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L'eau par exemple (croquis
ci-dessus) est constituée de molécules d'eau, chacune constituée
d'un atome d'oxygène lié à deux atomes d'hydrogène.
Lorsque l'eau est à l'état liquide, ces molécules
ont la particularité d'être retenues entre elles par ce que
les physiciens appellent des "liaisons faibles hydrogène". Ces liaisons
faibles sont produites par l'attirance des atomes d'hydrogène qui,
bien que n'appartenant pas à une même molécule, se
collent cependant l'un à l'autre. Parce que cette attirance de deux
molécules d'eau est réelle, il se crée à tout
moment dans l'eau liquide un vrai réseau de molécules attachées
ensemble. Et parce que cette attirance est faible, ce réseau n'est
pas permanent comme il l'est dans la glace, mais il est détruit
aussitôt créé car il est immédiatement concurrencé
par la formation d'un autre réseau similaire. Ainsi l'eau contient
toujours une même proportion de molécules prises dans des
réseaux de liaisons faibles hydrogène, mais ces réseaux
sont constamment en train de se faire et de se défaire. De se faire
ici parce qu'il s'en défait ailleurs, puis de se défaire
ici parce qu'il s'en fait encore ailleurs. À tout moment chaque
molécule est happée par un réseau qui l'attache aux
autres, mais la direction vers laquelle elle se fait happer varie sans
arrêt. Toujours elle est attachée aux autres, ce qui explique
que l'on ait affaire à un liquide qui reste cohérent et non
à un gaz qui se disperse. Mais sans arrêt ses liaisons se
modifient, ce qui explique que l'on ait affaire à un matériau
qui peut couler, et non pas à un solide fixé dans la rigidité.
Si nous pensons maintenant
en terme de personnes et non plus d'atomes ou de molécules, nous
devons imaginer de la même façon qu'il arrive un moment de
la société où chacun est toujours tenu par des solidarités
qui l'attachent aux autres, mais où ces liens sont tellement multiples,
tellement remis en cause sans cesse par d'autres liens et d'autres solidarités,
que l'individu se retrouve finalement comme libéré de tous
ces liens. Il est toujours conditionné par la dynamique de son groupe,
emporté par elle, plus que jamais même dans un sens. Mais
il est emporté dans tellement de directions contradictoires et incohérentes
entre elles qu'il en éprouve la sensation d'aller ou bon lui semble,
qu'il en éprouve la sensation de ne pas suivre le groupe qui pourtant
l'entraîne à tout moment et dans tous les sens.
Cette situation particulière
s'est effectivement produite à l'issue de l'époque baroque.
En Allemagne par exemple, la société n'était pas organisée
autour d'un pouvoir central fort, mais partagée en diverses principautés
locales aux alliances fluctuantes. C'est dans ces circonstances que l'on
peut considérer par exemple le parcours d'un Jean-Sébastien
Bach, toujours à la merci de ses employeurs successifs, mais profitant
de la possibilité de voyager de l'un à l'autre, d'en changer
selon les influences mouvantes du moment pour se faufiler entre eux et
poursuivre en solitaire son oeuvre personnelle.
Cette époque
particulière occupe pour l'essentiel la première moitié
du XVIIIème siècle. Elle fut de courte de durée, moitié
moins longue que les trois époques précédentes analysées
puisque chacune occupait la durée moyenne d'un siècle entier.
En art, cette époque
a reçu un nom plutôt péjoratif. On l'appelle rococo.
À tord on la perçoit souvent comme une simple boursouflure
exagérée du style baroque qui l'a précédé,
alors qu'elle présente au contraire une profonde originalité
par rapport à ce style.
Qu'y a
t'il de paradoxal dans le comportement liquide ?
Complètement
libre parce que prisonnier de multiples réseaux, complètement
libre grace à la neutralisation réciproque que se font ces
réseaux qui retiennent prisonnier. Cette situation paradoxale là,
on aurait pu l'appeller "libre / prisonnier", et parfois c'est à
cet aspect là qu'il faut songer pour analyser sa traduction dans
l'art. Mais pour mieux caractériser la façon dont elle se
traduit souvent dans l'architecture, nous avons préférer
l'appeler fermé
/ ouvert. Fermée comme la cage du prisonnier,
ouverte comme sa cage quand il est libéré.
Traduction
dans l'art et la musique du paradoxe "fermé / ouvert"
Pour une raison que
nous expliquons ailleurs [ F
voir cette explication] ce n'est qu'à l'étape suivante
de l'évolution de la société que ce paradoxe sera
le paradoxe caractéristique de l'architecture. Il correspond au
fonctionnement de la société occidentale du début
du XVIIIème siècle, mais il sera le paradoxe dominant dans
l'architecture de la période révolutionnaire que connu la
fin de ce même siècle.
è
architecture deux exemples d'architecture de
l'époque révolutionnaire :
Boullée : projet d'opéra pour la place du Carrousel à
Paris
Soane : le Breakfast Parlour du musée Soane de Londres
è
musique les expressions
caractéristiques de cet effet
Et l'architecture
rococo ?
Comme indiqué
au début du paragraphe précédent, le paradoxe en jeu
dans l'architecture d'une époque est toujours en retard d'une étape
sur l'évolution des paradoxes en jeu dans la dynamique même
de la société.
La dynamique en cours
avant le XVIIIème siècle est celle de la société
de l'époque dite "baroque et classique", fondée sur le paradoxe
"mouvement d'ensemble / autonomie".
On peut :
è
aller voir l'explication de la cause de cette situation paradoxale
où l'on participe à un mouvement d'ensemble tout en ayant
un parcours autonome
è
voir directement des exemples d'architecture rococo
(Asam : Saint-Jean-Népucémène à Munich
et Fischer : l'église bénédictine de Zwiefalten)
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