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phase du point paradoxe 1 |
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Formé d'atomes qui sont attirés de tous côtés les uns vers les autres et qui sont complètement butés les uns contre les autres, un réseau cristallin offre donc l'image d'un monde bloqué,
immobile, figé dans cette configuration de compacité optimale ne laissant entrevoir aucune évolution possible, aucun arrangement un peu différent, entre eux, des atomes.
Cela surprendra peut-être, mais c'est bien avec cette image de blocage complet et d'immobilité que nous
envisageons d'illustrer la Renaissance, qui s'est pourtant vécu comme le prototype même du réveil, de la mise en branle soudaine
de la civilisation sortant de la torpeur moyenâgeuse où elle se croyait plongée.
Plus précisément,
l'image de réseaux cristallins est donnée pour illustrer
comment, à cette époque, une personnalité individuelle
est complètement figée et déterminée par l'ensemble
de ses liens et de ses attaches sociales, d'une façon tout à
fait équivalente à la façon dont un réseau
cristallin maintient bien à sa place chacun des atomes qui le composent.
N'est-ce donc pas contraire à l'intuition ? Ne dit-on pas d'habitude
que la Renaissance vit le réveil de l'individu face à la
pesanteur étouffante de la société du Moyen-Age ?
Un Montaigne par exemple, n'est-il pas le fruit de la Renaissance ?
À cela on répond
qu'il faut cesser de faire des analogies simplistes entre les sociétés
du passé et notre propre société. Aujourd'hui, en
tout cas dans la société que l'on appelle occidentale, la
libération de l'individu s'identifie à la brisure des contraintes
sociales. On se sent libre si l'on peut faire ce que l'on décide
seul de faire. En particulier, un artiste se sent libre s'il peut réaliser
ce qu'il veut, aussi inhabituel cela soit-il, et recherche souvent le jamais
vu comme principal moyen d'affirmer l'indépendance de sa personnalité.
Ce n'est pas du tout ce que ressentaient les artistes de la Renaissance,
dont le programme était de façon ouverte et proclamée,
de seulement restaurer la grandeur de l'Antiquité. Pour les artistes,
italiens en particulier, la Rome antique était le paradis perdu
qu'ils s'efforçaient de faire renaître et n'envisageaient
pas de pouvoir surpasser. L'égaler était déjà
un mirage, un rêve. Pas question de libérer l'individu pour
inventer le nouveau inouï et le jamais vu, leur liberté à
eux était de retrouver le déjà fait, de revoir le
déjà vu, en tentant de lui redonner sa fraîcheur initiale.
C'est bien là une recherche d'adhésion la plus parfaite possible
au groupe social et à son passé, non l'invention d'une
indépendance forcenée vis-à-vis du conditionnement
social.
Qu'y a-t-il de paradoxal dans la situation de l'atome pris dans un réseau d'atomes semblables ?
Deux aspects complémentaires peuvent être, ici, invoqués.
Il y a d'abord l'aspect purement géométrique de la situation : dans un tel réseau, où tous les atomes s'appuient les uns sur les autres, de chacun on peut dire qu'il est
au centre des autres et qu'il fait simultanément partie de la périphérie des autres. Ce qui est au centre est donc en même temps à la périphérie, voilà repéré
ce qu'il y a de paradoxal dans cette situation.
On peut ensuite envisager la même situation sous un aspect que l'on dira "physiologique", c'est-à-dire en imaginant que nous sommes nous-même l'un de ces atomes
pris dans un réseau de semblables qui se pressent contre nous de tous côtés, semblables auxquels nous renvoyons, d'ailleurs, une poussée équivalente et régulièrement répartie tout autour de nous.
Dans cette situation, nous agissons de façon parfaitement symétrique par rapport à notre centre d'équilibre, c'est-à-dire que nous pouvons ressentir que notre centre d'équilibre est bien au centre de nous-même,
et que c'est même grâce à cela que nous pouvons exercer une pression bien régulière vers tous les côtés, contrebutant ainsi de façon bien égale tous les semblables à nous-même qui sont à répartis sur notre périphérie.
Simultanément, nous pouvons ressentir que si notre position ne dérive pas dans l'espace, c'est-à-dire si nous restons bien toujours exactement à la même place, c'est grâce à la poussée égale que nous recevons des autres depuis tous les côtés.
L'équilibre de notre position est donc, sous ce dernier aspect, quelque chose que nous ressentons réparti sur l'ensemble de notre périphérie.
Au final, ce que nous ressentons comme le sens de notre équilibre est donc, dans cette situation, quelque chose qui émane à la fois du centre de nous-même et de l'ensemble de notre périphérie.
Que l'on raisonne de façon purement géométrique ou bien que l'on raisonne à partir de l'origine de la sensation d'équilibre, dans les deux cas nous trouvons donc que l'aspect paradoxal de la situation tient à ce que le centre est simultanément réparti sur l'ensemble de la périphérie.
Pour cette raison, nous dénommerons ce paradoxe, "le centre à la périphérie".
Traduction dans l'art et la musique du paradoxe du "centre à la périphérie"
Pour une raison que nous expliquons ailleurs [ F
voir cette explication] ce n'est qu'à l'étape suivante
de l'évolution de la société que ce paradoxe sera
le paradoxe caractéristique de l'architecture. Il correspond
au fonctionnement de la société de la Renaissance du XVème
siècle, mais il sera le paradoxe dominant dans l'architecture dite
"maniériste" du siècle suivant.
è
architecture deux exemples d'architecture maniériste
:
Michel-Ange : le pavage du Capitole de Rome
Palladio : la façade de San Francesco della Vigna à Venise
è
musique les expressions
caractéristiques de cet effet
Et l'architecture
de l'époque Renaissance ?
Comme indiqué au début du paragraphe précédent,
le paradoxe en jeu dans l'architecture d'une époque est toujours
en retard d'une étape sur l'évolution des paradoxes en jeu
dans la dynamique même de la société.
Puisque la dynamique de la société à la Renaissance
est positionnée la 1ère case de
notre tableau, le paradoxe qui fonde son architecture est nécessairement
situé dans la case juste avant la 1ère case. Quelle est donc
cette case qui précède la 1ère ? Nécessairement
c'est la dernière, puisqu'il s'agit d'une évolution qui effectue
une répétition cyclique sur elle-même.
En dernière case, c'est le paradoxe "relié/détaché"
que l'on trouve.
On peut :
è
aller voir l'explication de la cause de cette situation paradoxale "reliée/détachée"
è
voir directement des exemples d'architecture Renaissance
(la façade du Palais Pitti à Florence
et Brunellesci : Santo Spirito à Florence)
dernière mise à jour de ce texte : 18 août 2007
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