Un
homme de trente-cinq ans a été retrouvé mort mercredi soir, frappé de
plusieurs coups de couteaux, dans la cité le Ruisseau-Mirabeau, une
cité populaire des quartiers Nord de Marseille.
Ce père de quatre enfants avait quitté son domicile pour avoir une explication
avec des jeunes de la cité qui molestaient régulièrement son frère cadet,
handicapé moteur.
Leur succès
grandissant, les Gypsy Kings ont été amenés à séjourner dans les hôtels
huppés du monde entier. Ils nous avouaient ne pas supporter l’isolement
des chambres individuelles, peu habitués à cette ambiance feutrée et
luxueuse. Les intempéries, les animaux et tous ces bruits si facilement
perceptibles au travers de la mince paroi de la caravane, ne berçaient
pas leur sommeil. Ils se retrouvaient alors tous ensembles pour passer
la nuit dans une seule des suites afin que l’espace leur paraisse moins
vaste.
Ici hélas,
la question ne se pose pas… Les « Espagnols » occupent Ruisseau-Mirabeau
depuis quarante ans. Ces gitans ne sont pas tous des voyageurs. Il y
a vingt ans, une société de HLM a fait construire de minuscules maisons
préfabriquées mais le cadre de vie ne s’est pas vraiment amélioré. Jouxtant
cette partie construite, un espace qui reçoit les gens du voyage subsiste :
le camp Lessieur.
Pas de
commerces, un centre social très éloigné, située en contrebas et entourée
de murs, la cité Mirabeau 2 est vraiment isolée. Pourtant, certains
possèdent même une petite piscine. Mais le bien le plus précieux pour
la majorité d’entre eux est un camion qui leur permet de récupérer des
métaux.
L’animateur
du centre social avoue : « on ne peut pas agir ici comme on le ferait
ailleurs »
Un terrain
laissé à l‘abandon était destiné à entreposer les ferrailles qui étaient
récupérées puis brûlées sur place. Cette activité qui provoque des nuisances,
des fumées et qui pollue tout le voisinage est leur principal moyen
de subsistance. Il a été dégagé à l’instigation des animateurs du centre
social.
C’est par
le biais de la réhabilitation de ce terrain que le centre social souhaitait
mobiliser les habitants. Le projet était de le déblayer pour organiser
des animations sportives ou culturelles. Il fallait canaliser les jeunes
qui sont à l’origine de beaucoup de tourments dans ce quartier.
Des jeunes qui ont un réel problème d’identité, le langage étant leur
seul lien avec leurs ancêtres mais aussi une barrière qui les isole
des gadjo (population non-gitane). Six jeunes ont donc participé activement
au nettoyage et en contrepartie, ils partiront à la montagne avec un
animateur.
Une association
d'artistes est intervenue pour concevoir et réaliser avec les enfants
une fresque murale de trente-cinq mètres de long sur le mur qui borde
ce terrain. Bernard et Laurent ont permis aux enfants, non seulement
d’embellir le mur, mais surtout de s’exprimer librement. L’enjeu était
de les intéresser et de démontrer qu’il peut se passer des choses dans
cette cité. Un pari réussi, puisque le premier jour, les enfants sautaient
par la fenêtre pour arriver plus vite sur le terrain, attirés par l’animation
nouvelle. Les parents ont participé également, venant admirer le travail
des enfants.
Laurent
nous raconte l’histoire de cette petite fille de cinq ans qui se faisait
agresser sous ses yeux. Alerté par les hurlements, il a constaté qu’elle
était pressée contre le mur et se faisait lapider par deux petits garçons
« j’ai dû arrêter de peindre et les éloigner… mais à côté de cela, ils
restent des enfants ». La violence fait partie du quotidien pour ces
enfants dont l’école n’est pas vraiment la priorité.
Bernard
se demande encore s’il restera une trace de l’enseignement dans les
petites têtes mais le plus important est qu’ils auront connu un moment
de grande joie et de fierté du travail accompli.Une fillette nous annonce
que le soir même elle devait fêter son anniversaire et qu’elle ne devait
pas salir ses vêtements propres, elle déclare triomphante : « je peux
peindre comme ça ! » en tendant le bras et mimant d’éviter de son mieux
les projections et les taches… Une autre petite fille a gardé l’article
sur la fresque dans le journal que son père avait acheté spécialement,
elle nous a confié qu’elle l’avait exposé à côté des photos d’eux prises
par les artistes. Deux jeunes garçons guettaient le moment d’être seuls,
les mains dans les poches, près d’un camion bâché, ils devaient camoufler
un cutter pour découper la toile et dérober tout ce qu’ils pouvaient.
C‘est cela aussi la vie à Ruisseau Mirabeau. C‘est également le paradoxe
de ses enfants couverts de bijoux en or mais qui se promènent en t-shirt
dans le froid de cette journée d’hiver.