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le bouquetin de DERAVA
note concernant les liens : la numérotation de chaque
expression contient un lien, tel que " a11 ",
qui permet d'accéder à une explication générale de cet effet, ainsi qu'à d'autres exemples de son emploi.
Ces exemples contiennent à leur tour un lien qui permet d'accéder directement aux analyses dont ils sont tirés. Ce lien permet notamment
de revenir au présent texte à l'endroit précis où vous l'avez quitté, mais vous pouvez aussi utiliser pour cela la fonction "page arrière" de votre navigateur.
Repères chronologiques :
La grotte de Derava (qui s'écrit avec un accent circonflexe inversé sur le "e") est située près de Tman en Tchécoslovaquie,
et les plaquettes qui y ont été retrouvées dateraient du magdalénien récent, soit d'environ 10 500 à 9 000 avant J.C. (selon datation "brute").
L'image de référence utilisée est un relevé du bouquetin réalisé par B. Klima [s'ouvre
dans une fenêtre réservée aux images]. Je l'ai retouché pour enlever le trait général de contour
et les pointillés représentant les cassures (sauf sur le flanc, pour montrer les endroits où les traits étaient peut-être
plus longs et plus continus avant la perte de morceaux de la surface). J'ai reconstitué un tout petit bout de la corne haute qui passe
à l'endroit d'une partie ébréchée du bord de la plaquette, ainsi que la partie verticale centrale correspondant à
la partie cachée par la pliure du livre que j'ai scanné.
Source de l'image : Kozlowski : l'art de la préhistoire en Europe orientale - CNRS EDITIONS - 1992 - Pl. 51.
On donne aussi une vue de l'apparence réelle de la plaquette.
Source de l'image : Kozlowski : l'art de la préhistoire en Europe orientale - CNRS EDITIONS - 1992 - Pl. 65.
Cette plaquette de schiste est conservée à l'Institut Archéologique de Prague.
1er paradoxe de transformation : ça se suit / sans se suivre
1 - Expression analytique
de type a11 :
Les poils du dessus de l'encolure forment deux files de traits en se suivant l'un derrière l'autre à la queue leu leu.
Mais si on lit ces traits dans le sens où chacun se dessine, alors ils ne se suivent plus l'un derrière l'autre, mais ils sont des traits parallèles côte à côte.
2 - Expression analytique
de type a16 :
Du bas du poitrail jusqu'au niveau de l'attache des cornes, une bande de traits forme une surface qui se suit en continu.
Mais dans cette surface les traits ne se suivent pas puisqu'ils vont vers des directions variées : parfois légèrement inclinés
vers la droite, parfois légèrement inclinés vers la gauche, parfois presque verticaux, et parfois même en sens complètement
croisés lorsque la corne du bas se mêle à cette texture.
3 - Expression analytique
de type a7 :
Le profil du dos est fortement marqué par une ligne qui se poursuit jusqu'à l'endroit de l'attache des cornes.
Mais que faut-il penser de la file de traits qui forme le dessus de l'encolure : faut-il la lire intégrée à la ligne de
contour continu qui va depuis le dos jusqu'à l'attache des cornes, ou faut-il la lire comme une bande de traits autonome qui va en sens oblique par rapport à la ligne du contour ?
4 - Expression synthétique
de type s7 :
Les cornes et le contour du dos forment trois grands tracés majeurs que l'on suit chacun du regard, et ces trois tracés suivent des directions qui se croisent au milieu du dos et à l'attache des cornes.
Les poils forment un autre réseau de tracés plus diffus, mais qui induisent aussi des directions bien affirmées que l'on
doit suivre pour lire la forme : sur le flanc les poils forment un réseau légèrement oblique dirigé vers le haut à gauche,
les poils du dessus de l'encolure forment un réseau légèrement oblique dirigé vers le haut à droite, ceux du dessus du cou vont
plutôt verticalement, et sur la joue le réseau des poils reprend vers la gauche.
A ces indications on doit ajouter la lecture "naturaliste" selon laquelle la tête de l'animal suit son corps et le prolonge vers l'avant.
Tous ces tracés et ces continuités (les lignes continues des cornes et du dos d'une part, les surfaces orientées continues
des poils de l'autre, et enfin la lecture de la tête qui suit le corps) forment ensemble un réseau de directions bien indiquées
qui se croisent mutuellement : cela se suit donc sur toute la forme, et il faut suivre ces directions pour lire la forme, mais cela se suit vers
des directions tellement contradictoires que si l'on suit l'une il faut cesser provisoirement de suivre les autres.
2ème paradoxe de transformation : homogène / hétérogène
[l'interférence entre les trois paradoxes de transformation fonctionnant à la façon "homogène / hétérogène",
ils se retrouvent à cheval sur les mêmes jeux de formes, tout en en faisant valoir des aspects différents]
5 - Expression synthétique
de type s16 :
De façon homogène le dessin est partout réalisé à l'aide de petits traits.
Mais ces traits s'organisent de plusieurs façons qui sont très hétérogènes entre elles :
- il y a les traits qui se mettent bien serrés les uns contre les autre pour dessiner
des alignements linéaires dans le sens de leur propre tracé : les cornes et le dessus du dos ;
- il y a les traits dont la trame parallèle dessine de larges surfaces non orientées,
ou bien des bandes plus étroites dont la direction est oblique par rapport à leur propre tracé : le flanc, toute l'encolure, la joue ;
- et il y a les traits du museau qui, contrairement à tous les autres, ne se mettent pas
en bande de traits parallèles, mais qui dessinent chacun isolément le détail des circonvolutions du contour du nez.
6 - Expression analytique
de type a4 :
Les traits qui se regroupent en lignes continues (cornes et ligne du dos) forment ensemble une texture homogène que l'on perçoit
fondamentalement régulière d'un bout à l'autre de chaque trait, et fondamentalement identique pour l'ensemble des trois traits.
En outre, les traits y sont toujours parallèles à la direction générale de la ligne.
Par contre, les traits qui s'organisent pour générer des surfaces de trames sont très hétérogènes entre eux :
- certains sont très courts et certains sont très longs ;
- certains forment une large surface (flanc) tandis que d'autres forment des bandes étroites ;
- beaucoup forment des trames de traits bien parallèles, mais au dessous du cou et
sous l'oreille les traits forment plutôt de courtes ondulations qui partent vers des directions qui se dispersent ;
- certains sont presque parallèles aux côtés de leur bande ou à sa direction
générale (sur le flanc), alors que d'autres sont très inclinés, voire complètement croisés avec sa direction (dessus de l'encolure).
7 - Expression analytique
de type a11 :
Chaque trait est par lui-même une hétérogénéité pour la surface et pour la texture du schiste, puisqu'il raye cette surface.
Mais la répétition régulière de ces hétérogénéités
locales que sont les traits forme des alignements homogènes (les cornes et le dos) et différentes textures qui sont chaque fois homogènes (reste du dessin).
8 - Expression synthétique
de type s10 :
Pour cet effet il faut écarter les traits des cornes et du dos, et se concentrer sur les autres, qui s'assemblent tous en trames de traits écartés les uns des autres.
Tous ces traits génèrent des surfaces régulièrement continues, du fait de l'emploi homogène des traits sur chacune de
ces surfaces. Mais ces surfaces sont également hétérogènes les unes par rapport aux autres, du fait des différences bien marquées de leurs types de textures :
- certaines sont faites de traits souvent longs, peu ondulés et bien parallèles (le flanc) ;
- d'autres sont faites de traits de longueur moyenne, peu ondulés et bien parallèles (la bande de la crinière qui part à gauche de l'oreille) ;
- d'autres sont faites de traits généralement courts, peu ondulés et bien parallèles (la bande qui fait le haut de la crinière) ;
- d'autres ondulent fortement et se croisent souvent entre eux (le dessous du cou) ;
- et d'autres enfin vont dans des directions très variées qui suivent les circonvolutions du dessin du museau.
3ème paradoxe de transformation : intérieur / extérieur
[l'interférence entre les trois paradoxes de transformation fonctionnant à la façon "homogène / hétérogène",
ils se retrouvent à cheval sur les mêmes jeux de formes, tout en en faisant valoir des aspects différents]
9 - Expression analytique de
type a3 :
Les cornes forment un ensemble qui, pour partie, est pris à l'intérieur du corps du bouquetin, et pour partie, est à l'extérieur de lui.
10 - Expression synthétique de
type s5 :
Les courts traits parallèles qui forment la bande de la crinière au-dessus de la tête, sont pris à l'intérieur de la
bande continue qui marque le haut du profil et qui va depuis l'arrière du dos jusqu'à l'attache des cornes.
Mais du fait de leur orientation en biais par rapport à ce profil, et par le fait des quelques traits plus longs qui viennent rejoindre la
bande plus large du dessous, ces traits de crinière peuvent être aussi lus à l'intérieur d'une large bande qui monte du cou
vers le haut du profil. Pour faire cette lecture on les sort de la bande qui dessine le profil du haut de l'animal : alors ils sont donc à son extérieur.
11 - Expression analytique de
type a16 :
Du fait que les traits des cornes ne sont pas complètement jointifs, la surface extérieure des cornes pénètre librement
à leur intérieur, et du fait des poils obliques par rapport au profil de l'animal (dessus et dessous de l'encolure), l'extérieur
pénètre également librement à l'intérieur du corps du bouquetin.
Bien que la position de la limite entre l'intérieur et l'extérieur des formes soit bien établie, il n'y a donc pas de véritable frontière entre ces deux aspects.
12 - Expression analytique
de type a6 - b :
L'arrondi de la corne haute dessine un creux intérieur situé au-dessus du bouquetin, donc à son extérieur.
Quant à la corne basse, elle dessine un creux intérieur encore plus fortement marqué, qui recouvre cette fois l'encolure de l'animal, donc l'extérieur de son corps.
13 - Expression synthétique
de type s2 - a :
Les cornes, aux endroits où elles traversent les poils du bouquetin, sont prises à l'intérieur de la trame de leurs tracés
: les cornes ne cachent pas les poils comme devraient le faire des cornes réelles.
Mais nous savons que des cornes de bouquetin ne sont pas transparentes, ni continues avec sa fourrure. Alors, bien que le dessin nous dise que
les cornes sont à l'intérieur des poils, notre perception réflexe rectifie et nous les fait considérer à l'extérieur, passant au-dessus des poils et les cachant comme ils le font dans la réalité.
14 - Expression analytique
de type a6 - c :
Les poils ondulant sous le cou, et ceux de la crinière au-dessus de la tête, laissent entre eux des zones hybrides, dont on ne sait
si elles sont encore à l'intérieur du corps ou déjà à l'extérieur :
- elles sont entre les poils du corps de l'animal, donc à l'intérieur de lui,
- mais elles sont parfaitement continues avec l'extérieur, et elles peuvent tout aussi
bien être considérées comme le prolongement de l'extérieur qui se glisse entre les poils.
1er paradoxe d'état : fait / défait
[niveau ponctuel : effet réciproque à distance des différentes parties de la forme, ou effet d'apparence globale de la forme]
15 - Expression analytique
de type a12 :
Les cornes et le contour du dos forment des alignements "bien faits", c'est-à-dire qu'ils sont bien apparents et traités sans interruption, de telle sorte que le regard peut les suivre d'emblée et sans effort.
Par contraste, le corps forme une surface quelque peu "décousue", avec des zones vides et des zones poilues, sans aucune régularité
dans la forme et dans l'alternance de ces deux types de surface, et par-dessus le marché les trames qui s'y dessinent se dispersent vers des directions
variées. En bref, le corps forme une surface "mal faite", du moins "mal faite pour le regard" qui doit faire un effort spécial pour
l'appréhender et pour en découvrir les différents aspects qui n'apparaissent pas d'emblée.
16 - Expression synthétique
de type s14 :
Sur la plupart du corps les formes sont suggérées de façon vague est imprécise : ses limites sont floues ou sont larges, son
relief général se laisse seulement vaguement deviner, et même les cornes ont des limites floues et leur matière semble se mélanger à celle des poils.
Par contraste, la tête de l'animal est très finement dessinée, avec le museau et ses nombreuses circonvolutions dessinées d'un
trait unique et précis, l'oeil fermement précisé avec sa pupille, l'attache d'une corne avec son bourrelé, et même
l'oreille a une position qui ressort précisément malgré le fouillis des poils qui l'entourent.
17 - Expression analytique
de type a2 :
Le dessin est réalisé à l'aide de petites incisions non jointives qui ressortent en gris sur la surface beige de la pierre.
Du fait de la technique en traits espacés qui laisse partout la surface de la pierre traverser la forme, du fait de la discrétion
de ces incisions qui ne tranchent que faiblement sur la couleur du fond, et du fait du style utilisé qui fait que la forme reste dans son
ensemble quelque peu vague et imprécise, au total, du moins si l'on regarde l'oeuvre réelle et non son relevé graphique qui force
trop les contrastes [voir la photographie de l'oeuvre dans la fenêtre réservée
aux images], on peut avoir une hésitation sur l'existence même de cette gravure évanescente : si l'observation attentive nous force
à voir que le bouquetin est vraiment fait, on peut cependant en dire qu'il est "à peine fait", "à peine là", "tout
juste fait", "tout juste là".
Rien à voir par exemple, avec les aplats rouge-vif qui recouvrent les bisons d'Altamira : eux sont très certainement là.
2ème paradoxe d'état : relié / détaché
[niveau de classement : met en valeur les effets de type ponctuel du 1er paradoxe]
18 - Expression synthétique de
type s3
(branchée sur l'effet -15-) :
Les traits qui forment les cornes et le profil du dos sont reliés ensemble pour faire les alignements continus qu'on lit précisément comme étant les cornes et le dos.
Mais ces traits ne sont pas jointifs, ils sont détachés les uns des autres.
19 - Expression analytique de
type a15 - 1
(branchée sur l'effet -15-) :
Les traits qui forment les cornes et le profil du dos sont très
fortement reliés ensemble dans les alignements continus qui les
regroupent.
Par contraste, les traits qui dessinent les poils du corps forment
des textures lâches qui les laissent bien isolés les uns des
autres, bien détachés les uns des autres.
20 - Expression analytique
de type a2 - a
(branchée sur l'effet -16-) :
Les grandes formes continues que sont les cornes et le profil du dos, participent à la texture de traits qui recouvre le corps, elles
sont reliées à cette texture et s'y confondent parce qu'elles sont réalisées de façon semblable, à l'aide de courts traits séparés les uns des autres.
Mais, parce qu'elles organisent des regroupements de traits qui se lisent plus distinctement et de façon linéaire (contrairement
au caractère surfacique des autres textures), ces grandes formes ressortent visuellement, tranchent visuellement sur la texture courante
du corps, s'en démarquent : en un mot, elles s'en détachent.
Autre expression, branchée sur l'effet -17- :
Le même type d'effet concerne la relation du tracé à la surface de la pierre, relation qui est en phase avec l'aspect évanescent du dessin que l'on a envisagé avec l'effet -17-.
Comme le dessin n'est pas fait de traits continus mais de tirets presque systématiquement non jointifs, la surface de la pierre et sa texture
uniforme passent librement à travers le dessin et irriguent toute la représentation de l'animal.
Grâce à cela, on peut dire que le dessin est partout relié à la surface de la plaquette de schiste, et même qu'il est
uniquement relié par le moyen de cette surface, car elle est bien la seule chose qui soit ici continue et qui relie ensemble toutes les parties du dessin.
Mais grâce à l'interprétation que nous donnons à ces traits séparés, grâce à la forme
de bouquetin qui s'impose à nous et donne sens à ce fouillis de traits, nous regroupons visuellement tous ces traits séparés
dans une forme unique : alors cette forme se détache, elle ressort sur le fond de la surface qui la traverse.
3ème paradoxe d'état : le centre / à la périphérie
[niveau d'organisation : comment la forme se répand]
21 - Expression synthétique de
type s3 :
La forme n'est pas générée à l'aide de longs traits isolés dessinant un tracé, mais par le moyen de petits
traits groupés qui s'équilibrent mutuellement en gardant leurs distances.
Ceux qui s'assemblent pour faire les grands tracés des cornes et de la ligne du dos s'appuient les uns sur les autres dans les deux sens
: ils se mettent bout à bout, et ils se mettent côte à côte.
Ceux qui forment le pelage génèrent sa trame en se tenant à égale distance les uns des autres, c'est-à-dire
en se repoussant mutuellement d'une façon équilibrée.
À la différence donc d'une figure générée par de longs traits autonomes suivant chacun son propre parcours, on a
ici une figure obtenue par un foisonnement de traits interdépendants, dans laquelle la position de chaque trait, son orientation dans l'espace
et son extension en longueur, dépendent clairement de la position de tous les traits voisins, de la place qu'ils lui laissent, de l'orientation commune qu'ils lui imposent.
L'équilibre de chaque trait, c'est-à-dire sa dynamique, bute sur tous les traits qui l'entourent, qui le conditionnent à
avoir telle position (à égale distance de ses voisins), telle direction (celle générale imposée par la direction
prise par le groupe), et éventuellement telle longueur (celle que lui laissent les traits qui sont au bout de lui, lorsque cette situation se présente).
22 - Expression synthétique
de type s9 :
Cet effet n'est pas commode à décrire, et il est basé sur le fait que la figure elle-même n'est pas commode à saisir
: elle n'a pas d'axe pour nous guider, pas de contour précis pour clarifier la forme, et les grandes lignes commodes à suivre (les
cornes et la ligne du dos) nous entraînent vers des directions variées mal commodes à mettre en relation. De plus, ces grandes lignes ne sont nullement un guide pour lire le reste du bouquetin.
Pour saisir une forme qui ne se laisse pas diviser ni aborder hiérarchiquement, il faut la saisir dans son entier, et savoir garder tous en même
temps dans notre attention au moins l'essentiel de ses principaux aspects : il faut avoir à l'esprit simultanément la surface de poils
qui monte en biais à gauche et dans le centre, celle qui monte en biais à droite un peu vers l'autre sens, les deux bandes de traits
du dessus de la tête, la ligne du dos à gauche et à l'opposé la ligne précise du museau qui ferme la figure,
tout en bas les quelques traits horizontaux qui marquent le ventre, et par-dessus tout cela considérer le mouvement tournant des deux cornes
qui viennent croiser les parties du dessin déjà dans notre attention : alors la forme du bouquetin émerge, et alors nous ne
voyons pas seulement ici une trame de traits, et là une bande de traits en enfilade.
Mais, regarder la figure de la sorte, c'est équilibrer dans notre attention les directions croisées de tous ses traits en prêtant
simultanément l'attention à toute la surface du dessin, c'est-à-dire à toute sa périphérie. L'armature du dessin ne réside
pas en effet dans des masses principales ou dans des lignes de forces qui le résumeraient et qui aideraient à nous y introduire, et
elle est encore moins dans un axe central sur lequel nous pourrions facilement nous projeter : elle est répartie sur toute sa surface à
la fois, sur toute sa périphérie à la fois.
L'équilibre visuel du dessin est réparti simultanément sur toute la périphérie de sa surface : c'est ainsi qu'il
se centre dans notre perception, en faisant de toute sa périphérie le centre de notre attention.
4ème paradoxe d'état : entraîné / retenu
[niveau du noeud qui résume les trois effets précédents et les bloque ensemble]
23 - Expression analytique de
type a16 :
Les trois grands tracés continus des cornes et de la ligne du dos nous entraînent à les suivre des yeux rapidement, littéralement à les lire "d'un trait".
C'est une autre affaire que de lire les traits parsemés qui dessinent les poils du bouquetin : cette fois notre regard doit péniblement
passer de l'un à l'autre, souvent interrompu par un trait laissé sans suite, et obligé de se déplacer par à-coups ou par saccades pour passer d'un trait à l'autre.
Autant donc les grands tracés linéaires nous entraînent à les suivre rapidement, autant les trames de traits qui forment le pelage savent, elles, retenir longtemps notre regard.
24 - Expression synthétique de
type s16 - 1 :
Plusieurs aspects de la forme nous entraînent à lire son contour : la ligne du dos d'abord, fermement dessinée et qui nous
incite donc à lire le contour qu'elle amorce, la bande de poils du dessous de l'encolure, qui n'est pas aussi cohérente que la ligne
du dos mais qui suggère tout de même précisément la position du contour et une direction à suivre pour sa lecture,
le contour précis du museau enfin, qui raccorde le bas et le haut du contour.
Mais en lisant la ligne du dos nous sommes déçus de tomber sur les poils obliques de la crinière qui se refusent à suivre
le contour, et décidément les poils du dessous de l'encolure ne sont pas fermement orientés et ils sont trop lâches pour
bien marquer la ligne du contour. Quant au dessous de la tête, il est fait de poils très épars et en sens complètement
croisés à la très vague position du contour à cet endroit.
Nous devons donc renoncer à lire la forme par son contour : nous y sommes d'abord entraînés, mais nous devons nous retenir de poursuivre par ce mode de lecture.
25 - Expression synthétique
de type s11 :
La multitude des traits espacés qui dessinent la fourrure se font mutuellement concurrence. Notre regard papillote de l'un à l'autre sans pouvoir se fixer sur l'un plutôt que sur l'autre.
26 - Expression analytique
de type a11 :
Les deux grand traits des cornes et le grand trait de la ligne du dos sont tous trois de même importance visuelle : ils nous attirent à égalité, ce qui nous retient d'aller de façon privilégiée vers l'un plutôt que vers l'autre.
dernière mise à jour de cette analyse : 26 décembre 2006
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