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liste des effets propres à ce paradoxe
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tableau
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5 - ça se suit / sans se suivre
effet synthétique
s7
les
formes se suivent de plusieurs façons qui peuvent être lues
indépendamment l'une de l'autre et qui ne se nuisent pas mutuellement
1 - cet effet s'appuie sur le paradoxe n° 7 rassembler / séparer :
plusieurs sens de lecture séparés sont rassemblés
sur une même forme, chacune prenant en compte l'ensemble de la
forme, par différence avec ce qui se passe dans l'expression s4.
Les parties qui se suivent dans un certain ordre selon l'une de ces
lectures ne se suivent pas ou ne se suivent pas dans le même sens
selon une autre de ces lectures
2 - l'appui fonctionne à l'aide du paradoxe
synchronisé / incommensurable : les différentes lectures possibles sont coupées les unes des autres
3 - il s'organise au moyen du paradoxe
continu / coupé : chacune des lectures possibles correspond
à une continuité entre toutes les parties de la forme, et
ces différentes lectures sont coupées les unes des autres
4 - il est noué par le paradoxe clef
lié / indépendant : les différentes lectures
possibles sont autonomes les unes des autres et elles sont liées
à la même forme
Justification du caractère synthétique de type lecture :
l'hésitation entre les différentes lectures possibles
pour lire l'ensemble de la forme n'apparaît que si l'on tient
simultanément compte de ces diverses possibilités, et
donc du fait que la façon dont cela se suit selon une lecture
simultanément ne se suit pas selon une autre des lectures |
l'exemple de référence
étape B0-12 - personnage de Malta : les
différentes parties de la forme ne se suivent pas dans le même
ordre selon le sens de lecture que l'on adopte, de telle sorte que ce qui
se suit selon un mode de lecture ne se suit pas selon un autre mode. Ainsi,on
peut lire les deux pieds en prolongement des deux jambes, c'est-à-dire
les pieds à la suite des jambes, par une lecture qui va du haut vers
le bas en lisant ensemble les deux jambes (ou en sens inverse, en lisant
du bas vers le haut). C'est là la lecture anatomique "normale". Mais
la façon dont les pieds sont accolés et forment en continu
une surface tournant autour du trou qui sert à pendre l'objet, nous
entraîne aussi à lire la forme en descendant par une jambe puis
en remontant par l'autre après avoir tourné en suivant les
pieds. Si on se laisse entraîner à suivre la forme horizontale
des boudins qui se prolonge d'une jambe à l'autre, cette fois on lit
horizontalement d'une jambe vers l'autre, ce qui est un troisième
sens de lecture qui s'ajoute à la lecture verticale et à la
lecture "descendante puis remontante"
Le même type d'effet se retrouve à l'échelle
globale de la forme. Quand nous la considérons globalement, en tant
que représentant un personnage, nous la percevons organisée
comme telle, c'est-à-dire munie de bras et de pieds qui se relient
sur un tronc commun dont ils se détachent. C'est une lecture qui suit
le tronc, les bras et les jambes, de façon essentiellement verticale.
Mais lorsque l'on considère plutôt la forme comme étant
un empilement de boudins, c'est une lecture horizontale qui cette fois s'impose
utilisation aux époques préhistoriques
étape B0-21 - le bouquetin de Derava : les
cornes et le contour du dos forment trois grands tracés majeurs que
l'on suit chacun du regard, et ces trois tracés suivent des directions
qui se croisent au milieu du dos et à l'attache des cornes. Les poils
forment un autre réseau de tracés plus diffus, mais qui induit
aussi des directions bien affirmées que l'on doit suivre pour lire
la forme : sur le flanc les poils forment un réseau légèrement
oblique dirigé vers le haut à gauche, les poils du dessus de
l'encolure forment un réseau légèrement oblique
dirigé vers le haut à droite, ceux du dessus du cou vont plutôt
verticalement, et sur la joue le réseau des poils reprend vers la
gauche. A ces indications on doit ajouter la lecture "naturaliste" selon
laquelle la tête de l'animal suit son corps et le prolonge vers l'avant.
Tous ces tracés et ces continuités (les lignes continues des
cornes et du dos d'une part, les surfaces orientées continues des
poils de l'autre, et enfin la lecture de la tête qui suit le corps)
forment ensemble un réseau de directions bien indiquées qui
se croisent mutuellement : cela se suit donc sur toute la forme, et il faut
suivre ces directions pour lire la forme, mais cela se suit vers des directions
tellement contradictoires que si l'on suit l'une il faut cesser provisoirement
de suivre les autres
utilisation aux époques anciennes
étape romane C0-32 en Occident - les bandes lombardes de Tournus (début du 11ème) : deux
lectures contradictoires sont suggérées, la lecture par bandes
verticales, et la lecture par frises horizontales, or les "dents d'engrenage"
ne se suivent pas dans le même ordre dans les deux cas
étape romane C0-32 en Occident - une baie du château de Hedingham (vers 1135) : on
peut lire la baie comme une figure symétrique où deux colonnes
s'étalent de part et d'autre d'un axe central, mais on peut aussi
la lire comme dans l'effet précédent comme un parcours qui
fait en continu le tour de l'ouverture (montant par une colonne, passant
par l'arc puis redescendant par l'autre colonne), ou encore comme deux colonnes
qui se font face. Notre perception n'arrive pas à trancher entre ces
trois directions de lecture possible (du centre vers les deux côtés,
ou en faisant le tour, ou de gauche à droite et de droite à
gauche), et si divers composants de la baie se suivent dans un mode de lecture
ils ne se suivent pas dans les autres
étape romane C0-32 en Occident - le porche à entonnoir d'Aulnay (milieu du 12ème) : chaque
frise forme une suite en arc que l'on perçoit précisément
en suivant l'arc du regard. Mais cette lecture se confronte à la lecture
rayonnante qui nous est également suggérée. Lecture
à partir d'un centre vers le lointain et lecture linéaire en
suivant les arcs, ces deux modes de lecture ne font pas lire les différentes
sculptures dans le même ordre, et celles qui se suivent dans un mode
ne se suivent pas dans l'autre
étape romane C0-32 en Occident - le chevet de ND du Port à
Clermont-Ferrand (1ère moitié du 12ème) : la
forme du toit du déambulatoire forme une bande continue qui tourne
autour du choeur (croquis de gauche), mais il connaît des ressauts
qui sont des petits toits rayonnants depuis le choeur vers les chapelles
(croquis de droite). Les divers éléments de l'architecture
ne se suivent pas dans le même ordre selon que l'on adopte l'un ou
l'autre de ces deux modes de lecture, puisque l'un est en cercle et linéaire,
tandis que l'autre est rayonnant à partir d'un point central
et aussi pour ce qui concerne chaque chapelle : deux
modes de lecture nous sont suggérés, celui horizontal qui suit
la courbe de la chapelle, ou celui vertical du "tabouret" des colonnes dressé
sur ses pieds. Dans un mode les colonnes suivent la courbe de la chapelle,
et dans l'autre elles ne la suivent pas puisqu'elles vont en sens croisé
utilisation aux époques plus récentes
étape D0-23 - Matisse (1869 - 1954) - La Gerbe : faut-il
lire la façon dont les feuillages se suivent selon des alignements
rayonnants centrés à la base de la gerbe ? ou faut-il lire
selon les alignements de couleur (suivre la bande de feuillages bleus en
haut, ou la bande verticale de feuillages rouges-oranges sur la gauche, ou
la bande de feuillages vert sombre dans le centre, ou chercher à relier
tous les feuillages noirs, etc.) ? Nous hésitons donc entre les alignements
de formes et les alignements par couleur, et selon le mode de lecture que
nous adoptons les diverses parties de la gerbe ne se suivent pas de la même
façon (nota : aucun des alignements par couleur ne permet une lecture
complète de la forme, ce qui relève cette fois de l'expression
s16 du paradoxe)
utilisation à l'époque contemporaine
dernière mise à jour de cette fiche : 18 août 2004
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