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le style de l'époque révolutionnaire

cycle du noeud
phase du point - paradoxe 2
le style rococo en art (début du XVIIIème siècle)
 
 
mouvement d'ensemble / autonomie
 
 
 
 
Fonctionnement de la société dans laquelle est plongé l'artiste

Dans un autre texte on a expliqué que chaque personne de cette société se trouve en situation similaire à celle d'un atome dans un liquide. Il est constamment prisonnier de multiples réseaux, mais ces réseaux se neutralisent mutuellement, ce qui finalement libère complètement chaque atome de toute attache spéciale [ F revoir l'image caractéristique dans une autre fenêtre].
On y a vu aussi le caractère paradoxal de cette situation qui nous fait libre parce que l'on est prisonnier sans arrêt et de tous côtés, et l'on a appelé ce paradoxe : "fermé / ouvert" comme l'est la cage du "prisonnier / libre".
 
 

Nature du paradoxe que l'artiste cherche à maîtriser

L'artiste, comme tous les membres de sa société, est donc "pris", "englué" dans le paradoxe "fermé / ouvert".
Mais il est trop "pris", trop "englué" dans ce paradoxe pour pouvoir le regarder en face. Il est "dépassé" par ce paradoxe qui domine inconsciemment son comportement. Ce paradoxe est trop omniprésent dans les rouages de sa société et à toutes les échelles et sous tous les aspects de son fonctionnement, pour qu'il puisse l'appréhender avec un quelconque recul. Il est lui même une partie de ce paradoxe, puisque ce paradoxe est celui qui a trait à la relation entre la société dans son entier et chaque membre de cette société.

À défaut de pouvoir y faire face, et dans le but de prendre le recul qui lui manque pour saisir complètement ce qui se passe en lui, il peut apprivoiser une forme moins virulente de ce paradoxe, une forme que l'acquis antérieur de la société a permis d'intégrer à la complexité du fonctionnement interne de chacun, une forme que pour cette raison il pourra dominer, dont il pourra appréhender tous les aspects, saisir toutes les relations internes impliquées par son fonctionnement. Cette forme atténuée du paradoxe "fermé / ouvert", on peut penser que c'est le paradoxe "mouvement d'ensemble / autonomie" puisque c'est lui qui a dominé le fonctionnement de la société au siècle précédent, c'est-à-dire au XVIIème siècle.
On explique maintenant pour quelle raison le recours à ce fonctionnement paradoxal est effectivement impérieux pour une personne "prise" dans le paradoxe "fermé / ouvert" afin de l'aider à tenir dans une telle situation.
 
 
 
Pertinence du paradoxe "mouvement d'ensemble / autonomie"

Pouvoir se repérer dans une situation fluide engendre une difficulté particulière, puisqu'aucun réseau de liens n'est stable, et puisque tout réseau sitôt fait est sitôt défait.
Vivre cette situation nécessite de savoir trouver son chemin autonome dans une société qui est partout animée d'une agitation que tous partagent, mais dans laquelle personne ne suit le même chemin que les autres. Puisque de multiples attaches nous relient aux autres, on ne peut s'empêcher d'être entraîné par le mouvement d'ensemble qui agite la société, et pour ne pas être emporté indistinctement par ce courant nous devons mobiliser au maximum notre capacité d'autonomie.
 
 
Les deux procédés du paradoxe "mouvement d'ensemble / autonomie"
 
Comme à toute époque [ F revoir l'explication dans une autre fenêtre], nous trouvons deux procédés pour exprimer ce paradoxe : le procédé analytique, et le procédé synthétique.
Le procédé analytique consiste à faire que l'architecture que nous avons devant nous produise réellement un mouvement d'ensemble de toutes ses parties, et que par ailleurs les parties ainsi entraînées affirment clairement qu'elles sont retranchées de ce mouvement, qu'elles sont à l'abri de cet entraînement d'ensemble. Ce procédé consiste donc à réellement mettre en présence les termes contradictoires du paradoxe, termes qui normalement s'excluent. Mais par sa réussite même, ce procédé tue ce qu'il y a de vraiment paradoxal, c'est-à-dire d'insoluble dans le paradoxe qu'il illustre.
Le procédé synthétique consiste, par des conflits dans notre perception, à nous faire ressentir le trouble exact qui s'installe en nous lorsque l'on cherche à percevoir simultanément l'entraînement dans un mouvement d'ensemble qui submerge notre capacité à y résister, et l'impression d'être parfaitement autonome dans notre déplacement, allant seulement où bon nous semble. Ce procédé permet cette fois de garder vivante l'impression d'impossible cohabitation des deux termes du paradoxe, mais en échange il se doit d'être moins exigeant sur ce qu'il fait réellement. Il garde vivante l'impression d'incompatibilité entre l'autonomie de déplacement et l'entraînement irrésistible dans un mouvement d'ensemble, mais il doit s'abstenir de matérialiser réellement cette situation.
 
 
 
Asam : intérieur de Saint-Jean-Népucémène à Munich
 
      vue de l'intérieur de la nef   (dans une autre fenêtre)
 
Nous examinons l'intérieur du choeur de Saint-Jean-Népomucène à Munich.
L'architecte, qui s'était modestement construit cette église pour lui-même, en était Egid-Quirin Asam (1692-1750). Dans certains ouvrages c'est plutôt à son frère Cosmas-Damian (1686-1739) que la construction est attribuée. Elle dura de 1733 à 1746.
D'évidence, dans cette construction les éléments se superposent et sont entraînées dans un élan d'ensemble ascendant. L'étage des colonnes torses prolonge l'espace où nous sommes d'autant plus clairement que sa balustrade en avancée le fait démarrer au dessus de nos têtes. À leur tour, les colonnes torses sont prolongées par des architectures peintes en trompe l'oeil, immergées dans un ciel fictif qui les traverse de nuées.
Mais par ailleurs, chaque étage est nettement séparé de l'autre par une corniche qui s'avance et qui marque une frontière très prégnante. Le dynamisme vertical qui court d'un étage à l'autre, se combine donc avec une très forte indépendance de chacun des étages l'un par rapport à l'autre. C'est là une expression analytique du paradoxe, sous la forme : "mouvement ascendant d'ensemble / autonomie des étages".
 

 
expression analytique du mouvement d'ensemble / autonomie : un mouvement ascendant d'ensemble grâce à la continuité des formes verticales,
et l'autonomie des étages marquée par leur débord important qui divise horizontalement
 
 
À l'intérieur de cette disposition, les éléments verticaux, les statues et les décors divers qui participent au mouvement ascendant, disposent d'une forme telle que chacun possède une impulsion interne qui le fait participer de façon fougueuse à la dynamique d'ensemble, tout en possèdant en même temps une coupure qui le retranche complètement, qui le met à l'abri de cette dynamique. Il s'agit cette fois de l'expression synthétique du paradoxe : on ne peut ressentir la participation de chacun à la dynamique d'ensemble sans ressentir simultanément son autonomie.
 
 
expression synthétique du mouvement d'ensemble / autonomie :
la perception de l'élan avec lequel chaque élément participe à la dynamique d'ensemble,
souligne l'autonomie de cet élément qui vient buter sur un débord qui le retranche de cette dynamique d'ensemble
 
 
La torsion des colonnes est également représentative de cet effet : la torsion souligne l'élan d'une onde qui parcourt l'ensemble d'une colonne, et dans le même temps elle coupe cette colonne en parties successives : l'oeil se trouve ainsi empêché de filer en continu du bas en haut de la colonne pour suivre le trajet de l'onde qui la parcourt. Les torsions sont donc incluses dans un effet visuel ascendant qui les entraîne toutes ensembles, et elles sont en même temps séparées, isolées l'une de l'autre, laissée chacune sur place dans l'impossibilité de voir une continuité réelle passer de l'une à l'autre.
 
 
expression synthétique du mouvement d'ensemble / autonomie dans les colonnes torses :
on ne peut séparer l'effet de vis continue auquel participent l'ensemble des torsions,
de l'effet qui divise la colonne en torsions autonomes qui se superposent
 
 
Le traitement des statues et des détails de la décoration contribue aussi à cette "dynamique d'ensemble faite d'éléments qui sont séparés de cette dynamique". Pour ce faire, les éléments se groupent en ensembles qui participent chacun à deux ou trois étages successifs :
- les quatre anges qui portent la gloire où plane la colombe du Saint-Esprit, s'appuient chacun sur l'une des colonnes torses. Dans le même temps, ils évoluent dans le ciel de l'étage du dessus;
- des nuages passent sous l'architecture peinte, et dans le même temps vont se mêler aux nuages qui filent au dessus ;
- le motif des personnages à un bras levé regroupe ceux qui sont sous la console du premier étage et d'autres qui sont sur cette console. Les divers décors en forme de flamme ou les formes qui s'envolent dans le ciel peint de la voûte ont des formes qui rappellent le mouvement de ces personnages, et permet à ce groupe de formes "agitées" de se poursuivre jusque là-haut dans le ciel.
Cette participation simultanée à plusieurs étages distincts souligne l'englobement dans une dynamique qui nous dépasse, nous emporte, nous inclut dans un vaste mouvement d'ensemble. L'autonomie que nous gardons malgré cet emportement dans l'effet collectif, est soulignée quant à elle par un effet d'isolement à l'intérieur de chaque étage. Ainsi :
- les anges participent aux volutes qui circulent dans le ciel, mais ils sont attachés par leur appui à l'étage du dessous ;
- chaque personnage à la main levé participe à un ensemble de personnage et de formes semblables qui se répand sur toute la hauteur de la nef, mais chacun est fermement isolé sous une balustrade ou dans une niche qui le sépare de ce mouvement.
 
 
expression analytique du mouvement d'ensemble / autonomie : des formes analogues font "ensemble" un groupe,
tandis que des débords expressifs soulignent l'autonomie de chacune
 
 
Il faut bien saisir ce qui distingue le rococo des architectures baroques et classiques. Dans celles-ci, il s'agissait de suggérer le déplacement vers une place bien déterminée et de suggérer le barrage simultané à ce déplacement. Ici, il n'y a pas déplacement d'un point vers un autre, mais il y a une sorte d'écoulement général de l'espace, et chaque endroit de cet espace participe à ce dynamisme, donne une impulsion à ce mouvement d'ensemble. Dans le même temps chaque endroit ne participe pas à ce dynamisme, il en est en retrait, il en est coupé.

 
 
Fischer : extérieur de l'église bénédictine de Zwiefalten
 
      vue de la façade   (dans une autre fenêtre)
 
La façade de l'Eglise bénédictine de Zwiefalten, construite entre 1741 et 1752, et due à l'architecte Johann Michael Fischer (1692-1766).
On y trouve un exemple caractéristique de la façon dont le rococo "triture" et "dépece" les tympans de l'architecture classique pour ses besoins propres : les colonnes et les bouts de tympans qui occupent le centre de la façade font indiscutablement "ensemble" un motif central continu, regroupés dans un tympan triangulaire qui se gonfle de façon convexe, mais indiscutablement chaque double colonne se coupe de la double colonne d'en face et participe à un creux latéral concave autonome qu'elle partage avec la colonne plate qui marque l'extrémité de son côté de façade.
Dans cet effet se combinent l'expression analytique (le tympan triangulaire central est commun, et ses extrémités appartiennent à des entablements latéraux chacun autonome de l'autre) et l'expression synthétique (la transition exacte est impossible à trouver entre le gonflement convexe commun et le creux concave autonome sur chaque côté).
 

 expression analytique du mouvement d'ensemble / autonomie :
participation au centre à une forme commune de tympan triangulaire qui regroupe ensemble les deux moitiés de la façade,
et affirmation de chaque côté d'un motif creux autonome
 
 
expression synthétique du mouvement d'ensemble / autonomie :
on ne peut trouver la transition exacte entre le bombement central commun et les creux autonomes latéraux,
de telle sorte que pour percevoir l'un de ces effets il faut percevoir l'autre
 
 
Dans la moitié supérieure de la façade, le fronton découpe sur le ciel des courbes et des contre-courbes qui forment une frise dont le dynamisme souple et continu passe de l'une à l'autre. Mais en même temps, chaque portion de courbe forme un motif autonome dont l'élan s'arrête sur un enroulement qui en marque l'extrémité, ou sur une coupure brutale où s'amorce une contre-courbe qui refuse de rejoindre la partie suivante de l'ondulation.
 
 
expression synthétique du mouvement d'ensemble / autonomie : la lecture de la frise d'ensemble continue qui fait le tour du fronton,
ne peut se faire sans lire simultanément les courbes et les contrecourbes au mouvement chaque fois autonome qui la dessinent,
et qui y marquent avec insistance des trous et des manques de continuité
 
 
 
Travaux pratiques

Dans un autre texte il est expliqué que, au cycle du noeud qui fonctionne en organisation, chaque paradoxe dominant utilise trois autres paradoxes dominés qu'il combine pour se faire valoir.
Il peut être un bon exercice d'entraînement de rechercher comment le paradoxe dominant mouvement d'ensemble / autonomie utilise à Saint-Jean-Népucémène et à Zwiefalten les paradoxes :
               relié / détaché (que l'on trouve dans le style renaissance)
               le centre à la périphérie (que l'on trouve dans le style maniériste)
               entraîné / retenu (que l'on trouve dans les styles baroque et classique)
 
Pour être complet, il convient de rechercher chaque fois l'expression analytique et l'expression synthétique de chacun de ces paradoxes.
 


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