Dance of the dead
Préambule :
Dance of the Dead est la contribution de P. McGoohan à l'art métaphysique.
L'histoire :
Le soir où commence cet épisode, les "docteurs Mengele" du Village tentent une nouvelle expérience sur le N°6. Deux hommes en blouse blanche entrent dans sa maison...N°2 : Stop ! Get that man (Dutton) back to the hospital ! Doctor : Nr 6 was about to talk ! N°2 Don't you believe it. He'd have died first. You'll never force it out of this man. He's not like the others... D. : I would have made him talk. Every man has his breaking point. N°2 : I don't want him broken. He must be won over.It may seem a long process to your practical mind, but this man has a future with us... There are other ways. |
Arrêtez ! Ramenez cet homme (Dutton) à l'hôpital ! Le N°6 était sur le point de parler ! Que vous croyez. Il aurait préféré mourir avant. Vous n'obtiendrez jamais rien de cet homme par la force. Il n'est pas comme les autres... Moi, je l'aurais fait parler. Tout homme a son point de rupture. Je ne veux pas qu'il soit brisé. Il faut le gagner par la persuasion. Cela peut sembler long à un esprit concret comme le vôtre, mais cet homme a un avenir parmi nous... Il existe d'autres moyens. |
A son réveil, le lendemain matin, le Prisonnier doit inconsciemment se souvenir de sa visite nocturne car il demande effrontément et sarcastiquement à la N°2 qui apparaît dans son poste de télévision :
P. : How did I sleep ? N°2 : As sound as a bell ! Have a nice day. Feel free ! | Comment ai-je dormi ? Comme un loir ! Bonne journée. Agissez librement ! |
Le jeu du chat et de la souris ne fait que commencer...
Dehors, le défilé bat déjà son plein. Le Prisonnier "admire" le spectacle en caressant le chat noir qui semble l'avoir adopté depuis l'évasion manquée de Many happy returns (voir cet épisode).
La N°2 se joint à lui et le "taquine" :
N°2 : I see you've made a friend. You've got your invitation for the carnival tomorrow. It's one of our little traditions. (...) You'll come ? P. : I have a choice ? N°2 : You do as you want. P. : As long as this is what you want. N°2 : As long as it is what the majority wants. We're democratic... in some ways... | Je vois que vous vous êtes fait un ami. Vous avez reçu votre invitation pour le carneval demain. C'est l'une de nos petites traditions. (...) Vous viendrez ? J'ai le choix ? Vous faîtes comme vous voulez. Tant que je fais ce que vous voulez. Tant que vous faîtes ce que la majorité veut.Nous sommes démocrates... d'une certaine manière... |
Le Prisonnier, qui en a assez entendu, tente de s'éclipser, mais la N°2 lui emboîte le pas. Elle n'a pas terminé son petit travail de harcèlement :
N°2 : No game is worth playing if you can't win. That's not very english, I know. P. : Are you ? ... English ? N°2 : What you should do is find yourself a nice young lady for carnival. You're too independant. | Aucun jeu ne vaut la peine d'être joué si on n'a aucune chance de gagner. Ce n'est pas très anglais, je sais. L'êtes-vous ? ... Anglaise ? Ce que vous devriez faire, c'est vous trouver une jolie jeune femme pour le carnaval. Vous êtes trop indépendant. |
Mais le N°6 ne veut pas des "top modèles" que lui propose la N°2 dans son rôle d'entremetteuse. Il s'intéresse à une personne plus réservée qu'il a repérée à la terrasse du café. Elle tente immédiatement de lui échapper, se réfugiant même dans des formules toutes faites afin de couper court à la "conversation". |
La jeune femme, qui porte le N°240, s'enfuit en courant et le Prisonnier la suit. Mais un rôdeur l'en empêche, lui barrant la route et le ralentissant dans sa filature. Il n'a pas le temps de la rattraper qu'elle entre déjà dans l'hôtel de ville. En revanche, le N°6, lui, est arrêté par une invisible barrière. Qui est donc cette mystérieuse et farouche N°240 qui a libre accès aux bâtiments officiels ?
De retour chez lui en compagnie du chat noir, le Prisonnier est de fort mauvaise humeur. Il s'en prend à la servante, aux règles qu'elle défend (les animaux ne sont pas acceptés dans les maisons), aux nuits qu'il passe à dormir sans se rappeler un seul rêve ("I've never seen a night. I just sleep."), au fleuriste qui décore sa fenêtre pour le carnaval ("supposing I don't want any flowers?")...
Cependant malgré le couvre-feu (à 10 h 30), il s'arrange (en dépit du conditionnement prévu : tisane droguée + lampe + voix hypnotique) pour ne pas dormir afin de découvrir à quoi ressemble le Village la nuit.
Il découvre tout d'abord que sa porte est fermée à clé ! Qu'à celà ne tienne, il saute par la fenêtre !
Or, cette fuite n'a pas échappé à la N°240 qui "l'observe" depuis la salle de contrôle. Elle en informe immédiatement la N°2, mais celle-ci fait peu de cas de l'incident ("I see. Don't worry. Let's test our efficiency.").
En effet, le Prisonnier est bien vite rattrapé, sur la plage, par un rôdeur que la N°2 a lancé à ses trousses... Elle est convaincue qu'il va "retourner à sa chambre" car "c'est le seul endroit où il puisse aller". Mais il passe la nuit à la belle étoile et à son réveil il fait une macabre découverte : dans la nuit, un cadavre a été rejeté sur la plage par la marée. Une fouille lui permet d'ailleurs de subtiliser un petit poste de radio apparemment en état de marche.
Après avoir dissimulé le cadavre dans une grotte, le N°6 regagne le Village où règne une joie sans borne. Il faut dire que le crieur municipal a "proclamé" que tous les citoyens devaient se rendre au carnaval, par ordre !
Le Prisonnier a lui aussi reçu un costume pour le bal : il s'agit d'un smoking noir (comme celui qu'il portait déjà dans l'épisode A, B & C). Bien qu'il n'est pas eu le choix, il en accepte l'augure signifiant, croit-il deviner, qu'il est toujours lui-même.
Il s'isole ensuite sur une terrasse pour écouter la radio qu'il a trouvée. Il parvient finalement à capter une émission en anglais ; son contenu très ambigu à la première écoute se révèle être en fait une dictée d'entraînement radiodiffusée ("soixante mots à la minute"). La N°2 survient à cet instant précis, accompagnée de la N°240 :
N°2 (listening to the radio) : Hardly useful. The view's lovely from here. I'm sad, N°6. I thought you were beginning to... P. : Give in ? N°2 : Be happy. Everything you want is here. P. : Everything's elsewhere. N°2 : Don't force me to take steps. We indulge any member of our community for a time. After that... P. : Yes, I've been to the hospital, I've seen. | (écoutant l'annonce :) Difficilement utilisable. La vue est splendide d'ici. Je suis triste, N°6. Je pensais que vous commenciez à... Laisser tomber ? Etre heureux. Tout ce que vous voulez est ici. Tout est ailleurs. Ne m'obligez pas à prendre des mesures. Nous sommes indulgents envers tous les membres de notre communauté. Pour un temps. Après ça... Oui, je suis allé à l'hôpital, j'ai vu. |
Sur ce, il coupe court à la conversation en grimpant sur le muret qui borde la terrasse et surplombe la plage :
N°2 : You're not thinking of jumping ? P. : Never. |
Vous ne songez pas à sauter ? Jamais. |
Le Prisonnier "taquine" ensuite la N°240, son "observatrice" personnelle, qu'il sent embarassée.
Leur discussion est à double sens :N°240 : I have my duty. P. : To whom ? N°240 : To everyone. It's the rules. "Of the people, by the people, for the people". P. : It takes on a new meaning. N°240 : You're a wicked man. P. : Wicked ? N°240 : You have no values. P. : Different values. (...) I won't be a goldfish in a bowl ! |
Je ne fais que mon devoir. Envers qui ? Tout le monde. C'est la règle. "Du peuple, par le peuple, pour le peuple". Le sens en est détourné. Vous êtes un homme bizarre. Bizarre ? Vous n'avez aucune valeur ? J'ai des valeurs différentes. (...) Je ne serai pas un poisson rouge dans un bocal ! |
Enfin seul sur le port, il "emprunte" une bouée et une corde avant de se rendre à la grotte. Il compte rejeter le cadavre qu'il a caché et l'utiliser comme une bouteille à la mer ("To whom ever may find this...").
Il vient de terminer sa sinistre besogne lorsqu'il s'aperçoit que quelqu'un l'observe de la plage. Il s'agit de son ex-collègue Roland Walter Dutton, l'air toujours aussi ébêté, qui a été capturé et interné au Village depuis quelques mois. Les deux hommes se réfugient dans la grotte pour poursuivre leur conversation :
D. : I told them. P. : What ? D. : Everything I know.The irony of it is they don't believe me. You know I didn't have access to the vital stuff. P. : Yes. D. : They'll take me back to the hospital. And by the time they realise I'm telling the truth, it'll be too late. P. : When ? D. : They've released me for seventy-two hours. So that I can reconsider in the peaceful atmosphere of the Village. P. : Still hope ? D. : No my friend, not for me. Such noble thoughts are long dead. Soon Roland Walter Dutton will cease to exist... |
Je leur ai dit. Quoi ? Tout ce que je savais. L'ironie de la chose, c'est qu'ils ne me croient pas. Vous savez bien que je n'avais pas accès aux informations vitales. Oui. Ils vont me ramener à l'hôpital. Et quand ils auront compris que je dis la vérité, il sera trop tard. Quand ? Ils m'ont relâché pour soixante-douze heures. Afin que je réfléchisse dans l'atmosphère paisible du Village. Un espoir ? Non mon ami, pas pour moi. De telles nobles pensées sont mortes depuis longtemps. Bientôt Roland Walter Dutton aura cessé d'exister... |
Après cet instant d'émotion intense devant l'inévitable approche de la Mort, les évènements prennent un tour très étrange. Démontrant ainsi que, contrairement à ce qui dit la N°240, ce n'est pas le Prisonnier qui est bizarre, c'est la vie elle-même. Et sa proximité avec la Mort ou... la folie.
La suite :
Dance of the Dead (2ème partie) !
Les images :
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Les notes: Jeu du chat et de la souris : Le chat noir de Many happy returns (une chatte en fait) réapparait plus tard dans l'épisode. Nous verrons alors qui est le chat et qui est la souris. Pour l'instant le score est de un partout... Poste de radio : Ce n'est pas la première fois que le Prisonnier espère ainsi entrer en contact avec le monde extérieur (voir l'épisode The General). observatrice embarassée : la N°240 semble mal vivre la contradiction entre son poste officiel (d'espionne) et son attirance pour le N°6. valeurs différentes : Tout oppose la N°240 et le N°6. Elle défend la communauté, il y voit l'enfermement. Elle prône le devoir, il répond choix personnel. Elle le trouve "bizarre", il se sent comme "un poisson rouge dans un bocal". La Mort : Entre le cadavre rejeté par la mer et la conversation sisnistre avec Dutton, nous baignons dans une atmosphère de plus en plus lugubre. La série ne nous avait pas habitués à une telle gravité de ton. A partir de cet instant, tout le reste de l'épisode bascule dans l'irrationnel. Nous comprenons que Le Prisonnier ne sort pas indemme de son séjour auprès des morts.
Texte : © éric alglave 1999
Images : © ITV/Polygram Video