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L'analogie avec l'aventure
d'un réseau d'atomes nous suggère de rechercher après
le XVIème siècle un phénomène équivalent
à ce changement de phase solide/liquide.
En fait, il n'apparaît
pas possible de repérer historiquement cette évolution par
un phénomène aussi bien marqué que la Renaissance
au XVème siècle ou la Réforme et la Contre-Réforme
au XVIème siècle, mais notre intention ici n'est pas d'interpréter
l'histoire mais d'éclairer l'art. Et dans l'art, le XVIIème
siècle se démarque très clairement du siècle
qui le précède.
En Italie, on appelle
baroque l'architecture du XVIIème siècle, en France, on l'appelle
classicisme, et ces deux styles trahissent très précisément
et chacun à leur manière, l'état de fusion de la société.
Si l'époque
est à la fusion, cela veut dire que chacun n'est plus aussi fixement
attaché à sa place et à sa condition, et que des opportunités
se présentent qui permettent d'envisager une amélioration
de son statut personnel ou de celui de sa famille. Dans la société,
des places se libèrent, de la même façon que dans un
cristal se forment des lacunes.
Qu'y a
t'il de paradoxal dans la situation d'un cristal qui amorce sa fusion ?
Quand s'amorce la
fusion, une molécule est donc entraînée à quitter
sa place à cause d'un trou, d'une lacune apparaissant soudain à
son voisinage et qui ne la fait plus rebondir vers sa place initiale. Lorsqu'une
molécule s'échappe ainsi de sa place, elle se déplace
"toute seule", c'est-à-dire sans que ses voisines ne changent de
place en même temps qu'elle. Le hasard a mis un trou à côté
d'une molécule mais il est peu probable qu'il en mette un au même
moment et placé dans la même orientation auprès de
sa voisine. Dans tout le volume du cristal il se passe des déplacements
de molécules, mais il n'existe aucun mouvement commun ou partagé
par plusieurs, aucun "courant" collectif de déplacement : deux molécules
ne vont pas ensemble dans la même direction et en partant au même
moment.
On peut dire que c'est
un mouvement d'ensemble, parce que cela bouge partout, et que les trous
que libèrent les molécules qui se déplacent entraînent
d'autres molécules à se déplacer à leur tour.
Mais on peut dire
aussi que ce n'est pas un mouvement d'ensemble, puisque le déplacement
d'une molécule n'a rien en commun avec le déplacement des
molécules de son voisinage : chacune suit son chemin propre, allant
par ci par là selon les hasards des trous qui se libèrent
devant elle. Bref, chaque molécule garde un parcours complètement
autonome.
C'est cette opposition
entre le caractère à la fois collectif du mouvement (une
molécule ne bouge que parce que les autres molécules bougent)
et son caractère individuel (pas de mouvement collectif mais des
déplacements autonomes de chaque molécule) qui est de nature
paradoxale : le mouvement est collectif et en même temps il n'est
pas collectif. Nous appelons cette situation : le paradoxe mouvement
d'ensemble / autonomie.
Traduction
dans l'art et la musique du paradoxe "mouvement d'ensemble / autonomie"
Pour une raison que nous expliquons ailleurs [ F
voir cette explication] ce n'est qu'à l'étape suivante
de l'évolution de la société que ce paradoxe sera
le paradoxe caractéristique de l'architecture. Il correspond au
fonctionnement de la société occidentale du XVIIème
siècle, mais il sera le paradoxe dominant dans l'architecture dite
"rococo" de la première moitié du siècle suivant.
è
architecture deux exemples d'architecture rococo
:
Asam : Saint-Jean-Népucémène à Munich
Fischer : l'église bénédictine de Zwiefalten
è
musique les expressions
caractéristiques de cet effet
Et l'architecture
de l'époque baroque et classique ?
Comme indiqué au début du paragraphe précédent,
le paradoxe en jeu dans l'architecture d'une époque est toujours
en retard d'une étape sur l'évolution des paradoxes en jeu
dans la dynamique même de la société.
La dynamique en cours avant le XVIIème siècle est celle
de la société de l'époque dite "maniériste",
fondée sur le paradoxe "entraîné / retenu".
On peut :
è
aller voir l'explication de la cause de cette situation paradoxale où
l'on est "entraîné / retenu"
è
voir directement des exemples d'architecture baroque et classique
(Le Bernin : la colonnade de la place Saint-Pierre de Rome
et Louis le Vau : la façade du château de Vaux-le-Vicomte)
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