3 - Le roman (par chapitres)


LA DANSE DES EPEES (Chapitre 2 à 3)

 

Chapitre II

 

"- Dis papa, pourquoi tu m'as pas appelé Thomas comme Barbe Noire ?
- Oui, bien sûr, et pourquoi pas Capitaine Crochet ? sourit sa mère.
L'enfant haussa les épaules et dédaignant la remarque, poursuivit :
- Joseph, c'est pas un nom de pirate, c'est moche !
- C'était le prénom de ton grand - père et de ton arrière grand - père.
- Mais mon arrière - grand - père, c'était un pirate ?
- A Pont - de - Cervières, il y a peu de chance, continua Vincent amusé par l'idée d'être un descendant de flibustier haut - alpin.
- Oui, mais il avait une épée, je l'ai vue au grenier... donc c'était un pirate !
- Finis ton pain au chocolat et laisse ton père conduire. Il y a de la neige, c'est dangereux.
Vincent expliqua :
- Ce n'est pas une épée, c'est un sabre : souvenir d'un Tabor marocain à la libération de la ville. Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi ma mère avait conservé cela.
- Parce que ton père disait qu'une arme cela peut toujours servir, renchérit sa femme.
- Mais ce sabre, c'est une pièce de musée. Ils n'ont pas libéré Briançon à la machette... Et je peux te dire qu'en 44 ça canardait sec, la - haut, commenta Vincent en pointant du doigt le fort du Randouillet. Tes forts, si photogéniques, ils en ont vu de belles, et pas seulement à l'époque de Vauban !
Joseph revenait à la charge, poursuivant son idée. Comme le Petit Prince, il attendait des réponses :
- Ce sabre, je pourrai l'avoir quand je serai grand et que je serai pirate ?
Vincent était effrayé par la fuite en avant de son enfant qui se projetait, sans cesse, dans le futur. La vie n'avançait pas assez vite à son goût : il quittait brusquement la table au milieu du repas, en implorant Vincent de vérifier sur la toise si les quelques bouchées avalées l'avaient fait grandir davantage. Le père se pliait à ce jeu, partagé entre l'amusement et la crainte de voir son fils lui échapper trop vite.
- Et tu navigueras sur la Guisane ? ironisa sa mère.
Puis brusquement, elle agita les mains devant Vincent :
- C'est là, c'est là, c'est là, arrête - moi l la lumière est parfaite...
- Tu es marrante toi, je ne peux pas m'arrêter n'importe où... au milieu de la route, sous prétexte que la lumière sur Pierre Eyraud est parfaite."

Les roues crissèrent dans la neige. Vincent ronchonnait pour la forme mais comme d'habitude, il ferait ce qu'elle voulait. Il faisait toujours ce qu'elle voulait. Elle s'enflammait pour de nouvelles passions importantes, dévorantes qui la tenaient en haleine six mois, puis elle se désintéressait de la chose et, en enfant gâtée, abandonnait son nouveau jouet pour courir vers la passion suivante. Il avait connu en vrac : la peinture au pastel, la machine à coudre portable, l'analyse psychanalytique des films de Bunuel, l'atelier de poterie, les leçons de piano et la culture des cactus exotiques… redoutable à 1400 mètres d'altitude !
Sa dernière lubie était la photo. Mais pas le portrait. Ca, encore, Vincent aurait pu le comprendre. Il trouvait, d'ailleurs, que son fils et lui auraient pu fournir sujet à matière. Mais non, obstinée, elle immortalisait les forts briançonnais !
Depuis déjà un mois, ils sillonnaient les routes, du Chaberton au fort de Janus, de l'Infernet au Gondran. Aujourd'hui, l'objectif désigné était le fort des Têtes. fort des TêtesIl dominait Fontchristianne, gardien retraité, désormais inutile, se prêtant avec bienveillance aux jeux guerriers du régiment des chasseurs alpins.
Enfin ! Vincent s'estimait heureux, elle aurait pu s'enthousiasmer pour l'élevage des poissons de lagons ou des lamas péruviens, et alors là...
Tandis que les forts Briançonnais... pour une fois... il s'en tirait à bon compte.
Finalement, la seule vraie passion de sa femme, c'était lui. Depuis quinze ans, il avait surmonté toutes les tempêtes, traversé tous les ouragans de ses folies, ses coups de tête comme des gros grains. Carguez les voiles, gardez le cap et attendez que ça passe ! Et ça passait.
Lui, patient, aimant, apparaissait dans l'aube naissante, auréolé de sa victoire sur les éléments, les choses, les autres, elle - même.
Voilà qu'il raisonnait en pirate à présent. Cela devenait contagieux...
D'un coup de volant, il planta la voiture sur le bas - côté sur la neige, juste avant le petit village de Fontchristianne.
"- En plein virage, ici. Ca te convient ?
- Génial. Je t'adore !
- J'espère bien, parce que je sais très bien qui est le couillon qui va monter les chaînes.
Déjà Joseph était dehors.
- Restez au bord, maugréa Vincent, nous sommes mal garés.
- Maman, regarde, c'est moi, Jo le Borgne !
Debout sur une pierre, l'enfant gonflait la poitrine, le bras tendu vers le fort des Têtes.
- Ne bouge plus. Tu es superbe.
Vincent s'activait autour des roues en piétinant rageusement le remblai de neige.
- Dis papa, tu me prêtes cette chaîne pour faire le pirate prisonnier
des mutins ?
Vincent n'eut pas même le courage de dire non. Couché sous la voiture, il apercevait la danse frénétique des pieds de sa photographe qui cherchait le meilleur angle, et le trépignement de son pirate de fils qui ferraillait ferme avec un ennemi invisible.
- Ouvrez les sabords. Feu à volonté."
Soudain un crissement de frein, aigu.
Un choc mat
Vincent tourna la tête.
Un éclair métallique disparut dans le virage. Il se précipita, mais déjà il savait. Il savait son amour couché dans un linceul de froid, la tête baignée de rouge. L'enfant corsaire gisait à côté de sa mère, uni à elle dans son rêve sans fin.
Vincent se redressa.
L'écho de son hurlement s'étouffa dans le tapis de neige.

 

Chapitre III

Le 22 septembre 1985 à 11 heures, ronronnante et laborieuse la procession des engins de chantier grimpait la côte sur la route du Lautaret.
Comme des criquets migrateurs obstinés, ils cheminaient pour dévorer un petit cimetière.
Debout sur le talus, les poings sur les hanches, Mado regardait s'avancer avec satisfaction les pelleteuses de sa gloire.
Grande, les cheveux gris acier montés en un éternel chignon, définitivement maigre, toute sa personne transpirait l'autorité et une juste retenue.
Les engins étaient maintenant disposés devant le mur d'enceinte du cimetière de Chantemerle, prêts à défoncer, éventrer, retourner tombes et caveaux.
L'énergie, le mouvement face à l'éternité figée. Le modernisme l'avait
emporté : le cimetière gênait les projets de développement de la station de ski. Le remède était simple, deux pelleteuses allaient dans le bruit et la fureur aplanir le problème.
Tous les propriétaires des concessions avaient donné leur accord. Les vivants restaient pour régler le destin des morts. Ils leur avaient suffi de parapher au bas d'une page : l'entreprise et la mairie s'occuperaient de tout, à leurs frais, transporteraient dans le respect et l'ordre ces vieux morts qui encombraient les vivants. De toutes façons, ces vivants - là ignoraient tout de ces lointains aïeux, disparus depuis trop longtemps. Une mâchoire édentée, un fémur, une planche pourrie, et un dernier petit voyage vers le nouveau cimetière à quelques kilomètres de là.
Un chef d'œuvre de l'architecture moderne : tombes superposées, désormais on empilait les morts, rentabilité oblige ! La terre avait un prix. Graviers blancs et crissants pour l'ambiance, une allée de cyprès au garde - à - vous pour apporter un caractère funèbre à la chose. Non, vraiment, grand - père Célestin et tante Yvonnite n'avaient pas à se plaindre. Ils ne perdaient pas au change. Ils seraient bien logés, placés juste derrière le parking du Rallye, avec vue sur les quais de déchargement des produits frais. Cela leur ferait un peu d'animation ! Surtout que maintenant le supermarché ouvrait même le dimanche !
Les morts pensaient en avoir fini avec le monde des vivants, et voilà qu'on les enterrait une nouvelle fois !
Mado possédait, elle aussi, un caveau de famille dans le vieux cimetière. Elle avait pourtant été la première à signer, pour l'exemple. De toute façon, ce caveau était vide. Il n'avait jamais servi.
C'était une construction baroque à fines colonnettes surmontées de chérubins aux postérieurs joufflus soufflants dans des trompettes de granit rose. Une grille de fer forgé martelé, sans serrure, aux pampilles ouvragées en volutes, s'ouvrait en gémissant sur un escalier étroit qui conduisait à une crypte large comme une salle de bal ! Un grand - oncle prévoyant, tel un Toutankamon visionnaire, en avait commandé la construction juste avant de partir, en 1914, pour Verdun. Mais il avait disparu en montant pour le deuxième assaut, au petit jour, du côté du Chemin des Dames, atomisé par un obus de mortier. Eparpillés aux quatre coins d'un champ de raves, les restes du tonton reposaient à jamais loin de son mausolée haut - alpin.
Sa sœur et sa mère avaient bien tenté de retrouver quelques restes à déposer dans ce tombeau babylonien. Elles avaient entrepris un long voyage vers les brumes du Nord. Après des jours d'errances à travers des allées ordonnées de croix blanches, les deux pauvres femmes étaient redescendues les mains vides. Le caveau restait donc disponible... Mais curieusement, personne dans la famille n'avait formulé le vœu de reposer là. Comme si préparer sa mort pouvait porter malheur !
Mado avait hésité longtemps avant de donner son accord. Non que la mémoire de son grand - oncle lui importait réellement, mais, en femme de tête, Mado ne prenait aucune décision à la légère.
L'indemnisation serait faible, pensez, quelle valeur pour un vieux cimetière en regard de la ruée vers l'or blanc ?
A la mort de son père, elle avait hérité de la charge de gestion de l'entreprise familiale. La construction mécanique, les poteaux électriques et autres pylônes, ce n'était pas son fort à Mado. Cela ne l'empêcha pas de consolider rapidement l'activité. La petite société en nom collectif Pellissier était désormais prospère.
Le chantier de l'extension de la station de ski ne pouvait lui échapper.
Ce serait donnant - donnant.
Elle accepterait de céder quelques mètres de terre, ainsi qu'une place parmi les morts, pour un contrat d'aménagement des nouveaux espaces skiables.
La plupart des stations de la région briançonnaise n'avaient pu résister à la force de persuasion de cette femme.
Cette puissance, elle en avait hérité de son père, René Pellissier, un notable. Un de ces hommes qui imposaient le respect.
L'argent vous faisait ainsi.
Première auto de la ville, premier téléphone.
René se posait en pionnier visionnaire qui avait su anticiper l'essor des stations. Son seul échec : l'absence d'un fils pour reprendre le flambeau.
Mado comprit rapidement que pour exister, elle devrait être ce fils - là.
Elle le fut.
Elle réussit ce tour de force, sacrifiant son existence à ce personnage si parfait.
D'homme, elle n'en trouva jamais. Comment pouvait - on être à la hauteur de ce père ?
Elle avait pourtant essayé, en cachette. Mais l'amour devait être ailleurs. Un seul coup de cœur pour Mado, juste après le décès de son père. Une sorte de lot de consolation. Toujours en secret… Le respect de la mémoire plus fort que tout.
Rien ne devait transpirer, pour personne.

Le chef de chantier était anxieux. Cela faisait près de vingt minutes qu'il patientait face au plan de charge des travaux de la matinée. Raser un vieux cimetière ne devait pas lui prendre toute la journée ! Il ne se tenait plus de lâcher les deux bulldozers et d'entamer cette tranche d'ouvrage qui engageait l'entreprise vers une année de commandes.
Les stations de ski et leurs travaux d'aménagement constituaient, les rares chantiers importants. Les quelques touristes italiens séduits par le briançonnais n'avaient pas suffit au redémarrage des activités de construction.

Le caveau des Pellissier se trouvait près de l'entrée du cimetière, comme pour rappeler qu'il faudrait toujours en passer par eux.
C'est par - là que les crocs des pelleteuses commenceraient.
L'ordre fut donné d'avancer, le chef du chantier, équipé comme un ingénieur de la NASA, vociféra un ordre dans son talkie - walkie. Aussitôt, le ballet s'organisa. Le mur de pierres sèches vola en éclats et, une à une, les premières tombes disparurent sous les roues titanesques. Les habitants du village et quelques touristes, lecteurs du Dauphiné Libéré, regardaient du haut du talus l'entreprise de destruction œuvrer pour le bien de la commune. Seule, une vieille femme détourna la tête en essuyant une larme. Elle ne reposerait donc pas dans ce lieu ancestral, au pied de la chapelle où, génération après génération, furent sacralisés les événements cardinaux de la vie de sa famille.
Etre enterrée là - bas, dans ces Champs - Elysées - H.L.M., quelle horreur ! Plutôt mourir !
Dans sa cabine, le conducteur s'activait comme un technicien de précision. La destruction avait ses règles. Il les appliquait. Soudain, le moteur se tut.
Le chef de chantier qui n'était pas encore parti pour son rendez - vous avec les services de l'Equipement, se précipita. Il se dit qu'à cette vitesse la nouvelle station ne serait jamais livrée à temps.
Face à eux, dans un nuage de poussière âcre, on distinguait l'entrée du caveau Pellissier.
Il imposait définitivement le respect ! Contre toute attente, cinq des six alvéoles étaient occupées !
L'ombre du bras de la pelleteuse planait sur ce tableau figé. Les deux conducteurs et le chef de chantier rassemblés autour du tombeau demeuraient immobiles. Le temps n'était plus aux prières.
A la stupéfaction de tous, succéda la colère.
"- Putain, je leur avais demandé de nettoyer toute cette saloperie. Qu'est - ce qu'ils ont foutu ? Je vais te leur passer l'envie à ces glandeurs de la Mairie !
Il dégaina son portable.
- Oui. C'est ça... Cinq macabés... Je vous passe les détails, mais c'est pas piqué des hannetons…Comment ça, vos gars ont fait le boulot ? Ouais ! c'est ça, regardez mieux... Alors, vous avez les papiers sous les yeux ?
Le tombeau Pélissier ? Il est vide ? Mais qu'est - ce que vous me dites ?
Alors, c'est qu'on n'a pas la même idée du vide ! C'est pas vide et c'est même pas du sous - vide. Y'a de la chair fraîche là - dessous, j'vous l'dis. A vue de nez, et je pèse mes mots, je dirais qu'y a trois mecs, un bébé et une bonne femme, encore fringuante celle - là !
Bon, qu'est - ce que je fous moi ? Ca me met dans la merde cette affaire. Cinq macabés non identifiés, ça fait plutôt désordre !"

La rumeur parvint jusqu'à Mado. Elle était anéantie. Elle qui souhaitait oublier, voilà que ses amours passées resurgissaient devant ses yeux. Elle revivait ses étreintes avec Vincent. Des bouffées de chaleur mais de rage aussi, remontaient tout son être. Ses mains aux doigts longs se crispaient sur son ventre. Sa jupe lui semblait trop étroite.
Elle sentait à nouveau cet accouchement et les terribles heures qui suivirent la naissance de cet enfant mort - né. Vincent avait promis qu'il s'occuperait de tout. Quel idiot ! Il n'avait pas cherché assez loin une solution à leur problème.
Des douleurs affreuses venaient crisper son ventre. Que de souffrance, pour rien. Elle voulait s'éloigner, quitter au plus vite ce cimetière, ne pas s'assurer de cet horrible pressentiment, de cette certitude. Elle souhaitait oublier et se faire oublier.
Peut - être pourrait - elle éviter la disgrâce ? Dans ces villages, on n'oublie jamais rien.
Comment avait - elle pu faire confiance à ce gamin de 20 ans ? Elle qui était déjà une femme mûre, aguerrie. La tristesse, un certain désespoir, peut - être, l'avaient emporté sur la raison. Vingt ans après, que dire ?
Comment expliquer ?
Mado réagissait, elle finissait par reprendre le dessus. A qui devait - elle rendre des comptes ? A son père, mort depuis si longtemps ? Aux proches de Vincent ? Il avait été à elle bien avant qu'il ne rencontra sa femme Giulia. Aux gens du village ? Ils lui devaient la prospérité de la vallée, du travail, une tranquillité et un certain confort quotidien.
Mado devrait vivre en paix avec le regret d'une vie qui n'était définitivement pas pour elle. C'était ainsi.
Par contre, si Mado était certaine de savoir qui était le bébé découvert, elle s'interrogeait toujours sur l'identité des quatre autres occupants de son caveau. Le mystère restait entier. Il ait des surprises dont on se passerait volontiers !

Mado n'était pas seule autour de ce curieux chantier. Monsieur le curé, le miraculé comme il se plaisait à se surnommer depuis son épopée glacière, était également à ses côtés.
C'était davantage l'archéologue que l'homme d'église qui assistait à la destruction. Monsieur le curé était des plus modernes. Il allait de l'avant, depuis toujours. Le respect des morts passait par le respect des vivants, avant tout.
Les skieurs devaient l'emporter sur les âmes défuntes. Le bonnet rouge dont il ne se séparait que rarement leur était une sorte d'hommage. Soutane, bonnet de ski et Renault 4 bleue. L'église faisait mieux que s'adapter. Avec Albert, elle montrait le chemin. Vivre passionnément tel était son credo. Ce qui, d'ailleurs, avait pu le conduire sur des chemins pas toujours orthodoxes...
Pourquoi Mado était - elle dans cet état ?
Qu'est - ce qui pouvait tourmenter une femme comme elle ? Il s'interrogeait. Ce fut Mado qui, la première s'avança vers lui :
" - Alors Monsieur le curé, heureux de pouvoir offrir une nouvelle résidence à vos fidèles ?
- Vous savez, Mado, ce que l'homme décide... mais, vous semblez perturbée.
Que se passe - t - il ? Cette découverte macabre vous troublerait - elle ? C'est vrai, tout de même, ces squatters ne respectent plus rien de nos jours... ! Vous avez une idée d'où ces locataires pourraient venir ?
- Une construction aussi imposante pouvait attirer les morts... comme les vivants d'ailleurs... pour répondre à votre question, je n'ai rien, enfin je ne sais rien... Rien que vous ne sachiez déjà...
Mado fit de son mieux pour changer de conversation :
- Comment va la santé, mon Père ? Vous l'avez échappé belle, paraît - il. C'est toujours pratique et recommandé d'avoir de solides relations dans les moments difficiles... s'amusa - t - elle en levant les yeux vers le ciel.
- Dieu n'a pas voulu de moi à cet instant… le diable non plus d'ailleurs... marmonna - t - il plus bas.
- Avec le temps, nous finissons tous par trouver notre place... Au fait, comment va Jacqueline ? Cela fait quelques temps que je ne l'aie pas vue.
- Elle va bien … enfin je pense, même si comme vous le dites, ces temps derniers elle se fait plutôt rare. Déjà quinze jours qu'elle n'est pas venue me voir, je commence à m'inquiéter, ce n'est pas d'elle.
- Les femmes !"
Mado parlait ainsi pour se débarrasser de son confesseur.
Albert était au courant de tout ou presque. Sa liaison avec Vincent, elle la lui avait confiée depuis longtemps. Elle n'avait pas souhaité en faire mystère à l'Eglise, il n'y avait aucune raison... cela aurait pu porter malheur ! Cependant, elle n'avait jamais poussé la confession plus loin.
Pouvait - on se confier à Monsieur le curé comme on se confie à Dieu ?
Mado pensait clairement que non. Elle avait toujours cru en Dieu, souvent avec ferveur, mais elle avait toujours éprouvé du mal avec les hommes d'église. Une sorte de méfiance.
De plus, Monsieur le curé avait pour nièce Jacqueline, journaliste au Dauphiné Libéré, et curieuse comme un pou, alors... on ne savait jamais !

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