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tableau
des 16 paradoxes C |
tableau
des diagonales fonctionnelles
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décalages architecture / musique
Nécessité du recul
Quand on veut comprendre
un phénomène quel qu'il soit, il faut prendre de la distance
par rapport à lui, ne pas rester le nez collé dessus. Prendre
les choses de haut en embrassant d'un coup d'oeil l'ensemble de ce que
l'on veut comprendre, est la façon que l'on peut dire "logique"
de prendre de la distance. Logique, car ce que l'on veut "comprendre" est
ainsi "compris", c'est-à-dire inclus tout entier dans notre champ
de vision ou dans notre raisonnement.
L'artiste qui utilise
le langage des formes pour comprendre sa relation avec le reste de sa société
ne dispose pas de cette possibilité de survol, puisqu'il est lui-même
inclus dans cette relation. Il est collé, absorbé à
ce qu'il cherche à comprendre, mais il doit pourtant prendre du
recul pour comprendre.
La solution à
ce nouveau paradoxe, c'est qu'il va très littéralement "prendre
du recul", c'est-à-dire qu'il ne se mettra pas au dessus ou au delà
de son objet d'étude, mais qu'il va se mettre comme en dessous,
ou en deçà si l'on préfère. Pour donner une
image, disons que si l'on ne peut pas se grandir suffisamment pour voir
avec quelque distance ce que l'on veut analyser, on peut s'en sortir en
rétrécissant ce que l'on veut observer, et cela autant qu'il
est nécessaire pour atteindre vis à vis de lui cette situation
dominante.
Pour prendre du recul
par rapport à ce qui se passe entre eux-mêmes et leur société,
les artistes disposent fondamentalement de deux moyens :
La façon dont l'architecture prend du recul (dans le cas des paradoxes d'état)
Le premier consiste
tout simplement à diminuer d'un cran la complexité de ce
qui se passe réellement. Ce qui se passe réellement est impossible
à comprendre tel quel, mais si l'on réduit ce qui se passe
à son cran de complexité précédent (c'est à
dire à son étape antérieure dans la progression de
la complexité), puisque l'on possède en soi-même le
cran de complexité suivant, on est donc "un cran au dessus de ce
qui se passe", ce qui permet par conséquent de voir les choses de
haut.
C'est ce procédé
qui est employé par les artistes qui utilisent le langage des formes
plastiques (architectes, sculpteurs, peintres). Pour cette raison, lorsque
nous faisons l'analyse d'une étape de complexité de la société
occidentale, nous trouvons l'architecture qui correspond au même
fonctionnement paradoxal lorsque la société en est déjà
à l'étape de complexité suivante. Bref, l'architecture
est toujours en retard d'un cran, par exemple elle
fait du "centre à la périphérie" lorsque la
société fait déjà de "l'entraîné
/ retenu".
La façon dont la musique prend du recul (dans le cas des paradoxes d'état)
Pour faire seulement
l'analyse des formes d'art d'une société particulière,
cela ne sert à rien de savoir si l'on est au niveau exact de sa
complexité ou si l'on est au niveau au dessous. Mais lorsque nous
voulons mettre en rapport le langage plastique et le langage musical d'une
même société, la question devient alors essentielle.
Car le second procédé possible pour prendre du recul est
celui employé par la musique, et il consiste lui à rester
collé aux phénomènes exacts qui se déroulent
dans la société.
Pour prendre du recul,
le musicien ne recule pas d'un cran, d'une étape de complexité,
il recule lui d'un cran, d'une étape, du "degré de fonctionnement"
de cette complexité.
Qu'est-ce que cela
signifie ?
Lorsque l'on a présenté
les différents cycles, on a précisé
qu'ils se différenciaient par les propriétés de leur
fonctionnement, toujours en retard d'un cycle. Par exemple, cela implique
que le cycle du noeud fonctionne avec les propriétés d'une
organisation. On a dit aussi que les
cycles intégraient différentes possibilités d'efficacité
de leur complexité. Cela concerne les propriétés de
leur fonctionnement qui varient en fonction des différentes situations
de maturité de la phase concernée du cycle concerné.
Ces étapes évoluent exactement comme évoluent la complexité
en général, et dans le tableau des
diagonales fonctionnelles il est montré comment se présentent
ces différents crans.
Contrairement à
l'architecture, on répète donc que la musique n'est pas en
retard d'un cran par rapport à la société. Par exemple,
si la société fonctionne selon le paradoxe du "centre à
la périphérie en position dominante", c'est également
le paradoxe du "centre à la périphérie en position
dominante" que l'on trouve dans la musique de cette époque de la
société. Mais en revanche, ce fonctionnement du paradoxe
dans la musique correspondra à un cran de maturité en retard
par rapport au cran de maturité avec lequel il fonctionne dans la
société. Par exemple (voir à
nouveau le tableau des diagonales fonctionnelles), si l'on est
au cycle du noeud qui fonctionne en organisation, le niveau de fonctionnement
normal du paradoxe est celui de "l'intérieur / extérieur"
où l'un des 4 paradoxes associés est en position dominante.
C'est d'ailleurs ce fonctionnement que l'on trouve dans l'architecture
qui fonctionne "une étape en retard" mais au même niveau que
la société. Par contre, le fonctionnement paradoxal de la
musique ne fonctionne qu'au niveau du "même / différent" où
l'un des paradoxes est équivalent à la somme des 3 autres
mais à une autre échelle d'écoute. Cela fonctionne
bien en organisation, puisque le "même / différent" est un
paradoxe caractéristique du fonctionnement en organisation (fonctionnement
de type hiérarchique), mais le niveau de cette organisation est
un cran moins complexe que celui de "l'intérieur / extérieur"
où toute la dynamique a réussi à s'englober dans une
organisation unique, ce qui n'est pas encore le cas à l'étape
du "même / différent".
En résumé :
Dans le cas des paradoxes d'état, l'architecture (et
les autres arts plastiques) fonctionnent comme la société
qui la produit, mais avec une étape de complexité de retard.
De son côté, la musique fonctionne
un cran moins complexe que la société qui la produit, mais
n'est pas en retard d'une étape de complexité.
Dans une partie du site, il est exposé l'évolution parallèle de l'architecture et de la musique depuis l'époque carolingienne jusqu'à la Renaissance. On y considère le décalage permanent d'une étape, par exemple comment la musique faite à l'époque romane ne fonctionne pas avec les 4 paradoxes d'état associés dans l'architecture romane, mais avec les 4 que l'on trouvera à l'étape suivante de l'architecture, c'est à dire à l'époque gothique, etc.
Comme il a été dit dans l'avertissement en haut de cette page, dans le cas des paradoxes de transformation, les effets de recul sont inversés entre les arts plastiques et la musique.
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