Cathy et Jean-Louis
Galice
Vendredi 25 juillet au 22 août 2012

Un article du journal Faro de Vigo annonce que le tonnage de crabes pêchés en Galice en 2011 (112 tonnes) constitue la pire saison de la décade, et que la pêche sera interdite pendant le premier semestre 2012 dans les rias, sans doute pour la reconstitution de la ressource. Nous assistons à Noia au retour des bateaux de pêche. L'un deux enroule avec soin le filet, le passant grâce à un treuil du pont au quai. Un marin retire au fur et à mesure les poissons qui sont restés emprisonnés dans les mailles, récupérant dans un seau ceux qui sont intacts et rejetant les autres par terre, sous l'oeil très intéressé des goélands qui surveillent l'opération. Un jeune matelot, très enjoué, se saisit d'un poisson mort et le remue sous le nez d'une petite spectatrice, pas si effrayée que ça. Puis il passe à bord d'un saut leste et se suspend dangereusement entre la coque et le quai pour tâcher d'attraper un autre poisson mort qui flotte pour se redresser souplement dans un éclat de rire. A côté, un navire très outillé décharge de la soute des bacs emplis de grandes sardines recouvertes de glace. - Photos : De retour de la pêche (Noia) -

Mon meilleur souvenir peut-être, c'est celui de notre visite aux Iles Cies qui protègent la ria de Vigo, juste après celle de Baiona. J'avais choisi de partir de plus bas (au sud) car d'autres îles ponctuent le trajet et cela nous permettait d'avoir un trajet plus long pour admirer davantage de côte depuis le bateau. Je m'étais renseignée pour passer une nuit dans le camping de la réserve naturelle, mais il était complet depuis longtemps. C'est en visitant ce biotope protégé que nous nous sommes rendus compte du foisonnement de vie marine qui devait régner avant la surpopulation (humaine) côtière et la surpêche. Les îles Cies et l'île Ons au large de la ria de Pontevedra sont classées en réserves naturelles depuis longtemps au niveau de l'Espagne, mais les îles Cies ont désormais un statut de protection internationale. Malgré cela, j'ai bien vu que des oursins avaient été collectés sur les rochers près des plages et qu'il n'en subsistait que dans les anfractuosités moins accessibles, très proches de l'eau. Des permis de pêche sont aussi accordés, moyennant finances : un petit bateau posait des casiers dans une crique en contrebas de la falaise au sommet de laquelle nous avons pique-niqué.

L'eau est froide en Galice, plus froide qu'en Bretagne et nous n'avons guère eu de peine à nous rebaigner, de retour en Pays basque, tant l'eau nous paraissait meilleure en comparaison. Immergée jusqu'à la taille dans une eau très calme et transparente, je me suis donc contentée de marcher lentement pour ne pas trop soulever le sable fin qui troublerait l'eau, et ne pas provoquer d'ondes brusques qui effaroucheraient les myriades de poissons qui nageaient autour de mes jambes. Si j'enfonçais le bras, il se formait un creux dans le banc de ces alevins minuscules presque incolores, qui se rebouchait sitôt que je le ressortais. Un tout petit peu plus loin nageaient les poissons un peu plus gros, encore plus loin ceux de taille supérieure, et les plus grands croisaient rapidement à partir de un mètre ou un mètre et demi de distance, disparaissant en un clin d'oeil à la moindre alerte. Près des rochers, quelques poissons plus plats, bicolores noir et blanc, louvoyaient entre les algues majestueuses qui ondoyaient lentement au gré des courants. Je n'avais jamais vu celles en forme de gros rubans caoutchouteux brun, lestées d'une sorte de flotteur à ventouses très curieux, beaucoup plus belles, gracieuses et élégantes dans l'océan qu'affalées sur la vase en attente de la marée. C'est vrai d'ailleurs pour tous ces êtres aquatiques, habitués à être portés par le flot et indépendants, les veinards, des problèmes de gravité.

Les deux îles qu'il nous est permis de visiter sont reliées par un cordon dunaire protégé par une digue derrière laquelle se sont formés une petite lagune et un bassin plus profond aux eaux troubles et opaques évoquant un bouillon de culture dans lequel croisent toutes sortes de poissons, un aquarium "naturel" dit le panneau qui énumère ce qu'il est possible d'y observer depuis le sommet du mur. Nous y retrouvons le muge, omniprésent dans les milieux pollués, qui pullule dans les rias tout particulièrement là où débouchent les conduits d'eaux usées, mal ou non traitées. (On le voit aussi à Bayonne proliférer dans la Nive et l'Adour, pour les mêmes raisons, et apprécier tout particulièrement vers la Barre le lieu où est rejetée l'eau de la pisciculture). Nous explorons l'île où subsistent quelques murets de grosses pierres identiques à ceux du continent, vestiges d'une ancienne occupation agricole ou d'élevage. Elle aussi est désormais malheureusement convertie en forêt d'eucalyptus, pins et acacias, parmi lesquels croissent encore quelques chênes et autres essences autochtones. J'ai le plaisir de découvrir fugacement un petit lézard mince et agile, à la queue bleue. Il paraît qu'il y en a de plus gros, "comme des varans" me dit-on, mais ils sont bien cachés. - Photos : Alevins. - Graine d'eucalyptus séchée. - Ci-dessous : Le lézard (lagartija) à queue bleu-vert des Iles Cies (Jeune Podarcis hispanica ou Podarcis bocagei). -

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PHOTOS Leon Ponferrada/Ourense Lobios Noia Noia (suite) Santiago Pontedeume Cedeira Foz Ribadeo