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Une société même / différente
En décrivant la formation des appariements de tourbillons de même sens, on a quelque peu introduit le
stade suivant de la dynamique, celui où des tourbillons de plus grande échelle se forment, qui englobent en eux des tourbillons qui tournent en sens contraires.
Il est facile, dans une dynamique physique, de différencier ainsi ces deux stades en repérant le sens
des tourbillons concernés et l’existence ou non, autour de leur groupe, d’un arc commun pour les regrouper ensemble. Dans le cas de la société humaine,
au niveau du survol très rapide que nous effectuons ici, il n’est pas possible de véritablement séparer ces deux stades d’organisation, de telle sorte
que nous les envisagerons ensemble les deux stades qui correspondent à la formation, en elle, d’une hiérarchie de plus en plus affirmée de structures
associées (stade des tourbillons appariés) et de structures emboîtées sur différentes échelles (stade suivant des petits tourbillons dans les grands).
Pour récapituler, d’abord, les étapes précédentes, nous rappelons que, pour ce qui concerne
l'évolution de la société européenne, nous
avions envisagé que la renaissance des nationalismes du
début du siècle était l'équivalent de la séparation
en spirales bien distinctes qui donne naissance à une allée
de von Karman. Il en résulta la première guerre mondiale.
Cela reprit de plus belle quand les nations se laissèrent gonfler
en tourbillons encore plus impétueux, des tourbillons gourmands
de tout ce qui se trouvait autour d'eux, et qui s'uniformisèrent
profondément en "épurant" leur population. Il en résulta
la seconde guerre mondiale, et nous avons
envisagé que ce stade de la dynamique des sociétés
européennes, corresponde donc au stade où les spirales se
séparent complètement les unes des autres, et où elles
se mettent à tourner en tourbillons circulaires très énergiques
et très uniformisés.
Pour correspondre
au nouveau stade de la dynamique, celui des tourbillons circulaires qui se groupent
maintenant à plusieurs dans une dynamique commune, il semble qu'il
n'y ait qu'à continuer à suivre l'histoire européenne
: après le second conflit mondial, les nations européennes
s'admettent désormais l'une l'autre comme autant de faits acquis
et irréversibles, et elles s'engagent alors dans un très
lent processus de coopération. Ce processus les inclut progressivement
dans une Communauté Européenne qui, petit à petit,
augmente la taille de ses organismes et multiplie le champ de ses interventions.
Progressivement, cette communauté économique s'organise, elle
aussi, sur une plus grande échelle, et elle se rend capable de fonctionner
avec un nombre croissant de nations.
Ce processus de croissance
est très clairement différent du précédent
: il n'est plus question d'un Grand Reich qui absorbe et unifie dans un
grand élan toute la race arienne, par exemple, mais d'une structure
qui se surimpose progressivement à la structure des nations sans
pour autant les abolir, sans même songer à les abolir, sans
même avoir besoin de les abolir pour fonctionner.
Nous avons rappelé
le processus de construction de la Communauté Européenne
pour montrer comment peut se manifester dans la société humaine
un épisode similaire à l'appariement et à la croissance hiérarchique des tourbillons dans
un fluide. Pourtant, ce n'est pas fondamentalement à cette construction
que correspond le moment de la société occidentale que nous
avons à considérer, car le processus fondamental en question
prend d'avantage place dans la 1ère moitié du siècle,
et il ne concerne pas que les pays européens. Ce qu'il faut considérer,
c'est que ce processus que l'on voit aujourd'hui s'établir au niveau
des nations européennes, n'est que la tardive émergence institutionnelle
et à grande échelle d'un mouvement d'interaction économique,
qui a fonctionné d'abord de façon plus modeste mais qui
a irrigué tout le tissus social, et qui n'a pas été
spécialement limité à l'Europe. On peut considérer
qu'y a puissamment participé le développement du réseau
de chemins de fer et celui de l'automobile, la radio et le téléphone,
toutes ces techniques qui ont créé des liens vivants et des
interactions inédites, entre des régions et des populations
qui, auparavant, se vivaient complètement isolées les unes
des autres, et qui ont notamment sorti les populations rurales de leur
coupure ancestrale d'avec les populations urbaines. C'est le développement
de ces liens que l'on peut dire purement "techniques" entre populations,
ne les unifiant pas idéologiquement comme un lien politique, mais
bouleversant profondément leur vie de manière très
perceptible par eux, que l'on doit faire correspondre, dans la 1ère moitié
du XXème, l'engrenage économique analogue à la transformation
des tourbillons circulaires isolés en des tourbillons associés
dans un tourbillonnement plus vaste qui les englobe.
Traduction
dans l'art et la musique du paradoxe "même / différent"
Pour une raison que
nous expliquons ailleurs [ F
voir cette explication] ce n'est qu'à l'étape suivante
de l'évolution de la société que ce paradoxe sera
le paradoxe caractéristique de l'architecture. Du fait de la transformation
de plus en plus rapide de la société, ce fonctionnement commence
à s'installer avant même que le précédent n'ait
eu le temps de se généraliser, de telle sorte que les artistes
qui correspondent à des étapes successives de la complexité
se retrouvent en fait parfaitement contemporains. Pour cette raison, pendant
plusieurs étapes, nous avons affaire à des artistes qui sont
habituellement classés ensemble dans le "mouvement moderne", ce
qui était déjà le cas lors de nos trois étapes
précédentes.
è
architecture deux exemples d'architectures
qui fonctionnent en même / différent :
Safdie : "Habitat 67" à Montréal
Hasegawa : Musée du Fruit à Yamanashi
è
musique les expressions
caractéristiques de cet effet
Et l'architecture de la société qui fonctionne de façon "même / différente" ?
Comme indiqué
au début du paragraphe précédent, le paradoxe en jeu
dans l'architecture d'une époque est toujours en retard d'une étape
sur l'évolution des paradoxes en jeu dans la dynamique même de la société.
La dynamique précédente
de la société était fondée sur le paradoxe
"lié / indépendant", c'est donc ce paradoxe qui fonctionne
dans l'architecture des architectes qui vivent dans une société
qui fonctionne de façon "même / différente".
On peut :
è
aller voir l'explication de la cause de cette situation paradoxale "liée / indépendante"
è
voir directement des exemples de l'architecture "liée / indépendante"
qui forme ce que nous appellerons par commodité l'Art Moderne -3-
(Le Corbusier : maisons à Pessac
et Niemeyer : la Cathédrale de Brasilia)
dernière mise à jour de ce texte : 20 août 2007
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