accueil |
|
|
tableau des 16 paradoxes |
avant
:
bandes lombardes à TOURNUS |
suite
:
porche "à entonnoir" d'AULNAY |
Pour aller aux autres exemples d'art roman analysés :
un démon sculpté sur un chapiteau de CIVAUX
les bandes lombardes de la façade latérale de TOURNUS
le porche "à entonnoir" d'AULNAY
le chevet de N.D. du Port à CLERMONT-FERRAND
le tableau qui résume l'évolution de la musique et de l'architecture
pendant le moyen-âge
les généralités sur les effets paradoxaux que l'on
trouve dans l'art roman
Pour charger l'image de l'exemple analysé : une baie en plein cintre au château de HEDINGHAM dans l'Essex (Grande-Bretagne) - vers 1130 / 1140 (s'ouvre en principe dans une autre fenêtre)
Source de l'image utilisée :
Reproduite d'après l'ouvrage "Architecture universelle -
Univers Roman" - édité par l'Office du livre
La tour-résidence de Hedingham est l'une des donjons construits
par les Normands après leur conquête de l'Angleterre.
La baie analysée ici est très caractéristique
de l'architecture romane. Ce sont presque les mêmes que l'on retrouve
par exemple aux fenêtres hautes de l'intérieur de la nef de
Saint-Benoit-sur-Loire.
La relation entre l'arrondi du haut qui relie deux colonnes face à
face, présente beaucoup de similitude d'effets avec la sculpture
de démon dans un chapiteau de Civaux analysée dans une autre
page.
Le
1er paradoxe : fermé / ouvert
Les arcs du cintre de la baie viennent buter sur un relief horizontal
(il ferme leurs parcours), et ce relief lui n'a rien pour l'arrêter
à ses extrémités où notre regard glisse sans
interruption sur la surface du mur (son parcours est ouvert).
C'est une expression analytique.
expression analytique du paradoxe ouvert / fermé
:
les arcs buttent sur les reliefs horizontaux (parcours
fermé par un obstacle),
alors qu'à l'inverse notre regard n'est pas
arrêté aux extrémités de ces reliefs (parcours
ouvert vers le mur)
Les colonnes sont suffisamment dégagées du mur pour que
notre regard juge qu'il peut en faire le tour librement (ouverture), mais
elles sont trop engagées pour cela dans le mur et notre regard but
sur lui (fermeture).
C'est une expression synthétique.
expression synthétique du paradoxe ouvert
/ fermé :
on ne sait décider s'il s'agit d'une colonne
située devant le mur (le trajet tout autour de sa circonférence
restant ouvert),
ou s'il s'agit d'une colonne prise dans le corps du
mur (le trajet qui fait le tour de la colonne venant alors butter contre
lui)
Le
2ème paradoxe : ça se suit sans se suivre
Les colonnes et l'arc qui les relie forment un trajet continu que l'on peut suivre des yeux, mais le relief horizontal coupe cette continuité et empêche que cela se suive (expression analytique).
expression analytique du paradoxe ça se suit
sans se suivre :
on peut lire les colonnes et l'arc comme un trajet
qui passe en continu de l'une à l'un et de l'un à l'autre,
ou comme un trajet interrompu par des saillies horizontales.
Dans ce cas, les colonnes et l'arc ne se suivent plus
On peut lire la baie comme une figure symétrique où deux
colonnes s'étalent de part et d'autre d'un axe central, mais on
peut aussi la lire comme dans l'effet précédent comme un
parcours qui fait en continu le tour de l'ouverture (montant par une colonne,
passant par l'arc puis redescendant par l'autre colonne), ou encore comme
deux colonnes qui se font face.
Notre perception n'arrive pas à trancher entre ces trois directions
de lecture possible (du centre vers les deux côtés, ou en
faisant le tour, ou de gauche à droite et de droite à gauche),
et si divers composants de la baie se suivent dans un mode de lecture ils
ne se suivent pas dans les autres.
expression synthétique du paradoxe ça
se suit sans se suivre :
notre perception hésite entre plusieurs modes
de lecture de la figure, or les éléments qui se suivent dans
un certain ordre selon un mode de lecture, ne se suivent pas dans le même
ordre avec un autre
Le
3ème paradoxe : homogène / hétérogène
Tout autour de la baie le mur est constitué sur de grandes surfaces et de façon très homogène par une même pierre lisse (la photographie ne montre qu'une petite surface, mais comme souvent dans l'architecture romane les percements de la surface sont rares). Le trou de la baie constitue lui-même une hétérogénéité dans ce mur aveugle pour l'essentiel, et les creux et les reliefs de son encadrement forment des hétérogénéités dans le lisse de son parement (expression analytique).
expression analytique du paradoxe homogène
/ hétérogène :
le trou de la baie forme une hétérogénéité
locale dans une surface de mur par alleurs très uniformément
aveugle.
Et les creux et les reliefs de son décor forment
des hétérogénéités qui tranchent sur
cette surface uniformément lisse
Par un certain aspect on ressent que les colonnes sont prises dans la masse du mur, qu'elles participent à son homogénéité massive, et par un autre côté elles font saillie du mur, elles se dressent hors de lui et y marquent des hétérogénéités (expression synthétique).
expression synthétique du paradoxe homogène
/ hétérogène :
la colonne peut être ressentie comme prise dans
le mur (formant avec lui une masse homogène) ou comme un corps étranger
devant le mur
Le
4ème paradoxe : rassembler / séparer
Le cintre arrondi coiffe et rassemble les deux colonnes, qui restent
parfaitement séparées l'une de l'autre dans leur affrontement
face à face (expression analytique).
Le cintre lui-même rassemble en les empilant trois arcs successifs
qui restent bien séparés l'un de l'autre par un creux profond
(expression analytique).
expressions analytiques du paradoxe rassembler /
séparer :
le cintre rassemble deux colonnes séparées
par un vide,
et le parcours du cintre rassemble trois arcs empilés, bien séparés les uns des autres par un creux profond
Chaque colonne est engagée dans le mur, donc rassemblée avec le reste de sa masse, mais sa découpe la sépare du nu de mur et lui permet de se dresser comme isolément et hors du mur (expression synthétique).
expression synthétique du paradoxe rassembler
/ séparer :
chaque colonne peut être lue comme incorporée
dans la masse du mur, ou séparée d'elle et placée
devant le mur
accueil |
Art |
haut |
suite : porche "à entonnoir" d'AULNAY |
auteur |