Les cloches sonnent sur la ville,
Et les notes du gros bourdon
S'envolent parmi l'air tranquille,
Dig ding don!

Et les grandes et les petites,
Toutes, de leur pas vagabond
Se hâtent de quitter leurs gîtes
Dig ding don!

Du creux obscur des tours massives
Avec un rire dans le ton
Elles s'envolent expansives,
Dig ding don!

Elles courent, s'en vont, reviennent
De bas en haut, de haut en bas,
Se lancent encore et reprennent
Leur sempiternel canevas.

C'est merveille de les entendre
Se poursuivre dans le clocher,
L'une aprés l'autre, pour se prendre
Dans leur sursaut et s'accrocher.

Elles courent la sarabande
Et ne se rejoignent jamais,
Et pourtant leur ardeur est grande,
Elles se serrent de si prés!

Et dig ding don! courez, mes cloches,
Le long d'une gamme sans fin
Où les noires avec les croches
Rêvent d'un chant de séraphin.

Et dig ding don! je vous écoute,
O bonnes cloches de chez nous:
Lorsque votre âme vibre toute,
Mon coeur ému chante avec vous!
 

Charles De Croocq