Quel est le statut sémiotique du personnage ?

Le personnage est un signe complexe construit. Il convient d'envisager particulièrement le cas des personnages codés. Il est possible de catégoriser les personnages.

Parcours conseillé.


Pour en savoir plus:


Les tableaux ci-dessous permettent de situer les différents concepts mis en jeu:

Les individus et leurs relations ainsi que leur rapport à la société.

Le monde réel.

Les personnesLe monde fictionnel : conceptions de l'auteur sur le monde, la société, les individus.

Les personnages. Le roman, la pièce de théâtre.

Premier exemple: création d'un "Rastignac".
La société de la Restauration.

un légisigne iconique diagramme et un légisigne indexical.

La personne : création d'une loi, perception et conceptualisation de l'auteur : il y a dans cette sociétédes jeunes hommes ambitieux et désargentés.

une réplique de légisigne. Le personnage : Rastignac. Il va agir sous cette loi, il en est une réplique.

par convention sociale, création d'un symbole rhématique.

Un jeune homme ambitieux : un "rastignac". Création d'un type.

Deuxième exemple: création du "bovarysme".
La société du XXiéme siècle, post-romantique.

un qualisigne.

La personne : création d'une individualité, ; une femme conceptualisée par Flaubert.

un sinsigne iconique.

Le personnage : Emma Bovary; elle est unique.

par convention sociale, création d'un symbole rhématique.

Création d'un archétype : le bovarysme.

Dans le 1er cas, le personnage matérialise un type, repéré par l'auteur dans la société où il vit. Le personnage sera ensuite reconnu comme un type, le reflet d'un concept que le roman a révélé.

Dans le 2e cas, le personnage est une construction de l'auteur qui va le faire évoluer à partir des traits qu'il lui a arbitrairement donnés (dans l'exemple : une jeune fille romantique et romanesque). Le personnage sera reconnu comme modèle, type primitif de référence pour caractériser des individus. Un personnage comme Zadig ou Candide se présente comme l'archétype d'un comportement social naïf et on peut comprendre son manque d'épaisseur si on se refère à sa construction.

Troisième exemple: le personnage codé.
Les individus et leurs relations.

un légisigne iconique.

Les personnes : par exemple, le valet conceptualisé.

Par convention théâtrale un symbole rhématique : un stéréotype.

Le rôle codé : Valet de comédie

L'acteur : Valet .

Une réplique du symbole. Le personnage codé : Scapin.

Dans le cas de Scapin, la question se pose de savoir dans quelle mesure cette réplique est fidèle au symbole de référence, d'autant qu'il y a dans la pièce un autre valet, plus conforme celui-là. Car dans le cas d'un rôle (ou fonction) codé, on s'attend du fait du symbole (convention) à un certain comportement du personnage prescrit par le rôle. L'auteur en apportant des modifications à cette situation peut introduire de nouvelles significations

On constate que le personnage codé est un cas spécial : il procède d'un symbole (un stéréotype) au lieu d'aboutir comme certains personnages à la formation de symboles (types ou archétypes). L'auteur impose donc dans le texte un certain niveau de lecture (à un interprète possédant les codes théâtraux) car le symbole est déjà là, porté par le personnage à la production. Une lecture des pièces de Molière est possible à partir des personnages ainsi stéréotypés.

Le type et l'archétype dégagés par l'auteur à la production ne sont reconnus comme tels qu'après coup, par la communauté littéraire. Ce niveau de lecture nécessite la mise en oeuvre d'interprétants littéraires et historiques.

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