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Le premier volet de cet épisode double marque une étape capitale dans ce que Chris Carter appelle "l'arc mythologique" de la série. Un élément nouveau, destiné à jouer un rôle déterminant par la suite, est introduit ici : l'Huile Noire.
1°) Introducing the Black Oil :
C'est Mulder qui, dans l'épisode suivant (3X16 Apocrypha) en donne la meilleure définition possible, compte tenu des maigres indices qu'il a pu recueillir dans cette enquête dont l'origine remonte à Août 1953. Anticipons donc un peu :
| X-Files office
(Scully opens the door and enters) (the diving suit from the Piper Maru is there) MULDER: The suit was covered in a thin film of oil, as was the French
diver when I found him lying delirious on his kitchen floor.
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Le bureau des Affaires non Classées
(Scully ouvre la porte et entre) (La tenue de plongée trouvée sur le Piper Maru est là) La tenue était couverte d'une mince pellicule d'huile comme celle qui recouvrait le plongeur français quand je l'ai retrouvé délirant sur le carrelage de sa cuisine.
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2°) Memento Mori :
Toute l'habileté de cet épisode double consiste à renouer de nombreux fils laissés en suspens depuis 2X25 Anasazi :
- Krycek y réapparaît, plus sombre que jamais. Le séide zélé, puis trahi, de CSM devient désormais un mercenaire qui vend ses informations au plus offrant, au péril de sa vie ;
- Scully retrouve la trace du meurtrier de sa sœur Melissa ;
- et Skinner s'implique dans l'enquête au point de se faire tirer dessus.
Les morts hantent donc toute cette histoire, y compris les personnages secondaires comme le Commander Johansen auquel Scully rend visite. Ses paroles émouvantes expriment le message profondément humaniste que veulent faire passer les scénaristes Chris Carter et Frank Spotnitz :
| JOHANSEN: We bury our dead alive, don't we?
SCULLY: I don't know if I understand. JOHANSEN: We hear them every day. They talk to us, They haunt us. They beg us for meaning. Conscience ... it's just the voices of the dead ... trying to save us from our own damnation. SCULLY: You know something about that plane, don't you? JOHANSEN: I know ... because I was sent to find it ... as an officer in a submarine called the "Zeus Faber". |
Nos morts sont enterrés vivants, n'est-ce pas ?
Je ne suis pas sure de vous comprendre... Nous les entendons chaque jour. Ils nous parlent, ils nous hantent. Ils nous supplient de donner un sens à leur mort. La conscience... Ce n'est finalement que la voix des morts... essayant de nous sauver de notre propre damnation. Vous savez quelque chose à propos de cet avion, n'est-ce pas ? Je sais... Parce qu'on m'a envoyé pour le retrouver... en tant qu'officier à bord d'un sous-marin appelé le "Zeus Faber". |
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Toute cette histoire est une plongée - au sens propre comme au figuré - dans la mémoire. Il s'agit d'une réflexion sur ce qui donne du sens à l'existence humaine, la mémoire, la conscience. C'est également la fonction du récit de Johansen (un flash-back en noir et blanc plastiquement très réussi) qui, non seulement fournit des informations cruciales à Scully, mais qui atteint également une dimension cathartique. C'est parce que Johansen ne veut et ne peut oublier, parce qu'il veut donner un sens à la mort inexpliquée de ses compagnons de plongée en 1953 (et de son fils en 1991) qu'il raconte son secret à Scully, bien qu'il commence par affirmer que "(sa) mémoire n'est plus ce qu'elle était". |  |
3°) Le jeu de piste et la quête de l'information comme métaphores du travail d'historien :
Le style narratif de cet épisode double est particulièrement soigné. L'idée - ingénieuse - de faire passer l'Huile Noire de corps en corps permet à la fois de maintenir une continuité indispensable à la compréhension de l'intrigue et de multiplier les points de vue dans la meilleure tradition des X-Files. Mais ici la réussite est totale, car la complexité de l'intrigue est mise en valeur par celle de la narration et la sophistication des effets spéciaux.
Quelle merveille que cette huile qui habite les humains et trouble leur regard ! Comme si cette "chose" issue de la nuit des temps (qu'est-ce donc si ce n'est cette "mémoire" dont parle Johansen ?) nous rendait à la fois plus fort (le rayon blanc peut tuer) et plus vulnérable, bref finalement plus humain.
Nous découvrirons d'ailleurs bien plus tard (dans le film Fight The Future puis dans 7X02 The Sixth Extinction : Amor Fati) que cette huile pourrait bien être le premier occupant de la Terre, celui qui aurait ni plus ni moins engendré l'espèce humaine ! La dimension mystique, voire divine, qu'elle acquerra est donc déjà esquissée ici sous la forme d'une sombre "flamme intérieure" qui transforme notre regard...
Il n'est dès lors pas étonnant de voir cette mémoire humaine se transmettre d'individu à individu d'une façon qui semble à la fois aléatoire et intentionnelle. N'en est-il pas de même de toute l'histoire de l'humanité, élisant les uns et rejetant les autres avec une logique que nous ne reconstituons qu'avec le recul des années ?
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La suite : 3X16 Apocrypha
Notes :
Plongeur français : remember le "Rainbow Warrior", ce bateau de Greenpeace que des espions français voulurent couler en 1984 dans le port d'Auckland en Nelle Zélande ? Carter et Spotnitz ne manquent pas d'humour ! Ils lancent même une seconde pique contre le gouvernement français par le biais d'une réflexion de Scully concernant la reprise en 1995 des essais nucléaires dans le Pacifique (atoll de Mururoa).
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