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: F
le style rococo |
Dans un autre texte on a expliqué
que chaque personne de cette société se trouve en situation
similaire à celle d'un atome ou d'une molécule d'un réseau
qui s'approche du point de fusion [ F
revoir l'image caractéristique dans une autre fenêtre].
On y a vu le caractère paradoxal d'une telle situation qui allie
un mouvement mettant en branle tout l'ensemble du réseau (donc un
mouvement d'ensemble), et l'indépendance complète de déplacement
de chacun des éléments qui participent à ce mouvement
d'ensemble. Pour cette raison on a appelé ce paradoxe : "mouvement
d'ensemble / autonomie".
Nature du paradoxe que l'artiste cherche à maîtriser
L'artiste, comme tous les membres de sa société, est donc
"pris", "englué" dans le paradoxe "mouvement d'ensemble / autonomie".
Mais il est trop "pris", trop "englué" dans ce paradoxe pour
pouvoir le regarder en face. Il est "dépassé" par ce paradoxe
qui domine inconsciemment son comportement. Ce paradoxe est trop omniprésent
dans les rouages de sa société et à toutes les échelles
et sous tous les aspects de son fonctionnement, pour qu'il puisse l'appréhender
avec un quelconque recul. Il est lui même une partie de ce paradoxe,
puisque ce paradoxe est celui qui a trait à la relation entre la
société dans son entier et chaque membre de cette société.
À défaut de pouvoir y faire face, et dans le but de prendre
le recul qui lui manque pour saisir complètement ce qui se passe
en lui, il peut apprivoiser une forme moins virulente de ce paradoxe, une
forme que l'acquis antérieur de la société a permis
d'intégrer à la complexité du fonctionnement interne
de chacun, une forme que pour cette raison il pourra dominer, dont il pourra
appréhender tous les aspects, saisir toutes les relations internes
impliquées par son fonctionnement. Cette forme atténuée
du paradoxe "mouvement d'ensemble / autonomie", on peut penser que c'est
le paradoxe "entraîné / retenu" puisque c'est lui qui a dominé
le fonctionnement de la société au
siècle précédent, celui de l'époque
maniériste.
On explique maintenant pour quelle raison le recours à ce fonctionnement
paradoxal est effectivement impérieux pour une personne "prise"
dans le paradoxe "mouvement d'ensemble / autonomie" afin de l'aider à
tenir dans une telle situation.
Pertinence du paradoxe
"entraîné / retenu"
L'approche de la "fusion" de la société engendre une
difficulté particulière pour se positionner.
Cette difficulté naît du fait que l'on reste dans un stade
intermédiaire entre l'état solide et l'état liquide,
et que l'on doit en quelque sorte s'adapter simultanément à
ces deux états contradictoires. Comme on n'est pas encore dans la
phase liquide, le réseau de liens rigides qui structure la société
fait toujours sentir sa présence et tient toujours chacun à
sa place. Mais des places s'ouvrent devant chacun, et invitent à
quitter notre place pour en gagner une autre, que l'on considère
donc tout autant comme étant la notre. On est tout entier conditionné
par notre attirance irrésistible vers notre autre place, et en même
temps on est tout entier conditionné par notre blocage absolu à
notre place actuelle : telle est le fondement du paradoxe qui va donc éclairer
l'architecture du XVIIème siècle.
On reconnaît là bien entendu le paradoxe "entraîné
/ retenu".
Les deux procédés
du paradoxe "entraîné / retenu"
Comme à toute époque [ F
revoir l'explication dans une autre fenêtre], nous trouvons deux
procédés pour exprimer le paradoxe entraîné/retenu
: le procédé analytique, et le procédé synthétique.
Le procédé analytique consiste à faire que l'architecture
que nous avons devant nous entraîne réellement, soit à
suivre une direction, soit à ressentir qu'un creux nous enveloppe
complètement, etc. Dans le même temps, d'autres aspects du
bâtiment nous barreront cette direction, où nous expulseront
de cette enveloppement. Ce procédé consiste donc à
réellement mettre en présence les termes contradictoires
du paradoxe, termes qui normalement s'excluent. Mais par sa réussite
même, ce procédé tue ce qu'il y a de vraiment paradoxal,
c'est-à-dire d'insoluble dans le paradoxe qu'il illustre.
Le procédé synthétique consiste, par des conflits
dans notre perception, à nous faire ressentir le trouble exact qui
s'installe en nous lorsque l'on cherche à percevoir que l'on est
simultanément entraîné et retenu vers une direction
ou vers un creux. Ce procédé permet cette fois de garder
vivante l'impression d'impossible cohabitation des deux termes du paradoxe,
mais en échange il se doit d'être moins exigeant sur ce qu'il
fait réellement. Il garde vivante l'impression d'incompatibilité
entre le fait d'être entraîné et celui d'être
retenu, mais il doit s'abstenir de matérialiser réellement
cette situation.
Le
Bernin : la place Saint-Pierre à Rome
vue aérienne de la place
(dans une autre fenêtre)
La colonnade du Bernin pour la place Saint-Pierre à Rome a une
disposition d'ensemble en ellipse, et chaque bout de l'ellipse est enveloppé
par une colonnade.
Chaque colonnade creuse un emplacement qui nous attire, qui nous entraîne
vers lui, car on le perçoit en s'imaginant enveloppé par
son arrondi, bien calé dans son arrondi. Mais la perception de la
colonnade opposée nous attire de la même façon vers
elle, et nous déloge par conséquent de notre première
perception. Les deux formes en creux enveloppant sont donc ici ce qui nous
entraîne, et la concurrence entre ces deux creux opposés de
l'ellipse est ce qui contrarie cette attirance, nous faisant faire un va-et-vient
incessant entre la perception de l'un et la perception de l'autre.
Cet exemple d'architecture baroque est donc spécialement caractéristique
du procédé synthétique, dans lequel c'est la lecture
d'une seule et même forme (le creux) qui suscite contradictoirement
en nous l'effet d'entraînement et l'effet de retenue, et qui installe
donc en notre perception le conflit entre ces deux effets.
On peut également y lire l'expression analytique du paradoxe.
Cette fois c'est la continuité de la colonnade rectiligne qui nous
entraîne à traverser la place, cette traversée étant
même "dopée" par la légère forme en éventail
de l'avenue qui mène à Saint-Pierre. Quant à ce qui
nous empêche de lire cet entraînement réussi, c'est
le barrage que forme l'obélisque central qui "bouche la vue", et
c'est la contrariété qu'apporte l'ouverture de la place,
car son ellipse a son grand axe qui est perpendiculaire à l'avenue
et la croise donc.
Louis-le-Vau
: la façade d'entrée du château de Vaux-le-Vicomte
vue de la façade
(dans une autre fenêtre)
Autant le baroque italien a fait usage des courbes et des contre courbes,
autant le classique français a préféré lui
ce qu'on peut appeler des coins et des "contre-coins" orthogonaux.
Ainsi la façade d'entrée du château de Vaux-le-Vicomte
(1657-1661) que l'architecte Louis Le Vau (1612-1670) construisit pour
Fouquet, alors surintendant des Finances.
Sa forme générale est un U creux, et cette forme générale
en creux possède donc elle-même deux coins en creux qui nous
enveloppent et nous accueillent. Mais chacun de ces coins est encombré
d'un contre-coin en "plein" qui contrarie cet enveloppement et nous empêche
de nous ressentir véritablement dans un creux. Nous sommes indissociablement
dans un coin creux, et devant un coin plein.
Dans ces deux effets au caractère analytique (coins creux/contre-coins
pleins, et frise horizontale continue/axes verticaux décalés),
la symétrie autour de l'axe central intervient pour apporter l'expression
synthétique de la même façon qu'elle le faisait dans
l'ellipse à deux foyers de la colonnade de la place Saint-Pierre
du Bernin : chaque côté veut être "le" creux ou l'axe
"à prendre en compte", mais les deux côtés se contre-balancent
mutuellement en attirant/délogeant notre perception de l'autre.
Cela vaut pour Vaux-le-Vicomte, mais là encore cela vaut pour
le projet du Bernin pour le Louvre. Dans cet exemple, la perception d'un
grand creux unique encombré par une tour ronde centrale, est concurrencée
par sa perception sous forme cette fois de deux creux autonomes encadrant
la tour, creux dont l'importance équilibrée nous fait balancer
sans cesse entre la perception de l'un et la perception de l'autre.
Dans un autre texte il est
expliqué que, au cycle du noeud qui fonctionne en organisation,
chaque paradoxe dominant utilise trois autres paradoxes dominés
qu'il combine pour se faire valoir.
Il peut être un bon exercice d'entraînement de rechercher
comment le paradoxe dominant de l'entraîné / retenu utilise
dans la place Saint-Pierre et dans la façade de Vaux-le-Vicomte
les paradoxes :
relié / détaché (que l'on trouve dans le style renaissance)
le centre à la périphérie (que l'on trouve dans le
style maniériste)
mouvement d'ensemble / autonomie (que l'on trouve dans le style rococo)
Pour être complet, il convient de rechercher chaque fois l'expression
analytique et l'expression synthétique de chacun de ces paradoxes.
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