pour marquer l'hétérogénéité : deux
effets bien isolables pour chacun des deux aspects du paradoxe, on a donc
affaire à son expression analytique.
Le 4ème paradoxe est en principe celui qui résume les
trois autres, qui "noue" leurs divers effets dans un effet unique.
Sa lecture est particulièrement évidente ici :
- un visage unique rassemble dans l'angle du chapiteau deux corps
bien séparés puisqu'ils se répartissent sur des faces
différentes du chapiteau (c'est l'expression synthétique)
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suite : le décor en bandes lombardes de TOURNUS |
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