L’histoire MONDIALE !!! des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence

Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence sont nées en 1979, le jour de Samedi Saint, d'un pari un peu décalé que se sont lancés quatre bons copains. Ils ont revêtu les authentiques robes de nonnes qu'un couvent leur avait donné trois ans auparavant dans le cadre de leurs activités de music hall, lors d'une tournée à travers les États-unis. Armées de mitraillettes en plastique rose, ils/elles déboulent dans Castro, la Mecque gay et lesbienne de San Francisco. Et là, ô stupeur, les garçons et les filles affluent vers ces personnages hauts en couleurs et en cris et commencent à se confier à celles qui devinrent nos Trois Fondeuses.

 

En effet, l'idée a immédiatement permis de répondre à un besoin d'écoute que l'on rencontre encore aujourd'hui dans chacune de nos actions. Écouter sans juger, donner l'occasion à la parole sans intention autre que de donner du bien-être à l'interlocuteur.

Un an plus tard, le nom The Sisters of Perpetual Indulgence Inc. est créé et déposé, les actions de récolte de fonds au profit des malades du cancer commencent, elles participent aussi aux manifestations contre le nucléaire. En effet, nous sommes en l'an 10 après Stonewall (1979), l'épidémie de sida ne fait pas encore ses ravages. Les interventions de nos Sœurs se fondent sur deux vœux principaux :

 

· promulgating universal joy

· expiating stigmatic guilt

 

L’expiation de la culpabilité stigmatisante doit permettre à toutes celles et ceux qui souffrent de la haine des autres et de la haine de soi-même de rejeter les fondements de base de la société patriarcale visant à diviser le monde en deux catégories, le mâle hétérosexuel dominant et les restes de l’humanité. Dans ces restes, se trouvent pêle-mêle les femmes, les homosexuels et tout ce qui rentre dans le moule conçu pour humilier les individus et détruire toute velléité de révolte.

 

Et puis, dès 1981, une maladie nouvelle apparaît qui sème stupeur et désolation. Une maladie qui s’attrape par le sang, par le sperme, par la fécondation, par tout ce qui est à la base de la Vie. Alors nos Sœurs, plutôt que d’interdire l’AMOUR physique qui permet à l’individu de se libérer des interdictions religieuses de tout bord, ont choisi de promouvoir l’amour heureux, l’amour libre qui se fonde sur le respect de soit, sur celui de ses partenaires. En 1982, elles sont les premières au monde à diffuser un petit pamphlet, oserai-je, une bulle, intitulée Play Fair, Play Safe. Les relations amoureuses entre personnes consentantes ne sont pas péchés, Saint Latex et Saint Gel à Queue nous protègent, nous enveloppent et nous enduisent pour nous conduire sur les chemins de l’extase.

 

L’Ordre commence à se répandre sur la planète entière (Grande-Bretagne, Australie, Canada, Amérique du Sud, Irlande du Nord…) et en 1989, nos aînées françaises prennent contact avec la Maison Mère de San Francisco lors d’un voyage qui n’était pas initiatique pourtant ! L’année suivante, Sœur Rita du Calvaire de Marie-Madeleine car-Elle-aussi-a-beaucoup–souffert, Sœur Thérèse Ravière de Cul et Lard, Sœur Marie Mongolita des Fientes, Sœur Ginette de la Vache Molle et Sœur Plat du Jour Tous nos Prix sont nets sont les premières Françaises élevées dans l’Ordre des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence. Le Couvent de Paris est élevé devant l’église de la Sorbonne et depuis nous continuons notre inexorable extension.

 

Contrairement à ce que notre follitude peut laisser imaginer, nos couvents de France sont constitués dans le cadre juridique strict des associations. A cet effet, chaque couvent est une association indépendante. Paris en compte deux, Paris et Paname, le Couvent du Nord (Lille), le Couvent d’Allor (Nancy), le Couvent des Chênaies (Aix-en-Provence), le Couvent d’As (Bordeaux). D’autres sont en sommeil et attendent un retour de flamme, le Couvent d’Oc (Montpellier), le Couvent des Aubépines (Aix en Provence). Enfin, le Couvent d’Ouïl (Nantes) a fermé ses portes l’année dernière.

 

Comme toute structure associative, nous nous fondons sur le bénévolat. Il n’y a pas de salariée chez les Sœurs. Nous nous réunissons au sein de nos couvents une fois par mois en Chapitre, en inter-couvent, une à deux fois par an, en fonction de l’actualité, en Concile et, au niveau international, une fois tous les deux à trois ans, en Conclave. Ce sont souvent des moments très forts où le sens de notre engagement prend une dimension toute autre, du fait du nombre de Sœurs présentes à ces rassemblements.

 

En outre, nous fonctionnons régulièrement en inter-couvent sur des moments phares de notre vie : séjours de ressourcements organisés deux à trois fois l’an pour les personnes touchées ou concernées par le VIH, Universités d’Été à Marseille, Marches des Fiertés, festival Solidays sur l’Hippodrome de Longchamp…

 

Le nombre de nos Sœurs n’est connu de personne, exceptée probablement de Sainte Pouffe, patronne des couvents de France. L’engagement chez les Sœurs est avant tout une démarche personnelle et donc individuelle. Certaines Sœurs sont en habit une à deux fois par an, d’autres une à deux fois par semaine. Celles qui veulent prendre un peu de recul par rapport à leur engagement ou se reposer sur un période indéterminée se mettent en congélation ou en lévitation, elles comptent cependant dans nos effectifs bien qu’elles ne sortent pas ou très peu. Enfin, les postulantes (premier stade avant de porter le voile blanc de la novice puis le voile noir de la Sœur et de prononcer ses Vœux Perpétuels et son Serment d’Allégeance) comptent en tant que civils dans nos effectifs mais ne sont pas encore des personnages à part entière.

 

Nous sommes en tout cas beaucoup plus nombreuses que ce que le Pape ne peut l’imaginer ou ne pas le souhaiter…

 

L’une des actions importantes des Sœurs de France consiste en l’organisation des séjours de ressourcement, organisés deux à trois fois l’an, à destination des personnes touchées ou concernées par le VIH. Nous en avons fêté les dix ans l’année dernière. De nombreuses personnes, gays, lesbiennes, bisexuelLEs, tox, transgenres, indéterminéEs, hétérosexuelLEs, adultes, enfants, ont pu partager durant tous ces séjours le quotidien et la FOLLIE des Sœurs. Autre succès, dans un autre registre, tenir debout toute une nuit sur nos talons aiguilles. Mais aussi, lors de toute action, ce petit sourire que l’on voit parfois naître sur les lèvres d’un garçon ou d’une fille accoudéE au zinc du comptoir et qui avait l’air si malheureux avant notre arrivée dans le bar.

 

Un échec… Peut-être ma bouche lors de ma dernière sortie ? Il est vrai qu’elle n’était pas des plus réussies. Mais un petit coup de paillettes par dessus tout ça et hop, il n’en était plus rien. J’adore les paillettes ! Non, vraiment, j’ai beau cherché, je ne vois pas. Ou peut-être le fait que depuis 15 ans nous répétons le même message d’amour de soi et d’autrui quand nous sortons dans les bars, les boîtes, les lieux de consommation sexuelle commerciaux ou non et que malgré cela, les contaminations par le VIH continuent de progresser. Mais nous ne pouvons répondre de chacune et chacun et la patience est un devoir. L’autre devoir est l’espoir, celui de voir un jour la maladie mise à bas et le triomphe du glamour sur la planète entière.

 

Nous avons fait vœu de militer pour notre communauté lesbienne, gay, bi, trans ET indéterminée. Je parlerais donc de la communauté LGBTI. Nous l’aimons, beaucoup de nos Sœurs militent, en civil, dans les associations de la sphère LGBTI. Nous tenons cependant farouchement à notre indépendance. Nous participons à la quasi totalité des Marches des Fiertés LGBTI de France, vous savez, les anciennes Gay Prides… Nous sommes présentes à Solidays, aux UEEH. Nous travaillons régulièrement avec les volontaires de Madame Aides.

 

Certaines de nos Sœurs ont une relation très particulière avec la religion. Elles ont été marquées par la rencontre de telle ou telle personne appartenant à la religion, dans un sens formidablement positif ou exécrablement négatif. Outre notre costume d’inspiration religieuse et le formidable attrait de quelques-unes d’entre nous pour les bijoux et les croix en particulier, nous respectons profondément la foi de chacune et chacun. Notre tenue n’a pas pour but de choquer gratuitement mais bien d’attirer l’attention des personnes que nous rencontrons. Si notre attitude est considérée comme provocante, c’est parce que les fondements de notre société font qu’un homme n’est pas censé se maquiller et/ou porter une robe. Ce qui sera alors ressenti comme une provocation par des personnes qui se reconnaissent dans une religion peut l’être par toute personne se réclamant d’une conception de la société dans laquelle un homme ne doit pas se traveloter.

 

En ce qui concerne une attitude provocatrice à l’égard de la religion, je réponds en distinguant foi et religion. Encore une fois, nous respectons profondément la foi de chacune et chacun. Mais dès lors qu’une religion, en tant que système, interdit des choix de vie individuels, nous ne pouvons qu’exprimer notre refus de ce diktat. Nous avons choisi l’humour pour le faire. Nous parodions ceux qui nous oppressent en imposant leur vision hétérocentrée de la société. Nous détournons les cérémonies interdites à nos Frères, Sœurs et Autres de la famille LGBTI pour leur rendre accessibles, pour cela, nous demandons l’ouverture du mariage à tout couple désirant formaliser son engagement. Et sans attendre nous organisons des nuptiales, pour une nuit ou pour la vie.

 

Enfin, sur le personnage de la Sœur, nous avons choisi l’image de la nonne qui, dans l’inconscient collectif, reste une figure de bonté, d’amour et de don de soi. En comparaison de cette image d’Epinal, je me sens comme une Sœur à part entière. Je ne cherche en rien à ridiculiser. Et les Sœurs en habit que nous rencontrons dans la rue ou dans le métro ne nous ont jamais jeté de pierres. Le dialogue s’est créé à maintes reprises et nous vivons toutes ces petits moments comme des instants de grâce.

 

Que Sainte Pouffe, patronne des Couvents de France,

Sainte Tapiola, patronne des Garçons qui aiment les Garçons,

Sainte Sapho, patronne des Filles qui aiment les Filles,

Sainte Cyclète, patronne des Bi,

Saint Jean d’Arc, patron des Transgenres,

Sainte Rita, patronne des causes désespérées et donc, des hétéros,

Veillent sur vous avec Amour, Joie et Paix.

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