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les styles baroque et classique |
remarque :
Pour des raisons de "logique paradoxale", il est conseillé de ne pas commencer par le style de la Renaissance, mais de l'aborder seulement en 16ème et dernière étape. Si pour des raisons de "logique logique" vous souhaitez "commencer par le début", vous pouvez utiliser le lien en haut de cette page pour vous rendre à l'étape de la Renaissance. |
Dans un autre texte on a expliqué
que chaque personne de cette société se trouve en situation
similaire à celle d'un atome qui s'agite sur place, fuyant sans
cesse la position que lui assigne le réseau auquel il appartient,
et toujours ramené à la même place par l'effet de la
régularité sur tous les côtés de l'attirance
et de la répulsion qu'exercent sur lui ses voisins [ F
revoir l'image caractéristique dans une autre fenêtre].
On y a vu aussi que le caractère paradoxal de cette situation
provient de ce que chacun est à la fois entraîné sans
cesse à quitter sa place, et retenu sans cesse à la même
place. Pour cette raison on a appelé ce paradoxe : "entraîné
/ retenu".
Nature du paradoxe que l'artiste cherche à maîtriser
L'artiste, comme tous les membres de sa société, est donc
"pris", "englué" dans le paradoxe "entraîné / retenu".
Mais il est trop "pris", trop "englué" dans ce paradoxe pour
pouvoir le regarder en face. Il est "dépassé" par ce paradoxe
qui domine inconsciemment son comportement. Ce paradoxe est trop omniprésent
dans les rouages de sa société et à toutes les échelles
et sous tous les aspects de son fonctionnement, pour qu'il puisse l'appréhender
avec un quelconque recul. Il est lui même une partie de ce paradoxe,
puisque ce paradoxe est celui qui a trait à la relation entre la
société dans son entier et chaque membre de cette société.
À défaut de pouvoir y faire face, et dans le but de prendre
le recul qui lui manque pour saisir complètement ce qui se passe
en lui, il peut apprivoiser une forme moins virulente de ce paradoxe, une
forme que l'acquis antérieur de la société a permis
d'intégrer à la complexité du fonctionnement interne
de chacun, une forme que pour cette raison il pourra dominer, dont il pourra
appréhender tous les aspects, saisir toutes les relations internes
impliquées par son fonctionnement. Cette forme atténuée
du paradoxe "entraîné / retenu", on peut penser que c'est
le paradoxe du "centre à la périphérie" puisque c'est
lui qui a dominé le fonctionnement de la société au
siècle précédent, celui de la Renaissance.
On explique maintenant pour quelle raison le recours à ce fonctionnement
paradoxal est effectivement impérieux pour une personne "prise"
dans le paradoxe "entraîné / retenu" afin de l'aider à
tenir dans une telle situation.
Pertinence du paradoxe
du "centre à la périphérie"
L'atome qui s'agite sur place est prisonnier de ce comportement à
cause de la régularité du rebond qu'il effectue sur tous
les atomes semblables qui l'entourent. Dans une telle situation, mais transposée
cette fois à la société humaine, une personnalité
trouve donc son sens et son équilibre grâce à la régularité
de son rebond sur la personnalité des membres de sa société.
Il y a bien un paradoxe dans cette situation, car le centre de son équilibre
se trouve bien sûr au centre d'elle-même, mais en même
temps, et même principalement peut-on dire, les autres - qui l'entourent
- sont la source de cet équilibre. L'équilibre vient de la
régularité qui règne sur la périphérie
de chacun, et l'équilibre au centre est seulement le produit de
la régularité des rebonds sur ce qui entoure. Dans cette
dynamique, on ne positionne pas les autres à partir de soi comme
centre de référence, mais on projette au contraire sur les
autres l'origine de notre perception, et c'est depuis ces centres que l'on
perçoit extérieurs à soi que l'on apprécie
l'équilibre propre de notre personnalité.
C'est une bien curieuse situation, où le centre de notre équilibre,
et donc le centre de notre personnalité, se retrouve comme à
la périphérie de nous, décomposé en centres
répartis sur toute notre périphérie. Car par définition
un centre est au centre, et il est unique, il ne peut pas être à
la périphérie, et il ne peut y avoir plusieurs centres en
même temps.
Les deux procédés
du paradoxe du "centre à la périphérie"
Comme à toute époque [ F
revoir l'explication dans une autre fenêtre], nous trouvons deux
procédés pour exprimer le paradoxe du centre à la
périphérie : le procédé analytique, et le procédé
synthétique.
Le procédé analytique consiste à faire que l'architecture
que nous avons devant nous soit réellement munie d'un centre au
centre et de centres en périphérie. Certaines parties du
bâtiment exprimeront la centralité au centre, d'autres proposeront
de lire le centre réparti sur toute la périphérie.
Ce procédé consiste donc à réellement mettre
en présence les termes contradictoires du paradoxe, termes qui normalement
s'excluent. Mais par sa réussite même, ce procédé
tue ce qu'il y a de vraiment paradoxal, c'est-à-dire d'insoluble
dans le paradoxe qu'il illustre.
Le procédé synthétique consiste, par des conflits
dans notre perception, à nous faire ressentir le trouble exact qui
s'installe en nous lorsque l'on cherche à percevoir notre centre
comme s'il était réellement extérieur à nous-même.
Ce procédé permet cette fois de garder vivante l'impression
d'impossible cohabitation des deux termes du paradoxe, mais en échange
il se doit d'être moins exigeant sur ce qu'il fait réellement.
Il garde vivante l'impression d'incompatibilité d'un centre au centre
et de centres à la périphérie, mais il doit s'abstenir
de matérialiser réellement cette situation.
Michel-Ange
: le pavage du Capitole de Rome
perspective (dans
une autre fenêtre)
plan du pavage (dans
une autre fenêtre)
Avec les travaux de Saint-Pierre, Paul III confiait à Michel-Ange
le coeur religieux de Rome. Grande était sa confiance en cet artiste,
puisqu'il lui confia en même temps le coeur civique de Rome : la
construction du Campidoglio, qu'on appelle aujourd'hui le Capitole.
Michel-Ange (1475-1564) ne vit que le début de la construction
des bâtiments du Capitole, et quant au pavage, dont il fit le dessin,
il ne fut réalisé qu'en 1940, soit quatre siècles
après sa conception.
Ce pavage est inscrit dans un grand ovale qui occupe toute la place.
Pour qu'il soit bien visible, même pour un piéton, cet ovale
est bombé : son pourtour s'enfonce dans le sol par quelques emmarchements,
et le centre est surélevé.
Tout au centre justement, une statue de Marc-Aurèle. Depuis
cette statue, partent les multiples branches d'une étoile. En retour,
les pointes de ces branches reçoivent la frêle extrémité
de tracés qui partent en bouquets croisés depuis toute la
périphérie de l'ovale.
Ce subtil équilibre tient sur des pointes, comme une danseuse
tient - fragile - sur la pointe de ses pieds. Il doit tout à la
régularité et aux interférences savamment croisées
des ondes qui partent depuis toute la périphérie. Le centre
de la place est le lieu qui reçoit ces ondes. Pour les recevoir,
vers elles il lance ses pointes en étoile.
Dans cet effet se mélangent les deux procédés paradoxaux.
Dans l'opposition entre l'aspect centré bien symétrique
de la figure, et sa construction à partir de centres répartis
sur toute la périphérie, on trouve le procédé
analytique : un centre au centre en conflit d'influence visuelle avec des
centres périphériques.
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Palladio
: la façade de San Francesco della Vigna à Venise
vue de la façade
(dans une autre fenêtre)
Ce second exemple est donné pour expliquer un procédé
synthétique spécialement important du fait de son utilisation
fréquente dans l'architecture maniériste. Il est plus délicat
à manier.
Il a été emprunté par les architectes italiens
à leur antiquité de l'époque romaine impériale
où il fut très utilisé, notamment dans les arcs
de triomphes. Cette résurgence n'est pas un hasard, puisque le paradoxe
du centre à la périphérie a également été
en jeu dans la seconde partie de l'antiquité romaine.
Ressentir que notre centre n'est pas seulement à notre centre
mais aussi sur l'ensemble de notre périphérie, cela implique
que, lorsque nous cherchons à ressentir en nous-même un point
de départ pour orienter l'ensemble du monde extérieur par
rapport à nous, ce point central se dérobe chaque fois que
nous l'atteignons, puisqu'il doit être vécu comme périphérique
et non pas au centre. La dérobade du point de départ de la
perception, la dérobade du point d'appui de soi au centre de soi,
est par conséquent le fonctionnement spécifique du paradoxe
du centre qui n'est pas au centre mais à la périphérie.
Quand on observe un bâtiment qui se dresse sur le sol comme nous
nous dressons sur nos pieds, le point d'appui au sol est ce qui fait fonction
de départ pour la perception. C'est à partir de cet appui
que nous déchiffrons la façade qui se dresse de bas en haut
devant nous.
Dérober le point de départ de la perception, c'est donc
dérober l'appui au sol du bâtiment. C'est aussi faire manquer
la perception de l'autre extrémité du bâtiment, son
sommet, puisque si notre perception est décalée au départ
de la lecture du bâtiment, elle ne peut qu'être décalée
à son arrivée. Dérober le point d'appui et le point
d'arrivée du bâtiment, voilà comment l'architecture
maniériste, à l'exemple comme on l'a dit plus haut des arcs
de triomphe impériaux, va suggérer l'instabilité insoluble
que génère le paradoxe du centre à la périphérie.
On profite de cette image pour souligner le procédé analytique
expliqué à la fin de l'étude du pavage du Capitole
: le bâtiment possède un axe central, mais chaque petit côté
possède aussi un axe de symétrie jusqu'au niveau de son entablement,
marqué par deux colonnes qui entourent un cadre rectangulaire qui
marque le centre de leur figure. Le massif central et principal lui aussi
est une figure avec un axe de symétrie central, mais les paires
de colonnes qu'il contient de chaque côté forment également
chacune une figure symétrique dont l'axe est souligné par
deux rectangles dont l'un contient même une statue dans son axe.
Contrairement au procédé synthétique, le procédé
analytique propose bien un vrai centre à la périphérie,
mais sa lecture ne suggère pas la même instabilité
de perception que celle produite par l'incertitude permanente sur la position
réelle de l'appui du bâtiment.
Travaux pratiques
Dans un autre texte il est
expliqué que, au cycle du noeud qui fonctionne en organisation,
chaque paradoxe dominant utilise trois autres paradoxes dominés
qu'il combine pour se faire valoir.
Il peut être un bon exercice d'entraînement de rechercher
comment le paradoxe dominant du centre à la périphérie
utilise dans le pavage du Capitole et dans la façade de San Francesco
della Vigna les paradoxes :
relié / détaché (que l'on trouve dans le style renaissance)
entraîné / retenu (que l'on trouve dans le style baroque et
dans le style classique)
mouvement d'ensemble / autonomie (que l'on trouve dans le style rococo)
Pour être complet, il convient de rechercher chaque fois l'expression
analytique et l'expression synthétique de chacun de ces paradoxes.
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