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phase du point - paradoxe 3
 
 
Fluidité
La société à l'époque Rococo
 
 
 
         Logiquement nous reprenons notre image de l'atome dans son réseau dont la température ne cesse d'augmenter. Nécessairement nous en arrivons au stade qui suit la fusion, nous atteignons l'état liquide.
         Notre atome avait commencé dans un réseau cristallin qui le tenait complètement prisonnier à une place fixe è [rappel dans une autre fenêtre]. Ensuite il s'est agité sérieusement sur place mais sans toutefois la quitter è [rappel dans une autre fenêtre]. À plus haute température, son mouvement est devenu trop frénétique pour rester équilibré avec celui des autres atomes et des lacunes se sont créées è [rappel dans une autre fenêtre]. L'atome acquit alors la capacité de se mouvoir de place en place dans le réseau cristallin, mais celui-ci restait la structure fondamentale qui conditionnait le comportement et les possibilités de déplacement de chaque atome. Au stade liquide nous allons voir que l'atome ne va toujours pas où il veut, car ce n'est que dans un gaz que les atomes caracolent librement sauf à être bousculés en permanence par leurs rencontres mutuelles. Dans un liquide les atomes sont toujours liés ensemble, mais le fait nouveau est que ce lien est toujours extrêmement précaire, qu'il est sans cesse remis en cause.
 
 
Une représentation schématique de l'eau liquide. Seuls ont été représentés les atomes reliés à un instant donné à quatre atomes voisins par une liaison faible. Ces atomes quatre fois reliés forment des "clusters" analogues à de minuscule cristaux de glace. Un millième de milliardième de seconde plus tard on aurait une autre figure, complètement différente, mais avec la même proportion de liaisons [document Sciences et Avenir - J.L. Lavallard]

         L'eau par exemple (croquis ci-dessus) est constituée de molécules d'eau, chacune constituée d'un atome d'oxygène lié à deux atomes d'hydrogène. Lorsque l'eau est à l'état liquide, ces molécules ont la particularité d'être retenues entre elles par ce que les physiciens appellent des "liaisons faibles hydrogène". Ces liaisons faibles sont produites par l'attirance des atomes d'hydrogène qui, bien que n'appartenant pas à une même molécule, se collent cependant l'un à l'autre. Parce que cette attirance de deux molécules d'eau est réelle, il se crée à tout moment dans l'eau liquide un vrai réseau de molécules attachées ensemble. Et parce que cette attirance est faible, ce réseau n'est pas permanent comme il l'est dans la glace, mais il est détruit aussitôt créé car il est immédiatement concurrencé par la formation d'un autre réseau similaire. Ainsi l'eau contient toujours une même proportion de molécules prises dans des réseaux de liaisons faibles hydrogène, mais ces réseaux sont constamment en train de se faire et de se défaire. De se faire ici parce qu'il s'en défait ailleurs, puis de se défaire ici parce qu'il s'en fait encore ailleurs. À tout moment chaque molécule est happée par un réseau qui l'attache aux autres, mais la direction vers laquelle elle se fait happer varie sans arrêt. Toujours elle est attachée aux autres, ce qui explique que l'on ait affaire à un liquide qui reste cohérent et non à un gaz qui se disperse. Mais sans arrêt ses liaisons se modifient, ce qui explique que l'on ait affaire à un matériau qui peut couler, et non pas à un solide fixé dans la rigidité.
 
         Si nous pensons maintenant en terme de personnes et non plus d'atomes ou de molécules, nous devons imaginer de la même façon qu'il arrive un moment de la société où chacun est toujours tenu par des solidarités qui l'attachent aux autres, mais où ces liens sont tellement multiples, tellement remis en cause sans cesse par d'autres liens et d'autres solidarités, que l'individu se retrouve finalement comme libéré de tous ces liens. Il est toujours conditionné par la dynamique de son groupe, emporté par elle, plus que jamais même dans un sens. Mais il est emporté dans tellement de directions contradictoires et incohérentes entre elles qu'il en éprouve la sensation d'aller ou bon lui semble, qu'il en éprouve la sensation de ne pas suivre le groupe qui pourtant l'entraîne à tout moment et dans tous les sens.
         Cette situation particulière s'est effectivement produite à l'issue de l'époque baroque. En Allemagne par exemple, la société n'était pas organisée autour d'un pouvoir central fort, mais partagée en diverses principautés locales aux alliances fluctuantes. C'est dans ces circonstances que l'on peut considérer par exemple le parcours d'un Jean-Sébastien Bach, toujours à la merci de ses employeurs successifs, mais profitant de la possibilité de voyager de l'un à l'autre, d'en changer selon les influences mouvantes du moment pour se faufiler entre eux et poursuivre en solitaire son oeuvre personnelle.
         Cette époque particulière occupe pour l'essentiel la première moitié du XVIIIème siècle. Elle fut de courte de durée, moitié moins longue que les trois époques précédentes analysées puisque chacune occupait la durée moyenne d'un siècle entier.
         En art, cette époque a reçu un nom plutôt péjoratif. On l'appelle rococo. À tord on la perçoit souvent comme une simple boursouflure exagérée du style baroque qui l'a précédé, alors qu'elle présente au contraire une profonde originalité par rapport à ce style.
 
 
 
Qu'y a t'il de paradoxal dans le comportement liquide ?
 
         Complètement libre parce que prisonnier de multiples réseaux, complètement libre grace à la neutralisation réciproque que se font ces réseaux qui retiennent prisonnier. Cette situation paradoxale là, on aurait pu l'appeller "libre / prisonnier", et parfois c'est à cet aspect là qu'il faut songer pour analyser sa traduction dans l'art. Mais pour mieux caractériser la façon dont elle se traduit souvent dans l'architecture, nous avons préférer l'appeler fermé / ouvert. Fermée comme la cage du prisonnier, ouverte comme sa cage quand il est libéré.
 
 
Traduction dans l'art et la musique du paradoxe "fermé / ouvert"
 
         Pour une raison que nous expliquons ailleurs [ F voir cette explication] ce n'est qu'à l'étape suivante de l'évolution de la société que ce paradoxe sera le paradoxe caractéristique de l'architecture. Il correspond au fonctionnement de la société occidentale du début du XVIIIème siècle, mais il sera le paradoxe dominant dans l'architecture de la période révolutionnaire que connu la fin de ce même siècle.
 
         è architecture     deux exemples d'architecture de l'époque révolutionnaire :
                                                Boullée : projet d'opéra pour la place du Carrousel à Paris
                                                Soane : le Breakfast Parlour du musée Soane de Londres
         è musique          les expressions caractéristiques de cet effet
 
 
 
Et l'architecture rococo ?
 
         Comme indiqué au début du paragraphe précédent, le paradoxe en jeu dans l'architecture d'une époque est toujours en retard d'une étape sur l'évolution des paradoxes en jeu dans la dynamique même de la société.
         La dynamique en cours avant le XVIIIème siècle est celle de la société de l'époque dite "baroque et classique", fondée sur le paradoxe "mouvement d'ensemble / autonomie".
         On peut :
 
         è      aller voir l'explication de la cause de cette situation paradoxale
                   où l'on participe à un mouvement d'ensemble tout en ayant un parcours autonome
         è      voir directement des exemples d'architecture rococo
                    (Asam : Saint-Jean-Népucémène à Munich
                      et Fischer : l'église bénédictine de Zwiefalten)
 


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