Quelle est l'interprétation sémiotique du schéma actantiel ?

Il a une valeur heuristique plus grande si on le considère comme l'un des éléments d'une sémiosis du texte, à sa lecture ; comme un signe permettant une interprétation globalisante de la signification.

Parcours conseillé.


Pour en savoir plus:


1. Statut sémiotique des actants et de leurs relations.

L'actant renvoie à une classe d'êtres ou de choses ou encore il désigne un individu ou une chose appartenant à cette classe. Il est agent dans une relation qui est un prédicat indiqué par les flèches. C'est donc un symbole rhématique ou une réplique de symbole et l'ensemble actants et flèches (prédicats) est considéré comme une configuration de propositions déclaratives, (des symboles dicents) ; l'ensemble constitue une icône-diagramme du texte.

Le schéma actantiel est une configuration de symboles dicents. A ce titre, il se limite à asserter des faits et c'est un simple résumé de l'histoire à un instant donné. Comment passer de ces situations figées, comment rendre compte justement de la dynamique de l'action ?

2. L'argument.

On constitue plusieurs schémas (à l'instant t1, t2, t3 par exemple), chacun équivalant à une proposition qui globalise l'intrigue au moment choisi ; chaque schéma est sémiotiquement équivalent à chaque partie de l'histoire considérée et fait partie des prémisses d'un argument. Autrement dit, les différents schémas successifs invitent à formuler une loi (ou des lois) qui sera celle de l'interprétation du texte . On est fondé à penser que l'on peut, sur un même texte, former plusieurs arguments correspondant à des niveaux différents de lecture.

Rappelons les trois sortes d'argument : l'argument déductif qui impose la conclusion, l'argument inductif ( qui la propose ou la recommande), l'argument abductif qui la suggère sans qu'aucun lien logique cette fois soit établi avec les prémisses.

Prenons l'exemple du Cid qui présente l'intérêt d'être une pièce au dénouement incomplet, au sens "ouvert" quant au mariage de Rodrigue et de Chimène. Etablissons trois schémas : le premier correspondant à la première partie (jusqu'à la mort du comte) les deux autres correspondant aux hauts faits de Rodrigue.




Voici quelques exemples d'arguments sans prétendre épuiser tous les sens.

- le premier schéma considéré comme prémisse (c'est selon A. Ubersfeld le schéma principal) permet de formuler un argument déductif : Rodrigue a défendu son honneur et celui de son père comme la loi de la chevalerie le lui commandait, Rodrigue est donc à la fin de la 1ère partie, un parfait chevalier.

- Peut-on en rester là ? La deuxième partie invite à aller plus loin à l'aide d'un argument inductif dont les prémisses sont I, II, III ; ils résument trois faits ou trois épreuves dont Rodrigue triomphe et constituent le parcours d'un héros classique (parcours initiatique puisque le personnage mûrit et qu'il change de nom attestant ainsi sa réussite et sa gloire). Le Cid, un récit initiatique ?

Enfin, un argument abductif s'appuyant principalement sur le dernier schéma et sur les ultimes paroles du Roi permet d'imaginer un possible mariage des deux héros.

Retour à l'index de la zone vert foncé . Parcours conseillé