En tant que sémiotique générale, la sémiotique peircienne classe tous les signes . Peirce, catégorise lui-même les mots de la langue. Il y a les signes qui qualifient -les légisignes iconiques- comme les adjectifs qualificatifs et les adverbes de manière. Il y a les signes qui montrent, qui désignent (comme le ferait un doigt pointé) ou qui mettent en relation dans la phrase ou le texte -les légisignes indexicaux- ce sont les noms propres, les pronoms personnels, démonstratifs, relatifs, indéfinis, les déterminants définis, les adverbes de temps et de lieu et d'une manière générale tous les morphèmes de liaison (conjonctions et prépositions). Enfin, il y a les signes qui nomment les classes d'êtres ou de choses, les noms communs et ceux qui nomment les relations entre les classes, les verbes avec leurs valences verbales; il s'agit alors de symboles.
Cette classification appelle trois remarques.
1. Ce classement relève de la phénoménologie du mot, c'est à dire de l'effet qu'il produit sur un esprit. Les catégories grammaticales ne prennent en compte que la dimension syntaxique de cette phénoménologie, c'est-à-dire les relations du mot avec les autres mots sur l'axe syntagmatique du langage. La classification peircienne prend en compte simultanément les dimensions sémantique et pragmatique, soit les relations du mot avec son objet et son interprétant (ce qu'il signifie d'une part et par quel moyen il signifie d'autre part).
2. Ce classement, on le constate, ne tient pas compte (sinon pour les nommer) des classes grammaticales et remet en question certains découpages : c'est le cas du fonctionnement du nom avec la redéfinition du nom commun d'une part et du nom propre de l'autre. C'est aussi le cas, on le voit des adverbes, pour lesquels le "sens" est aussi réintroduit, les uns "qualifiant" les autres "indiquant" des espaces ou des temps. C'est le cas des pronoms que Peirce divise en deux groupes et ce découpage du champ des pronoms peut être étendu à celui des déterminants, en suivant le même modèle. Ce classement montre que la notion de "mot" est à la fois trop générale et trop restreinte.
Trop générale parce qu' elle recouvre des catégories aussi différentes que celle de nom et de morphèmes de liaison (prépositions, conjonctions) et parce que l'on constate que parler de "mot" c'est souvent parler de "nom".
Trop restreinte pour la méthodologie peircienne car il lui est préféré la notion plus large de signe ; tous les mots sont des signes linguistiques mais pas l'inverse. Ainsi une proposition est un signe (un symbole dicent), un groupe nominal est un signe (une réplique de légisigne indexical dicent ou rhématique selon les cas). Enfin, trois propositions liées logiquement constituent un signe (un argument).
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