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Le Carillon de 1628

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Le carillon du beffroi de Bergues - Articles divers

FONTE DU CARILLON DU BEFFROI EN 1628

ou

COMMENT S’ASSURER DE CE QU’ON ACHETE...

Lors de la fonte d'un nouveau carillon pour le beffroi de Bergues, en 1628, les vérifications furent nombreuses, de façon à être sûr de la qualité de l'instrument dont les édiles municipaux comptaient doter la cité. C'est ce dont témoignent les Comptes de la Ville de Bergues, pour l'année 1629...

Tout d'abord, on va analyser la qualité du Bronze. Ainsi, Jean VAN ROYEN, Maître ferblantier, et Jan VELLE, vont toucher 8 livres pour avoir "à la charge de la loi, durant la fonte des cloches, visité la matière à cloches". On peut donc déduire de ce texte que cette analyse a été faite par prélèvement, au cours des coulées successives de cloches.

Les cloches étant ainsi coulées, sorties de leurs moules, on va faire expertiser les cloches elles-mêmes, pour savoir si elles ont été bien faites, selon les régIes de l'art. Pour se faire, les vingt-quatre cloches du nouveau carillon seront visitées par "Maître Florent DE COURT, Fondeur de cloches à Douai, et Mr Dominique FIEVE, résidant à Lille". Les archives précisent en effet qu'ils sont "venus à la demande de la Loi au mois d'Aout". Pour ce faire, ils reçoivent 192 Livres.

Mais, on ne se contentera pas de savoir si on a de "bonnes cloches". Encore faut-il qu'elles soient justes ! Pour ce faire, l'on va demander l'avis de deux musiciens : Ce seront Maître Joan THUMANEL et Maître François DORE, tous deux maîtres de chapelle, le premier à l'église Saint Martin, le Second à l'église Saint Pierre, les deux paroisses de la ville de Bergues. A titre de gages, la Ville leur versera la somme de 210 Livres.

Enfin, on fait venir de Furnes en Août 1628 Renier BERTON et Antoine GOUBILLET pour "visiter 1’accord des cloches", la rémunération de ce service étant fixé à 36 Livres. Ici, il semble plus difficile de connaître en quoi consistait cette dernière expertise. Sans doute s'agit-il de la qualité du carillon par lui même, le mot "accord" remplaçant souvent celui de "carillon" dans les textes de l'époque. Nous serions certainement davantage éclairés sur le sujet si, par exemple, nous pouvions déterminer la profession de ces deux habitants de Furnes…

Mais, si les archives de Bergues nous renseignent sur ces vérifications entreprises quant à la qualité du nouveau carillon, de par leur précision, elles nous apprennent aussi d'autres détails intéressants.

Ainsi, de par la note de loyer à payer, on apprend la durée nécessaire à la fonte des 24 nouvelles cloches : "A Philippe DE GRAVE, pour trois mois de loyer de maison pour Maître JEAN BLANCPAIN durant la fonte des cloches, 14 Livres 8 Sols".

Le fondeur lui-même, Jean BLAMPAIN, "Orloigemaecker" et "Clockgieter", (fabricant d'horloges et fondeur de cloches), devait être un fameux mangeur si l'on en croit les mêmes comptes, puisque lors de sa venue "au sujet de la nouvelle horloge et accord", la ville dépensa "pour frais de bouche et vins présentés : 214 Livres"!

La rémunération du fondeur devait quant à elle se monter à la somme de 10.068 Livres 4 sols, payable en deux fois : "A Maître Jean BLANCPAIN, fondeur de cloches, pour avoir fondu 24 Cloches pour l'accord pour la tour, en plus de 4.200 Livres portées au compte précédent 5.858 Livres 4 Sols.

En conclusion, on ne peut évidemment pas savoir ce que valait ce carillon, celui-ci ayant été remanié maintes et maintes fois, au grés des agrandissements et des refontes. Par contre, il ressort de ces multiples expertises que ce devait être un "bon" carillon pour l'époque…

On sait certes que le carillon de l'abbaye Saint Winoc lui était bien supérieur, toutefois, ce dernier étant riche d'un plus grand nombre de cloches, d'un poids plus important et d'une facture plus récente, la comparaison ne pouvait qu'être défavorable au carillon du Beffroi...

Ces vérifications, inspections, contrôles et expertises peuvent bien sûr paraître bien lourds. Il n'empêche que si de semblables précautions avaient été prises lors de la construction de chaque carillon, un certain nombre d'entre eux, y compris des instruments relativement récents, serait retournés chez les fondeurs...

Et, après tout, pourquoi ne pas réclamer toutes les expertises possibles quand on sait que, sauf cas de force majeure, en matière de carillon, c'est pour les siècles futurs que l'on travaille !

                                                    Jacques MARTEL - Juillet 1989

 Notes

1 - Deux de ces cloches fondues par Jean Blanpain existent encore dans le campanile du beffroi de Bergues. Elles portent les numéros 3 & 5 et donne "DO #" et "RE #" au clavier ("SOL # 3" et "LA # 3" au diapason) .

2 - Suite aux travaux de Jean Blanpain, en 1628 le carillon du beffroi était deux fois plus important que ses deux rivaux : l’abbaye Saint-Winoc et l’église Saint-Martin.

 

 

Mise à jour : mercredi 01 avril 2015
 


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