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phase de l'organisation paradoxe 0 |
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Cette photographie
représente la déformation d'un courant d'air dévié
par la voile trop bordée d'un voilier. De la gauche vers la droite,
on reconnaît d'abord le régime laminaire, puis le régime
des cisaillements de l'étape précédente, puis enfin
de larges volutes spiralantes qui s'épanouissent et qui sont l'objet
de la nouvelle étape que nous envisageons.
Derrière la
voile perpendiculaire au vent incident, l'air ne peut plus rester laminaire
car les couches d'air ne peuvent faire un détour aussi brutal sans
se décoller l'une de l'autre. La partie située juste derrière
la voile est à l'abri du vent qui arrive, ce qui lui permet de supporter
sous forme de lames cisaillées le conflit entre des régions
d'air immobile et des régions d'air en rapide mouvement. L'air situé
plus au large, subit lui de plein fouet le contraste de vitesses entre
l'air qui reste prisonnier derrière la voile et l'air qui file à
toute allure sur les côtés. Pour concilier lenteur et grande
vitesse, cette partie du flux d'air doit trouver un moyen plus radical
que celui des petites interpénétrations répétées
du régime cisaillé.
Ce moyen est donc
la spirale.
Avant que le fluide
ne commence à se cisailler, nous avions assisté à
deux étapes successives du rangement de ses molécules
par ordre de vitesse : d'abord de façon continue par la diffusion
brownienne è
[rappel dans une autre fenêtre], puis par des sauts brutaux
entre des couches laminaires séparées è
[rappel dans une autre fenêtre]. La spirale est tout simplement
le résultat du retour en force de ces deux modes de rangement auxquels
l'épisode des cisaillements ouvre la possibilité d'une nouvelle
jeunesse : les cisaillements amorcent des imbrications entre couches, commencent
un mélange en profondeur des différentes zones du fluide,
puis le classement par diffusion et le classement laminaire profitent de
ces amorces pour y cohabiter sans se nuire et amplifient leur collaboration
en transformant ces amorces d'imbrication en volutes continues de spirales
: dans la spirale en effet les couches cessent d'être cisaillées
et entrecoupées, elles redeviennent des couches continues empilées
en ordre de vitesses qui augmente graduellement, et à l'intérieur
de chacune d'elles un mélange continu par diffusion peut se faire
depuis le centre de la spirale vers sa périphérie. Dans la
forme de la spirale, on obtient donc un croisement parfait entre le classement
sans coupure par diffusion qui s'effectue en tournant avec la spirale,
et le classement par couches séparées qui s'effectue lui
dans les sens radiaux à la spirale.
Que la vitesse soit
progressive du centre vers la périphérie de la spirale, cela
se comprend facilement : puisque la forme de spirale demeure, toutes ses
parties font un tour dans le même laps de temps, et comme les parties
externes ont plus de chemin à parcourir que celles proches du centre,
elles circulent donc à une vitesse d'autant plus grande qu'elles
sont éloignées du centre. Cette ségrégation
des vitesses s'accomplit d'abord par diffusion le long du parcours de chaque
spire, et comme les spires sont très longues le mélange uniformisant
dispose d'une grande longueur pour se réaliser sans à-coup.
Puis, dès que cette longueur s'avère insuffisante, une nouvelle
couche se sépare, qui divise d'autant le différentiel de
vitesse à amortir dans la longueur d'une même spire.
À son échelle
globale, la spirale représente aussi un compromis entre les deux
vitesses extrêmes qui se confrontent : elle se déplace à
la vitesse de la couche la plus lente (si cette couche est arrêtée
la spirale est alors fixe), ce qui permet que cela se déplace globalement
à la vitesse la plus lente, et dans le même temps elle tourne
à la vitesse imposée par la couche la plus rapide, ce qui
permet que cela se déplace aussi à cette vitesse la plus
rapide.
À l'approche
du XXème siècle, comme un fluide que la vitesse déforme,
on suppose que la société occidentale parvient elle aussi
à un stade d'accélération qui ne se suffit plus d'imbrications
ponctuelles répétées entre couches sociales. Un nouveau
mode de classement de la société doit se trouver pour organiser
l'imbrication de classes sociales aux différences de plus en plus
marquées et de plus en plus inconciliables.
Comme pour un fluide,
l'organisation en spirale s'offre alors comme la solution qu'impose ce
stade de l'accélération de la société.
Qu'y a-t-il de paradoxal dans la forme d'une spirale ?
Le caractère
paradoxal de cette situation provient de la synchronisation étonnante
que manifeste une organisation en spirale qui s'élargit avec une
régularité impeccable, bien qu'elle ne dispose d'aucun axe,
d'aucun centre, d'aucun élément continu dans le sens radial.
Usuellement, un phénomène régulier dispose de l'un
ou de plusieurs de ces caractères géométriques, car
ils sont le signe ou le moyen de sa régularité : cela suit
un axe régulier, cela tourne régulièrement autour
d'un centre, cela s'étale en s'écartant régulièrement
d'un même point, etc. Cette synchronisation, obtenue dans une spirale
comme par miracle, sans aucun des repères communs habituels qui
permettent d'organiser une régularité dans tous les sens
et à toutes les échelles, nous l'avons dénommée
le paradoxe synchronisé
/ incommensurable.
Traduction
dans l'art et la musique du paradoxe "synchronisé / incommensurable"
Pour une raison que
nous expliquons ailleurs [ F
voir cette explication] ce n'est qu'à l'étape suivante
de l'évolution de la société que ce paradoxe sera
le paradoxe caractéristique de l'architecture. Il correspond à
un fonctionnement de la société occidentale qui commence
à s'installer vers le milieu du XIXème siècle, mais
il ne sera un paradoxe dominant dans l'oeuvre de certains architectes qu'au
début du siècle suivant. Du fait de la transformation de
plus en plus rapide de la société, ce fonctionnement commence
à s'installer avant même que le précédent ait
eu le temps de se généraliser, de telle sorte que les artistes
qui correspondent à des étapes successives de la complexité
se retrouvent en fait parfaitement contemporains. Pour cette raison nous
avions déjà dû découper en deux le style de
l'Art Nouveau, les architectes du "synchronisé / incommensurable"
ne sont pas significativement décalés dans le temps des architectes
de l'Art Nouveau, mais à leur propos on parle plutôt d'art
"moderne".
è
architecture deux exemples d'architectures
qui fonctionnent en synchronisé / incommensurable :
Wright : une "maison dans la prairie"
Aalto : Maison de la Laponie à Rovaniemi
è
musique les expressions
caractéristiques de cet effet
Et l'architecture
de la société qui "synchronise l'incommensurable" ?
Comme indiqué
au début du paragraphe précédent, le paradoxe en jeu
dans l'architecture d'une époque est toujours en retard d'une étape
sur l'évolution des paradoxes en jeu dans la dynamique même
de la société.
La dynamique précédente
de la société était fondée sur le paradoxe
"rassemble / sépare", c'est donc ce paradoxe qui fonctionne dans
l'architecture des architectes qui vivent dans une société
qui fonctionne de façon "synchronisé / incommensurable".
On peut :
è
aller voir l'explication de la cause de cette situation paradoxale "rassemble
/ sépare"
è
voir directement des exemples de l'architecture "rassemble / sépare"
qui forme l'Art Nouveau -2-
(Mackintosh : la salle de réception de la "Maison d'un Amateur d'Art"
et Olbrich : porte de la maison Glückert à Darmstadt )
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